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PARTIE 1. Contexte clinique, scientifique et sociétal

II. Quand santé, fonctionnement et environnement interagissent ou l’apparition du handicap

2. L’ajustement au handicap

2.4. Facteurs associés aux stratégies de coping après LCA

 Facteurs sociodémographiques

Le lien entre les facteurs sociodémographiques et les stratégies de coping mises en place pour faire face aux difficultés liées à la LCA reste incertain. L’étude transversale de Spitz et al. (2013) menée auprès de 97 patients présentant un TCE léger à sévère âgés en moyenne de 36 ans ne rapporte aucun lien entre les stratégies de coping utilisées (mesurées avec l’échelle de coping pour adultes, CSA de Frydenberg et Lewis, 1996) et l’âge ou le niveau d’éducation. En revanche, l’étude de Wolters et al. (2011) menée auprès d’un échantillon de 136 patients présentant une LCA d’origine traumatique, vasculaire ou autre âgés en moyenne de 45 ans montre qu’un niveau d’éducation plus élevé apparait lié à l’utilisation de stratégies de coping centrées sur le problème (mesurées avec l’UCL) 3 ans en moyenne après la lésion.

 Facteurs lésionnels et séquellaires

Parmi les facteurs lésionnels, aucune relation significative n'a été trouvée entre les stratégies de coping et la localisation de la lésion ni la sévérité du TCE, qu’elle soit mesurée par le score initial à l’échelle de Coma de Glasgow (GCS) ou la durée de l’amnésie post- traumatique (Andersson, 2000; Spitz et al., 2013). En revanche, les études s’accordent sur le lien entre les stratégies de coping employées et l’ancienneté de la lésion. Le délai de la lésion apparait positivement associé à l’utilisation d’un coping passif (Spitz et al., 2013; Wolters et al., 2011). Ces mêmes stratégies apparaissent également négativement associées au score de résultat fonctionnel (GOS-E) au sein d’un échantillon de 141 patients victimes d’un TCE (Sasse

et al., 2014). En d’autres termes, l’utilisation d’un coping passif serait associé une moins bonne récupération.

Au regard du fonctionnement cognitif, l’étude de Wolters et al. (2011) rapporte que la performance neuropsychologique (évaluée à l’aide du Stroop et de l’épreuve des 15 mots de Rey) n’influence pas les stratégies de coping. L’équipe de Sasse et al., (2014) constate, quant à elle, que les stratégies d’évitement sont négativement associées au statut cognitif indiquant que ces stratégies sont utilisées par les patients présentant des capacités cognitives plus basses. Dans l’étude de Spitz et al. (2013) menée auprès de patients victimes d’un TCE, une meilleure performance en fluence verbale (évaluée à l’aide du COWAT de Benton, Hamsher et Rey, 1994) prédit un recours plus fréquent à des stratégies adaptatives telles que la résolution de problème et l’humour. Les difficultés rencontrées dans la vie quotidienne impliquant les fonctions exécutives mesurées au moyen du questionnaire dysexécutif (DEX de Wilson et al. 1996) chez 106 patients présentant un TCE apparaissent également positivement associées au coping passif et négativement associées à un coping actif (Rakers et al., 2017). En d’autres termes, ces résultats indiquent que le recours à un coping passif est associé à des troubles du fonctionnement exécutif tandis que le coping actif est associé à une présence moindre de troubles du fonctionnement exécutif.

 Facteurs psychologiques

Quelques études se sont intéressées au lien entre les stratégies de coping et les ressources psychologiques. L’étude Riley, Dennis, & Powell (2010), menée auprès de 42 patients ayant été victimes d’un TCE, âgés en moyenne de 43 ans, rapporte que les patients ayant une estime de soi basse utilisent davantage les stratégies d’évitement 13 ans en moyenne après l’accident (Riley et al., 2010). Ces stratégies d’évitement étaient par ailleurs associées à un sentiment d’auto-efficacité plus faible (mesuré à l’aide de la GSES de Schwarzer and Jerusalem, 1995)

dans l’étude de Scheenen, Visser-Keizer, van der Naalt, & Spikman (2017) menée auprès de patients victimes d’un TCE léger. A l’inverse, l’utilisation de stratégies de coping actif était associée à un sentiment d’auto-efficacité plus élevé (Scheenen, van der Horn, et al., 2017). En d’autres termes, les patients qui présentent une estime de soi basse et ceux qui présentent un sentiment d’auto-efficacité bas utilisent davantage les stratégies d’évitement.

Les études ayant exploré le lien entre les stratégies de coping et l’état émotionnel s’accordent sur son existence quel que soit l’outil de mesure administré. Andersson (2000) rapporte une association positive entre les stratégies d’évitement et les scores de dépression obtenus à la MADRS (Montgomery et Asberg, 1979) chez 70 patients ayant été victimes d’une LCA de nature traumatique, vasculaire ou anoxique. Kortte, Wegener, & Chwalisz (2003) rapportent des résultats identiques 1 an après la LCA dans le cadre d’une étude menée auprès de 27 patients âgés en moyenne de 33 ans. Wood & Doughty (2013) et Maestas et al. (2014) retrouvent des résultats similaires auprès respectivement de 71 et 187 patients traumatisés crâniens âgés de 36 et 33 ans en moyenne. L’étude transversale de Visser et al. (2015), menée auprès de 166 patients âgés en moyenne de 53 ans ayant été victimes d’un AVC, rejoignent ces résultats 7 mois après l’AVC.

La confontration aux contraintes liées aux déficences après LCA peut déborder les ressources de la personne cérébrolésée, « mettre en danger son bien-être » et ainsi constituer un stress. Le patient va alors déployer des stratégies afin de s’ajuster au handicap consécutif à la LCA. Parmi les facteurs associés aux stratégies de coping, une moins bonne récupération fonctionnelle, des troubles du fonctionnement exécutif, la présence de détresse émotionnelle sont associés à des stratégies passives. L’estime de soi et le sentiment d’auto-efficacité du patient ont également une importance dans l’ajustement au handicap consécutif à la LCA. C’est pourquoi, nous allons aborder de façon plus approfondie ces ressources psychologiques qui influencent et interagissent avec l’ajustement au handicap consécutif à la LCA.