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CHAPITRE III CADRE DE RÉFÉRENCE

III.6 L’adaptation : un concept au cœur de l’intervention avec les TIC auprès des

III.6.3 Les règles du World Wide Web Consortium (W3C)

Comptant environ 400 organisations membres, dont le W3C Québec, le World Wide Web Consortium ou W3C a été créé en 1994 dans l’objectif de permettre à tous les individus de profiter du potentiel du Web, et ce, malgré les technologies dont ils disposent, l'infrastructure réseau, la langue maternelle, la culture, la localisation géographique ou les aptitudes physiques ou mentales. Partant d’une définition du Web comme « l’univers des informations accessibles, le W3C a mis en place des groupes de travail WAI (Web Accessibility Initiative) qui ont pour mission d'évaluer les technologies développées par le W3C pour s'assurer de son interopérabilité et son accessibilité. Dans le cadre de leurs travaux, ces groupes ont publié des directives touchant à l’accessibilité du contenu, aux navigateurs Web et aux outils de conceptions Web.

Les règles d'accessibilité des contenus Web, WCAG1.0 (Web Content Accessibility Guidelines) ont été publiées en mai 1999. Nous jugeons qu’elles peuvent constituer une balise pour penser l’adaptation des technologies et les autres éléments de la situation pédagogique. Les règles du WCAG1.0 sont au nombre de 14 et se détaillent en 65 points de

regroupées selon 4 critères étroitement liés au traitement de l'information et ainsi transposables à l’apprentissage :

1) fournir des alternatives équivalentes aux contenus visuels et auditifs (images statiques ou animées, contenus audio et vidéo);

2) ne pas s'en remettre exclusivement aux couleurs;

3) utiliser le balisage HTML et les feuilles de styles de façon appropriée; 4) clarifier l'utilisation du langage naturel;

5) créer des tableaux HTML qui se transforment de façon élégante; 6) s'assurer que les pages qui contiennent de nouvelles techniques (objets

programmables, styles) se transforment de façon élégante;

7) assurer à l'utilisateur le contrôle des changements du contenu lorsque ce dernier varie dans le temps (clignotements, mouvements, rafraîchissement du contenu, redirections);

8) assurer un accès direct aux interfaces-utilisateurs intégrées;

9) concevoir de manière indépendante les périphériques (souris, clavier, etc.); 10) utiliser des solutions intermédiaires en attendant que les utilisateurs aient un

meilleur support de l'accessibilité;

11) utiliser les technologies et directives du W3C.

Les trois règles restantes visent à rendre le contenu compréhensible et navigable et sont, par conséquent, les plus pertinentes pour les limitations cognitives (incapacités

fonctionnement cognitif, etc.).

12) fournir des informations de contexte et d'orientation; 13) fournir des mécanismes de navigation clairs;

14) s'assurer que les pages sont claires et simples.

L’application de ces règles a donné lieu à plusieurs gains quant à l’accessibilité du Web notamment aux personnes qui ont des incapacités. Toutefois, ces gains semblent se limiter aux personnes dont les incapacités et les limitations sont de nature physique ou sensorielle (Bartlett, 2001; Abascal et coll., 2003; Friedman et Bryen, 2007). Selon Li- Tsang et coll. (2006), cette situation émane d’une perception généralisée qui pointe du doigt les capacités intellectuelles limitées de ces personnes en supposant d’avance qu’elles ne sont pas en mesure d’apprendre des compétences liées aux TIC qui sont complexes et exigent beaucoup d’efforts cognitifs.

Récemment, le WAI a publié une nouvelle version des règles d’accessibilité du Web (WCAG2.0)21 (Caldwell, Cooper, Guarino Reid, et Vanderheiden, 2008). Les règles du WCAG2.0 se distinguent de leurs précédentes d'abord parce qu'elles sont applicables à toutes les technologies de conception de pages Web (PDF, HTML, etc.). C’est dans ce cadre que le WCAG2.0 a adopté le concept de « technologie supportant l'accessibilité » (ibid.). De plus, alors que le WCAG1.0 bannit les technologies de conception de pages Web non accessibles, le WCAG2.0 favorise le développement de l'interopérabilité et autorise l'utilisation de technologies non accessibles dans la mesure où elles n'interfèrent pas avec l'information équivalente fournie via des technologies accessibles (ibid.). Enfin, les règles

21La dernière version WCAG2.0 date du 11 décembre 2008. Elle est disponible à l’adresse URL : http://www.w3.org/TR/WCAG20/ (consulté le 15 juillet 2010)

des critères de succès explicites de niveau A, AA ou AAA (niveau d’accessibilité) (ibid.). Le WCAG2.0 structure ses 12 directives principales selon les mêmes critères fondamentaux que les règles du WCAG1.0 :

• Des contenus perceptibles :

1) Proposer des équivalents textuels à tout contenu non textuel qui pourra alors être présenté sous d'autres formes selon les besoins de l'utilisateur;

2) Proposer des versions de remplacement aux médias temporels;

3) Créer un contenu qui puisse être présenté de différentes manières sans perte d'information ni de structure;

4) Faciliter la perception visuelle et auditive du contenu par l'utilisateur, notamment en séparant le premier plan de l'arrière-plan.

• Des contenus utilisables :

5) Rendre toutes les fonctionnalités accessibles au clavier;

6) Laisser à l'utilisateur suffisamment de temps pour lire et utiliser le contenu; 7) Ne pas concevoir de contenu susceptible de provoquer des crises;

8) Fournir à l'utilisateur des éléments d'orientation pour naviguer, trouver le contenu et se situer dans le site.

• Des contenus compréhensibles :

9) Rendre le contenu textuel lisible et compréhensible;

• Des contenus robustes :

12) Optimiser la compatibilité avec les agents utilisateurs actuels et futurs, y compris les aides techniques.

Certes les règles du WCAG2.0 accordent plus d’importance à l’accessibilité du Web que ses précédentes, mais au regard des incapacités intellectuelles, elles demeurent vagues au point que leur utilisation pose plus de problèmes que de solutions. En effet, elles demeurent limitées pour assurer l’accessibilité du contenu aux personnes avec limitations cognitives. Adams et Gill (2007) identifient cinq perspectives complémentaires pour concevoir l’accessibilité : 1) l’accessibilité physique aux technologies, médias, etc.; 2) l’accessibilité aux données et aux sources d’information; 3) l’accessibilité au design de l’interface de la source de l’information; 4) l’accessibilité cognitive : l’accès au contenu de l’interface qui engage les processus cognitifs de la personne tels que la navigation et la compréhension; 5) l’accessibilité sociale (ou aux objectifs). Les règles du W3C, même dans leur nouvelle version, répondent aux besoins des utilisateurs dans les trois premières sphères d’accessibilité identifiées par Adams et Gill (2007). Par contre, peu d’importance est accordée à « l’accessibilité cognitive » (ibid.) encore moins à l’accessibilité sociale. L'accès à l'information n’implique pas forcément l’accès à la compréhension et à l'apprentissage (Rose et Meyer, 2002). De plus, l’utilisation des informations pour atteindre des objectifs précis (l’accessibilité sociale) qui est la finalité de l’accessibilité reste illusoire si l’utilisateur d’une technologie ne peut utiliser l’information à laquelle il accède.