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CHAPITRE III : APPROCHE ET SOLUTIONS PROPOSEES

B.1 Les modèles pour gérer la connaissance "thématique"

Nous allons présenter quelques-uns des modèles types produits appliqués à la conduite de grandes cultures.

Le modèle de concept classifie la connaissance selon un mode proche de celui de notre mémoire. Dans le cas du modèle de machinisme agricole pour la culture du blé biologique présenté dans la Figure III-15, l'agriculteur va classer intuitivement les types de machine par la logique temporelle des travaux à pratiquer sur l'itinéraire cultural.

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Figure III-15 : modèle de concept adapté au machinisme agricole

Pour des raisons ergonomiques et de lisibilité, nous ne présentons pas l'ensemble du modèle. Ainsi, un objet ombré renvoie vers un sous-modèle. Dans un outil informatique, la liaison vers le sous-modèle se fait par un lien hypertexte. Chacune des machines identifiées est autant de points d'entrée vers une fiche détaillée, des images illustratives, voire des vidéos sur son réglage. Le modèle de concept est mobilisable sur de nombreux sujets comme, par exemple, pour le descriptif de chaque petite région agricole. Ce dernier thème répond au besoin de décrire les conditions pédologiques et climatiques des parcellaires de chaque exploitation agricole. De même, à partir de ce modèle de concept, les adventices sont classées suivant leur nuisance avec renvoi pour chacune d'entre elles à des fiches sur les méthodes de lutte associées.

Le modèle de tâche spécifie le mode de raisonnement d'un professionnel agricole. Il précise sa stratégie de résolution d'un problème particulier. Pour ce faire, il utilise des concepts du modèle de concept. Il renvoie également vers d'autres modèles. La Figure III-16 ci-dessous illustre la stratégie de lutte contre les adventices dans le cadre de la conduite du blé. Il fait par exemple référence à la herse étrille, décrite par ailleurs dans le modèle de machine agricole. Un objet ombré renvoie également vers un sous-modèle.

Le modèle de l'activité est lié au contexte. Il modélise un processus métier de l'agriculteur. Chaque type de culture a un itinéraire technique. La Figure III-17 ci-dessous l'illustre pour la culture du blé. Une étape de cet itinéraire peut être associée à une ou plusieurs règles de gestion. Chaque règle reprend un raisonnement de l'agriculteur associé à des valeurs seuils d'indicateurs. Elle est assez simple et très souvent du type conditionnel. Nous proposons de formaliser cette règle par le modèle de tâche déjà présenté.

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Figure III-16 : modèle de tâche de lutte contre les adventices

Parcelle fertilisée Déchaumer Incorporation des chaumes dans la première dizaine de centimètres Levée des adventices Préparer le lit de semence Parcelle propre (sans adventice) Pratiquer le faux semis Parcelle ayant reçu une

culture précédente légumineuse Elle s’inscrit dans une

rotation longue comprenant des intercultures

Fertiliser Savoir Calculer les besoins

en fertilisants Apporter la bonne dose Epandeur Déchaumeuse Savoir Consulter modèle d’activité du faux semis Savoir Règle de décision Choix de la semence Semoir Savoir-faire Réglage de la herse étrille Parcelle semée Désherbage Parcelle de blé Récolter ETA Récolte : Blé Récolte : Menue paille Parcelle avec chaumes Parcelle prête à semer Semer Activité Connaisance Savoir-faire Ressource Vibroculteur Herse Etrille

Figure III-17 : modèle d'activité pour la conduite du blé biologique

Nous avons utilisé les trois modèles de l'activité, du concept et de la tâche associés respectivement aux deux pôles du contexte et du sens du macroscope de la

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connaissance (voir 1: le macroscope de la connaissance). Ces modèles couvrent de façon satisfaisante le domaine métier de l'agriculture biologique "grandes cultures" tel qu'il est décrit par les agriculteurs biologiques enquêtés. Nous n'avons pas eu besoin d'utiliser les trois modèles du pôle information du macroscope des connaissances. Ces types de modèles sont en effet plus dédiés à des spécifications informatiques comme l'exemple de l'utilisation du langage UML pour le projet GIEA le montre. Les deux modèles historique et de la lignée ne sont pas non plus exploités. Ils seraient sans doute utiles pour mémoriser d'anciennes pratiques professionnelles. Cet archivage cernerait les causes d'impasses techniques ou bien de réussite de ces pratiques. Il serait une source d'inspiration mais aussi un garde-fou à la reprise d'idées n'ayant pas abouti.

Grâce à des liens hypertextes, ces trois types de modèles sont autant de points d'entrée vers d'autres formes de connaissances comme des fiches. Mais ces modèles n'ont pas pour vocation d'être figés. Dans ce dernier exemple, présenté sur la Figure III-18, nous avons enrichi les connaissances initialement issues des enquêtes auprès des agriculteurs biologiques avec celles issues d'un ingénieur agronome (Viaux 1999). Cette dernière connaissance est représentée dans un rectangle cerclé de rouge.

Figure III-18 : extrait d'un modèle de tâche pour raisonner une rotation

Ce croisement de connaissances illustre la dynamique de mise à jour possible des modèles grâce à leur implantation dans un outil de gestion des connaissances favorisant les interactions entre acteurs. L'exemple retenu montre que l'enrichissement du tableau a pour origine autant des connaissances empiriques que des connaissances académiques. Bien entendu, une nouvelle synthèse est elle-même précaire. Les utilisateurs de l'outil la commentent forcément pour en montrer les limites ou les insuffisances. A un instant donné, il appartient au modérateur de formaliser et de valider une nouveau modèle, compte tenu de la pertinence de ces commentaires ou bien du fait de ses propres

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connaissances. A partir d'un certain niveau de complexité, ces modèles sont à développer en sous-modèles pour rester lisibles. Ainsi, la partie sur la "lutte contre les adventices" peut se déployer au point de ne plus tenir sur le modèle général. Dans ce cas, le modérateur transfère une partie du contenu de la "lutte contre les adventices" dans un sous-modèle. Celui-ci est alors accessible par un lien hypertexte.

Les modèles proposés ci-dessus ont pour vocation de formaliser les invariants tout en précisant dans quel cadre ils s'appliquent. Nous avons présenté une dizaine des modèles cognitifs Mask aux agriculteurs de régions différentes. Ils les ont relus et validés. Ils se sont appropriés rapidement la connaissance associée. Malgré des contextes pédoclimatiques différents, une large partie des connaissances est en effet mobilisable d'une région à l'autre. En revanche, selon ses propres contraintes, un agriculteur n'en mobilise que quelques-unes. Ainsi, les modèles présentés ci-dessus leur fournissent des connaissances non directement opérationnelles. Mais celles-ci facilitent l'agencement de leurs systèmes de culture et des itinéraires techniques attachés, au contexte spécifique de leur exploitation agricole et aux savoirs locaux associés. Les connaissances aident l'exploitant agricole à prendre la mesure des interactions biotechniques selon ses choix potentiels. Elles facilitent la prise de décision dans son contexte. Ces modèles ont donc un avantage majeur. Ayant un certain niveau de généricité, ils structurent la connaissance. Ils l'organisent pour tous les utilisateurs potentiels, mais au final ceux-ci ont à l'adapter à leur contexte.