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5.1 Céréales

5.1.6 Le fonio, céréale d’Afrique de l’ouest au potentiel insoupçonné

La zone de production du fonio est essentiellement localisée en Afrique de l’Ouest. Les principaux sites de production sont au Fouta Djallon et au nord et centre du Nigéria. Les autres sites sont localisés au Mali, à l’est du Burkina Faso, dans l’Atacora du Togo et Bénin ainsi qu’au sud du Niger. Au Niger, la zone de production est éparse et se concentre au sud de la région de Dosso, Zinder et Maradi. Plus précisément, le fonio se cultive dans les systèmes agro-pastoraux des Dallols Maouri et Fogha ; des systèmes agro-pastoraux semi-intensifs et du système semi-intensif du fleuve Niger. Il aurait aussi la possibilité de se développer au sein des systèmes du sud de la région de Maradi et Zinder, à travers les systèmes agro-pastoraux semi-intensifs, les systèmes agro-sylvo-pastoraux semi-intensifs, les systèmes agro-pastoraux des Goulbis de Maradi et N’Kaba ainsi que les systèmes pastoraux de la Korama (Carte 2) (Portères R., 1955 ; Rochette R., 1965 ; Cruz J-F. et al., 2012 ; Dramé D. et al., 2011 ; Bello I.M., 2016 ; Andres L. et Lebailly Ph., 2016).

Carte 2 : Localisation des sites de production du fonio Source : Dramé D., et al., 2011

La concentration du fonio en Afrique de l’Ouest provient de la culture historique de celui-ci ainsi qu’une céréale fortement insérée dans les cultures et traditions. Dramé D. et al. (2011) soulignent que :

« Le fonio (Digitaria exilis Stapf.) est considéré comme la plus ancienne céréale indigène d’Afrique occidentale. Les premières références au fonio comme aliment sont rapportées dès le milieu du XIVème siècle par l’explorateur bérbère Ibn Battûta dans son voyage au Soudan

(actuel Mali). Il précise que dans ces contrées, le coscoçou (couscous) est préparé avec du foûni (fonio) « qui ressemble aux graines de moutarde » » (Dramé D., et al., 2011).

Malgré une consommation affaiblie par l’arrivée de céréales importées, comme le riz, le blé et le maïs, le fonio reste une céréale consommée en quantité dans les zones où il est fortement produit comme dans le Fouta Djallon présentant de meilleures productivités.

« Au XIXème siècle, lors de son voyage à Tombouctou, l’explorateur français René Caillé évoque le fonio, et le qualifie de « foigné » (petite espèce de graminée), dès lors qu’il aborde, en avril 1827, les contreforts du Fouta Djallon dans la région de Télimélé en Guinée. Puis, à mesure qu’il progresse vers l’intérieur de l’Afrique en traversant les régions de Kankan, du Ouassoulou, d’Odienné et de Tingrela, il rappelle fréquemment que le fonio constitue une des principales nourritures des habitants, qui le préparent en bouilile ou sous la forme de tau (aujourd’hui « tô ») » (Dramé D. et al., 2011).

Actuellement, le fonio est fortement consommé dans des zones de production aux racines historico-culturelles comme l’Atacora, les zones urbaines de Guinée et le pays Dogon ainsi qu’une filière de niche à l’exportation pour l’Europe et les Etats-Unis.

« L’ensemble de ses caractéristiques peut laisser penser que le fonio est une céréale condamnée à disparaître au profit de produits de base plus compétitifs, notamment sur les marchés urbains. Pourtant, le fonio fait l’objet depuis quelques années d’un regain d’intérêt de la part des opérateurs économiques. En Guinée, au Mali et au Burkina, des artisanes rurales sont depuis longtemps spécialisées dans la transformation du fonio pour la vente sur les marchés. Plus récemment, de petites entreprises urbaines proposent du fonio blanchi et lavé, parfois précuit, conditionné en sachets plastiques thermo-soudés » (Konkodo-Yaméogo C. et al., 2004)

La croissance des superficies de fonio est exponentielle. Elle est caractérisée par une légère augmentation entre 1953 et 1973. A partir de 1973, les superficies croissent pour atteindre 6.000 ha. En 1990, les superficies connaissent une décroissance pour connaitre une croissance sans précédent et atteindre des superficies de près de 12.000 ha. Toutefois, malgré ce maximum, les superficies de fonio demeurent minimes par rapport aux céréales dominantes (mil et sorgho) (Figure 36). En outre, le fonio est aussi cultivé pour l’alimentation animale dans des pâturages (Andres L. et Lebailly Ph., 2016a).

Figure 36 : Evolution de la tendance des superficies du fonio

L’élimination de la tendance et l’observation des autocorrélogrammes et autocorrélogrammes partiels fait ressortir un possible modèle ARMA (2, 0, 0). Aucune

saisonnalité n’a été identifiée et le modèle ARMA souligne les deux périodes de forte croissance des superficies à savoir entre 1973 et 1990 ; et de 1996 à 2014 (Figure 37).

56 49 42 35 28 21 14 7 1 5000 2500 0 -2500 -5000 Temps R ES ID U EL LE 2

Diagramme de série chronologique des résidus des superficies de fonio

Figure 37 : Evolution des résidus des superficies de fonio

La moyenne et la médiane des rendements de fonio sont respectivement de 682 kg/ha et 638 kg/ha alors que les premier et troisième quartiles s’élèvent à respectivement 154 et 639 kg/ha. Les rendements du fonio varient en fonction de ces zones de production dans le sud de la région de Dosso. En outre, la production comme la culture est largement concentrée dans les vallées, vallons, bas-fonds et abord du fleuve Niger (Figure 38).

3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 R en de m en t (k g/ ha )

Boîte à moustaches des rendements de fonio

Figure 38 : Boite à moustache des rendements de fonio au Niger

L’analyse de la tendance reproduit à la figure 39 montre une tendance exponentielle relativement stable et caractérisée par une forte productivité en 1991 et 1992. Trois périodes peuvent être diagnostiquées : légère croissance entre 1953 et 1974 ; stabilité des rendements les plus faibles entre 1974 et 1990 ; après un pic d’un peu moins de 3.500 kg/ha, période de décroissance en dents de scie (Figure 39).

Figure 39 : Evolution de la tendance exponentielle des rendements de fonio

L’autocorrélogramme et l’autocorrélogramme partiel identifient un possible modèle ARMA (1, 0, 0). A la suite de l’analyse du modèle, les mêmes constats que l’analyse de la figure 39 sont possibles (Figure 40).

2020 2010 2000 1990 1980 1970 1960 1950 2500 2000 1500 1000 500 0 -500 -1000 Year R ES ID U EL LE 6

Nuage de points de RESIDUELLE6 et Year

Figure 40 : Evolution des résidus des rendements

5.2 Les cultures légumineuses et oléagineuses