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5.8 Les filières d’élevage au Niger

5.8.2 Les petits ruminants, la filière ovine et caprine

Les élevages ovin et caprin, tout comme l’élevage bovin, représente un potentiel de valorisation nationale et régionale. En effet, de nombreux éleveurs pratiquent la transhumance afin d’approvisionner les pays côtiers localisés en zone soudano-guinéenne. Les filières ovines, caprines et bovines représentent les principales exportations sur pied en direction des pays côtiers notamment le Nigéria. En outre, les moutons ont aussi une valeur économique et socio-culturelle dans la société nigérienne spécialement pour l’Aïd.

« L’intérêt de l’Union serait d’utiliser les richesses disponibles pour accroître la production et la consommation des produits régionaux. En effet, le bétail et la viande produits dans l’espace de l’UEMOA sont en concurrence directe avec les importations de viande de pays tiers. Ces importations constituent pour l’Union un manque à gagner. Les produits de la sous-région, dont les viandes bovine, ovine et caprine ont fait la preuve de leur compétitivité, mais l’expérience a montré la fragilité de l’équilibre, face aux pressions des marchés mondiaux » (Maidadji B., 2001).

Tout comme pour le secteur bovin, les typologies des éleveurs de moutons et de chèvres se répartissent en fonction de deux systèmes : élevage nomade et élevage sédentaire. L’élevage nomade peut, comme mentionné ci-dessus pour l’élevage bovin, se subdiviser en un élevage nomade avec terroir d’attache et un élevage nomade en transhumance.

« Deux groupes d'éleveurs se partagent l'exploitation du cheptel ovin du Niger : Les pasteurs qui se livrent presque exclusivement à l'élevage et les sédentaires qui ont quelques têtes de bétail généralement confiées au berger Peul ou qu'ils élèvent eux-mêmes » (Ibrahim A.T., 1975).

Déjà dans les années 70, le mouton et la chèvre étaient déjà décrits comme élevage générateur de revenus et participant activement à l’économie du Niger.

« Sheep and goat breeds in Niger are described as is the importance of these two species in the national economy » (Zakara O., 1985).

Les petits ruminants sont répartis sur tout le territoire du Niger. On les retrouve aussi bien dans les systèmes de production sédentaire le long du fleuve Niger qu’au Nord du Niger dans les oasis du Kaouar et de Bilma.

« Cet élevage se situe dans toutes les zones climatiques, depuis la zone soudanienne jusqu’aux oasis de Ténéré et occupe toute la population aussi bien sédentaire que nomade. Cet aspect de l’élevage nigérien fait apparaitre un élevage extensif caractérisé par une transhumance de grande amplitude à côté duquel se situe un noyau de sédentaire sous forme d’embouche uniquement en zone agricole » (Zakara O., 1985).

Les espèces de moutons et de chèvres sont assez bigarrées et mélangées. Toutefois, le mouton le plus répandu est le mouton du Sahel et le secteur caprin est fortement représenté par la chèvre du Sahel. Toutefois, depuis les années 80, les caractéristiques de la chèvre rousse de Maradi en ont fait une chèvre réputée qui s’est largement diffusée entre Zinder et Maradi.

« Les troupeaux de petits ruminants sont constitués de deux espèces. Pour les ovins, on distingue les moutons peuls qui comprennent deux variétés (le Bali Bali et le Ouda) et le mouton touareg (ara-ara). En plus, il y a les métis issus du croisement de ces races. L’aire de dispersion correspond pour le mouton touareg à la zone sahélienne et sub-saharienne, le mouton peul occupe la même aire de dispersion du zébu peul, c’est-à-dire la zone agro- pastorale. Les caprins sont représentés par deux races principales : la chèvre du Sahel et la chèvre rousse de Maradi. Les caprins sont très mélangés, surtout la chèvre du sahel dite bariolée. On la rencontre dans toutes les contrées du Niger. Parmi les caprins nigériens, une race attire l’attention des zootechniciens, des tanneurs et maroquiniers, la chèvre rousse de Maradi dont l’aire géographique se limite au département de Maradi et au sud-ouest de Zinder » (Zakara O., 1985).

Le cheptel ovin présente une tendance quadratique. Sa croissance est directement positive, contrairement à l’évolution du cheptel bovin qui présente une légère stabilité ponctuée par les crises des années 70-80. En effet, lors de plusieurs entretiens28, les acteurs du monde de l’élevage ont souligné qu’à la suite de la sécheresse de 1982-1983, les éleveurs s’étaient orientés vers une production plus importante d’ovins et de caprins ; moins vulnérables et plus productifs que les bovins. La forte fertilité et productivité des ovins et caprins permet donc aux éleveurs de reconstituer plus rapidement leur cheptel en cas de crise. On constate d’ailleurs que durant la sécheresse de 1972-1973 et celle de 1982 et 1983, la population d’ovins s’est accrue. Au vu des entretiens réalisés, la cause de ces croissances provient du choix des pasteurs et agropasteurs de réorienter leur choix vers l’accroissement de leur cheptel ovin (Figure 107).

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Entretien auprès de AREN, d’éleveurs à Abalak et de personnes ressources au sein du ministère de l’élevage à Niamey, Tahoua et Maradi

Figure 107 : Evolution de la tendance du cheptel ovin

Le cheptel caprin présente une tendance en courbe S. Cette tendance peut se subdiviser en une croissance relativement faible ponctuée d’un fort accroissement durant les sécheresses des années 70. Par contre, les sécheresses des années 80 ont considérablement affecté le cheptel le ramenant à un cheptel similaire à celui des années 50. La deuxième subdivision provient d’un accroissement quasi exponentiel à partir des années 90 (Figure 108). Selon nos entretiens, le cheptel caprin est influencé par sa capacité à résister aux chocs. En effet, de nombreux agro-pasteurs et pasteurs indiquent qu’ils orientent leurs choix vers une chèvre car elle est plus résistante et leur alimentation est moins exigeante que celle des ovins et surtout bovins car il nécessite un besoin plus important en fourrage.

« Ce type d’élevage est plutôt une stratégie anti-risque qui sécurise les populations fort fragiles. Posséder du bétail, quand bien même il s’agirait de petits ruminants, confère par ailleurs une certaine assise sociale » (Amadou B. et al., 2000).

Figure 108 : Evolution de la tendance du cheptel caprin