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Les industries du Sud

Dans le document 90 010 Belfort cedex. (Page 67-77)

Forges et Fourneaux jusqu’au Second Empire

Châtenois-les-Forges et le groupe de Grandvillars, Morvillars et Méziré sont nés industriellement avec la sidérurgie et la métallurgie. Les origines de la forge de Grandvillars et du fourneau de Châtenois les forges sont proches. Toutefois, l’aspect capitalistique et la taille des entreprises sont différents. La spécificité des activités métallurgique nécessite la présence constante d’ouvriers, car certains processus doivent être réalisés en conti-nue24. Pour cette raison, le logement des ouvriers est primordial.

La forge de Grandvillars est fondée en 1674 par Gaspard Barbaud. Elle est alors alimentée par le fourneau de Florimont dont l’existence remonte également à la seconde moitié du XVIIe siècle et qui appartient également à Gaspard Barbaud. À la fin du XVIIIe siècle, 30 logements sont répertoriés

24 Cette construction précoce d’un logement pour les ouvriers est répandue dans le milieu des forges. C’est éga-lement le cas aux forges Audincourt. François Lassus, Les forges de Chagey et d’Audincourt, article parut dans Le Pays de Montbéliard du Wurtemberg à la France, 1793.

Plan des cités Blanche et Migeon à Grandvillars.

Archives départementales 90, cote 38 J 446.

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à Morvillars et 36 logements à Grandvillars25. La Révolution française mo-difie sensiblement le devenir de Grandvillars et Méziré. En l’an V (1797), les usines de Méziré sont affermées pour neuf ans à Jean-Baptiste Dominé et Jean-Baptiste Migeon. Après un mariage, le règlement de deux hérita-ges et plusieurs appellations successives, la société en commandite simple Viellard-Migeon et Cie est baptisée en 1856. À cette date, les quatre établisse-ments de Méziré, Morvillars et Grandvillars emploient 1 300 ouvriers.

Dès les années 1840, Juvénal Viellard intervient de plus en plus, tant dans le domaine public, pour la réalisation d’infrastructures, tels des rou-tes ou le chemin de fer et prend en charge une part plus importante de la vie de ses ouvriers. Des mesures sociales sont prises en 1848, une boulan-gerie est construite en 1849 et créée une société de secours mutuel en 1853.

Pierre Lamard précise que dans un premier temps, ces mesures ont été prises volontairement, sans revendication des ouvriers ni « programme préétabli, mais selon un processus continu dont l’élargissement épouse le développement et surtout la bonne santé de l’entreprise »26 .

À Châtenois-les-Forges, le minerai de fer est exploité à partir du XVIIe siècle. La vocation industrielle du site est attestée en 1655, avec un fourneau en reconstruction. Un haut fourneau, construit sur place, est daté de 1771. La production est alors de deux gueuses de fonte par jour, en-voyées ensuite à la forge de Belfort27. Lors de la vente des biens nationaux, en l’an V, c’est une forge de Châtenois qui est évoquée et vendue à Jean-François Viellard et Christophe Antonin. Quatre logements ouvriers sont indiqués dans l’État des usines28. Ils sont toujours mentionnés en 1833, au moment de la vente par Juvénal Viellard, du fourneau à la Compagnie des forges d’Audincourt. Le fer est exploité jusqu’en 1856. Les installations ne sont pas détruites immédiatement car deux patouillets et un bocard sont encore mentionnés en 1860.

Le parallèle logement-industrie après 1870

Dans le dernier tiers du XIXe siècle, Viellard-Migeon et Cie augmente for-tement sa productivité en vendant des produits finis. L’entreprise construit ses cités ouvrières entre 1878 et 1922. Les mêmes architectures se retrou-vent d’une cité et même d’une commune à l’autre. C’est à Grandvillars

25 Pierre Lamard, De la Forge à la société holding, Viellard-Migeon et Cie, 1796-1996, Polytechnica, 1996, 289 pages.

P. 25, tableau de l’État des usines.

26 Idem, p. 66

27 Nous ne disposons pas de chiffre plus précis sur la production de Châtenois-les-Forges.

28 Tableau réalisé par Pierre Lamard, De la Forge… p. 43

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que l’emprise spatiale est la plus importante, au cœur de la commune, tout comme les usines. La forge de Morvillars (à Méziré) étant située en retrait, la cité l’est également, entre le canal de fuite et la rivière l’Allaine. La dispo-sition est la même à Morvillars pour la cité du Pâquis. L’entreprise dispose d’un personnel peu revendicatif et hermétique aux perturbations sociales, dont la vie est réglée par l’entreprise du début (l’école) à la fin (prise en charge des obsèques). Toutefois, la concurrence à l’embauche avec Japy Frères29 a beaucoup joué par la suite, Gérard Noiriel indique même, pour le bassin de Longwy, qu’il s’agit d’un moteur puissant du paternalisme30. D’autres dispositifs sont également mis en place, mais le logement conser-ve une place très importante pour les familles qui en bénéficient.

À Chatenois, les usines sont achetées, en 1867, par Vermot et Lehmann.

L’essor de l’automobile, à la fin du XIXe siècle, permet de diversifier la fabrication vers les essieux estampés et les ressorts de suspension. Huit maisons mitoyennes sont réalisées, à cinq minutes de l’usine, rue Antoine Marré et autant rue Jeanne d’Arc, dans les années 189031. Elles sont com-posées d’un rez-de-chaussée comprenant la cuisine, d’un étage avec deux pièces et de combles32. Une arrière-cour pouvait éventuellement servir de jardin. S’y ajoutent vingt-six logements ouvriers supplémentaires rue de la République, en 1917-1918. Ces maisons sont identiques aux quinze qui ont été construites à côté de l’usine, rue du commandant Prince. Deux im-meubles existent à l’entrée de l’usine, l’une avec un plan en U, l’autre rec-tangulaire33. Vingt-quatre nouveaux logements sont construits, toujours à la même période, rue Antoine Marre, dans quatre bâtiments. Rue de Lattre de Tassigny, quatre immeubles de quatre logements ont été construits vers 1910, comme logement ouvrier, pour l’usine Vermot. « La vie à la Prusse était solidaire, nous allions dans les fermes pour la nourriture, nous orga-nisions des fêtes dans le quartier. », indique une ancienne habitante qui a travaillé à l’usine Vermot dans l’entre-deux-guerres. Le développement de

29 Fonds VMC, dossier n° 74, retraites, mars 1924, cité par Pierre Lamard, De la Forge… note 186 p. 267 : « Messieurs Japy vont organiser pour leur personnel une caisse de retraite, obligatoire… Nous serons alors conduits à faire quelque chose dans ce sens. Il faut étudier la question dès maintenant pour ne pas être pris au dépourvu et risquer d’établir une organisation présentant des lacunes ».

30 Gérard Noiriel, Longwy, immigrés et prolétaires, (1880-1980), Paris, Presse Universitaires de France, 1984, 396 pa-ges.

31 Les riverains ont fourni cette information.

32 La visite d’une maison a permis de constater qu’aujourd’hui les combles ont été aménagés mais ne l’étaient pas à l’origine.

33 Nous n’avons pas pu définir la date de construction, ni le nombre de logements que ces bâtiments pouvaient abriter à l’origine.

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l’usine a eu un impact sur l’urbanisme et la démographie, avec la construc-tion de 112 logements. Une école libre de filles et une autre de garçons ont été construites dans la commune.

La taille des entreprises explique la différence d’échelle mais le prin-cipe de location des logements était le même. La présence des industriels dans les conseils municipaux est un point commun.

Le cas particulier de Japy

À la fin de l’Ancien Régime, Frédéric Japy avait implanté à Beaucourt une fabrique d’ébauche de montre utilisant les premières machines-outils au sein de laquelle des familles complètes sont employables. L’intérêt de les loger apparaît évident, pour les fixer géographiquement. L’augmenta-tion du nombre d’ouvrier chez Japy, dès la fin du XVIIIe siècle, s’accom-pagne d’une augmentation parallèle de la population de la commune de Beaucourt. Dès l’origine, Japy réalise des investissements sociaux prenant en compte tous les aspects de la vie des ouvriers.

Après la révolution de 1848, la doctrine patronale se résume en deux mots, ordre et épargne, et favorise la propriété du logement pour limi-ter l’agitation ouvrière. Des avances sont accordées aux ouvriers pour construire et des sociétés immobilières sont créées à partir de 1864.

Les cités ouvrières de Beaucourt sont le produit d’une réflexion poussée, inédite dans le département. L’individualisme y est développé par la construc-tion de maisons particulières et de leur jardin. Les deux cités construites en 1864 sont éloignées pour ne pas créer de grands quartiers ouvriers. Dans le même temps, Japy Frères développe les œuvres sociales, créé deux coopéra-tives et subventionne les sociétés de loisirs. Cependant, la paix sociale est mise à mal par la sélection croissante des ouvriers bénéficiaires des aides et l’utilisation du salaire comme variable d’ajustement. L’objectif de contrôler les ouvriers par la propriété n’a pas empêché à une majorité du personnel d’être écarté de ce processus, en raison d’une sélection drastique. La grève de 1899 montre les limites de l’idéologie mise en œuvre.

Le plan des maisons de la première cité ouvrière avec jardin construite par Japy Frères, en 1864, révèle la présence d’un atelier au rez-de-chaussée, indiquant la survivance du travail à domicile. Le contrôle de la direction est complet sur toutes les étapes de la conception à la réalisation des cités.

Les maisons sont vendues à prix coûtant soit 2 000 francs. Elles sont payées par des retenues mensuelles sur les salaires qui s’étalent entre 5 et 11 ans.

En 1864, sont construites vingt maisons à la cité Pierre Japy et vingt-deux à la cité du temple. La cité Pierre Japy, première en date, est la seule pour

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laquelle une caserne de seize logements, située rue des bouleaux, a été construite. Les maisons sont disposées en quinconce, préfigurant le mo-dèle présenté en 1867 à l’exposition universelle. La cité du temple présente une disposition un peu différente, avec des vis-à-vis entre maisons, mais une architecture similaire.

Après les grèves de 189934, la fuite des meilleurs ouvriers vers l’indus-trie automobile, plus rémunératrice incite à poursuivre la construction de cités ouvrières.

34 Il existe une grande concurrence entre les entreprises pour disposer du personnel le plus qualifié. La première usine automobile du Pays de Montbéliard offre des salaires supérieurs à l’horlogerie. Mémoire de maîtrise de Manuel Brun, La gestion du personnel de l’usine automobile Peugeot d’Audincourt entre 1896 et 1931, Mémoire de maîtrise sous la direction de Michel Hau, université Marc Bloch, Strasbourg, 1999, 158 pages.

Extrait du dossier sur la cité Pierre Japy tiré de la base de données Mérimée du ministère de la Culture.

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Conclusion

Fragmentation du territoire

La construction de logements ouvriers, dans le Territoire de Belfort, du XiXe siècle à 1940, est contrastée dans l’espace et le temps.

Le déterminisme géographique35 a joué un rôle clé dans le développement industriel, par l’exploitation puis l’épuisement de ressources minières en-tre les XIVe et XiXe siècles. La reconversion progressive des hommes et des structures de production s’est différenciée entre le nord et le sud, se-lon l’époque et, à nouveau, les ressources naturelles disponibles. Il s’agit d’une première rupture dans l’industrialisation du Territoire de Belfort.

La sectorisation fixe les bassins d’emplois, jusqu’au traité de Francfort.

Le développement des transports collectifs, concomitant avec le besoin impérieux de personnel dans les grandes industries de Belfort et du Pays de Montbéliard, a libéré les ouvriers de l’attachement géographique très prégnant jusqu’alors. Ce développement de la concurrence existe non seu-lement à l’embauche, mais aussi pour la fabrication. D’autres changements s’opèrent, dans le domaine de la législation sur le logement social et vers un système économique protectionniste. La conséquence de la guerre de 1870-1871, n’est pas simplement l’arrivée de nouvelles industries à Belfort, mais bien une nouvelle rupture dans l’évolution de l’industrie de l’ensem-ble du Territoire de Belfort, pour des raisons tant exogènes qu’internes.

Une troisième rupture est directement liée au retour à la France des territoires perdus en Alsace et en Lorraine, après la Grande Guerre. La raison qui avait incité des industries alsaciennes à installer des succursa-les à Belfort n’existant plus, un certain nombre quitte le département, ou restructurent leurs activités entre les différents sites.

La dernière rupture observée, est liée à la grande crise économique de 1935-1937, au Front Populaire et aux grèves de 1936. L’importance de ces dernières a été soulignée par Marc Bloch36. Le rapport entre ouvriers et

pa-35 Jean-Marc Olivier, utilise la notion de déterminisme géographique pour la révolution industrielle du Pays de Montbéliard : Jean-Marc Olivier, Les origines de la révolution industrielle dans le pays de Montbéliard, le déter-minisme géographique, tome 2 Pauvreté des terres et spécialisation pastorale, Montbéliard, éditions Atelier du Patrimoine, 1999, 22 pages

36 Marc Bloch, L’étrange défaite, témoignage écrit en 1940, Gallimard, collection Folio histoire, Paris, 1990, 326 pages. P.197. « On saurait difficilement exagérer l’émoi que, dans les rangs des classes aisées, même parmi les hommes, en apparence plus libres d’esprit, provoqua, en 1936, l’avènement du Front Populaire. Quiconque avait quatre sous crut sentir passer le vent du désastre et l’épouvante des ménagères dépassa, s’il était possi-ble, celle de leurs époux. (…) Une longue fente, séparant en deux blocs les groupes sociaux, se trouva, du jour au lendemain, tracée dans l’épaisseur de la société française »

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tronat change, même dans des villes aussi paisibles que Châtenois-les-For-ges. Pour le cas de Japy à Beaucourt, le lien entre difficultés économiques et changement de stratégie sociale apparaît clairement.

La politique de logement ouvrier est consécutive à la stratégie sociale mise en place, dans ce cadre législatif et cet environnement économique.

La cohérence du département apparaît plus clairement, par la mise en perspective des difficultés exogènes rencontrées par le nord et le sud et qui, par certains aspects, présentent des analogies. La construction de lo-gement est principalement consécutive à une pénurie de main-d’œuvre.

Le caractère idéologique apparaissant dans certains cas, alors mis en avant pour justifier la politique de logement, n’efface en aucun cas les raisons pragmatiques qui conduisent à procurer un toit aux ouvriers. En revan-che, elle infléchit directement le mode de mise à disposition, par la loca-tion ou la vente des logements.

Il apparaît clairement aujourd’hui que les différences entre le nord et le sud, correspondent plus à des adaptations pragmatiques à l’environne-ment local, qu’à des objectifs différents. De même, le logel’environne-ment des ouvriers s’il influe directement sur la stabilité du personnel ne peut, à lui seul, as-surer la paix sociale, comme l’illustrent les cas, opposés sur ce point, Japy Frères et Viellard-Migeon et Cie.

L’implication des entreprises, dans la construction des quartiers HBM est importante à Belfort et a également existé à Giromagny. Elle est le fruit de la situation de concurrence à l’embauche, qui incite à s’unir autour de la puissance publique, pour répondre au problème du logement. À Beau-court ou Grandvillars, l’entreprise unique, dont les dirigeants se confon-dent avec les élus, n’a pas donné lieu à l’utilisation de nouvelles lois aux propositions financières pourtant intéressantes.

Du XIXe siècle à 1940, l’industrie du Territoire de Belfort et les loge-ments ouvriers ont profondément changé. La tendance va de la location vers la propriété, du collectif vers l’individuel et de la construction par des entreprises, vers la participation toujours plus importante des pouvoirs publics. L’urbanisme a beaucoup évolué également, avec la mise en œuvre de plans pour le développement urbain. Les villes ont été transformées par la création de réseaux d’adduction d’eau potable, de collecte d’eau usée et de gaz. La mise en place de l’éclairage public et la création d’équi-pements publics ont également contribué à valoriser les villes par rapport aux campagnes.

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Des glissements chronologiques

La question du logement ouvrier s’est révélée dans toute sa complexi-té. Les réponses apportés par les dirigeants d’entreprise en quête de main-d’œuvre sont très diverses et liées à l’histoire des trois bassins d’emplois.

Il existe une hétérogénéité des initiatives, au fil du temps. Des bâtiments existants peuvent être achetés pour être utilisés en logements, comme c’est le cas à Beaucourt, avec Japy au début du XIXe siècle ou à Lepuix-Gy, avec Briot, un siècle plus tard. Contrairement à cette première solution, la construction de cités ouvrières ou de casernes ne souffre pas l’improvi-sation. Elle témoigne de la stratégie sociale de l’entreprise, dont l’objectif prioritaire est de stabiliser le personnel, de préférence sur plusieurs gé-nérations. Là encore, plusieurs solutions sont possibles. Une construction entièrement privée, comme c’est le cas dans le sud du département ou une concomitance des initiatives privées et publiques, par la mise en applica-tion des lois sur le logement social qui se multiplient sous la Troisième République. Dans la première moitié du XXe siècle, les initiatives privées et publiques se mêlent de plus en plus. Aujourd’hui, l’habitat ouvrier est fondu dans un espace urbain prégnant et sa forme individuelle a souvent été travestie par des modifications, tant du plan que de l’élévation des maisons. Les habitats collectifs, aujourd’hui propriété de la collectivité ou d’une copropriété, ont mieux conservé leur caractère originel. Ce n’est ce-pendant pas toujours le cas, comme en témoigne les lucarnes et balcons ajoutés à la caserne d’Anjoutey. À ce jour, les habitants conservent mieux la mémoire ouvrière, à travers plusieurs générations, que l’architecture.

Néanmoins, sur la période étudiée, une évolution est visible. D’une initiative individuelle à l’origine, elle tend vers des stratégies collectives, impliquant les pouvoirs publics. C’est le cas à Belfort avec la SACM et l’Office Public des HBM. C’est le cas aussi à Beaucourt, Grandvillars ou encore Châtenois les Forges, par le biais de la présence des industriels à la tête des conseils municipaux. Cette deuxième solution, permet un aména-gement également concerté de l’espace urbain, mais avec moins d’imagi-nation dans le montage financier. Trois logiques se distinguent nettement, dans les trois bassins d’emploi du Territoire de Belfort. Au nord, l’existence simultanée, pendant tout le XIX et une partie du XX siècle, d’une agricul-ture importante et de l’industrie, permet un va et vient du personnel local de l’une à l’autre, ne rendant pas nécessaire la construction de logements jusqu’au développement de la concurrence et de nouveaux standards de confort. Au sud, en raison d’une industrialisation précoce et à croissance

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rapide, plusieurs variables existent pour les logements. Sur la localisa-tion, c’est-à-dire la concentration ou la dispersion dans la commune, sur le choix de les vendre ou de louer et enfin, sur le caractère collectif ou in-dividuel. Belfort enfin, sans industrie ou presque avant la guerre de 1870, répond à la logique des grandes entreprises. La SACM implante à Belfort, à une échelle réduite, le modèle pionnier des cités ouvrières mulhousien-nes. Le caractère conjoint des initiatives publiques et privées montre toute sa force, avec la construction de logements HBM en grand nombre. Les entreprises bénéficient de l’action volontaire d’hommes politiques en fa-veur du logement social. Le glissement entre cités ouvrières et cité HBM, est parfaitement perceptible et analysable à Belfort. L’action publique se substitue progressivement, dans la ville, à l’action privée, traduisant par-faitement l’esprit et la lettre des nouvelles lois sur le logement.

L’industrie et le potentiel qu’elle valorise, en terme de force de travail et d’aménagement du territoire ne se sont dévoilés que partiellement. Une recherche détaillée sur le processus d’industrialisation du Territoire de

L’industrie et le potentiel qu’elle valorise, en terme de force de travail et d’aménagement du territoire ne se sont dévoilés que partiellement. Une recherche détaillée sur le processus d’industrialisation du Territoire de

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