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Les traités d’agriculture et d’architecture

L’auteur le plus couramment cité pour illustrer l’artisanat de la terre cuite de l’Antiquité tardive est Palladius, un lettré italien de la première moitié du Ve siècle. Dans son traité d’agronomie, De Re Rustica et plus particulièrement dans son Opus agriculturae, livre I, 6, il recommande aux propriétaires d’établissements ruraux de s’attacher entre autres, comme artisans spécialisés, des « doliorum factores », des « fabricants de jarre », pour éviter que les besoins internes du domaine n’obligent les ouvriers ou « les paysans à quitter leur travail normal », habituel, pour se rendre en ville, pour en acheter294. Ce passage nous informe également que dans les domaines ruraux, les potiers ont un statut équivalent à celui des forgerons et des charpentiers295.

Un peu plus loin, dans le livre VI, 12296, le même auteur nous informe de précieuses informations sur la fabrication des briques :

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Voir la stèle du potier (ars cretaria) Apriclius Priscianus, qui appartient à la corporation des fabri (C.I.L., XIII, n°1978), dans les environs de Lyon (69 ; Le Mer et Chomer dir. 2007, 215) ; une autre appartenant au potier (fictiliarus) Casatus

provenant des environs de Metz (57 ; C.I.L., XIII, n°361 ou 1906 ; Jacob 1981, 147, note 185 ; Thuillier 2003, 72 ; Flotté. 2005, 334-335 et fig.307) ; deux viennent de Bourges (18 ; Jacob 1981, 147, note 184), celle d’un magistrat du collège des potiers (mag(ister) fig(ulorum)) travaillant à Nimègue (Gueldre, Pays-Bas ; C.I.L. XIII, n°8729 ; Thuillier 2003, 72) ; une autre réalisée pour un contrôleur (custos) des tuileries de la XXIIe légion à Mayence (Rh.-P., Allemagne ; Ferdière et col. 2012, 21) ; celle d’un producteur de tuiles, Gaius Longinius Speratus, découvert à Grossbottwar et datée vers 200 ap. J.-C. (B.-W., Allemagne ; C.I.L., XIII, 6458) (Ferdière et col. 2012, 21). J.-P. Jacob (1981, 230) mentionne également deux inscriptions à Narbonne (11 ; C.I.L. XII, 4466 et XII, 4478).

Les données sur les négociants de céramiques (negotiatores artis cretariae) sont plus nombreuses : la stèle de Vitalinus Felix, un ancien légionnaire devenu marchand de poterie (C.I.L., XIII, n°1906) ; celle d’un négociant anonyme en vin et poterie (negotiatores artis cretariae ) (C.I.L., XIII, n°2033 ; I.L.S. 7034) – toutes deux trouvées dans les environs de Lyon (69 ; Le Mer et Chomer dir. 2007, 215) ; celle d’un négociant en poteries de Metz (57 ; C.I.L., XIII, n°4336 ; Flotté 2005, 336-337 et fig.310) ; d’autres stèles ou des inscriptions sur bordereaux (?) sont attestées aux Martres-de-Veyres (63), à Lezoux (63), à Toulon-sur-Allier (03), Vichy (03), Saint-Rémy-en-Rollat (03), Lubié (03), Mittelbronn (57), à Lorch (B.-W.) (C.I.L. XIII, n°6524 et 6366), à Trèves (Rh.-P. ; Nesselhauf-Lieb 3 ; C.I.L. XIII 450 ; C.I.L. XIII, n°3703), à Wiesbaden (Hesse ; C.I.L.

XIII, n°7588), à Cologne (Rh.-N.-W. ; C.I.L. XIII n°8350), à Mayence (C.I.L. XIII n°7288), à Bonn (Rh.-N.-W. ; C.I.L.

n°8164a = I.L.S. 7522 ; Schlippschuh 1974, 62) ; à Augsburg (Bavière ; C.I.L. III, n°5833) ; à Domburg (Zélande, Pays-Bas ;

C.I.L. XIII, n°8793 = I.L.S. 4751 ; A.E. 1983, 722. ; A.E. 1983, 370) (Demarolle 1996, 30 ; Thuillier 2003, 73 ; Mees 2007, 153 et note 22). En revanche, l’inscription C.I.L. XV, n°171 mentionne une briqueterie sur un domaine (Ferdière 2003, 278 ne précisant pas le lieu d’origine de l’inscription).

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Cf. l’inscription honorifique datée de 181 découverte à Ksar Mesuâr (Tunisie ; Charlier 2011, 27, note H et Lassard 2014).

293

Cf. la « Loi d’Urso », retranscrite à l’époque flavienne et limitant la surface des ateliers de tuiliers urbains dans la Colonia Iulia Genetiva, en Bétique : “ que personne ne possède d’“ ateliers ” de potiers supérieurs à 300 tuiles et des tuileries au chef-lieu de la colonie julienne. Si quelqu’un a un tel édifice, que ce chef-lieu devienne public à la colonie julienne, que tout magistrat à qui il appartient de dire le droit dans la colonie Genetiva Iulia fasse rentrer loyalement cet argent dans le trésor public ” (traduction de S. Dardaine et M.-D. Watton citée par Ferdière et col. 2012, 21).

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Aussi cité par Demarolle et al. 2003, 121 se référant à R.R. I. 2 ; Freu 2013, 293, note 59 se référant à la traduction de R. Martin (1976, 8). La citation exacte est : Ferrarii, lignarii, doliorum cuparumque factores necessario habendi sunt ne a labore sollemni rusticos causa desiderandae urbis auertat ; que l’on peut traduire par « il faut absolument avoir sur son domaine des forgerons, des charpentiers, des fabricants de jarres et de cuves, pour que le besoin de se rendre à la ville n’oblige pas les paysans à quitter leur travail normal » (traduction Martin 1976, 8). Elle diffère de celle de M. Cabaret-Dupaty (1844, 17) qui considère l’expression « doliorum factores » comme « des artisans pour travailler aux futailles ».

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Cette équivalence était soulignée dans La Loi des XII Tables de la Romeprimitive (Ve s. av. J.-C. ; Ferdière 2005b, 8). Basile le Grand, évêque de Césarée du IVe siècle, associe également potiers et charpentiers, puisqu’il considère qu’ils ont un « extrême travail », nécessitant « vigilance » et « patience » (Petites, Règles, Question XXXII, P.262).

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Palladius apparaît ainsi très bien informé de l’artisanat briquetier. Il connait par exemple les problèmes de séchage que peuvent rencontrer les artisans en fonction des conditions climatiques, ainsi que l’emploi de différentes argiles. Il nous apprend aussi que l’argile pour les briques pouvait être de différents coloris et donc de natures diverses ; qu’elle pouvait, voire devait subir certains traitements et être laissée au repos avant d’être utilisée. L’agronome nous informe aussi que les briques étaient moulées. Enfin, pour éviter qu’il n’y ait les problèmes de fissures dans les matériaux, les briques devaient être régulièrement retournées pour sécher de manière homogène.

L’auteur nous livre également des données plus générales sur l’organisation annuelle des ateliers. Il préconise en effet de réaliser les briques et les pavés au mois de mai, de juin et de septembre (Livre VI, 12 ; VII, 7297 ; X, 15298). Il serait ainsi tentant d’y voir la saisonnalité de l’activité potière et tuilières qui apparaît à travers les bordereaux d’enfournement et graffites du Haut-Empire (Charlier 2004, 82 et Bémont 2004, 118). Néanmoins au lieu de comprendre huit mois (de mars à octobre), elle serait beaucoup plus réduite et les mois les plus chauds seraient évités. En effet, n’oublions pas que les propriétés de Palladius sont surtout localisées en Sardaigne et dans la région de Naples. Les périodes de ramassage et de coupe de combustible pour les cuissons des briquetiers ont lieu vraisemblablement au moins en janvier, février, mars, mai, juillet, novembre et décembre, qui sont selon Palladius des mois favorables à la coupe et/ou à la taille et/ou au déracinement des arbres (vignes, autres fruitiers, bois de construction, autres bois) et des broussailles (Livre II, 22 ; III, 12, 13 et 14 ; IV, 1 ; VI, 4 ; VIII, 1 ; XII, 4, 15 ; XIII, 2). A ce propos, l’auteur indique qu’ « un bon ouvrier », au mois de mai, coupe environ « un modius de bois de haute futaie, alors qu’un ouvrier médiocre en coupera un tiers de moins » (Livre VI, 4).

Julien d’Ascalon écrit un siècle après Palladius, un autre traité, où il est question en partie

des métiers liés au travail de l’argile. Dédié à l’architecture, il rassemble des lois et des coutumes en usage en Palestine, au VIe siècle ap. J.-C. Il apporte notamment des précisions

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Hoc etiam mense pavimenta faciemus sub divo et lateres, more quo dixi : « Faites également, ce mois-ci [juin], en plein air, des carreaux à paver et des briques, suivant la méthode que j’ai indiquée » (Cabaret-Dupaty 1844, 294).

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Hoc etiam mense pavimenta facie defervere. Tunc succi ipsus duas partes, et unam mellis admisces et mixta curabis ad pinguedinem mellis excoquerei : « Vous ferez encore, ce mois-ci, des pavés de plateformes et des briques de la manière que j’ai décrite au mois de mai » (ibid. : 338-339).

De lateribus faciendis

Hoc mense lateres faciendi sunt ex terra alba vel creta, vel rubrica ; nam qui aestate fisunt, celeritate fervoris in summa cute siccantur, interius humore servato : quae res scissuris eos faciet aperiri. Fiunt autem sic: terra creta diligenter et omni asperitate purgata mixta cum paleis diu macerabitur et intraformam lateri similem reprimetur. Tunc ad siccandum relicta subinde uersabitur ad salis aspectum

De la confection des briques

Faites ce mois-ci [le mois de mai], des briques avec de la terre blanche [argile kaolinitique ?], de la craie [argile marneuse ?] ou de la terre rouge [argile ferrique ?], car celles qu’on façonne en été, subitement saisies par la chaleur, se dessèchent à la surface, et restent humides en dedans : c’est pourquoi elles se fendent. Voici la manière de les fabriquer : la terre, criblée avec soin, débarrassée des cailloux et mélangée à de la paille sera longtemps laissée à macérer, puis sera enfoncée dans un moule de la forme d'une brique. Alors, laissée à sécher sur place, elle sera retournée de temps en temps au soleil.

sur les artisans travaillant en ville et dans les autres types d’habitats groupés. L’architecte recommande lors de la construction d’un four de potiers de respecter certaines règles299

: « qui aménage un four de potier[s] dans un village doit l’éloigner de vingt coudées par rapport à la maison voisine, si elle comporte deux ou trois niveaux ou plus, dans le cas où le four se trouve au nord ou à l’est de la maison, comportant des portes ou des fenêtres qui regardent vers le four. L’activité du potier a lieu en effet au moment où le vent souffle en venant de ces points cardinaux.

Si en revanche le four se trouve au sud ou à l’ouest de la maison du voisin, et que celle-ci comporte des portes ou des fenêtres, l’éloignement doit être de douze coudées, puisque c’est en hiver que le vent souffle en venant de ces directions, et que l’on ne pratique pas la céramique à cette époque ».

« si les bâtiments voisins présentent des façades aveugles ou ne comportent qu’un rez-de-chaussée, l’éloignement doit correspondre au tiers des mesures mentionnées.

S’il existe déjà un atelier de potier et qu’un voisin veuille en construire un second à côté, le constructeur doit éloigner ses propres fours de la baraque que son voisin a déjà, de quinze coudées si cette dernière se trouve à l’est ou au nord, de trente coudées si elle se trouve à l’ouest ou au sud des fours prévus ».

Comme la plupart des traités et réglementations antiques, les textes réunis par Julien d’Ascalon ne sont pas généralisables dans le détail à l’ensemble du monde tardo-antique de tradition ou sous influence romaine. Ils ne concernent qu’une zone limitée, Ascalon et sans doute la Palestine byzantine, puisque chaque agglomération et région de l’Empire possède ses propres coutumes et exemptions locales.

Cependant, ce recueil de loi nous permet de restituer quelques paramètres qui prévalent dans le choix des lieux d’installation des potiers et plus particulièrement dans les habitats groupés. On peut ainsi envisager que des édits contemporains en Gaule prenaient en compte les mêmes éléments :

La raison la plus explicite dans ces passages du traité, donc qui serait la plus importante, est la pollution de l’air. En effet, la distance des bâtiments et des fours varie en fonction des ouvertures dans les constructions avoisinantes et du sens des vents.

Ces mesures ou recommandations d’éloignement pourraient aussi être liées aux risques d’incendies. Cette crainte est d’ailleurs la plus couramment invoquée pour justifier l’emplacement des quartiers artisanaux dans la périphérie des villes. Toutefois, comme le précise L. Pastor (2010, 59), « cette hypothèse ne paraît pas fondée puisque de nombreuses activités liées au feu se trouvent en pleine ville. Ainsi, en Suisse, alors que les ateliers de potiers sont [souvent] rejetés en périphérie, les bronziers et les forgerons se trouvent dans des quartiers relativement centraux. Il en est de même à Strasbourg (67) où les ateliers de potiers

299

Ce passage est aussi développé par L. Pastor 2010, 58-59 se référant à C. Saliou - Le Traité d’urbanisme de Julien d’Ascalon, Droit et architecture en Palestine au VIe s. Travaux et mémoires du centre de recherche d’histoire et civilisation de Byzance, monographies, n°8. Paris : 1996, 160p. et plus particulièrement la p.36 et 222. Le traité de Julien d’Ascalon compte une trentaine de pages, qui nous sont parvenues car elles ont été intégrées au Livre de l’Eparque au XIe siècle, lui-même assimilé en 1345 à d’autres textes pour former le manuel de droit, l’Hexabiblos. La partie de l’Hexabiblos évoquant les ateliers de potiers correspond au livre 2.4.15.

se situent dans les canabae de Koenigshoffen alors que de nombreux artisans du métal se trouvent intramuros ». Je rejoins ainsi L. Pastor (2010, 58-59) sur le fait qu’ « il semble plus plausible que le rejet des quartiers de potiers soit dû aux nuisances causées par les fumées, plutôt qu’à des risques d’incendie ». En effet, les différentes structures foyères évoquées ici ne dégagent pas les mêmes volumes de fumées au cours de leur utilisation300 et les fours ne seraient pas abrités dans des bâtiments ou sous des appentis, si la crainte de l’incendie était la raison principale de leur implantation. En outre, quelques potiers se sont installés au cœur de zones d’habitat groupés301

. Ce serait ainsi la concentration de leur fumée qui gênerait.

La compilation de Julien d’Ascalon apporte également des éclaircissements sur l’organisation des structures dans les ateliers et sur les conditions des cuissons :

L’auteur recommande d’éloigner les fours d’1,77 m (4 coudées) à près de 13,50 m (30 coudées)302 des bâtiments les plus proches. La distance varie en fonction de la hauteur des constructions voisines, de la présence d’ouverture ou de façades aveugles, du sens des vents, ainsi que de la présence d’autres potiers dans le voisinage.

Le traité révèle aussi que les maitres-fourniers palestiniens réalisaient surtout leurs cuissons quand les vents dominants soufflaient (ceux du nord ou de l’est).

Enfin, il semblerait que généralement les cuissons ne se fassent pas quand le vent vient du sud ou de l’ouest ou en hiver. Cette dernière configuration est aussi attestée par plusieurs papyri datés entre le courant du IIIe siècle et le début du VIIe siècle (606)303.

Les Géoponiques ou Geoponica, encyclopédie sur l’agriculture, compilée à

Constantinople sous le règne de l’empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-959), permet également de retrouver quelques informations sur l’organisation des ateliers à l’époque tardo-antique. En effet, la plupart des données, écrites en grec, sont issues d’un traité du Ve siècle ou du VIe siècle, réalisé par Cassianus Bassus, qui tire lui aussi partie d’enseignements plus anciens, datés du IVe siècle et compilés par Vindonius Anatolius de Béryte (Guignard 2009).

Dans le Livre II, 49, 3304, il apparaît que la présence d’un atelier de potiers ou de tuiliers est nécessaire sur un domaine, d’autant plus que « dans chaque région on peut trouver de l’argile pour fabriques des vases ». Les gisements se trouvent « soit à la surface, soit en

300

En revanche, je ne suis pas tout à fait d’accord avec L. Pastor quand elle indique que « si une loi qui réglemente l’implantation des ateliers de potiers impose que ceux-ci soient confinés en bordure des agglomérations, leur présence est un indicateur des limites de la ville intra-muros. […] Ainsi, les suburbia des agglomérations dépourvues d’enceintes peuvent être distingués de la ville grâce à l’implantation des quartiers de potiers. […] Tous ces exemples d’ateliers prouvent que les ateliers de potiers urbains n’existent pas, qu’ils sont tous des ateliers suburbains ». A mon avis, la situation est plus complexe. En effet, si je concède que les ateliers marquent très souvent la périphérie des villes, certains peuvent être intramuros et proches du centre des agglomérations, comme les installations de Trèves (Rh.-P ; en dernier lieu Brulet et al. 2010, 190-191) ou ceux présentés dans la note suivante.

301

Cf. le four de potiers dans le castrum d’Augst et ceux du centre de l’agglomération (Bâle-Campagne, Suisse ; Vogel Müller et Schmid 1999, fig.1, n°20, 34 et 44 ; Müller dir. 2008), ceux de Nîmes (Fiches et Veyrac dir. 1996, 307, 310, 317, 432), certains attestés à Eauze et à Lectoure (32 ; Lapart et Petit dir. 1993, 154 et 202 ; Maurin et al. 2004, 29 ; Pisani 2014, 67) ou encore à Famars (Willems et al. à paraître).

302

J’ai considéré qu’une coudée était équivalente à 44,46 cm.

303

Cf. le Papyrus Oxyrhynque 50.3595.33-34 ; 50.3596.31-32, 50.3597.31-32 ; 58.3942.24-25 et P. Tebt.

2.342.23 (Gallimore 2010, 169, note 85 ou infra le point 1.4.1.3.1).

304

Mondi 2010, 52 se référant à une traduction de N. Cuomo Di Caprio de 2007 : « in ogni regione si può trovare argilla da Vasaio ».

profondeur, soit dans des lieux cachés du terrain » (Géoponiques, Livre II, 49, 3)305. Cependant toutes les argiles ne conviennent pour la fabrication des céramiques. Certains potiers préfèrent ainsi « celles de couleur rouge, d’autres de couleur blanc, et d’autres encore mélangent les deux » (Géoponiques, Livre VI, 3, 1) 306. Le choix de l’argile en fonction de sa couleur rappelle ainsi les propos de Palladius dans son livre VI, 12. L’intérêt pour l’argile et son traitement, ainsi que les difficultés qui peuvent être rencontrées, ne se limitent pas dans les Géoponiques, à la phase d’extraction, puisqu’il est précisé dans le Livre VI, 3, 3-4307, qu’« il faut […] se préoccuper que l’argile soit bien travaillée, et ne pas permettre qu’elle soit mise sur le tour avant que l’argile ait bien montré sa qualité [à être un] vase après cuisson ». Ces quelques passages soulignent ainsi que des personnes non qualifiées peuvent extraire l’argile, mais qu’en revanche, il faut un ouvrier qualifié pour contrôler le travail des ouvriers et juger si l’argile peut être utilisée sur le tour.

On apprend également que si l’extraction peut être faite par une seule personne, « il faut par contre assister l’ouvrier dans l’atelier»308. La polyvalence des potiers est aussi mise en avant puisqu’il est mentionné que « Les potiers ne montent pas sur le tour toutes les jarres, seulement les petites. Les grandes, ils les construisent jour après jour, posées par terre dans une pièce chaude, et ils les montent progressivement » (Géoponiques, Livre VI, 3, 3-4)309. Ce passage, dans l’un des deux livres sur la vinification (la cave et la vinification), concerne cependant uniquement les ateliers qui réalisent des cruches et des amphores (des « petits » vases) pour le conditionnement du vin et des dolia (les « plus grands » vases), qui sont modelés et servent à la vinification310.