2.4 Syst`eme d’imagerie
2.4.2 Lien entre l’absorption et le nombre d’atomes
´
Etudions l’absorption d’une onde plane incidente d’intensit´e I par un volume dτ =dxdydy
contenant une densit´e ρ(r) d’atomes. Notons x le vecteur unitaire selon l’axe de propagation
du faisceau laser,y etz les vecteurs unitaires orthogonaux, orient´es selon les axes de la cam´era
d’imagerie. Le faisceau ´etant absorb´e, son intensit´e d´epend de x. De plus, dans le cas g´en´eral,
il faut tenir compte du caract`ere non lin´eaire de l’absorption par les atomes (saturation). On
obtient sa variation d’intensit´e en ´ecrivant que la puissance perdue par le faisceau est ´egale `a
la puissance diffus´ee par les atomes :
(I(x+dx)−I(x))dydz = dI
dxdτ = −
dNphotons
dt
hν (2.8)
En faisant l’hypoth`ese que les atomes sont ´egalement r´epartis dans les sous-niveaux Zeeman
|F = 4i, le nombre de photons diffus´es par les atomes est donn´e par (cf. 1.3.1 et B.1) :
dNphotons
dt
= ρ(r)dτΓ
2
Iw4
,5′/Isat
1 + 2Iw4
,5′/I
sat+ (2δ/Γ)
2(2.9)
Posons alors :
s0 = I
Isat (2.10)
ε = w4
,5′1 + (2δ/Γ)
2(2.11)
σ0 = Γ
2
hν
I
sat=
3
2πλ
2≃0,35 µm
2(2.12)
εpond`ere le param`etre de saturation `a r´esonances0 pour tenir compte de l’´ecart `a r´esonance et
du rapport de branchement w4,5
′.σ0 est la section efficace d’absorption spontan´ee `a r´esonance
de|F = 4, mF = 4i → |F
′= 5, mF
′= 5i. On obtient alors l’´equation diff´erentielle :
ds0
dx = −ρ(r)σ0 εs0
1 + 2εs0 (2.13)
Dont la solution est :
2εs0(−∞)A −ln (1− A) = σ0εn2D (2.14)
avecs0(±∞) les valeurs asymptotiques du param`etre de saturation, A= 1−s0(−∞)/s0(+∞)
l’absorption mesur´ee, etn2
D=R
+∞−∞
ρ(r)dxla densit´e d’atomes projet´ee dans le plan transverse.
Regardons alors quelques cas limites qui simplifient l’expression (2.14).
Cas limite des faibles saturations
Dans le cas des faibles saturations, εs0 ≪ 1, l’absorption des atomes devient lin´eaire avec
l’intensit´e laser. En cons´equence, on peut n´egliger le premier terme de l’expression (2.14), et on
obtient l’expression de A suivante :
A = 1−exp (−σ0εn2D) (2.15)
On retrouve la loi de Beer Lambert. Remarquons que l’expression reliant A et n2
Dest
ind´ependante de l’intensit´e du laser d’imagerie. Ce point est int´eressant pour deux raisons.
D’une part la connaissance de la carte d’absorption permet d’avoir une repr´esentation fid`ele de
la r´epartition spatiale des atomes, sans n´ecessit´e de mesurer les variations d’intensit´e du laser
d’imagerie. D’autre partε n’est pas connu avec pr´ecision
7. Dans la limite εs0 ≪1, la quantit´e
εn2
Dest cependant mesur´ee pr´ecis´ement, et par suite la valeur relative du nombre d’atomes (en
consid´erant les fluctuations deεfaibles `a l’´echelle du pi`ege). Sa valeur absolue restera cependant
mal connue, ne disposant pas de techniques pour ´etalonner notre mesure.
Notons de plus que dans ce cas limite, l’expression de A ne d´epend que du produit εn2
D:
on obtient les courbes pour des d´esaccords non nuls de l’absorption en fonction den2
Dpar une
homoth´etie de la densit´e projet´ee de ε
−1par rapport au cas r´esonnant.
Cas limite des faibles absorptions
Pour les faibles absorptions, l’intensit´e laser reste constante lors de la travers´ee du nuage.
On peut alors faire un d´eveloppement limit´e du logarithme de l’expression (2.14), pour obtenir :
A = σ0
1 + 2εs0(−∞)εn2
D(2.16)
L’absorption est alors lin´eaire avec la densit´e projet´ee d’atomes. Par contre, la connaissance de
la quantit´e εn2
D`a partir de l’absorption d´epend de la saturation εs0. En cons´equence, il est
n´ecessaire de connaˆıtre la r´epartition spatiale d’intensit´e, et les mesures (mˆeme relatives) du
nombres d’atomes sont limit´ees en pr´ecision par la connaissance de ε.
7
En effet, le champ magn´etique r´esiduel est non nul et a une direction inconnue. Cela se traduit sur une
occupation des sous-niveaux Zeeman non-homog`ene, et une projection de la polarisation des laser inconnue.
Cas limite des faibles absorptions et saturations
L’expression (2.16) devient :
A = σ0εn2
D(2.17)
Dans ce cas, la mesure b´en´eficie des avantages des deux cas limites d´ej`a d´etaill´es.
Ces diff´erents cas, ainsi que la solution exacte de l’´equation (2.14), sont repr´esent´es sur la
Figure 2.13.
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
Absorption
50
40
30
20
10
0
densité surfacique [atomes/µm²]
(a) Absorption du faisceau
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
Rapport des pentes à l'origine
0.001 0.01 0.1 1 10 100
Paramètre de saturation
(b) Rapport des pentes
Fig. 2.13: (a) Absorption du faisceau imageur en fonction de la densit´e
projet´ee d’atomen2
D, pourδ = 0,s0 ≃2,5 (εs0 = 1). La courbe en trait plein
donne l’absorption d’apr`es l’expression (2.14). Les courbes en pointill´es, tirets
courts, tirets longs correspondent respectivement `a l’expression dans les cas
εs0 ≪ 1,A ≪(1, εs0) et A ≪1. (b) Rapport des pentes εs0 ≪1 et εs0 6≪ 1
en A= 0 en fonction de εs0.
En pratique, nous mesurons une absorption moyenn´ee ¯A sur la r´esolution de notre syst`eme
d’imagerie. Si la densit´e projet´ee n2
Dne varie pas `a cette ´echelle, ce qui est la cas lors de la
caract´erisation du PMOM, les ´equations pr´ec´edentes restent les mˆemes en rempla¸cant A par
¯
A. La connaissance de ¯A nous donne alors directement la densit´e projet´ee d’atomes, quelques
soient les valeurs de l’absorption et de la saturation. Son int´egration nous donne ensuite le
nombre total d’atomes.
Cependant, dans le cas des absorptions ´elev´ees, l’incertitude sur le nombre d’atomes est
donn´ee par :
∆N
N =
∆A
1− A (2.18)
qui diverge enA = 1. Ou, dit de fa¸con plus intuitive, une fois que le faisceau laser est totalement
absorb´e, les atomes restants n’absorbent plus de photons. Il est alors impossible de d´eterminer
le nombre de ces atomes “exc´edentaires”. Dans le PMOM que nous souhaitons caract´eriser, la
densit´e est limit´ee par la r´eabsorption de photons ´emis spontan´ement par les atomes pi´eg´es.
Ainsi, `a r´esonance, pratiquement tous les photons du laser d’imagerie seront absorb´es par les
atomes, et l’incertitude sur le nombre d’atome est grande. Pour ´eviter les absorptions trop
importantes, nous pouvons attendre entre la coupure du PMOM et l’acquisition, de fa¸con `a
ce que la densit´e (et donc l’absorption) diminue. C’est ainsi que nous faisons les mesures de
temp´erature. L’autre possibilit´e est d’augmenter le d´esaccord du laser imageur, afin de diminuer
l’absorption. Nous proc´edons de cette fa¸con lorsque nous souhaitons mesurer la taille initiale
de PMOM, par exemple pour en d´eduire sa densit´e.
Avant de pouvoir mesurer le nombre d’atomes pi´eg´es, il faut toutefois choisir les divers
param`etres du syst`eme d’imagerie.
Dans le document
Manipulation d'atomes froids par des puces atomiques optiques
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