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PARTIE 1. Contexte clinique, scientifique et sociétal

II. Quand santé, fonctionnement et environnement interagissent ou l’apparition du handicap

2. L’ajustement au handicap

2.2. Les stratégies de coping

2.2.1. Définition des stratégies de coping

Les stratégies de coping renvoient à « l’ensemble des efforts cognitifs et

comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources d’un individu » (Lazarus & Folkman, 1984, p. 141).

Ces stratégies de coping visent un état d’harmonie entre les besoins internes de l’individu et les demandes externes de l’environnement. En d’autres termes, ces stratégies tendent vers un ajustement de l’individu à la situation stressante (Untas, 2012).

Les stratégies de coping peuvent prendre des formes très diverses. Elles peuvent être d’ordre cognitif (telles que le recours à l’humour ou à la réinterprétation positive de

le recours à des consommations de substances ou la recherche d’informations). Parmi ces formes de coping, il existe différentes classifications.

2.2.2. Classifications des stratégies de coping

Lazarus et Folkman (1984) distinguent les stratégies centrées sur le problème et les stratégies centrées sur l'émotion. Les stratégies de coping centrées sur le problème visent à agir sur la source de stress. Par exemple, les patients peuvent consulter un médecin, rechercher de l’information pour faire face aux difficultés consécutives à la LCA ou élaborer un planning afin de faire face aux déficiences cognitives. Ces stratégies impliquent la tentative de résoudre la situation à travers l’amorçage d’une action (Muller & Spitz, 2003). Les stratégies de coping centrées sur l’émotion visent quant à elles à réguler les tensions émotionnelles induites par la situation. Ces stratégies comprennent notamment le blâme également appelé auto-accusation (se faire des reproches quant à l’imputabilité de la survenue de la lésion), la réinterprétation positive (réévaluer la situation stressante en des termes positifs) ou encore la recherche de soutien émotionnel (s’appuyer sur le soutien moral, la sympathie ou la compréhension de l’entourage).

La recherche de soutien social apparaît comme une troisième stratégie. Elle correspond aux efforts du sujet afin d’obtenir de l’aide d’autrui (Bruchon-Schweitzer & Boujut, 2014). Elle peut être assimilée au coping centré sur le problème lorsque l’individu recherche des informations ou une aide matérielle; elle peut être assimilée au coping centré sur l’émotion lorsque l’individu recherche une écoute ou une réassurance (Carver, Scheier, & Weintraub, 1989).

Suls & Fletcher (1985) distinguent quant à eux les stratégies d’évitement et les stratégies vigilantes. Ces auteurs illustrent les stratégies d’évitement à travers la question

posée à l’écrivain Thomas Edward Lawrence (dit Lawrence d’Arabie) cherchant à savoir comment pouvait-il supporter d’éteindre lentement une bougie avec ses doigts. T.E. Lawrence a répondu que le secret était de ne pas y prêter attention. Cette anecdote illustre une variété de stratégies relatives à l’évitement cognitif telles que la distraction ou encore le déni ayant en commun de tenir l’attention à distance de la source de stress. Ces stratégies d’évitement se distinguent de ce que les auteurs appellent les stratégies vigilantes à travers lesquelles l’individu focalise son attention sur la source de stress. Ces stratégies s’apparentent aux stratégies de coping centrées sur l’émotion pour les stratégies d’évitement et aux stratégies de coping centrées sur le problème pour les stratégies vigilantes (Bruchon-Schweitzer, 2001).

Enfin, Rogan, Fortune, & Prentice (2013) distinguent les stratégies de coping adaptatives par opposition aux stratégies non-adaptatives. Les stratégies de coping adaptatives regroupent la recherche de soutien, la distraction, l’humour, le recours à la religion, l’acceptation. Les stratégies non-adaptatives regroupent le déni, l’utilisation de substances, le désengagement comportemental et le blâme. Les stratégies adaptatives faciliteraient le processus de croissance post-traumatique par lequel une personne confrontée à un événement indésirable et modifiant sa vie, fait preuve d'une capacité à interpréter les avantages face à l’adversité (Rogan et al., 2013). La perception de changements positifs inclut notamment un changement de priorités concernant ce qui est important dans la vie, le développement de nouveaux intérêts et d’opportunités ou encore une plus grande appréciation de sa propre existence et de la vie en générale (Tedeschi & Calhoun, 2004).

Toutefois, il n’y aurait pas de stratégies d’ajustement efficaces de façon uniforme. Face à une pathologie chronique grave, les patients privilégieraient des stratégies centrées sur l'émotion dans un premier temps avant d'adopter des stratégies centrées sur le problème pour faire face au stress lié à la maladie (Bungener, 2005).

2.2.3. Les approches du coping

D’après l’approche transactionnelle du stress selon laquelle individu et environnement s’influencent mutuellement, le coping relève d’un processus dynamique dépendant à la fois des caractéristiques de l’individu et des caractéristiques de la situation (Lazarus & Folkman, 1984). La phase d’évaluation précédant la mise en place des stratégies de coping et notamment l’évaluation des enjeux de la situation (évaluation primaire) en terme de perte, menace ou défi peut être influencée par diverses caractéristiques de la situation elle-même : son imminence, sa durée ou encore sa contrôlabilité. Face à un événement non contrôlable, l’individu tentera plutôt de réguler son émotion, alors que si la situation est contrôlable, il utilisera plutôt des stratégies centrées sur le problème (Bruchon-Schweitzer & Boujut, 2014). Les évaluations et les stratégies de coping sont en ce sens déterminées par des caractéristiques situationnelles.

D’autres auteurs privilégient une approche dispositionnelle du coping selon laquelle les stratégies de coping mises en place par l’individu sont davantage déterminées par des caractéristiques stables de la personnalité que par des caractéristiques de la situation (Costa, Somerfield, & McCrae, 1996; Lu, 1996; Schwartz, Neale, Marco, Shiffman, & Stone, 1999). Les individus présenteraient des styles de coping stables dans le temps et ce quelle que soient les circonstances qui seraient notamment liés à leur motivation, leur sentiment d’auto-efficacité ou encore leur lieu de contrôle (Bruchon-Schweitzer & Boujut, 2014). Par exemple, la croyance généralisée de l’individu dans le fait que les évènements dépendent de facteurs internes tels que ses propres capacités personnelles (contrôle interne) favoriserait la mise en place de stratégies centrées sur le problème.

Ces approches situationnelles et dispositionnelles du coping ne s’avèrent pas antagonistes mais révèlent des aspects complémentaires du processus de coping.