Partie III : Vers un outil d’analyse de risques en co-développement avec les fournisseurs141
Chapitre 8 . Conclusion générale
5. Les limites et perspectives de ce travail
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L’utilisation de notre outil n’a été réalisée que par une seule entreprise. Pour tendre vers
une validation totale d’un projet de type 7 selon la typologie de Blessing & Chakrabarti
(2009), davantage d’applications dans diverses entreprises seraient souhaitables.
L’enquête par questionnaire que nous avons conduite lors de notre étude quantitative a
reçu un nombre limité de réponses. Nous avons obtenu des retours sur 80 projets de
co-développement alors que nous visions un minimum de 100 projets pour avoir une
robustesse suffisante.
Nous avons mobilisé les fournisseurs dans la phase de collecte des dysfonctionnements
lors des interviews mais pas dans le développement de l’outil (évaluation de criticité et
plans d’actions). Il pourrait être envisagé d’avoir une utilisation de cet outil par des
fournisseurs ou bien d’avoir un partage des résultats de l’analyse conduite par le client
afin d’établir un plan d’action commun.
Au-delà de ces limites et afin de continuer la démarche adoptée dans ce travail de thèse, nous
recommandons quelques perspectives à la fois opérationnelles et académiques de ce travail.
5.1. Les perspectives opérationnelles
5.1.1. Déploiement de l’outil développé
Nous avons développé notre outil en collaboration avec deux équipes projets Somfy puis nous
l’avons testé avec une autre équipe projet. Pour répondre à la première limite identifiée de ce
travail de thèse, nous suggérons un déploiement plus large de l’outil au sein de Somfy afin
d’avoir davantage de retours et donc de continuer à l’enrichir. Nous considérons en effet qu’il est
nécessaire de prolonger le travail de validation de nos résultats et de continuer à enrichir l’outil
par les retours recueillis auprès des utilisateurs. En outre l’objectif est que les équipes projet
utilisent seules l’outil au-delà des applications qui ont été accompagnées par les chercheurs dans
le cadre de ce travail de recherche. L’objectif est également que l’utilisation de cet outil devienne
systématique en cas de projet de co-développement. De plus, les applications futures de l’outil
permettront aux équipes projets d’accéder à des cas d’application et d’identifier les points qui
sont souvent les plus critiques et donc d’affiner leurs plans d’actions. Une plus large utilisation
de l’outil permettrait également d’assurer la légitimation et d’éprouver la robustesse des
concepts proposés par les chercheurs notamment au niveau de l’évaluation de criticité.
5.1.2. Faire prendre conscience de la nécessité d’une conduite adaptée en
co-développement
Comme nous l’avons déjà mis en avant, la pratique du co-développement nécessite d’avoir des
compétences managériales adéquates et d’adapter les procédures à ce contexte particulier que
ce soit au niveau de la définition des rôles et responsabilités, de la rédaction du contrat ou dans
la communication entre les équipes. Il reste selon nous encore des progrès à faire en matière de
prise de conscience de ces éléments par les équipes. A partir du moment où la stratégie du
co-développement est portée au sein de l’entreprise et comprise par tous, un certain nombre
d’obstacles sont déjà franchis.
5.1.3. Réflexion autour d’un contrat spécifique à ces collaborations
Nous avons vus dans nos conclusions managériales l’importance de la rédaction du contrat dans
une relation de conception collaborative. Il serait utile de réfléchir à l’élaboration d’un modèle
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de contrat propre à ce genre de configuration et facilitant la démarche des entreprises qui voient
encore souvent cette pratique comme très complexe et ont peur de ne pas savoir se protéger
suffisamment. Il s’agit en quelques sortes de la peur de l’inconnu qui pousse à se surprotéger. La
notion d’intégration des acteurs intermédiaires serait également à considérer dans ce type de
contrat.
5.2. Les perspectives académiques
5.2.1. Diffusion des résultats à d’autres entreprises
L’outil que nous avons proposé a été développé avec et pour l’entreprise Somfy. Certains
concepts ont été développés en mobilisant d’autres acteurs industriels mais l’outil n’a été
appliqué que chez Somfy. Il a certes été confronté à la critique de deux acteurs externes
concernant l’évaluation de criticité, mais nous pensons qu’il serait positif de pouvoir l’appliquer
à une autre entreprise voire plusieurs afin de bénéficier d’un regard nouveau sur cet outil et
d’approfondir sa légitimité et sa robustesse.
5.2.2. Approfondissement des résultats de l’étude quantitative
Concernant les résultats de l’étude quantitative que nous avons conduite, nous voyons plusieurs
perspectives possibles. Tout d’abord, l’obtention d’un plus large échantillon rendrait nos
résultats plus robustes. Ensuite, il serait intéressant de pouvoir tester un modèle global incluant
les dysfonctionnements de la phase de configuration de la relation et celle de l’interaction au jour
le jour afin de bénéficier d’une vue d’ensemble. Par ailleurs, nous avions inclus dans notre
questionnaire des éléments relatifs aux notions de « client préféré », de « fournisseur préféré », de
« satisfaction du fournisseur » ou encore des éléments relatifs aux champs de la « social capital
theory ». Afin de nous focaliser sur le cœur de notre sujet de recherche, nous n’avons pas
souhaité les exploiter dans ce travail. Il est envisagé d’exploiter, en collaboration avec
l’Université de Twente, les résultats obtenus par la suite afin de tester des modèles
correspondants à ce champ de la recherche en management.
5.2.3. Identifier les gains générés par l’utilisation de l’outil
Une des perspectives de cette recherche serait d’évaluer le succès de l’outil développé. Nous
avons eu des retours positifs concernant son utilisation et les questions soulevées et nous avons
pu observer une prise de conscience de certains aspects auparavant négligés comme la nécessité
d’une bonne collaboration interne par exemple. Ces observations pourraient être confirmées ou
non par une plus large utilisation de l’outil. De plus, cet outil ne sera vraiment un succès que s’il
permet aux équipes projet de mener des projets de co-développement efficaces et générateurs
de gains pour l’entreprise. Cette évaluation de l’utilité de l’outil est donc à adresser. Cette
évaluation ne sera possible qu’après une utilisation sur le long terme (Blessing and Chakrabarti,
2009) pour voir si effectivement il a permis d’éviter des dysfonctionnements coûteux.
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Dans le document
La conception collaborative avec les fournisseurs : proposition d'une méthode d'analyse par les dysfonctionnements
(Page 197-200)