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TABLE DES MATIERES

ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES

B- Les poils

Ce chapitre rappelle les données fondamentales concernant l'anatomie et l'ultrastructure des cheveux et des poils, les différents types de poils et leur distribution au niveau des téguments, leur embryologie ainsi que leur physiologie.

a-Embryologie(7)(8)(9)



Chronologie de la pilogénèse :

Les premières ébauches pilaires se forment entre le 2èmeet le 3ème mois de la vie embryonnaire dans la région des sourcils, de la lèvre supérieure et du menton : ils constitueront le lanugo, qui est un duvet qui tombera qui tombera à la naissance, et qui sera remplacé par des poils plus rudes au cours de la période périnatale. Sur le reste du corps, le processus débute à partir du 4ème mois de grossesse et se propage de la tête vers le bas du corps, progressivement jusqu’à la fin de la vie embryonnaire. A ce moment, tous les follicules pileux sont en place. Les cheveux ne sont présents qu’à partir du 7ème mois de grossesse.



Mécanisme de la pilogénèse :

12ème et la 14èmesemaine de vie intra-utérine, en de multiples points, l’épiderme primitif s’épaissit, parce que les cellules germinatives prolifèrent d’une manière intense, formant le « bourgeon pileux ».

Le bourgeon pileux s’invagine à son extrémité, formant une cavité qui se remplit rapidement de mésoblaste avec des capillaires et des terminaisons nerveuses : c’est le bulbe pileux. Le derme situé à son contact présente une zone de prolifération, la papille dermique, qui rapidement se développe et s’invagine à l’intérieur du bulbe pileux.

La couche d’ectoderme prolifératif qui recouvre la papille dermique à la base du poil est appelé « matrice germinative ». Elle correspond à une zone de prolifération située au centre de l’ébauche, qui se développe en direction de la surface de l’épiderme en transformant les cellules dérivées du cordon initial en gaine épithéliale externe. Les cellules dérivées de la matrice sont le siège d’une kératinisation particulière et constituent la gaine épithéliale interne. A partir du 4èmemois, l’extrémité de l’ébauche du poil fait saillie à l’extérieur. Dès lors, la zone intra-épidermique devient la racine du poil, tandis que le segment externe forme la tige du poil.

Figure 4 Séquence du développement typique depuis germe pileux jusqu’au follicule pileux à proprement parlé(9)

La gaine épithéliale externe est à l’origine d’un bourgeon secondaire qui s’enfonce dans le derme pour constituer une glande sébacée. Une zone de différenciation apparaît au niveau du derme sous-jacent à cette ébauche glandulaire où les cellules mésenchymateuses se transforment en myoblastes pour constituer le muscle arrecteur du poil.

Après la naissance il y a deux types de poils : le duvet, poils non pigmentés qui ne s’enfoncent pas profondément dans le derme, et les poils terminaux, poils pigmentés qui

pénètrent dans le tissu dermique adipeux. A la puberté, l’imprégnation par les hormones sexuelles provoque le remplacement des fins poils par des poils plus rudes sur certaines parties du corps : les aisselles et le pubis dans les deux sexes, la face, le thorax et le dos chez l’homme.

b-Anatomie et ultra structure(10) :

Les poils sont des structures kératinisées propres aux mammifères, produites au niveau d'une invagination de l'épithélium épidermique, le follicule pilo-sébacé. Les follicules pilo-sébacés comportent le poil et ses gaines, et sont annexés par les glandes sébacées. Dans certaines régions, un muscle arrecteur et des glandes sudorales apocrines peuvent également lui être annexés. Les glandes sudorales eccrines sont toujours indépendantes des poils.

Par définition, on distingue au follicule pileux en phase anagène, trois zones distinctes (figure

5):

- A la partie supérieure, il y a l’infundibulum, qui correspond à une cavité en communication avec la surface de la peau, bordée par un épithélium en continuité avec l’épiderme, mais aussi la tige pilaire, partie visible du poil à la surface des téguments. - A la partie moyenne, l’isthme qui est la zone où s’abouchent les glandes sébacées. - A la partie inférieure, il existe une région sous-isthmique formée par la racine du poil

et ses gaines (épithéliales externes et épithéliales internes). La zone particulièrement importante où sont situées les cellules souches du poil est parfois visible sous forme d’un renflement (buldge).Un fait important est qu’au cours de la pelade, ces cellules souches, qui permettent la repousse des poils, demeurent intactes. Cela explique que les poils peuvent se remettre à pousser au cours de cette affection, même après plusieurs années de dormance. À son extrémité profonde, on retrouve le bulbe pileux, constitué de cellules matricielles mêlées à très nombreux mélanocytes. Il est creusé d’une cavité, la papille folliculaire, occupée par un tissu conjonctif richement vascularisé et innervé.

Figure 5 Structure d’un follicule pileux (11)

Ainsi, on distingue au niveau du follicule pilo-sébacé les structures suivantes :

• Le poil :

Le poil proprement dit, au stade anagène comprend de bas en haut :

o Le bulbe pilaire, partie renflée, constituée de cellules germinatives, siège d'une intense activité mitotique et située au contact d'une structure conjonctive dermique richement vascularisée et innervée, la papille. Les cellules bulbaires prolifèrent en donnant continuellement naissance à des cellules épithéliales, dont la progression se fait vers la surface cutanée, et dont la différenciation dépend de la localisation : - celles situées au centre du bulbe donneront les cellules médullaires

- plus en périphérie se forment les cellules corticales

- en périphérie du bulbe s'isolent les cellules épidermiculaires.

o La racine pilaire, située entre le bulbe et l'abouchement du canal sébacé, et constituée de trois zones concentriques répondant à la différenciation précédente :

- la médullaire(ou moelle), mince colonne centrale (diamètre compris entre 1-5 µm), comprenant une ou deux rangées de cellules polyédriques vacuolisées, très peu pigmentées et non kératinisées ; elle est inconstante, le lanugo et le duvet en étant notamment dépourvus.

- la corticale (ou écorce), beaucoup plus épaisse (diamètre compris entre 20- 100 µm), dense, formée de cellules acidophiles fusiformes, kératinisées et pigmentées, orientées selon l'axe du poil. Elle représente la masse principale du poil. La kératine est disposée de façon fibrillaire. La keratinisation des cellules se fait progressivement au cours de leur migration vers la surface et débute au niveau de la zone keratogène. - l'épidermicule (ou faussement cuticule), formée d'une seule assise de cellules aplaties en écailles (Longueur 60 µm, épaisseur 0,5 µm) et imbriquées comme les tuiles d'un toit, chacune d'elles recouvrant la partie inférieure de la cellule située au-dessus d'elle vers la surface ; du fait des recouvrements multiples, l'épaisseur moyenne de cette couche atteint 5 µm.

Figure 6A- Coupe d’une racine pilaire : longitudinale à gauche, transversale à droite, B- Poil observé en microscopie électronique à balayage : la couche en surface est

l'épidermicule(12)(13)

B

A

o La tige pilaire, partie visible du poil qui fait suite à la racine et qui est formée des trois mêmes couches concentriques ; sa section est circulaire et elliptique et son diamètre moyen varie de 20 à 40 µm chez le nouveau-né, et de 50 à 125 µm chez l'adulte

• Le follicule

Le follicule, invagination cylindrique entourant le bulbe et la racine pilaire, est constitué de trois gaines concentriques, soit de l'intérieur vers l'extérieur :

 La gaine épithéliale interne, elle-même formée d'un épidermicule et de deux assises plus externes, les gaines de Huxley et de Henle. L’épidermicule est directement au contact de l’épidermicule pilaire et comme elle, elle est constituée d'une couche de cellules imbriquées en tuiles de toit, mais en sens inverse ce qui assure une contention mécanique du poil dans le follicule.

 La gaine épithéliale externe, en continuité avec l'épiderme, dont elle ne représente qu’une invagination. Elle est formée de plusieurs couches cellulaires dont la plus externe est implantée sur une membrane basale épaisse. La gaine épithéliale externe s'amenuise de haut en bas par disparition successive de ses cellules superficielles. Ainsi, au moment où se gonfle le bulbe pileux, elle se trouve réduite à une seule couche de cellules, qui correspond à la couche germinative de l'épiderme.

 La membrane basale, épaisse, entourée d'une gaine conjonctive (sac fibreux du poil) d'origine dermique et renfermant des vaisseaux et des terminaisons nerveuses.

• La glande sébacée

Située dans le derme moyen, c'est une glande acino-alvéolaire, holocrine, constituée d'une partie sécrétoire et d'un court canal excréteur, dont l'épithélium stratifié est en continuité avec la gaine épithéliale externe du follicule auquel il est appendu latéralement. Elle est fonctionnelle chez le fœtus et produit le vernix caseosa qui recouvre le nouveau-né ; chez l'adulte elle secrète le sébum qui contribue à la formation du film hydrolipidique de surface, lubrifie le poil et protège l'épiderme.

Muscle lisse à innervation sympathique, il est tendu dans l'angle obtus entre l'épiderme et le bulbe pilaire, passant en écharpe sous la glande sébacée ; sa contraction sous l'effet du froid ou de diverses émotions entraine l'érection du poil (« chair de poule »).

Figure 7 Coupe longitudinale d’un follicule pilo-sébacé au niveau de la paupière(14)

A. Coloration par trichrome de Masson. B. Coloration par hématéine-éosine.

1. Épiderme ; 2. Jonction dermo-épidermique ; 3. Derme ; 4. Muscle strié squelettique ; 5. Follicule pilo-sébacé, avec en 5 a : une glande sébacée, 5b : l’isthme, 5c : la tige pilaire, 5d : l’infundibulum, 5e : la gaine épithéliale externe, 5f : la racine pilaire ; encadré, en 5g : le bulbe pileux, en 5h : la papille folliculaire, en 5 i : des cellules matricielles, en 5 j : la gaine épithéliale interne, en 5k : des glandes sudorales apocrines. Il n’y a pas

c-Les différents types de follicule pilo-sébacés et leur distribution (8): Les follicules pileux sont distribués sur toute la surface de la peau en nombre variable, à l’exception de certaines régions qui en sont totalement dépourvues : paumes des mains, plantes des pieds, faces latérales des doigts et des orteils, gland et prépuce, petites lèvres et face interne des grandes lèvres. Selon l’importance relative des poils et des glandes sébacées et la zone où s’abouchent ces dernières, on distingue trois types de follicules :

- les follicules dits “terminaux” qui sont les follicules des régions pubiennes et axillaires, des cheveux et chez l’homme de la barbe

- les follicules dits “lanugineux” ou “velus”, les plus nombreux et les principaux producteurs de sébum

- les follicules dits “sébacés”, cinq fois moins abondants que les précédents, présents sur le visage et le haut du tronc et impliqués dans la pathogénie de l’acné Au niveau du cuir chevelu, on distingue les follicules dits “terminaux”. Les poils y sont raides, épais et longs occupant toute la largeur de l’infundibulum. Ils sont profondément implantés dans la peau, jusqu’à l’hypoderme.

Figure 8Répartitions des différents types de follicules pilo-sébacés chez l’homme (15)

d-Le cycle pilaire (14)(15)(16)

Le corps humain comporte environ 5 millions de follicules, dont 100 000-150 000 sur le cuir chevelu. C'est une caractéristique humaine que les mêmes follicules produisent, à différents

stades de la vie, des cheveux ou poils fins presque invisibles (lanugo prénatal ou duvet postnatal) ou des cheveux terminaux grossiers, sous contrôle génétique et hormonal complexe. Les follicules passent de façon cyclique par des phases de croissance (anagène), d'involution (catagène), et de repos et chute (télogène). La formation des poils n’est pas continue dans le temps. Périodiquement, les follicules terminaux passent par une période de repos pendant laquelle la vieille tige pilaire s’élimine pour laisser place au poil qui repousse. Ce cycle évolutif comporte 3 phases de durée très inégales, aboutissant à la chute du cheveu : anagène, catagène et télogène.

La phase anagène est considérée comme la phase de croissance avec une intense activité mitotique au niveau du bulbe vascularisé (approximativement 1 cm par mois) et est la plus longue avec une durée d’environ 3 ans chez l’homme et 6 ans chez la femme. Plus de 80 % de nos cheveux sont ainsi en phase anagène.

A la phase catagène (environ 3 semaines), les mitoses sont brutalement interrompues, et un processus d’apoptose des kératinocytes est enclenché, aboutissant à la régression et au raccourcissement du poil : la partie profonde du follicule semble se résorber jusqu’à la hauteur du bulbe, laissant derrière une petite traînée de cellules matricielles et de fibroblastes de la papille. Cette phase concerne 20 à 50 cheveux par jour.

La phase télogène, dite « de repos », dure de 3 à 6 mois, et est caractérisée par une étape de stabilité pendant laquelle la matrice est inactive et le follicule s’atrophie. Après la phase de repos, la matrice se réactive et forme un nouveau poil qui remplacera celui qui est tombé ou qui le délogera s’il est encore présent. L’étude de la phase télogène a reçu plus récemment une attention toute particulière, et certains auteurs la subdivise en trois sous phases : une phase où le cheveu est encore présent, une phase où le cheveu est éliminé de façon active suite à la sécrétion de protéases, appelée phase exogène, puis une phase de latence, appelée kénogène, où le follicule, vide de son cheveu, n’a pas encore déclenché son processus morphogénétique. La phase kénogène peut durer de 2 à 12 mois.

Il est à noter que le poil en phase anagène est le seul à être sensible aux toxiques et notamment à la chimiothérapie proposée dans certaines thérapeutiques.

Le cycle pilaire est étudié par l’examen des cheveux prélevés par arrachement ; c’est le trichogramme. Normalement, 85 à 90 % des cheveux sont en phase anagène, 0 à 10 % en phase télogène.

Une chute normale des cheveux est de 50 à 100 par jour. Chaque follicule pileux peut effectuer une vingtaine de cycles, ce qui couvre largement la durée d’une vie. Le cycle des follicules pileux est asynchrone, c’est-à-dire que tous les cheveux ne passent pas au même moment par chacune de ces phases. Cette croissance dite « en mosaïque », nous permet de garder constamment une chevelure, à la différence d’autres espèces animales qui présentent une mue saisonnière (15).

La forte activité germinatrice de la phase anagène nécessite : des facteurs de croissance

des apports nutritionnels (fer, protéines, zinc, vitamines)

des hormones : comme les œstrogènes et les hormones thyroïdiennes, qui favorisent la croissance du follicule pileux, tandis que les hormones mâles (en particulier la déhydrotestostérone) favorisent la miniaturisation du cheveu, et, paradoxalement, stimule la croissance des follicules pileux dans d'autres topographies

Figure 9 Le cycle pilaire (17)

III-ETHIOPATHOGENIE

Bien que l’étiologie exacte de la pelade reste encore inconnue, il est communément convenu de lui reconnaitre une origine multifactorielle, avec une composante dysimmunitaire prédominante, dont la cible principale serait représentée par le follicule pileux, et ce, survenant sur un terrain de prédisposition génétique. Une intervention environnementale dans

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