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Les parents

Dans le document jeunes 97/98 (Page 42-47)

La question du rapport aux parents est centrale dans l’adolescence. Elle concerne en particulier l’autorité, les règles ou la loi,

le contrôle parental, qui sont parfois pré-textes à d’intenses négociations, à des définitions et redéfinitions souvent conflic-tuelles des limites à établir. Les questions posées dans le Baromètre santé jeunes donnent aussi l’occasion d’étudier le senti-ment que perçoivent les jeunes d’exister par rapport à leurs parents et de disposer d’une estime de soi minimale dans le re-gard de ceux-ci.

Deux dimensions ont été ainsi explorées :

• Le contrôle et la cohérence parentale : – « les parents veulent savoir où vous êtes et ce que vous faites »,

– « vous disent à quelle heure rentrer quand vous sortez »,

– « oublient vite un règlement qu’ils ont éta-bli ».

• Le dialogue, l’écoute, et le renforcement de l’estime de soi par les parents : – « vous félicitent »,

– « écoutent vos idées et vos opinions ».

Les modalités proposées étaient « très souvent », « assez souvent », « parfois » et

« jamais ». Les taux, selon l’âge, de répon-ses positives (« très souvent » et « assez souvent ») à ces cinq questions sont pré-sentés pour les garçons et pour les filles (Figure 6).

Selon les dires des jeunes, 83,4 % des pa-rents veulent savoir où ils sont (très ou as-sez souvent), 75,0 % écoutent leurs idées ou opinions, 59,5 % les félicitent, 58,1 % leur disent à quelle heure rentrer et 26,9 % seulement oublient vite un règlement qu’ils ont établi.

D’une manière significative, les filles sont plus « contrôlées » que les garçons (« veu-lent savoir ou vous êtes », « vous disent à quelle heure rentrer »), mais elles ont aussi l’impression d’être plus estimées (« vous félicitent ») et écoutées (« écoutent vos idées et vos opinions »). Les filles ont, en revan-che, la même perception que les garçons quant à la cohérence parentale (« oublier vite un règlement »).

• Les plus âgés, et notamment les majeurs, sont moins concernés par le désir des pa-rents de savoir où ils sont (88,0 % à 12-13 ans et 78,9 % à 18-19 ans).

Figure 5

Jeunes ayant retrouvé leurs camarades dehors près de chez eux au cours des sept derniers jours selon l'âge et le sexe (en pourcentage)

52,9 52,7 50,4 54,7

62,7 64,3 65,2 68,0 69,9

66,1 71,4

Environnement et qualité de vie des jeunes

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Baromètre santé jeunes 97/98 0

Veulent savoir où vous êtes Vous félicitent

Vous disent à quelle heure rentrer

Oublient vite un règlement Écoutent vos idées

12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans

Filles Garçons

88,3 86,9 84,8

80,8 80,5 81,0 77,7

71,0 71,5 70,9

61,7 56,8 52,3

47,2 51,1 49,0

72,4

23,6 26,4 26,0 26,7

33,0 30,5 29,9

22,4 77,1 73,1 74,4

68,8

84,9 84,3 87,5 86,4 84,3 84,3

76,6 72,3

67,9

58,7 55,3 57,7

56,0 55,5

25,2 27,8 28,5 23,6

Attitudes parentales perçues selon l’âge et le sexe (en pourcentage)

Ce désir parental concerne moins les ado-lescents demeurant en communes rurales et dans les agglomérations de moins de 20 000 habitants. Les jeunes vivant avec leurs parents de naissance (ou d’adoption) se considèrent plus souvent l’objet de ce contrôle que ceux issus de familles mono-parentales ou recomposées.

Par ailleurs, les 12-19 ans plus contrôlés quant aux horaires ont moins souvent bu de l’alcool une fois par semaine au cours de l’année écoulée (20,9 % vs 33,8 % pour le reste de l’échantillon), sont moins sou-vent fumeurs réguliers (22,3 % vs 29,5 %) ou consommateurs de cannabis au cours de la vie (26,9 % vs 33,5 %). Ces différen-ces restent vraies lorsque l’on tient compte de l’âge et du sexe.

• Le fait d’avoir des parents qui disent à quelle heure rentrer est relié d’une manière très significative avec l’âge, avec une dé-croissance linéaire encore plus nette que la question précédente (71,9 % des jeunes de 12 ans sont concernés vs 25,2 % des 19 ans).

Les 17 ans et plus sont notamment beau-coup moins contrôlés que les autres. Il semble donc que les parents d’adolescents

plus âgés, s’ils désirent encore massive-ment être informés des déplacemassive-ments, imposent en revanche beaucoup moins les heures de rentrée.

Le contrôle parental s’exerce d’une manière identique entre garçons et filles chez les plus jeunes (vers 12-13 ans, avant ou au début de la puberté) et les majeurs. En re-vanche, les filles entre 14 et 16 ans sont beaucoup plus surveillées quant à leurs horaires, en restant à un niveau de con-trôle quasi identique qu’à 13 ans, alors que leurs homologues masculins sont progres-sivement de plus en plus libres.

Comme pour la question précédente, les jeunes ruraux sont moins contrôlés quant aux horaires, ainsi que ceux qui ont déjà redoublé une classe au moins une fois. Les jeunes demeurant avec leurs parents de naissance (ou d’adoption) sont en revan-che plus contrôlés.

De plus, il y a une relation entre des com-portements à risque liés à l’alcool (boire au moins une fois par semaine, avoir au moins une ivresse au cours de la vie) et la présence moins effective de ce type de contrôle parental. Ces liens statistiques sont avérés quels que soient l’âge et le sexe.

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Baromètre santé jeunes 97/98 Brigitte, maman de deux filles de 15 et 17 ans

« Un soir, ma fille de 15 ans est venue s’asseoir à côté de moi à la cuisine, pendant que je préparais le repas. Je sentais qu’elle tournait autour du pot, qu’elle cherchait à me parler. D’un seul coup, le fil s’est déroulé, elle m’a tout dit.

Comme elle était mal dans sa peau, comme elle pensait qu’elle ne pouvait pas réussir en classe.

Cela m’a permis de reprendre les choses en main, d’être encore plus présente et attentive. J’ai eu cette chance de pouvoir recevoir cette confidence, mais j’aurais très bien pu passer à côté. Finalement je suis contente qu’elle ait eu suffi-samment confiance en moi et qu’elle trouve le courage de venir me parler. Cela prouve qu’elle sait que je suis toujours là pour elle. Et ça, c’est une réussite ».

• La perception d’un manque de cohérence parental (« oublient vite un règlement qu’ilsont établi ») ne correspond pas un âge ni à un profil sociodémographique particulier.

Cependant, les enfants ayant redoublé ont une perception plus aiguë de l’absence de cohérence parentale (avec une augmenta-tion de la percepaugmenta-tion de ce manque de co-hérence en fonction du nombre de redou-blements, c’est-à-dire « 0 fois », « 1 fois »,

« 2 fois ou plus »).

Des relations entre certains comportements de santé (fumeurs réguliers, teurs hebdomadaires d’alcool, consomma-teurs de cannabis au cours de la vie) et la perception d’une moindre cohérence dans l’application des règles parentales sont là aussi identifiées, et ce quels que soient l’âge et le sexe.

• Le sentiment d’être assez souvent et très souvent félicité par ses parents est aussi en relation avec l’âge. Une diminution

im-portante vers 15 ans de cette perception est encore plus sensible chez les garçons.

Cependant, les enfants ayant redoublé se sentent moins souvent félicités (avec une diminution de la perception de ces félicita-tions en fonction du nombre de redouble-ments c’est-à-dire « 0 fois », « 1 fois », « 2 fois ou plus »). De plus, les adolescents membres de famille recomposées se dé-clarent moins valorisés que les autres.

Les jeunes les plus valorisés par leurs pa-rents adoptent aussi moins souvent certains comportements à risques, et ceci d’une ma-nière encore plus nette par rapport au reste de l’échantillon, notamment pour ce qui con-cerne la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis. Toutes ces relations res-tent vraies quels que soient l’âge et le sexe.

• La perception d’une attention aux idées de l’adolescent de la part de ses parents n’est pas en relation avec l’âge.

Nous pouvons faire la même remarque que pour la question précédente — le sentiment d’être souvent félicité — pour ce qui con-cerne les redoublements et certains compor-tements à risque cités (fumeurs réguliers, consommateurs hebdomadaires d’alcool, consommateurs de cannabis au cours de la vie). Nous avons tenu compte des mê-mes ajustements concernant l’âge et le sexe.

Il existe bien entendu une relation statisti-que significative entre les variables de cha-que groupe (contrôle et cohérence paren-tale d’un côté ; dialogue, écoute, renforce-ment de l’estime de soi par les parents de l’autre) :

• Les parents qui veulent savoir où sont les adolescents et ce qu’ils font sont aussi ceux qui fixent beaucoup plus souvent l’heure de rentrée du jeune. En revanche, ils ne se montrent pas plus cohérents que les autres quant au suivi des règlements. De même, les parents qui fixent l’heure de rentrée du jeune ne sont pas, non plus, plus cohérents quant aux règles choisies.

Dans la même perspective, les parents qui

« félicitent » sont perçus comme écoutant plus souvent les idées et les opinions du jeune.

Un raisonnement un peu rapide pourrait

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Baromètre santé jeunes 97/98

amener à penser que les parents « contrô-leurs » (premier groupe de questions) sont moins sensibles au dialogue (deuxième groupe de questions) selon la déclaration de leurs enfants. Nos résultats indiquent, au contraire, que les parents désirant sa-voir où est le jeune (très ou assez souvent) écoutent plus souvent ses idées et ses opi-nions (c’est le cas pour 76,9 % d’entre eux vs 65,1 % des autres parents) et félicitent aussi l’adolescent plus souvent (62,2 % vs 46,2 %). De la même manière, les parents qui « disent à quelle heure rentrer » félici-tent plus et écoufélici-tent plus souvent les idées du jeune. L’attention à la vie du jeune s’ex-prime ainsi de manière concomitante, à la fois dans sa dimension de contrôle, avec les limites que les parents désirent don-ner, et dans une autre dimension d’accueil et d’écoute.

La perception des

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