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5.3 Les produits de rente au Niger

5.3.3 La tomate, culture maraichère sous-estimée ?

Les traces parlant de jardins irriguées ont été recensées par Raynault et remontent aux XIXème siècles. En effet, de nombreux paysans pratiquent l’irrigation manuelle dans des jardins de case afin de diversifier, dans un premier temps, leur alimentation et par la suite leurs revenus.

« Sur la frange est du pays haoussa proprement dit, on trouve également des jardins irrigués à Mirriah, à l'est de Zinder. Au Nigeria du Nord, la pratique paysanne de l'irrigation est attestée, mais elle n'a été que peu décrite… Avérée de nos jours, cette pratique est bien antérieure à la présence coloniale. Un caravanier algérien, dont les souvenirs font la matière d'un livre publié en 1848 à Paris [Daumas 1848], rapporte avoir vu autour de Katséna de merveilleux jardins où poussaient la canne à sucre et toutes sortes de légumes : ail, oignon, carottes, pastèques, melons, citrouilles, tomates, … » (Raynaut C., 1989).

La tomate s’intègre dans les systèmes maraichers mis en place à l’issue de la saison des pluies, soit en saison sèche humide. Ces systèmes sont composés de nombreux légumes avec une dominance des oignons.

« On rencontre un très large éventail de légumes dans les jardins. Le plus courant est sans doute l'oignon — la variété sélectionnée de longue date par les agriculteurs de Soumarana a été reprise et améliorée par l'Institut de Recherche en agronomie tropicale (IRAT), elle est maintenant largement diffusée. Viennent ensuite la laitue, le chou, différentes variétés de piment ainsi que la tomate » (Raynaut C., 1989).

La culture de la tomate est pratiquée sur des planches de 1 à 2 mètres de largeur et 3 à 4 mètres de longueur. Elle est irriguée de manière rudimentaire à travers des canaux en terre ou pour éviter le creusement au pied des plantes avec un arrosoir ou une calebasse. Les superficies de la tomate, même si elles sont présentes dans les jardins de case depuis longtemps, ont connu une progression plus marquée à partir des années 80. La tendance quadratique des superficies confirment cette analyse d’accroissement plus prononcé à partir des années 80 (Figure 70).

L’analyse des graphiques (autocorrélogrammes et autocorrélogrammes partiels) et les résultats des modèles ARMA testé font ressortir un modèle ARMA (1, 0, 1). Celui-ci est illustré par la figure 71. Les résidus représentent une décroissance jusque dans les années 70, pour s’accroitre très fortement par après. A noter que comme l’oignon, l’évolution des résidus est plus variable à partir des années 70 et 80 et s’illustrent par une évolution en dent de scie (Figure 71). 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 1 4000 3000 2000 1000 0 -1000 -2000 Temps R és id us

Diagramme de série chronologique de résidus

Figure 71 : Evolution des résidus des superficies de la tomate

50 % des rendements de la tomate se concentrent entre le premier quartile et le troisième qui s’élève à respectivement 7.566 kg/ha et 16.640 kg/ha. Toutefois, la moyenne est de 11.715 kg/ha contre 10.000 kg/ha pour la médiane (Figure 72).

25000 20000 15000 10000 5000 0 R en de m en t (k ilo )

Boîte à moustaches de Rendement (kilo)

Figure 72 : Boite à moustache des rendements de la tomate

L’évolution des rendements de tomate au Niger présente une tendance quadratique. La tendance est caractérisée par une croissance moins forte que celle des superficies de tomate. Les rendements connaissent une forte diminution lors des années 70. Ces faibles rendements illustrent l’impact de la sécheresse sur les rendements. Cette période de faibles rendements tire l’évolution de la tendance des rendements vers le bas. Il est à noter que l’introduction des motopompes individuelles à la suite de la sécheresse de 1982-1983 et les programmes de lutte contre la pauvreté ont nettement accru les rendements en tomate. Toutefois, les grandes crises des années nonante (1994-1995 ; 1998) et des années 2000 (2008 à 2010) ont ponctué les rendements et induit une minimisation de la croissance de la tendance quadratique (Figure 73).

Figure 73 : Evolution des rendements de la tomate

Comme pour les superficies de tomate, les rendements présentent aussi un modèle ARMA (1, 0, 0). Les résidus illustrés montrent une évolution stable jusqu’à la sécheresse des années 70 pour se stabiliser à une valeur plus faible durant les années quatre-vingt. A partir de 1998, les résidus s’accroissent pour atteindre leur niveau plus bas (Figure 74).

60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 1 10000 5000 0 -5000 -10000 Temps R ES ID U EL LE 2

Diagramme de série chronologique de RESIDUELLE2

Figure 74 : Evolution des résidus des rendements de la tomate

Les systèmes de production où est cultivée la tomate sont des systèmes maraichers de contre-saison. Ces systèmes emblavent de petites superficies ayant entre 1-2 m de largeur et 3-4 mètre de longueur, celles-ci sont appelées planches et sont mises en place dès la fin de la saison des pluies en octobre. Cependant, les cultures de tomate sont potentiellement valorisables dans des marchés permettant son écoulement rapide étant donné ses problèmes de conservation. Il s’agit des systèmes de production du fleuve Niger, de l’Ader Doutchi Maggia, des deux Goulbis de la région de Maradi, la vallée de la Korama (Bard M-C. et al., 2002).

L’itinéraire technique s’effectue à partir d’octobre-novembre. Des pépinières sont mises en place durant cette période, il faut environ 100 à 500 m² pour emblaver un hectare. Le repiquage s’effectue deux à trois semaines après semis en pépinière. La transplantation est accompagnée de l’irrigation (3-4 fois par jour) et de l’entretien (désherbage). La fumure est soit organique soit minérale avec des qualités très diverses en fonction de l’origine du produit. La récolte s’effectue de janvier à mars. Les planches de tomate sont généralement associées au piment, gombo. En effet, les stratégies des agriculteurs reposent sur l’association d’une espèce comme la tomate à croissance plus rapide et une espèce à croissance plus faible comme le piment et le gombo. Un autre avantage de ces planches est de pouvoir utiliser les

ressources financières de la tomate pour développer le gombo ou le piment (Bard M-C. et al., 2002 ; Tiamiyou I et Sodjinou E., 2003 ; CIRAD et GRET, 2002).