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Partie II : Présentation des méthodes utilisées pour l’étude du comportement alimentaire

II.2. Licking tests court terme

II.2.1. Lickomètres en simple choix

Les lickomètres permettent de mesurer en temps réel le nombre de lapées que donne une souris sur un biberon. Ces tests sont basés sur le fait que plus la solution est attractive pour la souris, plus celle-ci va laper rapidement ; ils mesurent donc l’avidité de la souris pour la solution ou encore la palatabilité de la solution (paramètre liking). Les lickomètres (figure 30) sont des cages dont le sol, constitué d’une grille métallique, et le biberon sont reliés par un dispositif électrique à très faible ampérage (<1µA). A chaque coup de langue donné sur le biberon, la souris boucle le circuit électrique (de manière indétectable pour l’animal) et un signal est comptabilisé par un ordinateur. Ce système permet de comptabiliser les lapées sur une courte période (généralement 1 à 10 min), ce qui permet de limiter, voire de s’affranchir, des effets post-ingestifs.

Figure 30 : Photo et schéma d’une cage de lickomètre.

Les biberons test et contrôle sont présentés successivement à la souris, dans un ordre aléatoire, il s’agit donc de tests en simple choix. Les solutions sont préparées dans de la paraffine pour éliminer les différences de texture entre les deux solutions (solution contrôle = paraffine pure).

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Figure 31 : Procédure utilisée pour un test en lickomètre.

Les souris sont mises à jeun d’eau et de nourriture pendant 6h, puis elles sont placées dans les cages de lickomètres avant le démarrage du test (un cache empêche l’accès au biberon), qui a lieu lors du cycle de nuit, période d’activité de la souris. Le cache est ensuite retiré et l’ordinateur démarre le comptage dès le 1er coup de langue donné sur le biberon. Une session dure environ 15 min ; on considère en effet que la majorité des souris va commencer à boire dans les 5 premières minutes, ainsi l’ordinateur pourra intégrer le nombre de lapées pendant au moins 10 min. Au bout de 15 min, le cache est replacé et la 1ère session est arrêtée. Le biberon est remplacé etla 2ème session démarre (figure 31). L’ordre des biberons test et contrôle entre les 2 sessions est randomisé pour l’ensemble des souris, et l’ordre des biberons pour une même souris est inversé d’un test à l’autre (voir tableau 4). Un délai de 48h de repos est observé entre 2 tests successifs.

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Tableau 4 : Exemple d’enchainement des sessions et d’ordre des biberons pour deux souris en lickomètres.

Ces expériences nécessitent une période d’acclimatation/apprentissage qui a pour but de diminuer la néophobie contextuelle (environnement métallique de la cage, bruit, manipulateur, etc.) et d’apprendre aux souris le déroulement des tests (2 biberons successifs différents, il faut donc les conditionner à boire pendant les 2 sessions). Cette période dure une dizaine de jours, avec différentes séances d’entraînement lors desquelles les souris sont placées dans les conditions des tests, avec changement des biberons entre les 2 sessions. Lors des 1ères séances d’entraînement, les souris ont accès à de l’eau, puis à une substance appétente (sucrose), puis à la paraffine. A l’issue des entraînements, seules sont gardées pour les tests les souris qui répondent aux critères définis pour chaque expérience (par exemple, nombre de lapées > 300 en 10 min).

Souris A Souris B Durée

6h Session 1 Biberon Contrôle Biberon Test 15 min Session 2 Biberon Test Biberon Contrôle 15 min 48h 6h Session 1 Biberon Test Biberon Contrôle 15 min Session 2 Biberon Contrôle Biberon Test 15 min

Privation hydrique et alimentaire

Repos

Privation hydrique et alimentaire Test 1

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Figure 32 : Circuit conduisant au comportement alimentaire lors de tests de licking court terme.

D’après P. Besnard.

VII : Chorde du tympan ; IX : nerf glossopharyngien ; X : nerf vague ; NTS : noyau du tractus solitaire.

L’avantage majeur de ce dispositif est la précision de la mesure sur une très courte période, qui permet de limiter fortement les effets post-ingestifs (figure 32). Les inconvénients sont – en plus de la longue période d’entraînement des souris – le stress occasionné et la nécessité d’effectuer une privation alimentaire et hydrique, ainsi que le travail en cycle nuit.

II.2.2. Gustomètres

Les double-choix et les lickomètres présentent chacun leurs avantages et inconvénients, mais tous deux ne permettent de tester qu’une solution à la fois. Lorsqu’il s’agit d’établir des seuils de détection (figure 33), ou des corrélations entre l’attractivité d’une solution et sa concentration, la méthode la plus adaptée est celle des gustomètres. Ils sont basés sur le même principe que les lickomètres (mesure du nombre de coups de langue par un ordinateur), mais avec l’avantage de pouvoir tester plusieurs solutions dans une même session et sur des fenêtres de temps très courtes. Il existe différents types d’appareillages de gustomètres. Celui utilisé au cours de cette thèse permet de tester 5 solutions. Le système a nécessité une mise au point importante, basée sur les travaux de (Glendinning et al., 2002) et est en cours de brevetage. Pour cette raison, le principe de la méthode ainsi que le protocole utilisé ne sont pas détaillés dans ce manuscrit.

Les avantages majeurs de ces appareils sont encore une fois la précision de la mesure sur une très courte période, mais aussi la possibilité de tester plusieurs concentrations d’une solution dans une même

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session. De plus, le conditionnement est tel que les tests peuvent s’effectuer de jour, ce qui évite une inversion de cycle ou un travail de nuit. Cependant, les souris sont soumises à un stress et surtout à une privation très longue d’eau et de nourriture, qui n’est pas sans conséquence sur leur masse corporelle et nécessite la définition d’un point limite (qui n’a jamais été atteint lors de nos expériences) : si une souris perd plus de 20% de sa masse corporelle, elle est éliminée de l’expérience.

Figure 33 : Circuit conduisant à la détection des saveurs lors de tests de gustomètres.

D’après P. Besnard.

VII : Chorde du tympan ; IX : nerf glossopharyngien ; X : nerf vague ; NTS : noyau du tractus solitaire.