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L’inventaire des ingrédients de la pensée pensante nous a manifesté la complexité de ses démarches. Mais, quoiqu’elle suppose toujours maintes opérations connexes, elle ne s’apparaît cependant pas sous cet aspect multiple.

Elle reste au contraire persuadée de son unité et, comme on l’a souvent remarqué, son premier mouvement est tout naturellement de se porter vers des objets qui lui semblent extérieurs et antérieurs à la connaissance qu’elle en a, ou même à celle qu’elle acquiert de soi. Objets qui pourtant ne sont pas le principe véritable du savoir, puisque la doctrine d’après laquelle ce qui est premier pour nous est dernier en soi, est non seulement confirmée par l’analyse métaphysique, mais encore par toute science et toute psychologie positive. Les objets obvies qui paraissent s’imposer à la pensée et sans lesquels nous ne saurions penser en effet, offrent donc ce caractère étrange d’être un point de départ apparent et indispensable, d’avoir une solidité réellement indéniable et de n’offrir néanmoins qu’une instabilité forçant la pensée à ne prendre sur eux qu’un élan précaire ; de même que le passant qui traverse [128] un gué sur des pierres branlantes ne saurait franchir la rivière qu’en appuyant son mouvement rapide en sautant d’une dalle à l’autre au risque de les faire chavirer sans pour cela tomber lui-même.

Pourquoi ce recours normal de la pensée à de tels appuis ? Comment essaye-t-elle de les stabiliser ? De quelle utilité normale sont-ils pour elle ? A quelle rive la font-ils aboutir ? Questions qu’il est nécessaire de poser, de justifier, de résoudre, quoiqu’elles aient été d’ordinaire négligées, comme l’a été l’aspect intégral sous lequel nous examinerons le problème du penser.

I. — La fraude inconsciente que, dès le début de notre recherche, nous avions dénoncée à propos du cosmos, risque d’être commise de nouveau et d’être aggravée ici, d’autant qu’elle apparaît plus spécieuse et plus dissimulée.

Il n’y a qu’un univers, disions-nous ; et l’univers n’est pas un. C’est pour déplacer cette difficulté, insoluble en soi, que s’est mis en branle tout le mouvement de la nature, de la vie, de la conscience. Et voici qu’après une immense élaboration et de partielles victoires, le monde paraît présenter à la pensée un ensemble lié d’objets distincts et unifiés, chacun résolvant en quelque manière le problème fondamental du multiple et de l’un, du continu et de l’hétérogène. Quoi d’étonnant dès lors si la pensée naissante, ou même adulte, s’éprend de ces solutions naturelles, de ces satisfactions obvies, de cet accord spontané entre ce qui semble fourni du dehors par l’ordre positif des choses et ce qui répond secrètement aux plus profondes requêtes de la pensée ?

Malgré les apparences, les préjugés ou les routines spéculatives et utilitaires, les êtres atomisés ne sont pas plus absolus, clos et unifiés que ne l’est l’univers en son devenir. Sans doute les vivants, les pensants ont déjà réalisé une intégration qui justifie notre jugement d’existence [129] et de valeur sur eux. Mais, si l’on parle en toute rigueur, c’est-à-dire en philosophe, le microcosme, malgré de réels progrès vers une solution du problème de l’unité et de l’autonomie, n’y atteint pas. Ni le morcelage en atomes, en objets, en êtres subsistants et distincts, ni l’unification moniste ne valent en droit ou en fait dans les choses ou dans la pensée. Et c’est par un passage alternatif et fictif à la limite qu’une telle extrapolation, si coutumière pourtant, est utilisée au point de masquer la vérité vraie qu’une réflexion attentive et complète ne saurait méconnaître et récuser.

Devine-t-on l’importance et les conséquences philosophiques d’une semblable rectification ? Et combien il sera nécessaire, tout en tenant compte de la relative indépendance et de l’authentique subsistance des divers êtres naturels, de ne pas omettre leur indigence mutuelle et d’expliquer en quelle mesure, en quel sens, à quelles conditions ils existent réellement et séparablement !

Ainsi, sous la forme la plus évoluée et la plus spécieuse que nous présentent les êtres naturels, ne retrouvons-nous pas le conflit d’où procédait tout le dynamisme antérieur ? Est-ce qu’ici surtout nous n’avons pas à démêler la vérité de l’élan foncier et l’illusion des satisfactions prématurées ? Est-ce que nous ne devons pas discerner ce qu’il y a d’inévitable, d’utile, de salutaire même ; et ce qu’il y a de caduc, de trompeur, de périlleux en cette affirmation d’objets qui, censément, répondraient de façon précise et définitive au vœu de notre pensée en lui marquant sa place, son but, sa raison d’être ? Oui ou non, pensons-nous pour connaître ou instituer des objets capables de réconcilier la diversité empirique avec les besoins rationnels dont l’inventaire de la pensée naissante nous avait imposé la conscience ?

II. — Pour peu qu’on y réfléchisse, la question ainsi [130] posée devient d’autant plus embarrassante que, sous ce nom commun et sous ce concept général d’objet se place une extrême diversité de données hétérogènes ou de notions étagées en des plans très différents : le sensible, le perçu, le conçu, le réel ; que ce soit le phénomène ou le noumène, l’en-soi ou l’en-nous, ou encore la relation entre ces termes multiples, combien de prétendues choses objectives s’offrent ainsi à la pensée ! Mais ce qui, à la fois, augmente et simplifie ce terrible problème, c’est ce fait, trop peu remarqué, quoique d’une constance et d’une importance décisive : les objets auxquels se prend et se donne la pensée ne trouvent leur commun dénominateur, leur stabilité spécifiée, leur utilisation logique que par l’artifice du langage. Et cet artifice consiste à faire rentrer dans la catégorie de la substance toutes les autres catégories, celles de la qualité, de la quantité, de la modalité, de la relation. Spontanément pour penser, parler, raisonner de la nature, nous substantivons des choses que nous savons n’être

point des substances et, par cette extrapolation fictive, nous appliquons les procédures qui ne conviennent qu’à des êtres réels aux aspects les plus mouvants du devenir. Comprend-on maintenant le paradoxe de ce qu’on peut nommer la fabrication ou même la contrefaçon des objets, sous prétexte de fournir à la pensée les aliments substantiels dont elle a besoin ?

Ce qui achève de favoriser ce qu’on a pu appeler « l’objectivation » ou

« la réification » de choses aussi diverses que l’impression sensible, que les agglomérats physiques, que les organismes vivants, que les représentations objectives et les notions dites réalistes, c’est peut-être le fait constant dans l’humanité d’outils fabriqués, d’instruments, d’œuvres d’art, bref d’êtres construits pour les besoins ou pour le plaisir, au delà de ce que la nature fournit spontanément. Ce n’est pas sans raison qu’on a vu là une marque de l’originalité humaine. Ces « artificiata » [131], comme les appelle S. Thomas, manifestent en effet l’initiative d’une pensée qui ne se contente pas du monde entier, mais qui a la puissance et le besoin de signifier ses requêtes propres, son appétit d’autre chose, son dessein de satisfaire des exigences nouvelles, un ultimatum de la raison, un espoir supra-naturel. Or ces objets fabriqués, comme des signes et comme des moyens de refonte ou de domination, ont une unité formelle qui, en dépit des matériaux hétérogènes dont on les compose, range sous la finalité dont ils dépendent la multiplicité réelle de leurs ingrédients.

Il en résulte que de tels objets, si assujettis qu’ils soient à l’ordre physique, ont cependant une réalité idéalement indépendante ; ils forment des abstraits matériels, si l’on peut dire ; ils peuvent être déplacés comme une table ou une statue ; ils semblent par là même des êtres isolables, avec une sorte de subsistance propre qui fait d’eux des objets apparemment métaphysiques.

Comme ils jouent dans notre vie un rôle de premier plan, — et toujours croissant avec la science et l’industrie, — nous sommes portés à concevoir les fournitures du monde d’après ce modèle anthropomorphique ; et l’univers peu à peu nous apparaît comme un appartement meublé d’objets distincts, séparables et mobiles indépendamment les uns des autres.

Mais, comment ne pas voir, une fois avertis, les confusions d’une telle procédure, les mutilations qui accompagnent cette façon d’extraire ou d’abstraire (comme si elles étaient des artificiata), les données naturelles, en faisant du monde un grand automate avec des pièces démontables, sans tenir compte des liens qui rattachent chaque forme de vie ou de pensée à la solidarité universelle ? La notion d’objet et l’usage qu’on en fait d’ordinaire est un de ces découpages, une de ces majorations illégitimes que nous ne cessons de dénoncer comme le mensonge chronique [132], comme l’improbité ruineuse dont se meurt mainte philosophie.

III. — Est-ce à dire que dans cette réification, que nous venons de dénoncer comme un vice secret, tout soit illusoire et mauvais ? Nullement. Ce qui est inévitable ne saurait être entièrement hors des voies où la pensée fraie son avenir. S’il y a des illusions provisoires, comme par l’effet d’une sorte de pédagogie, il importe donc de discerner les raisons de ce déploiement paradoxal et d’opérer le triage de ce qui est normal ou même salutaire et de ce qui risque d’être fautif et pervertissant.

La pensée en nous ne peut se dispenser, pour prendre son élan, pour parcourir son itinéraire, pour monter degré par degré à ses fins plus hautes, de se servir des objets partiels comme de palier, comme de tremplin, comme de moyen même et d’occasion afin de résoudre, à chaque étage de son ascension, les problèmes d’où peut dépendre sa destinée. La pensée en effet ne saurait, au milieu d’un monde infiniment complexe d’impressions extérieures et de mouvements intérieurs, acquérir une vue distincte et précise que par des

« coupes » qui permettent à la conscience d’embrasser un champ limité et éclairé. Et ce travail spontané répond d’ailleurs au résultat partiellement obtenu par le double effort que nous avons appelé noétique et pneumatique, en le décrivant comme la genèse préparatoire de la pensée dans le monde physique, organique et psychique.

Il y a donc bien, non pas de façon absolue, (ce serait là l’illusion), mais de façon relative, des réalités distinctement subsistantes, des centres de

perspective et d’action, des « formes substantielles » qui, sans être stablement achevées et indépendantes, ont néanmoins une spontanéité originale, une valeur à la fois objective et subjective, aussi bien en elles que pour la pensée qui les connaît [133]. En ce double sens, la doctrine réaliste des objets de la pensée est doublement fondée in rebus ipsis et in mente cognoscente realia.

Si tout à l’heure nous cherchions dans les fabrications les plus artificielles un des secrets de notre propension à hypostasier les objets abusivement, nous devons inversement constater la vérité de l’ébauche déjà subjective qui leur assure une sorte d’originalité et de finalité interne. Les artificiata dont nous parlions sont sans doute des manifestations, des inventions, des instruments de l’esprit ; mais ils sont aussi des imitations ou des perfectionnements de la nature et de nos propres facultés. Partout donc, de l’aspect objectif, nous sommes amenés aux perspectives où vient se placer inévitablement le sujet pensant. Celui-ci ne peut se passer d’objets, et il objective même les sujets. Mais il est plus foncier encore d’affirmer que tout l’ordre objectif implique une réalité subjective sans laquelle rien ne serait pensé de l’objet. Aussi l’adage ancien a-t-il raison en affirmant de la connaissance qu’elle s’enfonce, au point de s’y absorber, dans les choses senties ou connues ; mais plus essentielle encore est la vérité de cette assertion ; même là où l’on semble avoir conscience des objets avant d’être conscient de soi, c’est déjà la présence indistincte mais réelle du sujet à lui-même qui est la condition effective de toute pensée pensante. Et, comme l’a remarqué Leibniz, cognoscimus cetera omnia, non ex analogia universi, sed ex analogia nostri.

On voit par là le progrès simultané qu’accomplissent la pensée qui ne se pense pas dans les objets, et la pensée qui pense les objets en elle et pour elle : synchronisme ? est-ce même dire assez ? La suite montrera comment, par les objets et au-dessus d’eux, la pensée qui les pense a implicitement besoin de se penser elle-même et de penser un transcendant ; mais il importait d’abord de montrer [134] explicitement comment la pensée des objets est une démarche régulière, efficace, progressive. Sans doute, nous aurons à voir sous quelles conditions cette délicate élaboration demande à être accomplie ; c’est assez déjà d’avoir compris ici qu’elle répond justement à l’aspiration foncière d’une

pensée toujours en quête d’une synthèse plus compréhensive, plus réalisatrice d’unité dans la diversité, de multiplicité dans l’harmonie et d’union sans confusion.

Ce n’est donc pas en vain que l’effort convergent de la vie et de la conscience tend à constituer ces unités composées et relativement séparables les unes des autres, mais séparables pour accroître la richesse spirituelle de manière à réaliser à la fois le double vœu qui (nous ne cesserons de justifier cette perspective élucidante et apaisante) travaille le monde : multiplicemini...

ut unum sitis. Unification moniste ? non pas, mais union par un concours de plus en plus harmonisé. Distinguer pour unir, oui ; mais en suscitant des activités plutôt qu’en formant une ordonnance logique ou qu’en composant une hiérarchie d’essences, ou qu’en éliminant les diversités individuelles et les initiatives personnelles, ou qu’en imposant une unification passive par l’absorption dans une extase ontologique.

IV. — De ce qui précède se dégage explicitement cette double assertion, toujours implicite : dans les objets, même considérés hors de la pensée qui les pense, il y a bien une réalité déjà noétique et pneumatique, leur conférant une nature ébauchée comme un devenir partiellement subsistant et intelligible.

Mais, d’autre part, la pensée qui pense ces objets tend à les compléter, à réunir leurs aspects ou leurs états successifs, à fixer, dans une unité qui domine l’étendue ou la durée, leur vérité plus essentielle, à les immatérialiser en quelque façon et à [135] accroître ce caractère d’intelligibilité réelle qui était déjà en eux sous une forme ébauchée ou, comme dit Leibniz à propos de ses monades même les plus inférieures, à l’état de mentes momentaneae.

Par là nous donnons une première satisfaction aux desiderata que, dès le début, nous avions constatés : — les objets pensés, en dehors de la pensée, ont une vérité subsistante que la connaissance n’aura pas ultérieurement à créer, à déformer pour spiritualiser même la matière. — Cependant la pensée qui pense les objets n’en est pas un simple doublet, une représentation passive ; elle les actualise en se promouvant elle-même ; elle a donc justement l’impression

profonde d’être quelque chose de nouveau, d’ultérieur, de plus intelligible ; et cette impression, dont abuse l’idéalisme, doit nous mettre en garde contre les abus symétriques d’un réalisme passif. — Il n’y a donc point conflit, ni identité, mais distinction et progression entre la pensée infuse dans ce monde organisé en objets et la pensée qui, en eux, par eux, et pour elle-même, pense ces objets, non pas certes à l’aventure, mais en rendant sa propre fécondité attentive, méthodiquement docile à ce qu’il y a de complexe et de lié dans ce qu’on appelle communément la réalité objective et positive. Qu’on ne dise donc pas que la nature intelligible est la même dans les choses et dans l’esprit, ni, inversement, qu’il y a incompatibilité entre l’intelligible et le réel, ni que la pensée crée l’objet pour se penser ensuite elle-même. Extrayons de tous ces excès, dus à de fausses démarches et à une précipitation inconsidérée, ce qu’il y a de recouvrable, de composable, de complémentaire en eux.

Nous retrouvons ici, en un sens analogique et plus intériorisé, ce que nous avions déjà dit des récentes découvertes sur la diffusion de la lumière.

Mais, quelle que soit la concentration de la vérité éclairante des objets, cependant ce n’est pas d’eux que vient la lumière essentielle [136] de la pensée pensante. Si ces objets nous aident à prendre une première forme de conscience objective qui n’est pas encore explicitement une conscience de la conscience, une conscience subjective, ils ne pourraient pas plus illuminer notre penser qu’une glace, tapissant tous les murs d’une cellule close, ne saurait produire autre chose que la nuit d’une prison. Pour que le miroir soit utile, il ne faut donc pas qu’il reste dans une chambre noire ; mais éclairé par un foyer distinct de la glace, des objets et du témoin lui-même, tout s’illumine selon le pouvoir de diffusion et de la lampe et des objets et de la glace et du regard qui synthétise toutes les données lumineuses.

Afin de faire ressortir ce que les objets apportent ou reflètent de clarté et ce que le témoin en recueille ou y ajoute de lui-même, nous n’avons pas différencié les objets plus ou moins naturels comme sont les vivants, ou artificiels comme sont les concrétions obtenues par abstraction ou par fabrication. Il y aurait pourtant à marquer une hiérarchie de valeurs entre les entités verbales qui se greffent sur les impressions sensibles, les perceptions acquises et élaborées en concepts, les organismes doués d’unité et de finalité

interne, les objets métaphysiques, les personnes auxquelles leur initiative confère une autonomie relative. Nous nous sommes surtout placés dans le cas qu’on peut appeler optimum, celui où l’objet a effectivement une détermination lui permettant de se développer avec une indépendance qui semble faire de lui un empire dans un empire.

Mais, dans cette hypothèse, il reste que, vu du dehors, l’objet qui a le plus de réalité intrinsèque (tel un être humain) est cependant pour les autres, et aussi pour lui-même, un problème à résoudre, un secret à pénétrer. Jamais l’objet pensé, même s’il est pensant lui-même, n’est stabilisé ni stabilisant pour la pensée. C’est pour [137] cela que le monde des objets ne saurait fournir le principe, le ressort, le terme de la connaissance et de la conscience. — D’une part, tout ce qui semble objectivement donné et atteint reste incomplet, en devenir, pour ainsi dire fissuré et inachevé. — D’autre part, l’effort, constamment nécessaire pour conférer aux objets une vérité pensable, manifeste et constitue même un surcroît de pensée qui, de l’aspect objectif, nous amène spontanément et invinciblement à la conscience du rôle original du sujet pensant. Ainsi la déficience de ce que nous appelions la conscience objective, la plénitude nouvelle d’une conscience subjective, sans laquelle la première ne serait pas possible, nous font passer à un palier supérieur de la connaissance, celle du sujet par lui-même.

Cette invention originale, conditionnée par tout ce qui précède, va-t-elle enfin satisfaire au vœu d’unité entre tous les éléments de la pensée ? Est-ce là que, pensée et pensante, la vie intériorisée et universalisée trouvera le lieu de son repos, ou tout au moins le champ de son déploiement souverain, son ubi

Cette invention originale, conditionnée par tout ce qui précède, va-t-elle enfin satisfaire au vœu d’unité entre tous les éléments de la pensée ? Est-ce là que, pensée et pensante, la vie intériorisée et universalisée trouvera le lieu de son repos, ou tout au moins le champ de son déploiement souverain, son ubi