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Chapitre 1 : L’espace organisationnel comme un espace politique

B. Les stratégies pour affaiblir l’espace dominant

Après avoir décrit les dimensions et les attributs de l’espace, nous explorons les différentes stratégies possibles d’utilisation de ces éléments par des organisations ou des acteurs marginaux souhaitant affaiblir un espace dominant. Aucun espace dominant ne peut éviter une forme de résistance à son égard (Zhang et al., 2008). Nous présentons maintenant les stratégies permettant aux acteurs présents dans un espace dominant de le subvertir.

Exploiter les contradictions des dimensions de l’espace dominant I.

Dans le chapitre 1 nous avons décrit l’espace comme ressource pour les organisations. Or, il ne suffit pas de produire une certaine configuration spatiale pour façonner des pratiques spécifiques. Quel est alors l’impact réel de la configuration spatiale sur les pratiques ? Dale (2005) essaie de répondre à cette question. Pour cela, elle étudie une organisation dans le secteur de l’énergie qui souhaite modifier les relations entre les employés. Elle cherche à atténuer le contrôle hiérarchique afin de privilégier le contrôle par les pairs. Pour obtenir ce résultat, l’organisation modifie sa configuration spatiale. Les bureaux individuels sont supprimés au profit d’espaces de travail collectif. De nombreux points de rencontre informelle sont également aménagés. Le but est de favoriser l’échange et la collaboration entre les membres de l’organisation pour créer de la surveillance mutuelle. Cependant, la configuration physique fut insuffisante pour impulser une méthode de travail alternative. En effet, l’arrivée de nouveaux employés entraîne une surpopulation des espaces de travail. Les open space deviennent surpeuplés et bruyants. Les équipes essaient alors de reconstituer des espaces privés pour travailler isolées les unes des autres. Cette pratique rompt la dynamique de

55 collaboration et donc de contrôle par les pairs. Le management finit alors par réinstaurer un contrôle hiérarchique des collaborateurs. On voit ici que le décalage entre la structure matérielle du bâtiment et la pratique quotidienne a eu pour conséquence l’échec de la mise en place d’un nouveau mode d’expression de la hiérarchie.

Zhang, Spicer et Hancock (2008) s’intéressent à l’étude des espaces hyper organisés qu’ils définissent comme étant des espaces où tout est scrupuleusement conçu et régulé. Ce sont donc des espaces extrêmement contrôlés et, de fait, il est difficile pour les individus de subvertir ce contrôle. A partir du triptyque d’Henri Lefebvre (2000), ils évoquent le fait que l’espace conçu et l’espace perçu peuvent être contrôlés de manière quasiment parfaite par l’organisation, mais que l’espace vécu est plus difficile à contrôler. Si l’espace vécu par les acteurs entre en contradiction avec l’espace conçu et vécu alors le développement d’une résistance est possible. Dans leur article, ils montrent comment le personnage principal du roman Super-cannes de J.G. Ballard paru en 2000 réussit à résister au sein d’un espace entièrement contrôlé, alors qu’il n’a pas la possibilité de trouver des espaces périphériques propices à l’émancipation. Les personnages de ce livre vivent dans un lieu qui s'appelle Eden Olympus. Le comportement des habitants y est strictement contrôlé. Deux mesures sont mises en place pour cela. Premièrement, tous les besoins des habitants sont comblés. Deuxièmement, des mesures de contrôle plus direct sont mises en place, grâce à un système de biosurveillance qui permet de connaître les faits et gestes de la population. Pour contrer l’impossibilité de trouver des espaces non contrôlés, les personnes réinterprètent la configuration spatiale dans laquelle ils évoluent. L’un d’eux se rend à une thérapie de groupe. Alors que cet espace est normalement planifié pour remettre dans le droit chemin les habitants déviants, ce personnage s’en sert pour approcher d’autres personnes et les convaincre de résister au système.

Les articles que nous venons de présenter montrent la difficulté d’aligner les différentes dimensions de l’espace entre elles. Les possibilités de décalages, voire de contradictions, sont donc importantes. Si le contrôle de la dimension matérielle de l’espace et des pratiques qui s’y développent n’est pas chose aisée, on se rend compte qu’il est encore plus ardu d’essayer de maîtriser la perception de chaque individu évoluant dans un espace. Les individus pourront alors exploiter ces contradictions spatiales afin de mettre en place des stratégies de résistance.

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Occuper l’espace : donner de la substance II.

La stratégie de résistance à un espace dominant la plus directe consiste sans doute à occuper cet espace afin de le perturber. Il peut s’agir d’investir l’espace public ou les bâtiments d’une organisation en signe de protestation. Cette stratégie peut durer quelques heures dans le cas d’une manifestation par exemple, ou plusieurs mois voire plusieurs années dans le cadre de squats. L’occupation peut être vue comme étant la mise en espace d’un mouvement de contestation. Elle porte plus spécifiquement sur l’espace en tant que substance.

Le mouvement Occupy Wall Street n’a pas occupé à proprement parler une organisation, cependant il vise directement certaines formes organisationnelles : les banques et le système capitaliste. Il s’est installé au cœur de Wall Street, quartier qui symbolise le système contre

lequel proteste le mouvement (Hammond, 2013). En occupant le quartier d’affaires de New

York, les résistants ont perturbé durant plusieurs semaines les activités qui s’y déroulent. Les manifestations et les carnavals sont également des mouvements itinérants d’occupation de l’espace public. Ripoll (2008) rappelle que la volonté d’investir l’espace public vient du fait que cela permet de rendre manifeste un désaccord. Son avantage est qu’il permet de regrouper différents types de personnes, qui ne font pas toutes partie de l’organisation instigatrice de l’évènement. En outre, aucun savoir-faire particulier n’est nécessaire et l’accès à l’espace public est a priori facile. La condition pour que ce genre d’action soit réussi est le nombre de personnes participantes. Des affrontements avec les forces de l’ordre sont parfois à craindre et l’arrêt du mouvement pour trouble à l’ordre public est possible.

Ripoll (2008) se réfère à Dobry (1986) pour dire qu’ « Il n’existe pas de seuil numérique objectif permettant de conclure à la réussite ou à l’échec d’une mobilisation » (p90). Il

poursuit en expliquant que la force symbolique d’un rassemblement, où les participants sont trop nombreux, peut s’avérer problématique. Une foule, même nombreuse, n’est pas assurée d’être écoutée. Elle court le risque d’être perçue comme représentant seulement une minorité contestataire.

Si l’investissement de l’espace public peut sembler vain aux yeux de certains, des formes plus radicales d’investissement de l’espace sont possibles. Ripoll (2008) illustre cette stratégie en évoquant certaines associations de chômeurs qui ont pour habitude de bloquer les locaux de Pôle emploi. Les salariés qui bloquent les usines après l’annonce de licenciements massifs

57 sont des exemples de ce type de résistance souvent relayés dans les médias. Ce type de blocage ne dure généralement que quelques jours, mais d’autres formes de blocage sont plus durables. C’est le cas de la stratégie du squat par exemple. Lorsqu’un bâtiment d’une organisation est occupé sur une certaine durée, les acteurs développent des stratégies plus complexes que la simple occupation. C’est ce que nous allons maintenant explorer.

Détourner et détruire l’espace : remettre en cause la configuration III.

Une autre stratégie possible est de détourner ou de dégrader l’espace de domination. Cette stratégie revient à contrer la configuration de l’espace de domination.

L’exemple du déménagement des employés du Ministère des Affaires étrangères en Israël est particulièrement intéressant (Wasserman & Frenkel, 2011). Le nouveau bâtiment dans lequel sont installés les employés du ministère est supposé incarner la nouvelle identité de l’organisation. Les employés doivent dorénavant incarner un corps diplomatique professionnel conforme aux critères occidentaux. « The conceived space of the planning

discourse included values such as modernity, technological progress, Westernness, political power, openness, and transparency » (Wasserman & Frenkel, 2011: p508). Ce projet de la direction est très mal perçu par les employés qui sont en désaccord avec l’identité qu’on tente de leur imposer. Les employés vont donc s’efforcer d’exprimer leur divergence vis-à-vis de ce nouveau bâtiment en détruisant les marqueurs de la nouvelle identité. Wasserman et Frenkel analysent cette résistance avec le triptyque d’Henri Lefebvre. Ils montrent que la résistance est mise en place sur les trois dimensions spatiales. L’espace conçu est symboliquement attaqué en donnant des surnoms insultants aux architectes ou en utilisant le fascicule du projet architectural pour caler un pied de table. L’espace perçu est lui aussi remis en question. De nouvelles portes se fermant automatiquement ont été mises en place et ne peuvent être ouvertes qu’avec une certaine carte d’accès, garantissant le respect des espaces hiérarchiques. Ces portes furent sabotées à l’aide de cure-dents afin de les maintenir ouvertes et de briser cette séparation. Enfin, l’espace vécu est lui aussi mis à mal. Pour cela les employés ont réintroduit des marqueurs stéréotypés de l’identité israélienne traditionnelle. Ils ont par exemple installé des tapis persans dans les bureaux ou encore jeté des mégots de cigarettes par terre au lieu de les placer dans des cendriers (en référence au stéréotype sur la saleté supposée des Israéliens).

58 Cette recherche nous renseigne sur la résistance à travers l’espace de plusieurs manières. Tout d’abord, nous voyons que les actes de détournement ou de dégradation de l’espace visent les trois dimensions de l’espace décrites par Lefebvre. Ensuite, il est intéressant de constater que ces attaques visent la dimension esthétique du bâtiment. Les employés détournent de manière symbolique les éléments d’architecture et de décoration intérieure du bâtiment. Wasserman et Frenkel appellent cela l’esthestic jamming (détournement esthétique) qu’ils définissent comme suit :

« A form of intentional and unintentional efforts at collective resistance that not only reveals the aesthetic mechanisms of regulation, but actually uses them as a method of counterregulation » (Wasserman & Frenkel, 2011 : p503).

Ces observations montrent que les actes de résistance consistent d’une part à dénoncer une situation de domination et d’autre part à retourner les mécanismes de domination contre ceux qui les ont imposés. Dans le cas présenté, les mécanismes de domination s’appuyaient sur la dimension esthétique de l’espace. Dans cet exemple, les employés détournent ou détruisent des mécanismes de domination fondés sur les dimensions matérielle et symbolique de l’espace.

Jouer avec la temporalité IV.

Lorsque nous avons entrepris de définir les attributs de l’espace, nous avons parlé de sa dimension processuelle et donc temporelle. En effet, un espace évolue et se modifie au cours du temps. En quoi la temporalité pourrait-elle jouer en faveur d’une stratégie de résistance au cœur d’un espace de domination ?

Une étude sur les infirmières néonatales a montré comment celles-ci avaient réussi à exprimer des émotions féminines à l’intérieur du service néonatal alors que ce type d’émotion était marginalisé au profit d’émotions masculines (Lewis, 2008). Cette transformation a été possible car la pratique alternative s’est développée durant le service de nuit. En effet, durant la nuit, le service néonatal n’est pas le même que durant le jour : le personnel y est réduit, seule l’équipe médicale est présente, l’équipe administrative est absente. En outre, les patients

59 ainsi que leurs parents sont généralement endormis. La nuit est ainsi un moment propice pour exprimer des émotions plus féminines sans que celles-ci soient rejetées par les acteurs dominants de l’espace qui privilégient les émotions masculines. Ce mouvement n’aurait sans doute pas été possible en journée à cause de la présence des acteurs dominants.

L’utilité de l’espace à travers le temps a été explorée afin de comprendre la création de l’Université Paris-Dauphine (De Vaujany & Vaast, 2014). L’université s’est installée dans les anciens locaux du siège de l’OTAN à Paris au début des années 1970. Le but était de développer une université d’un nouveau genre, qui innoverait sur les questions de la pédagogie. Mais il était difficile pour Dauphine de construire sa légitimité dans un paysage universitaire où certaines institutions étaient présentes depuis plusieurs siècles et dominaient le secteur en imposant leurs pratiques et leurs valeurs. Pour cela, Dauphine a, dans un premier temps, construit sa légitimité en se servant de l’héritage de l’OTAN. La devise de l’organisation inscrite dans le hall devint celle de l’université ; la structure du bâtiment très cloisonnée a permis de justifier la construction de petites classes plutôt que d’imposants amphithéâtres. Si l’héritage de l’OTAN fut dans un premier temps utile à l’université, les nouveaux enjeux internationaux du monde universitaire ont remis ce postulat en question. Dauphine efface alors progressivement les traces de l’OTAN de son image. On voit donc qu’un espace qui était, dans un premier temps, considéré comme un soutien est perçu comme un frein au développement de l’université quelques années plus tard.

Ces articles laissent pressentir l’importance que la dimension temporelle peut avoir dans le développement d’une stratégie de résistance. Nous avons vu comment l’espace était perçu différemment en fonction du moment choisi. Si, à certains moments, l’espace apparaît comme une contrainte, à d’autres il semble jouer un rôle de facilitateur de l’action. La perception peut évoluer en fonction d’un rythme cyclique (jour/nuit) ou bien se modifier de manière durable dans le temps. Il convient de se demander quels autres moments seraient potentiellement intéressants pour développer une résistance et s’interroger sur les raisons de telles altérations du pouvoir spatial au cours du temps.

Dale et Burrell (2008) appellent ces espaces où des pratiques différentes se réalisent à différents moments des « espaces alternants » (p241). Ils décrivent cette utilisation multiple de l’espace comme un accommodement (accommodation) car ainsi deux pratiques différentes, voire contradictoires, peuvent coexister de manière relativement pacifique. Toujours selon

60 Dale et Burrell, l’accommodement peut être considéré comme une forme de résistance pacifique. En effet, bien souvent les groupes n’ont pas conscience que l’espace s’organise différemment lorsqu’ils ne sont pas présents.

Cependant, cette forme n’est pas exempte de tout conflit. Des tensions peuvent apparaître dès lors qu’un groupe d’utilisateurs souhaite transformer durablement l’espace partagé d’une manière qui serait défavorable à l’autre groupe d’utilisateurs. Il existe donc des incertitudes sur la possibilité de maintenir un pouvoir dans le temps. Hirst et Humphreys (2013) évoquent ce sujet lorsqu’ils étudient le fonctionnement d’un nouveau siège social. Le management souhaite que le bâtiment exprime la modernité et soit très épuré. Pour ces raisons, les nouvelles règles imposent qu’il soit exempt de tout papier, entre autres mesures. Les archives sont envoyées dans un autre bâtiment localisé dans une autre partie de la ville. Les auteurs constatent que cette mesure fonctionne dans un premier temps. Trois ans plus tard, les bureaux des employés sont à nouveau submergés de documents papier. Cet exemple suggère qu’un pouvoir n’arrive pas toujours à s’imposer au cours du temps et qu’un mouvement de résistance pourrait tirer parti de cette faiblesse.

Se réapproprier la « corporate city » V.

Les stratégies d’affaiblissement de l’espace dominant que nous venons d’évoquer dans les quatre points précédents concernent essentiellement un espace intra organisationnel. Ce dernier point présente les stratégies de résistance au pouvoir de l’organisation sur son espace environnant. Au-delà de leurs bâtiments, les organisations influencent l’espace urbain. Nous allons voir les stratégies déployées par les habitants pour récupérer cet espace.

Henri Lefebvre clôture son ouvrage Le droit à la ville, en arguant que la ville moderne ne prend en compte que les besoins individuels au détriment des besoins collectifs. Il souhaite remettre la valeur d’usage de la ville au cœur de son développement. Et pour réaliser cela, il se demande si cette ville n’aurait pas aujourd’hui « besoin de lieux qualifiés, lieux de

simultanéité et de rencontres, lieux où l’échange ne passerait pas par la valeur d’échange, le commerce et le profit » (Lefebvre, 1972 : p116). Il souligne le besoin d’imaginaire et

d’activités créatrices pour réaliser cela. Le rôle de la fête et du jeu en tant que moyen pour les habitants de se réapproprier la ville est très présent dans son ouvrage. Il souhaite que la

61 production de la ville soit à nouveau l’apanage des usagers et non plus celui des planificateurs. Les espaces d’hyperréalité posent problème car ils « posent la question de la

subjectivité de l’individu, de sa capacité et de sa liberté à l’exercer. En effet, tout est pensé et ressenti pour lui » (Graillot, 2005 : p57). Ils n’ont plus aucun rôle de production. Cette

contrainte peut pousser certains individus à rejeter ce genre d’univers afin de recouvrer leur subjectivité.

Pour cela, ils vont tenter de sortir de cette situation passive afin d’être à nouveau producteurs. Daskalaki, Stara, et Imas (2008) partent de cette idée pour étudier les traceurs, qui pratiquent le parkour. Le parkour est une activité consistant à détourner la ville, les bâtiments et le mobilier urbain afin de l’utiliser d’une autre manière qu’initialement prévu. Cela consiste notamment à escalader divers bâtiments, ou encore à sauter de toit en toit. Cette activité est pratiquée sans matériel de sécurité particulier (ni baudrier ni corde). Les auteurs étudient le parkour en tant qu’activité de résistance permettant de subvertir la ville en la détournant de ses usages prévus par les planificateurs urbains. C’est un moyen de se réapproprier la ville en jouant avec elle. Le traceur adopte le rôle de producteur, car, comme le dit Henri Lefebvre, «

foires, jeux collectifs de toutes sortes persistent dans les interstices de la société de consommation dirigée, dans les trous de la société sérieuse » (Lefebvre, 1972 : p151). En prenant une part active dans la production de l’espace urbain, il se libère de son statut de simple consommateur et reprend en partie le contrôle de cet espace.

Henri Lefebvre perçoit ainsi la fête comme étant un élément déterminant dans la lutte contre l’espace de consommation. Le carnaval est un exemple emblématique de cet usage de la fête. Dans sa perspective historique, le carnaval est un espace de libre expression. Pendant une durée déterminée, le peuple peut défiler dans l’espace public et se moquer du pouvoir politique. Islam, Zyphur, & Boje, (2008) entreprennent d’étudier le carnaval à l’époque contemporaine afin de montrer qu’il n’a pas perdu cette fonction subversive. Ils étudient le carnaval de La Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis et plus particulièrement la Mystic Krewe of Spermes. Une krewe est une sorte d’organisation au sein du carnaval qui est chargé d’animer une partie du défilé. Plusieurs krewe participent conjointement à l’évènement. Ce krewe joue sur des images sexuelles explicites et grotesques afin de proposer une satire de la société. Les membres défilent par exemple avec des spermatozoïdes géants fichés au bout d’un bâton qu’ils portent comme un étendard lors du défilé. Les spermatozoïdes géants sont grotesques. Leur fonction est de dénoncer les tabous qui entourent la question de la sexualité dans une

62 société jugée trop bien pensante pour le krewe. Cette vision de la morale est selon eux une image véhiculée par le corps politique américain. In fine, c’est la classe politique qui est visée. L’interprétation que font les auteurs de ce défilé est intéressante. Au lieu de penser le carnaval comme étant un rituel cathartique permettant de préserver l’ordre social (Humphrey, 2001), ils y voient le moyen de remettre en question ses normes en transmettant notamment un message aux spectateurs. Ils pointent ainsi la possibilité de résister au sein même d’une structure rituelle institutionnalisée telle que le carnaval. Cet exemple montre ainsi en quoi un élément festif peut contenir des éléments de subversion de l’espace public.