• Aucun résultat trouvé

Retour à la table des matières

C’est un fait, le plus expérimental de tous, c’est une nécessité, la plus inévitable de toutes, que l’unité et la liaison de ce que nous appelons l’univers, le milieu où nous agissons, l’ensemble cohérent dont, ni pratiquement, ni spéculativement, nous ne pouvons absolument nous isoler. C’est une vérité souvent négligée, mais qui pourtant, domine tout, qu’il y a une interdépendance totale et en même temps unique. 1 On a beau, par manière de langage, parler de la pluralité des mondes ; en fait, il est impossible d’admettre un seul instant des cloisons étanches, des juxtapositions d’univers séparés ; car cette supposition même se dément, puisqu’on ne peut se les représenter distincts qu’en les tenant sous un même regard ou qu’en imaginant des barrières dont on doit dire qu’on ne les installe imaginairement qu’en impliquant qu’elles sont [4] en effet fictives et renversables. Nous avons beau partir de notre infime petitesse afin de poursuivre en esprit les bornes fuyantes

1 Qu’un savant lecteur ne se hâte point de reprocher à ces assertions d’ignorer les plus récentes hypothèses et d’en rester à l’idole désuète du déterminisme. Nous verrons bientôt la contrepartie non moins nécessaire de ces aspects qu’il ne faudra pas plus séparer les uns des autres que la mécanique ondulatoire n’a à opter entre le continu et le discontinu. En parlant de la réalité d’une des faces nous ne nions pas, nous impliquons, on le verra, la réalité de l’autre face.

et toujours reculées du prodigieux univers ; quelque dilaté qu’il soit, nous atteignons, nous dépassons toujours d’un trait les limites provisoires d’une imagination qui ne se lasse pas plus de fournir que la nature elle-même. Et nous avons beau envelopper d’un regard de l’esprit l’univers entier, quelque vaste qu’il soit, toujours notre pensée, en le concentrant comme une unité qu’elle domine, sent à la fois que le contenant et le contenu restent indéfiniment extensibles, sans que nous cessions de les étreindre d’une prise unique.

I. — Or, indépendamment de toute explication, ce fait brut que nul ne peut contester et qui soutient toutes nos habitudes de vie et de pensée, comme le cadre, le vinculum, sans lequel tout tomberait en une poussière insaisissable, c’est là une réalité qui est de l’ordre de la pensée et que la pensée implique au point de ne plus la remarquer, de ne plus s’en soucier, de la laisser hors des constatations utilisées. Car cette unité globale, cette interdépendance totale, ce sont des vérités non moins que des réalités : vérités, en ce sens qu’« une telle unité dans une telle multiplicité », c’est, comme le remarquait Leibniz, la définition même de l’aspect immatériel au sein de l’existence la plus matérialisée qui se puisse concevoir. Le monde est donc bien une pensée subsistante, encore que simplement ébauchée ; non seulement il offre un spectacle qui nous paraît déjà partiellement intelligible ; mais, en dehors de tout spectateur, il tend à réaliser certaines des conditions d’une pensée en quelque sorte incarnée et positivement subsistante.

De cette vérité impérieuse et fondamentale, qui donc a tiré parti ? Quel philosophe l’a mise aux fondements, ou mieux, au cœur de sa doctrine ? D’où vient, malgré l’usage inévitable d’une telle vérité, la prétention qui la [5] laisse inactive, elle cependant qui, à peine remarquée, est contenue à la fois dans notre conscience spontanée, dans notre science positive, dans ces certitudes qui composent l’ontologie naturelle et indestructible sur laquelle repose notre vie autant et plus que notre connaissance ?

Donc, pour la réflexion la plus avertie et la plus critique, le monde nous apparaît bien sous un aspect d’unité totale et cela en différents sens qu’il est nécessaire de discerner et de composer délibérément les uns avec les autres, de même qu’ils semblent unis de fait et en droit sans que nous le remarquions.

Parmi les rares esprits qui, du point de vue philosophique, (mais sans en tirer tout le parti désirable), ont noté cette foncière implication, Leibniz nous donne en passant cette juste formule : « J’appelle monde, (en parlant de tous les mondes possibles), toute la suite et toute la collection de toutes les choses existantes, afin qu’on ne dise point que plusieurs mondes pourraient exister en différents temps et différents lieux ; car il faudrait les compter tous ensemble pour un monde, ou, si vous voulez, pour un univers ». (Leibniz, Théodicée, I, § 8).

Mais ce n’est pas seulement dans l’espace et le temps sous un aspect empirique, ni, subjectivement, pour la pensée humaine que la continuité, la cohérence et, si l’on peut dire, l’unicité du cosmos « apparaît » comme une donnée inéluctable ; — c’est encore dans l’ordre des nécessités physiques et pour les exigences de l’action humaine, comme un fait positif et proprement scientifique, qu’une telle vérité s’impose ; — bien plus, c’est au regard de l’analyse métaphysique, par une nécessité intrinsèque et rationnelle, que cette solidarité, tout ce qui est pensable et réalisable la requiert comme une condition de l’ordre universel. (5)

Ainsi, par cette première vue jetée sur le monde que si souvent l’on a appelé l’un et tout, nous sommes comme [6] forcés de reconnaître cette connexion qui en fait une totalité et qui, malgré son intenable extension, ramène sa multiplicité et sa succession à une sorte d’interdépendance de tous les moments, de toutes les parties : or, c’est là une relative unité qui est contradictoire avec la notion commune de la matérialité et qui apparente manifestement l’univers sous son aspect le plus brut à ce qui nous semblait spontanément le caractère même de la pensée, l’un dans le multiple, le continu dans le morcelé, le permanent dans le successif, l’omniprésent dans l’impéné-trable des partes extra partes.

Déjà donc, un élément se révèle à nous, sans que nous ayons à l’introduire de force : il n’est pas projeté du dedans par notre pensée dans les choses. Il n’est pas non plus imposé du dehors comme une matérialité brute : il est inhérent, intrinsèque, constitutif au cœur même de la nature à la fois certaine et énigmatique, partiellement opaque et partiellement pénétrable à l’esprit. Ce monde, dont nous ne pouvons jamais renier réellement la certitude spéculative et pratique, ne serait donc pas ce que nous le pensons et ce qu’impérieusement il impose à notre action, sans que nous y impliquions cette double affirmation : ce monde subsistant comme un solidum quid, nous le constatons en même temps que nous le concevons comme une véritable et effective pensée à la fois diffuse et synergique. Voilà le double fait, la double vérité que nul esprit, conscient du contenu et de la portée de ses assertions, ne supprime ni ne conteste. L’univers, à ce premier point de vue et sous cette forme d’être, est donc déjà une pensée, faut-il dire ébauchée, dégradée, ou en quête d’elle-même ? C’est ce que la suite aura à nous apprendre. Mais, déjà, tenons pour irrévocable cette certitude de ce que, pour abréger, nous pouvons appeler quelque chose d’idéalement réel ou de réellement idéal : nous aurons bientôt sans doute à préciser et à mieux nommer cette donnée qui [7] nous demeure encore ambiguë, toute irrécusable qu’elle est.

II. — Pourtant, en raison de cette ambiguïté même, n’avons-nous pas à craindre d’être dupes d’une illusion ? Le monde est et il est une pensée, venons-nous de dire, sous la force d’une sorte de nécessité. Mais une autre nécessité ne nous contraint-elle pas immédiatement à nous raviser et à recevoir des faits et d’une réflexion plus attentive un démenti formel ? Absolument parlant, le monde n’est pas, car il n’est ni un en soi, ni totalisé en aucun moment de la durée, en aucun point pas plus que dans l’ensemble de sa mystérieuse étendue. Il n’est pas, puisqu’il devient sans cesse et que ce devenir est, selon l’antique expression, un non-être mêlé d’être, sans que jamais le triage puisse s’opérer entre ces deux choses qu’on ne sait même comment appeler distinctement puisqu’elles sont plus que des aspects, moins que des éléments. Ici donc surgit forcément un nouveau problème. Nous ne pouvons renier nos premières constatations positives ; mais nous ne pouvons nous y

tenir, et toute réalité, toute pensée relative au monde nous imposent d’autres constatations qui semblent d’abord incompatibles avec les précédentes.

Quels sont donc ces faits partout impliqués, et qu’est-ce qu’ils impliquent à leur tour ?

Loin d’être un et homogène comme l’avait imaginé Parménide sous l’intrépide élan d’une dialectique confusément idéaliste et réaliste, le cosmos n’est ni un bloc compact où tout serait identique, ni (concept contradictoire) une unité infiniment étalée. Il n’est donné, il n’est pensé que sous les espèces de la multiplicité, de la variété, du changement. A tort on prétendait l’expliquer par la réduction des différences au pur identique : c’est cette explication, censément rationnelle, qui est l’irrationnel même ; et le réel, qui s’offre comme diversifié à l’infini, nous ouvre [8] par ces différenciations la seule voie possible vers l’intelligibilité. Comprenons bien cette implication si méconnue et si salutaire pour la pensée.

Comment, toutefois, affirmer, comme tout à l’heure, l’unicité de l’univers, et reconnaître, comme maintenant, la multiplicité intestine et indéfinie qui fait de lui le règne en apparence chaotique du devenir ? — Si l’on aperçoit là une sorte de contradiction, c’est que l’on transforme indûment des données concrètes et solidaires en pures entités, solidifiées en êtres réels et rendues par là antitypiques. On peut, on doit, avec Aristote, dire que le mouvement est le fait universel : est-ce dire pour cela que le concept du mouvement, analysé en sa teneur abstraite comme s’il était le réel lui-même en sa subsistance physique, doive se substituer aux choses mouvantes dont le contenu n’est jamais réductible à la mobilité ni surtout expliqué par elle ? Ainsi, sans rien retirer de ce qu’il nous a fallu affirmer, non de l’unité et de la totalité, mais de l’unicité et de l’universalité du monde, nous avons à maintenir la pluralité, l’hétérogénéité, les différenciations quantitatives et qualitatives qu’il comporte sans limites assignables ; et ce sont là des assertions qui, en fait, conditionnent toute donnée positive, toute recherche scientifique, toute pensée distincte. (6)

Mais suffit-il de subir ces évidences quasi brutales ? Ν’ont-elles pas une relation utile et éclairante avec les faits et les vérités qui d’abord avaient pu choquer notre réflexion discursive ? C’est ce qu’à présent nous devons chercher à comprendre au moins partiellement.

III. — A examiner de près, pour le ramener à ses justes proportions, le fait qui apparaît désormais comme symétriquement inverse et profondément solidaire de cette pensée cosmique totalement répandue dans l’univers entier pour y faire courir comme un frisson unique, qu’y voyons-nous de surprenant autant que de banal ? Une pluralité [9], bien plus, une diversité, bien plus encore, une hétérogénéité qualitative dont ce vaste monde est composé au point qu’on a pu le définir : un passage incessant et organisé de l’homogène à l’hétérogène. Est-ce là une donnée brute à subir, un de ces contrastes à accepter, sans chercher à comprendre cette étrange loi de l’opposition constamment renaissante à l’encontre de la tendance vers l’unité et l’identité, où, nous venons de le rappeler, certains veulent voir le seul principe de toute explication réelle et de tout achèvement idéal ? — Non pas ; car c’est tout le contraire qui se trouve impliqué dans les démarches de la nature comme dans l’intelligence docile à l’enseignement des faits et à la loi de ses propres exigences.

Précisément parce que le monde n’est et ne peut pas être un tout suffisant, il ne saurait demeurer stable, saturé, immobile, compact, tout identique à lui-même. C’est sa tendance même vers l’unité et l’achèvement qui détermine la diversification des moyens, le devenir multiforme, la pluralité des initiatives, et toute cette histoire infiniment poursuivie non plus seulement sous la loi d’un déterminisme stabilisateur, mais sous celle d’un dynamisme propulseur qui domine toutes les sciences, comme toute la nature, selon une formule d’entropie et d’irréversibilité.

Dès longtemps, l’on avait remarqué qu’une perfection plus haute ne peut être imitée ou atteinte qu’au prix de tentatives multiples ou d’êtres diversifiés ; car ce qui est vraiment un, simple, parfait, implique une richesse intérieure

dont les formes inférieures d’existence ne sauraient reproduire que partiellement la beauté supérieure. Cette loi se vérifie par tout l’effort de la nature et il nous reste ici à mieux comprendre comment et pourquoi ce morcellement du monde en devenir, tout en résultant d’une imperfection congénitale, et tout en paraissant compromettre [10] son intelligibilité et son excellence, est, au contraire, l’heureuse invention qui ouvre les voies ascensionnelles de la vie et de la pensée.

Si donc nous avons déjà entrevu comment la multiplicité même de l’univers et son mobilisme irréversible, qui l’emporte vers des fins imprévisibles, sont une conséquence normale du caractère contingent du cosmos, nous devons à présent tirer de cette connexion un enseignement nou-veau et découvrir le rythme même qui constitue le ressort de la pensée. C’est de cette genèse qu’il nous faut nous rendre compte dès ses plus lointaines origines.

IV. — Il semblerait d’abord que la multiplication des aspects que nous appelons des phénomènes, des qualités, ou même des êtres empiriquement fournis à notre science ou à nos industries, devienne un obstacle de plus en plus insurmontable, comme une contradiction invincible à cette tendance vers l’unité, l’intelligibilité, la solidarité qui paraissent la condition désirable de la réalité du monde et le but de notre pensée. Sans doute, la complexité toujours croissante de la science et de la civilisation humaine qui nous révèlent des horizons toujours reculés en tous les sens semble rendre de plus en plus inaccessible cet idéal d’ordre simple, unique, fixe que les Anciens avaient espéré faire tenir dans leur pensée, comme ils le croyaient plus ou moins réalisé dans la nature, en prenant pour modèle la régularité apparente des mouvements célestes. Mais c’est une interprétation tout opposée des faits qui, ici encore, s’impose à nous. Restons tout proche des données qu’il s’agit de constater en leurs relations certaines et en leurs implications étroitement concertées. C’est parce que le monde ne peut être un tout, unique et suffisant, que, renonçant à un effort incapable d’aboutir, la nature tourne, pour ainsi dire, la difficulté, insurmontable par la voie directe. Prenant donc une méthode tout

opposée à celle de la spéculation moniste et des extrapolations [11] factices que nous serions tentés de lui supposer et de lui appliquer, elle cherche l’unité et l’universalité par cette diversification même qu’on pouvait croire un échec définitif. Comment cela ? Considérons ce qu’implique la variété même des qualités ou des êtres que multiplie le devenir. Pour être précisément spécifiées en leur singularité individuelle et mouvante, ces formes d’existence et de connaissance comportent deux traits symétriques. — D’une part, il y a déjà en elles une détermination qui en fait une unité relative, une sorte de quiddité originale, quelque chose de plus défini que ne saurait l’être l’univers entier en son devenir illimité et en quelque manière amorphe. C’est donc là un progrès vers une forme de réalité déjà plus subsistante parce qu’elle est plus une et plus formellement déterminée. Et c’est encore quelque chose de plus adapté, de plus apparenté à la pensée, un objet plus assimilable à notre pensée même qui trouve en lui du réel pensable, ou, mieux encore, du pensable réalisé. — D’autre part, on ne saurait isoler cette ébauche d’unité singulière, dès lors qu’on la considère, non point comme une entité abstraitement isolée pour les besoins de la science, mais comme une donnée concrète qui, par son existence singulière elle-même, est insérée dans le devenir total.

Il n’y a point de cloche pneumatique qui vaille en métaphysique ; et même dans les sciences expérimentales, l’isolation n’est jamais que relative : si elle écarte certains phénomènes pour en mettre d’autres en plus pure évidence, elle ne coupe jamais tous les liens qui rattachent le moindre des faits à des influences innombrables et inévitables. Aucun effort, pratique ou théorique, ne réussit, ni en fait ni en droit, à arracher de la connexion cosmique quelque point que ce soit : liaison infrangible qui emporte chaque chose singulière avec tout le reste et la détermine par tout le reste, en même temps que cette chose partialisée agit et réagit sur tout ce dont elle est passive. [12]

V. — Nous n’avons pas encore épuisé le sens paradoxal de cette recherche de l’unité réelle et intelligible par le recours à la diversité et à la singularité. Nous devons même avouer à présent qu’en parlant comme nous

venons de le faire, nous avons partiellement subi le prestige de fausses apparences et d’habitudes à secouer comme des préjugés.

Voici en effet qu’une palinodie, analogue ou symétrique au démenti que nous avions dû tout à l’heure nous infliger, est requise de nous par une sincérité attentive. En fait et en droit, disions-nous, le monde n’avait pu, dans son ensemble, être posé absolument, comme une donnée totalement réalisée et unifiée : eh bien, maintenant, le refuge de la multiplicité et des existences partielles, où nous avions cru trouver asile et solution, doit nous être interdit, tout au moins sous la forme rudimentaire où il se présentait à nous. Car, ce sont ces « éléments », ce sont les individualités singulières, les qualités en apparence définies comme des simples et des irréductibles, oui, ce sont ces prétendues composantes non composées, ces soi-disant atomes de substance, ces phénomènes crus séparables, ces entités qualitatives ou logiques, ces suppôts censément atomiques ou subjectifs qui s’effondrent sous un regard savant ou critique. Pas plus que l’infiniment grand, l’infiniment petit n’est stabilisable, n’est attingible, n’est ni donné en fait, ni pensé, ni concevable réellement. Ce n’est pas en retournant la lunette qu’on découvrira dans la ténuité du spectacle le secret qu’aucun télescope ne révélera. Si donc nous avons dû dénoncer, comme une erreur première et empoisonnante, l’idole du monde affirmé comme « Un et Tout », c’est une autre idole, plus subtilement dissimulée, plus frauduleusement nocive, que celle de parties élémentaires et isolables absolument.

Tout à l’heure, du bluff d’un Univers unique, unifié et hypostasié, nous avions été rejetés vers la multiplicité des [13] fragments distincts et qualifiés.

Or, en ce qui nous semblait la voie du salut pour la pensée, il se trouve un autre bluff plus insidieux auquel, sous des apparences modestes, bien peu échappent depuis Héraclite qui en avait eu le sentiment, alternativement poussés que nous sommes, comme par un jeu de raquettes, entre un faux universel et un faux singulier. Pas plus que nous ne pouvons concevoir le monde sans le mettre en morceaux et sans le particulariser, nous ne saurions voir et penser les

Or, en ce qui nous semblait la voie du salut pour la pensée, il se trouve un autre bluff plus insidieux auquel, sous des apparences modestes, bien peu échappent depuis Héraclite qui en avait eu le sentiment, alternativement poussés que nous sommes, comme par un jeu de raquettes, entre un faux universel et un faux singulier. Pas plus que nous ne pouvons concevoir le monde sans le mettre en morceaux et sans le particulariser, nous ne saurions voir et penser les