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5.3 Les produits de rente au Niger

5.3.1 L’oignon, produit rayonnant à travers l’Afrique de l’Ouest

L’origine de l’oignon remonte à l’antiquité, les premiers centres de diversification de l’oignon en Afrique est l’Egypte pour ensuite être diffusé de l’Afrique de l’est vers l’Afrique de l’Ouest à travers les routes caravanières du Sahara.

« La culture, qui aurait commencé en Egypte, se serait ensuite propagée vers le sud du Soudan, le Niger et l'Ethiopie. L'introduction de l'oignon en Afrique noire serait liée aux échanges transsahariens pratiqués par les commerçants musulmans durant le XIX" siècle » (Cathala M. et al., 2003).

L’oignon a une place prédominante dans la consommation alimentaire en Afrique de l’Ouest. En effet, l’oignon du Niger possède une réputation qui en fait un oignon apprécié par les consommateurs.

« Dans toute l’Afrique de l’Ouest, l’oignon est un légume largement consommé par les populations urbaines et rurales, sous la forme de bulbes (frais ou secs) et de feuilles (fraiches ou transformés) » (Sanon M. et al., 1998).

« La variété d’oignon la plus répandue est le Violet de Galmi, constituant un produit de qualité connu et apprécié pour ses caractéristiques organoleptiques par les consommateurs de plusieurs pays d’Afrique » (Assoumane A.M. et al., 2012).

La filière de l’oignon au Niger est une culture essentielle pour assurer des revenus. Elle est orientée vers le commerce intérieur au Niger et l’exportation en Afrique de l’Ouest. Plusieurs zones du Niger sont très importantes pour la production, il s’agit de la zone du sud de l’Ader Doutchi Maggia et dans une moindre mesure et plus récemment les systèmes agro- pastoraux de l’Aïr.

« La filière oignon représente aujourd’hui pour le Niger la principale source de recettes d’exportation après l’uranium. La Région de Tahoua se situe à la première place avec une contribution d’environ 82% de la production nationale : c’est dans cette région que se situe le triangle productif représenté par les départements de Madaoua, Konni et Keita (Assoumane A.M. et al., 2012).

En outre, d’autres zones de production sont identifiées au Niger et l’oignon représente, avec le poivron et plus récemment la tomate, une production de rente fortement liée à l’exportation. La commercialisation de l’oignon est fortement axée vers le marché informel. “L’oignon est cultivé à l’ouest du pays dans la vallée du fleuve Niger, au centre-ouest dans la zone des vallées Ader-Doutchi-Maggia et Goulbi ; au centre-sud du pays dans la zones des vallées de la Korama, à l’extrême est dans la vallée du Lac Tchad et au nord de la vallée d’Irhazer » (Abdou R., 2014).

Depuis 1953, les superficies d’oignons connaissent une tendance exponentielle. Les superficies d’oignon ne sont pas autant affectées par les sécheresses des années septante. Par contre, les sécheresses des années 80 affectent beaucoup plus les superficies d’oignons (Figure 60).

L’analyse des résidus à travers l’autocorrélogramme et l’autocorrélogramme partiel souligne la possibilité d’avoir un modèle ARMA (1, 0, 0). L’estimation finale des paramètres valide la proposition du modèle. Comme pour d’autres produits du Niger, les superficies observées sont divisées en deux phases : une première plus stable jusqu’en 1980 et une deuxième ayant une évolution en dent de scie fortement ponctué par des crises dont celle 2000-2001. La crise des années quatre-vingt affecte les superficies d’oignons durant cinq ans : 1984 ; 1985 ; 1986 ; 1987 ; 1988 (Figure 61). 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 1 4000 3000 2000 1000 0 -1000 -2000 -3000 -4000 Temps R ES ID U EL LE 3

Diagramme de série chronologique de RESIDUELLE3

Figure 61 : Evolution des résidus des superficies d’oignons

La boite à moustache révèle que 50 % des rendements sont compris entre 18 tonnes par hectare (t/ha) et 27 t/ha. Cinq valeurs sont aberrantes et sont surtout localisés durant la période coloniale en 1953, 1954 ; 1955 et donc notre possible lissage des séries chronologiques de données. La moyenne et la médiane sont respectivement de 26 t/ha et 23 t/ha (Figure 62).

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 R en de m en t (t /h a)

Boîte à moustaches de Rendement (t/ha)

Figure 62 : Boite à moustache des rendements de l’oignon

La tendance des rendements d’oignons est une tendance exponentielle. D’une manière générale, les rendements décroissent depuis 1953. La tendance est caractérisée par une forte décroissance entre 1953 et 1960. La seconde partie de la tendance peut être décrite comme une décroissance moins marquée des rendements entre 1960 et 2014 (Figure 63).

Figure 63 : Evolution de la tendance des rendements de l’oignon

L’analyse des autocorrélogrammes et autocorrélogrammes partiels fait ressortir un possible modèle ARMA (1, 0, 0). Celui-ci est validé lors du traitement des résidus avec le modèle ARMA (1, 0, 0). Les résidus peuvent être analysés comme suit : une période de forte décroissance entre 1953 et 1960 ; une période de croissance en dent de scie fortement affectée par les crises et sécheresses des années 70, 80, 90 ; une période de décroissance des rendements à partir des années 2000 (Figure 64).

60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 1 70 60 50 40 30 20 10 0 -10 -20 Temps R ES ID U EL LE 3

Diagramme de série chronologique de RESIDUELLE3

Figure 64 : Evolution des résidus des rendements d’oignons

Etant donné sa place dans l’économie du Niger et dans les revenus des ménages ruraux, il est assez préoccupant de voir que les rendements sont actuellement décroissants depuis plus de deux décennies et que la tendance, même marquée par des variations de rendements comme celui de 35 t/ha en 1990, décroit depuis un demi-siècle. Certains auteurs affirment que la dégradation prononcée des terres surtout dans l’Ader Doutchi Maggia, principale zone de production au Niger aurait fortement affecté la fertilité des sols et empêcher d’obtenir des rendements plus conséquents (Delwaulle J.C., 1973 ; Rosse E., 1989 ; Dei Georgofili C.S.A., 1999 ; Malagnoux M., 2006).

Certains agriculteurs, et particulièrement ceux de l’Ader Doutchi Maggia, pratiquent deux voire trois campagnes. Celles-ci se superposent et s’étalent sur toute l’année : la première et la plus répandue se déroule durant la saison sèche humide entre septembre et décembre. D’Après Rabiou et al., (2013), la mise en place d’une pépinière en juillet peut permettre d’obtenir une première récolte en décembre. La deuxième débute en décembre et se clôture en mars-avril. Enfin, la troisième, souvent effectué dans les zones les plus productrices

d’oignons, empiète sur la deuxième campagne. Elle débute au mois de janvier–février et la récolte se déroule en mai (Rabiou A., 2014). Il existe quatre variétés améliorées au Niger, il s’agit du violet de Galmi, du blanc de Galmi, le blanc de Soumarana, le Rouge de Tarna. Ces variétés améliorées « côtoient » et évoluent avec des variétés paysannes (Blanc de Galmi, Blanc de Tarna, Blanc de Soumarana, Violet de Madaoua, Violet de Tillabéry, Violet de Say, Violet de Soumarana, Rouge de Gaya) (Rabiou A., 2014). Les oignons sont généralement installés dans une pépinière (planche de 1-2 m de largeur et 3-4 de longueur). Les bulbilles ont un écartement de 7 à 10 cm entre les lignes et sont espacées de 1 cm. La profondeur de plantation des bulbilles est de 1 à 1,5 cm. Le repiquage s’effectue entre 30 et 45 jours en fonction de sa croissance végétative et de la variété (précoce ou tardive). L’écartement entre les lignes est de 10 cm et 15 cm dans la ligne. L’entretien consiste en deux pratiques : l’irrigation et le désherbage. En fonction des moyens de l’agriculteur, des fumures d’entretien et de fond sont appliquées (Oei K.H.N, 2011).