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Consommation de drogues illicites

Dans le document jeunes 97/98 (Page 190-194)

Proposition de « drogues » au cours de la vie

Il a déjà été proposé de la drogue (soit gratui-tement, soit à la vente) à près de la moitié (49,0 %) des jeunes. Il s’agissait presque exclu-sivement de cannabis (plusieurs réponses étaient possibles) pour 48,0 % des jeunes.

7,1 % se sont vu offrir une autre drogue.

Les caractéristiques sociodémographiques des populations qui se sont vu proposer au moins une drogue et/ou du cannabis sont très proches.

Selon les déclarations des adolescents, ces sollicitations sont adressées plus fréquem-ment aux garçons qu’aux filles (52,5 % vs 45,2 % pour toutes les drogues). Cette dif-férence est particulièrement marquée à 17 et 18 ans (Figure 1).

Les adolescents les plus âgés sont logi-quement plus souvent susceptibles de s’être vu proposer une drogue (27,4 % à 15 ans vs plus du double à 19 ans — 60,8 %).

Les jeunes résidant dans des communes rurales ont été moins sollicités que les autres (43,1 % vs 51,0 % pour toutes les drogues, 42,4 % vs 50,0 % pour le cannabis) et plus la taille de l’agglomération est conséquente, plus l’offre est importante.

La situation familiale du jeune est égale-ment discriminante. Les jeunes vivant avec leurs deux parents de naissance (ou d’adop-tion) se déclarent moins fréquemment sol-licités que les autres (45,8 % pour les en-fants avec leurs deux parents vs 56,4 % pour les autres — ménage monoparental ou famille recomposée).

La profession du chef de famille de l’inter-viewé a un lien très net avec la fréquence des propositions de drogue : les enfants dont la personne référente est cadre, exerce une profession intellectuelle supérieure ou une profession intermédiaire sont plus nom-breux à s’être vu proposer une drogue.

Parmi les jeunes ayant reçu une offre de drogues, 54,9 % en ont consommé au cours de leur vie. Ils sont 54,3 % à avoir consommé du cannabis et 2,7 % d’autres produits.

Consommation de drogues illicites

Parmi les 15-19 ans interrogés, plus d’un quart (28,3 %) déclarent avoir expérimenté

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Baromètre santé jeunes 97/98 1. En face-à-face auprès de 1 018 jeunes. La question était : « Personnellement, vous est-il déjà arrivé de fumer de l’herbe ou un joint ? ». Cette enquête ne concernait que le cannabis, mais il est néanmoins possible d’effec-tuer des comparaisons, étant donné la très faible diffé-rence — dans l’échantillon du Baromètre santé jeunes — entre le taux de jeunes consommant du cannabis et celui d’adolescents ayant expérimenté plus largement une dro-gue quelle qu’elle soit.

2. Pour le Baromètre santé jeunes, le taux de consom-mateurs est indiqué par âge. Pour le Baromètre santé adultes, pour les 20 ans et plus, le taux de consomma-teurs a été calculé par classes de cinq ans (20 à 24 ans ; 25 à 29 ans…). Le taux a été indiqué en regard du milieu de la classe (22 ans, 27 ans…). Seuls les moins de 20 ans (18 et 19 ans) du Baromètre santé adultes ont donné lieu à deux classes à part pour comparaison avec le Ba-romètre santé jeunes.

« Au lycée, on trouve de la drogue comme on veut. On sait parfaitement qui en vend. Depuis la seconde, je fume très régulièrement des joints.

D’ailleurs, au lycée, tout le monde fume, à de rares exceptions près. On se roule des joints dans la cour de récréation. Les pions sont trop peu nombreux pour nous surveiller de près. Et même, certains d’entre eux fument des joints avec nous. De toute façon, les élèves qui se font prendre sont exclus deux jours et sont inscrits sur la liste des fumeurs de joints. Ça s’arrête là ! À une époque, je m’étais même mise à fumer le soir chez moi.

J’ai rapidement arrêté car je n’aime pas les abus, quels qu’ils soient. Je

n’ai eu aucun mal à m’en passer. La dépendance est beaucoup moins forte qu’à la cigarette. En cours je m’ennuie tellement que je fume de temps en temps du hasch avant d’y aller : le temps passe plus vite et je m’amuse bien. Et pour les insomnies dont je souffre régulièrement, c’est radical ! Je considère que fumer du hasch, ce n’est pas pire que l’alcool, au contraire. Moi je ne bois pas d’alcool, je préfère fumer, c’est plus convivial et moins dégradant. Les adultes sont drogués aux somnifères, aux médicaments, à la télé et si on fume un joint, ça les dérange. C’est un comble ! Le cannabis devrait être légalisé et classé en grand cru ! »

une drogue au cours de leur vie. Ils sont 22,8 % à l’avoir fait au cours des douze derniers mois. Il est possible de comparer ces données avec celles d’autres enquê-tes. L’étude par quotas de 1996 du CFES1 montrait une prévalence de 23,7 % au cours de la vie chez les 16-17 ans et de 27,3 % chez les 18 ans. Dans l’enquête menée par l’unité 472 de l’Inserm en 1993 [2], la con-sommation de « drogue » au cours de la vie s’élevait à 24 % chez les garçons de 16-17 ans et à 39 % chez les garçons de 18 ans et plus. Chez les filles, ces propor-tions étaient respectivement de 19 % et 22 %. Une enquête réalisée par le Cadis (Centre d’analyse et d’intervention sociolo-gique) en 1997, auprès d’un échantillon national de 5 000 lycéens de 15 à 19 ans [3], indique, quant à elle, que 35,0 % de ces jeunes âgés de 18 ans ont consommé du cannabis au cours des douze derniers mois, 36,6 % à 19 ans.

En ce qui concerne le Baromètre santé jeu-nes, le cannabis est le produit principale-ment consommé : 28,2 % des jeunes en ont consommé au cours de leur vie et 22,7 % au cours des douze derniers mois.

En faisant figurer sur un même graphique les pourcentages selon l’âge des person-nes ayant expérimenté du cannabis des différents Baromètres santé adultes2 [1, 4]

et jeunes (Figure 2), on observe quatre élé-ments importants :

• Entre 24 et 55 ans, une décroissance de l’expérimentation. Trois hypothèses peu-vent expliquer cette tendance :

– un effet mémoire qui, avec l’âge, influe sur le déclaratif des personnes interrogées, Claire, élève de terminale

Drogues illicites

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Baromètre santé jeunes 97/98 0

10 20 30 40 50

15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans

11,5 21,0 29,8

33,9

41,6

22,9 31,0 30,6

28,5 24,1

19,1

16,3

8,9

3,6 7,4

14,1

26,3 24,8

19,5

11,5 11,0

7,4

0,7

Baromètres : jeunes 97/98 adultes 95/96 adultes 92 Figure 2

Expérimentateurs de cannabis au cours de la vie selon l’âge et les différents baromètres (en pourcentage)

même si cela semble improbable concernant des générations pour lesquelles le haschich n’était pas banalisé ;

– une sous-déclaration liée à la moindre désirabilité sociale du cannabis pour les mêmes générations ;

– une exposition au cannabis moins impor-tante pour ces générations plus âgées.

• Dans les jeunes âges, les courbes attei-gnent leur maximum entre 20 et 25 ans pour les Baromètres santé adultes de 92 [4] et 95/96 [1].

• Une augmentation de l’expérimentation de cannabis au cours de la vie entre 15 et 20 ans :

– entre 15 et 19 ans, le Baromètre santé jeunes indique une augmentation extrême-ment rapide : la proportion d’expériextrême-menta- d’expérimenta-teurs passe de 11,5 % à 41,6 % ; – pour les 18-19 ans, représentés à la fois dans les Baromètres santé jeunes et adul-tes, on observe cette même tendance à l’accroissement de l’expérimentation. Tou-tefois, les proportions sont moins élevées dans le Baromètre santé adultes (41,6 %

des personnes interrogées âgées de 19 ans en 1997 déclarent avoir consommé du cannabis au cours de leur vie, 31 % en 1995 [1], 14,1 % en 1992 [4]).

• Le fort accroissement de l’expérimenta-tion entre les différents Baromètres laisse supposer une diffusion et une banalisation de l’usage de cannabis chez les généra-tions les plus jeunes par rapport aux géné-rations les plus anciennes. Cet effet de dif-fusion est visible dans un intervalle de temps assez bref.

L’étude de la consommation de cannabis au cours des douze derniers mois montre des tendances similaires à celles des ex-périmentateurs (Figure 3).

La consommation de cannabis au cours des douze derniers mois augmente entre 15 et 20-25 ans, puis diminue progressivement pour être nulle après 50 ans. Le taux de consomma-teurs s’accroît particulièrement rapidement, passant de 10,7 % à 30,8 % entre 15 et 19 ans dans le Baromètre santé jeunes.

Un effet génération est perceptible pour les tranches 18-19 ans. Les proportions

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Baromètre santé jeunes 97/98

20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans

0 10 20 30 40 50

15 16 17 18 19 10,7 18,1

25,6 26,0

30,8

16,7 17,9

19,1

5,3

5,4 3,0

0,5 0,6 0,0 0,0 3,8

3,5 20,7

9,9

4,5 0,9 1,6

Baromètres : jeunes 97/98 adultes 95/96 adultes 92 Figure 3

Consommateurs de cannabis au cours des douze derniers mois selon l’âge et les différents Baromètres santé (en pourcentage)

Tableau I

Les différentes drogues illicites consommées durant la vie et au cours des douze derniers mois (n=2 675 ; en pourcentage)

au cours au cours de la vie des douze

derniers mois

Cannabis 28,2 22,8

Produit à inhaler 0,7 0,3

Médicaments pour

se droguer 0,3 0,1

Cocaïne ou crack 0,3 0,1

Héroïne 0,1 0,0

Hallucinogènes 1,1 0,7

Ecstasy 0,9 0,5

Stimulants 0,2 0,1

Autres 0,1 0,1

de consommateurs étant inférieures en 1992 à ce qu’elles étaient en 1995, qui elles-mêmes sont très inférieures aux pro-portions déclarées dans le Baromètre santé jeunes (respectivement pour les 19 ans : 3,5 % en 1992 [4], 17,9 % en 1995 [1] et 30,8 % en 1997).

Les autres produits sont très peu expéri-mentés selon les déclarations des jeunes : 1,6 % des 15-19 ans au cours de leur vie.

Les hallucinogènes, l’ecstasy et les produits à inhaler sont les principales substances expérimentées (Tableau I).

Parmi les jeunes ayant consommé une dro-gue au cours de la vie, 99,0 % ont con-sommé du cannabis. Ils sont 19,4 % à ne pas avoir renouvelé l’expérience au cours des douze derniers mois.

L’âge moyen de l’initiation est de 15,9 ans pour le cannabis, sans différence entre gar-çons et filles. Cet âge passe de 16,2 ans pour l’usage de médicaments « pour se dro-guer » à 17,5 ans pour la cocaïne ou le crack (les effectifs concernant les drogues illici-tes autres que le cannabis sont très faibles).

La proportion de jeunes ayant consommé du cannabis dix fois et plus au cours de la vie représente 14,2 % de l’ensemble des 15-19 ans. Cependant, plus de la moitié

Drogues illicites

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Baromètre santé jeunes 97/98

« Certains élèves arrivent parfois en cours dans des états étranges. Il est clair que certains ont fumé du haschisch avant de venir au collège.

Ceux-là cherchent évidemment plutôt à m’éviter. Mais il m’arrive quand même d’en voir arriver à l’infirmerie, amené par les copains qui prennent peur quand l’un d’eux tombe en délire ou prend un malaise. Car on dit toujours que le hasch est une drogue douce, n’empêche que sur un jeune vulnérable et fragile, les effets de décompensation peuvent être sérieux. Les urgences psychiatriques accueillent régulièrement des jeunes en état de délire grave après avoir abusé de haschisch. Ceux qui fument régulièrement, plusieurs fois par semaines, doivent aussi savoir que cela finit par atteindre les capacités intellectuelles, de concentration, de mémorisation. Au fil du temps, il y a forcément des incidences au niveau

des résultats scolaires. Il peut aussi y avoir d’autres conséquences, comme une grande agressivité par exemple.

Pour moi, ces jeunes qui fument régulièrement, cherchent une réponse à leur mal-être. Le danger, c’est que justement la drogue leur donne l’illusion de résoudre momen-tanément tous leurs problèmes existentiels. Voilà pourquoi ils recommencent. De notre côté, nous ne parvenons pas à trouver des réponses adéquates. Récemment, une quantité importante de drogue a été trouvée dans le cartable d’un élève. Le gamin a été exclu définiti-vement de l’établissement. C’était un gros consommateur et en même temps un dealer. On l’a écarté de la communauté scolaire pour protéger les autres. C’est vrai que cela n’est pas satisfaisant, mais on n’a pas trouvé de solution idéale. » des usagers de cannabis (50,7 %) en ont

consommé dix fois et plus au cours de la vie. La proportion est un peu moins impor-tante (47,5 %) parmi ceux qui ont consommé au cours des douze derniers mois. Parmi les jeunes ayant une consommation égale ou supérieure à dix fois au cours de la vie, 80,6 % ont consommé du cannabis dix fois et plus au cours des douze derniers mois.

Au vu des effectifs extrêmement faibles des expérimentateurs de drogues autres que le cannabis, seule la consommation de cannabis sera exposée dans la suite de ce chapitre.

Profil sociodémographique lié

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