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La conception d’habitat pour tous : sa conception et ses enracinements

III. 2.5.- Logement pour tous vu en tant que bien social

Comme on l’a déjà signalé précédemment, le logement destiné à entasser tous les membres d’une société « la casa per tutti », est depuis longtemps la préoccupation majeure de tous les intervenants de l’acte urbain soit de prêt ou de loin dans ce domaine. Selon Jean-Paul FLAMAND dans son ouvrage "loger le peuple, essai de l’histoire de logement social (Flamand, J-P, 1989, P11): ‘un logement social est un logement […] destiné à recevoir dans des conditions normales les couches les moins favorisées de la population. Quelle que soit son appellation, logement ouvrier, habitation à bon marché ou habitation à loyer modéré, ce logement résulte d’une intervention délibérée de l’Etat, visant de façon prioritaire des familles de salariés et, au premier chef, des familles ouvrières’.

Le logement comme espace social élémentaire, constitue un cadre essentiel de l’intégration sociale (Bernard, J-R et al 1998 : 186). S’ajoute à cela que c’est un espace de vie des individus ou des ménages de l’ensemble des lieux fréquentés à des rythmes divers pour satisfaire leurs besoins essentiels. De ce fait, des mouvements importants ont participé fortement à bouleverser la vie sociale via la création des types de logements notamment par le logement social collectif atypique, dont la vie sociale a fortement changé l’habitabilité et de vie quotidienne de quartier.

La période industrielle en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne et en France, a ouvert un espoir assez vaste aux utopies urbaines et aux sociologues pour participer au dessin d’une nouvelle société émergée dans un objectif de chercher le progrès social, d’où des facilités d’investissements laissant penser que la vie sociale va réussir automatiquement. Mais cette belle image cache derrière elle une autre réalité comme a dit Emile ZOLA19 : ‘pourtant, la ville est un espace urbain et social très dur pour les faibles. Au XIXe siècle, on assiste à la dégradation du cadre urbain que se pose le problème de logement. Le centre devient l’espace de la seule bourgeoisie qui y dispose ses emblèmes : sièges sociaux, banques, grands magasins’. De même les solidarités familiales s’atténuent, c’est l’atomisation des citadins désormais noyés dans l’anonymat de la foule.

Dans ce monde, ces vastes quartiers sont l’objet d’une nouvelle ethnologie […] des pauvres se situent hors du monde civilisé car ils sont livrés à eux-mêmes (Eugène Sue20). Ce qui étaye notre

19 Le roman ‘au bonheur des dames’.

20 Le roman ‘mystères de Paris’.

37 vision de la perte du système d’habitat ; puisque dans sa conception, un système qui ne cherche pas à mettre un élément composant sans aucune réaction avec les autres composant ce n’est pas qualifiable un système. Ce dernier devient un élément soit rejeté, soit étranger, soit un élément maladif qui demande être remédié et réhabilité pour retourner à la conception d’un système d’habitat. La perte de système d’habitat est une étape préparatoire pour l’apparition du modernisme.

Dans cette optique, en retournant un peu en histoire, exactement entre les deux périodes, une étape médiane a marqué l’histoire de l’habitat social. Dans la vision de Charles FOURIER, il y a parmi ces notions préliminaires la recherche active d’organiser la société industrielle en Angleterre comme système, « les Anglais, confus de voir chez eux, comme partout, la misère de peuple s’accroitre en raison de la richesse nationale et du progrès de l’industrie, ont dû penser qu’il fallait quelques moyens neufs pour sortir de ce dédale. Ils ont présumé avec raison que l’industrie sociétaire offrirait des ressources pour améliorer le sort de la classe inférieure ; leurs essais n’ont pas été heureux… » (FOURIER, CH, 1822). Si on prend l’exemple de son prédécesseur R. OWEN qui a été lourdement critiqué pour sa façon d’organiser la société de manière jugée par des autres utopies comme policière dont ils ne la considèrent qu’un rassemblement massif de population où la base d’Association est résumable en trois sujets : capital, travail et talent ; dont l’aspect économique est le garant de la stabilité de ce système urbain. Elle est qualifiée comme disposition loin de pouvoir remplir les conditions des liens dans son registre sociétaire. Malgré cela, il est le premier qui a tenté sérieusement de faire des recherches sur l’Association, autrement dit, les germes d’un système d’habitat à la contemporanéité.

A cet égard, on voit que c’est important de mentionner la phrase de CH. Fourier : ‘il est reconnu que l’état actuel des pauvres et des classes ouvrières, ne pouvant plus continuer, il fallait trouver des remèdes efficaces en créant dans ces classes des habitudes morales et des sentiments d’union sociale’. C’est l’idée primordiale évocatrice permet la naissance de tout une nouvelle ère de pensée sociale en ciblant la couche la plus touchée par l’industrialisation. Et par conséquent, l’émergence d’une économie libérale très sévère et égoïste.

Etudes sur Réformateurs ou socialistes modernes de Louis REYBAUD édition GUILLAUMIN et Ci, LIBRAIRES en 1864, dans un ouvrage fameux, d’un appel à équilibrer la société par la société elle-même, a connu vraiment la lumière après avoir constaté l’inefficacité des efforts de recherche de changement de l’image désagréable des sociétés industrielles. L’impact social commence par interroger si l’individu est satisfait de sa situation que la société est sensée lui assurer un cadre de vie sein et social.

L’influence négative sur la société et sur la vie dans les villes est apparue amplement après l’époque industrielle où la ville a dépassé largement sa capacité de charge et perdu la notion de système équilibré. Depuis longtemps et au fil des temps, il a y une pesanteur logique de la pensée de l’habitat en tant que système urbain même simple (mais dans des situations bien différentes, on doit analyser l’habitat urbain social dans un système complexe, comme par exemple dans la civilisation égyptienne). Cette situation alarmante a vivement réussi à provoquer une large problématique de recherche de « chez-soi 21» dans un système d’habitat où l’Homme ne doit pas se trouver dans

21 Le terme « chez » vient d’un ancien mot français « chese » ou « chiese » qui vient du latin casa qui signifie

« maison ». Umwelt fait référence à un lieu qui revêt aux yeux de celui qui l’occupe une signification particulière. En anglais, le terme home se distingue du substantif house lorsqu’il s’agit d’un lieu qui a acquis des significations propres à l’habitant. En italien et en d’autres langues latines on signifie la relation entre la maison et celui qui l’habite par un

38 l’anonymat. Cette notion de chez-soi a commencé à prendre de l’ampleur dans cette période en cherchant un lien entre les endroits d’implantation d’habitation destinés aux ouvriers et leurs identités. En réalité, avoir une sensation que vous êtes chez-vous, c’est approprier cet espace en bénéficiant de toutes les commodités offertes par cet espace. Le chez-soi se trouve dans le cœur de système d’habitat.

De cette idée, un palliatif a pris le rail via des tentatives de construction des cités idéales destinées à entasser la grande masse des ouvriers. Il a été une question d’équité sociale avec l’ile d’utopie de Thomas More, la cité du soleil de Tomaso Campanella, l’Eldorado de Voltaire (dans candide en 1759)… puis après que le socialisme soit bien façonné à la fin de XIX siècle avec la cité Napoléon, Menier, etc. La constatation qui a été menée c’est que ces œuvres se ressemblent à des casernes, d’où la recherche de Chez-soi est devenue la pesanteur de la logique de planification pour l’homme citadin. On trouve que J.M Stébé a bien décrit la situation sociale dans laquelle s’aperçoivent les hommes citadins à l’époque industrielle pour retourner vers la notion de chez-soi perdue : ‘un véritable esprit industriel se propage alors, dont les effets seront dramatiques pour les classes laborieuses : déqualification brutale du geste artisanal, exploitation forcenée des travailleurs, salaires de misère, destruction des relations sociales traditionnelles. C’est dans ce contexte que se développe le socialisme qui se présente comme un mouvement de reconstruction volontaire de la société’.

L’idée centrale de cette recherche de chez-soi est de traiter tous les registres notamment celui de social dans un cadre plus logique, autrement dit pour que le système urbain soit appréhendable par l’esprit humain collectif (comme a présagé Le Corbusier : tout le monde est d’accord). Elle a continué son chemin idéaliste par des tentatives qui ont marqué la scène utopique. Ces tentatives (C, Fourier, V, Calland, Godin, R, Owen, etc.) ont été poussées par la tyrannie du féodalisme et la bourgeoisie industrielle basée sur un modèle purement économique. Ce modèle n’a pas pu persister longtemps, en cachant sa vraie facette qui prend l’Homme comme un ouvrier, a fait fonctionner une machine à habiter à l’image des autres appareils de production.

L’utopie de cette période a essayé de polir cette image sombre, hélas, elle n’a pas pu y arriver. L’accélération de l’urbanisation était à une cadence rapide au détriment de la santé publique (les maladies contagieuses qui ont ravagé la vie de millions d’habitants pauvres). Donc, la recherche d’un nouveau système urbain s’impose en impliquant la classe sociale dans un modèle social innovant, en pensant que la stabilité de cette classe a un grand rôle dans la stabilité de la ville entière.

Dans cette ère et avant de passer à l’ère moderne dans la suite de ces textes, Victor CONSIDERANT a dit dans ouvrage ‘Destinée sociale’ : « nous croyons que du moment où, sur un point du globe, on sera entré dans les voies ouvertes […] ; que du moment où un seul élément social harmonique aura été constitué ; aussitôt l’harmonie et le bonheur se répondront comme un embrassement sur le monde. Voilà notre croyance ; elle est nette et tranchée : c’est une certitude mathématique, c’est une vue lucide et calme de l’arrangement des choses, suivant l’ordre que leurs rapports naturels invoquent, que leurs convenances appellent. Nous avons sous les yeux de la société de l’avenir, nous contemplons le splendide cortège de ses harmonies ; et nous voyons comment une expérience (qui n’exige pas de moyens gigantesques) peut inaugurer sur le globe cet avenir de liberté, d’ordre, de vertu, de splendeur et de magnificence. ». Ces énoncés ont été étayés sur la base

pronom possessif : casa mia. Parfois celui-ci devient redondant et l’on dit simplement a casa pour signifier je suis ou je serai « à la maison », expression également utilisé en français (Yvonne Bernard).

39 de prendre le projet social en tant que système urbain équilibré au profit de l’Homme. Il n’a pas cessé d’être développé avec le progrès des raisonnements logiques. En arrivant aujourd’hui au projet urbain comme projet social mais durable par l’adoption des registres logique de planification : social, économique, environnemental, de gouvernance, etc. Ces registres ont connu le jour depuis longtemps pour qu’ils soient réconciliés à l’aube du troisième millénaire sous cette nouvelle démarche. On va se trouver aussi devant définir, énoncer et raisonner un système urbain équilibré et auto-organisé pour le planifier dans l’optique de l’optimiser l’urbain et par conséquent celui de l’habitat social en tant que solution durable.

IV.- Planification urbaine et formation d’un système d’Habitat Social