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Les canaux et les organes de diffusion

Dans le document 90 010 Belfort cedex. (Page 182-194)

Qui sont les agents de diffusion du progrès ? Quels réseaux actionnent les leviers des relations industrielles et universitaires? Les réseaux de cha-que pays peuvent-ils entrer en contact ? Une première remarcha-que : en Fran-ce, les initiatives sont prises par l’État, qui délègue le travail d’observation et de réception à des fonctionnaires de l’État. Les répondants américains sont révélés par des initiatives privées industrielles, universitaires et de la recherche.

Les interdépendances techniques et économiques

Les perspectives commerciales des États-Unis d’un côté, les choix tech-niques nationaux de la France de l’autre, traduisent les attentes des pays, mais aussi, et en fonction de différences industrielles révélées dans les échanges, leur dépendance réciproque.

Le regard français vers les États-Unis s’explique par le fait que la France pense trouver aux USA les moyens de son développement. Les techniques permettant de faire fonctionner des machines résistantes et puissantes et d’appliquer des procédés et des systèmes sont nécessaires aux programmes de développement industriel. Ils intéressent les diverses applications liées à la construction d’un réseaux national d’alimentation en électricité. Ces technologies sont nécessaires pour répondre à la question énergétique.

La dépendance américaine se traduit par la réponse à apporter aux né-cessités de développer, face à la concurrence, des outils de contrôle com-merciaux et technologiques. Alors que l’industrie américaine est en plein

23 M. Wilkins, « The Role of Private Business in the international Diffusion of Technology », Journal of Economic History, XXXIV, March, 1974, p. 188.

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essor, le marché national est dépendant de son étroitesse quantitative et en attente d’un plus large marché de consommation. L’industrie américaine est dépendante de ses innovations et de ses capacités à diversifier ses fa-brications. La diversification des produits est la priorité des firmes, une conséquence du développement rapide de l’industrie, d’où l’importance politique de stratégies de recherche développées par les firmes et long-temps analysées par les spécialistes des entreprises24. Les États-Unis sont non seulement dépendants de leur premier objectif qui consiste à trouver des marchés à l’exportation mais aussi des structures de production des pays non-initiateurs25 à commencer par leur capacité à fabriquer des pro-duits nouveaux exportables et par leur capacité à absorber les propro-duits industriels américains, à terme d’en assurer la fabrication.

Les travaux des experts américains sur la France, intéressant les domai-nes de l’économie de la science et de la technique, reflètent une inquiétude face à la puissance commerciale et industrielle de l’Allemagne. Pour les experts, cette dernière repose sur une capacité d’innovation dont l’origine provient de la qualité de l’enseignement technique et commercial26. Le constat américain souligne, tout en énonçant le prestige scientifique et les capacités d’innovation des ingénieurs français, que la France s’est faite distancée dans les domaines des sciences industrielles appliquées.

Les canaux industriels et techniciens : la difficile convergence

Les choix techniques de la France traduisent une politique volontariste qui répond à la continuité des acquis réalisés dans certaines filières tech-nologiques. Les missions qui émanent des différents ministères portent sur les dispositifs technologiques et les complexes industrialo-techniques construits avant et pendant la guerre aux États-Unis. Ces missions, or-ganisées dès la guerre, constituent les vecteurs d’une première phase de transferts de technologies. Dans les applications électrotechniques, nous pouvons citer la mission de 1918 organisée par le ministère des Travaux publics concernant les évolutions de la traction électrique et relative aux

24 A. D. Chandler Jr, Organisation et performance des entreprises, tome 1, Les USA, 1880-1948, Paris, Les Éditions d’Organisation, 1993.

25 J. H. Dunning, Multinationals, technology and competitiveness, London, Boston, Unwin Hyman, 1988.

26 F. E. Farrington, Commercial Education In Germany, New York, The Macmillan, 1914.

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choix des courants et tensions, un débat technique important en France27. Cette mission fit l’objet de rapports complets sur les techniques employées au États-Unis28 et en Angleterre. Le travail des ingénieurs, dans plusieurs secteurs, intéresse l’intégration de filières techniques dans l’industrie fran-çaise. Les ouvrages et études rédigés par les ingénieurs et les professeurs d’instituts techniques comportent régulièrement un état de l’évolution de l’industrie américaine. À l’étude publiée en 1920 sur la traction électrique aux États-Unis fait suite une nouvelle étude sur les évolutions jusqu’en 192629. L’Encyclopédie d’Électricité Industrielle dirigée par André Eugène Blondel et publiée régulièrement depuis 1921 comporte des comparaisons avec les progrès réalisés aux États-Unis. Dans le domaine de l’hydroélec-tricité, le système outdoor, c’est-à-dire la disposition des appareils en exté-rieur, en évolution depuis 1918 aux États-Unis, est suivi dans ses diverses applications par les ingénieurs français30. L’ouvrage rédigé en 1925 par Maurice Altmayer et Léon Guillet sur la métallurgie du cuivre et les pro-cédés électrolytiques est le fruit des observations d’une mission de 1919 réalisée aux États-Unis et comporte une importante bibliographie anglo-saxonne ainsi que de nombreux plans d’usines américaines31. Les traités scientifiques et industriels constituent des sources de première importance pour l’étude des transferts de technologies.

L’année 1922 voit la fondation du Mouvement Polytechnicien France Étran-ger et la création du Bulletin du groupe Polytechnicien France Amérique dont l’organe est la revue X Information. En outre, les conférences s’organisent sous l’impulsion d’organismes ou de groupements comme la Société Natio-nale d’encouragement à l’industrie ou la Maison des Nations Américaines. Les voyages sont organisés par la Confédération Générale de la production fran-çaise ou par la Compagnie Générale Transatlantique. Cette documentation est

27 Ch. Bouneau, « La contribution des technologies étrangères à l’électrification ferroviaire de la France, 1890-1940 », Histoire, Économie, Société (HES), 1993, n°4, p. 553-572 ; Ch. Bouneau, « Transport en commun et électrification », dans Histoire de l’électricité en France, t. 2, L’interconnexion et le marché, 1919-1946 publ. par l’Association pour l’histoire de l’électricité en France, sous la dir. de M. Lévy-Leboyer et H. Morsel. Paris, Fayard, 1994, pp. 1150-1156.

28 M. Japiot, ingénieur en chef adjoint du matériel et de la traction des Chemins de Fer PLM et A. Ferrand, in-génieur principal à l’Office Central d’Études de matériel de chemin de fer, « La traction électrique aux États-Unis », Annales des Mines, octobre 1920 à mars 1921.

29 M. Japiot, « La traction électrique aux États-Unis entre 1920 et 1926 », XII 5 153 suite 242 (1927 t. 2), Les Annales des Mines,1927. Cette étude confirme par ailleurs « l’opportunité des décisions » prises en 1920 concernant le choix du type courant.

30 Mais le système n’est pas pour autant en application dans les usines hydroélectriques. Voir Ch. L. Duval, Les usines Hydroélectriques, Paris, J.B.Baillière et fils, 1925, pp. 205-271 et 295.

31 M. Altmayer, L. Guillet, Métallurgie du cuivre et alliages du cuivre, Paris, J.B.Baillière, 1925.

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complétée par les bulletins et organes associés à cette entreprise : ainsi, le Bulletin de la Confédération Générale de la production française qui paraît dans l’Expansion Économique. Dans le numéro de l’Expansion économique d’avril 1933 on peut lire que la Commission Générale d’Organisation Scientifique du Travail prépara une dixième mission d’étude d’organisation industrielle aux États-Unis. Les industriels et ingénieurs américains se mettent à la disposi-tion des français pour toutes les informadisposi-tions techniques et économiques.

Les initiateurs de ces missions, à l’instar d’un Jean Milhaud, les envisagent pour chaque secteur, la mécanique, l’automobile, l’aviation, la chimie, les grands magasins, le pétrole, la distribution électrique, la papeterie.

L’initiative de missions techniques provient des entreprises. Ce sont par exemple les nombreuses missions organisées par les établissements de Wendel32, par Saint Gobain, avec le rôle fondamental d’un Eugène Gen-til33. On doit aussi souligner les missions organisées par la Banque de Paris et des Pays-Bas (BPPB). Si le voyage du président de la banque, Horace Finaly, qui visite les usines et des installations de la Standard Oil en mai-juin 1921, répond à celui de ses concurrents britanniques34 il doit aussi être perçu comme une appréciation des outils industriels américains35. mais c’est dans le cadre du Service Technique que la BPPB met en place des mis-sions d’études. Dans le domaine du pétrole, deux Polytechniciens spécia-listes du gros matériel de construction mécanique réalisent deux études en juillet 1925 sur le raffinage, les procédés d’extraction, les outils employés et l’aménagement des champs pétrolifères américains36. Ces rapports dé-taillés sont le résultat des visites effectuées par ces ingénieurs sur le lieu des installations.

Les patrons vont chercher aux États-Unis des machines industrielles de haute technologie. Lors de son voyage en 1923, où il s’entoure de

techni-32 Sur l’investissement technique des firmes à capital familial, Harold James, Family Capitalism, Wendels, Ha-niels, Falcks, and the Continental European Model, Chapitre 7, Cambridge, London, The Belknap Press and Har-vard University Press, 2006. Pour les missions de Wendel, V. Dray, « Les voies de la modernisation. Technologie américaine et industrie française : 1914-1930 », dans, Des économies et des hommes, Mélanges offerts à Albert Broder, F. Bourillon, Ph. Boutry, A. Encrevé, B. Touchelay, (textes réunis pas), Institut Jean Baptiste Say, Université Paris XII Val de Marne, Édition Brière, 2006, p. 266.

33 J.-P. Daviet, Un destin international. La compagnie de Saint Gobain de 1830 à 1939, Paris, Édition des archives contemporaines, 1988, pp. 385-388 et 402.

34 E. Bussière, Horace Finaly: banquier, Paris, Fayard, 1989.

35 La Standard Oil, par l’action de son président, Alfred C. Bedford, et par le biais de ses bénéfices technologiques joue un rôle technique et économique de plus en plus important en France. Les pourparlers entre la Standard Oil et la BPPB aboutirent en septembre 1920 à la création de la Standard Franco-américaine.

36 Archives Historiques BNP/Paribas, Bouteloup, A. de Boulard., Note sur les méthodes de forage et d’exploitation employées aux États-Unis, 18 p. ; A. de Boulard, L’industrie du pétrole aux États-Unis, 67 p.

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ciens, André Citroën fait le choix des machines de la société Budd, fabri-cant du « tout acier » de Philadelphie37. On peut aussi rappeler le voyage du polytechnicien Jacques Breguet (octobre 1925). Il représente l’industrie aéronautique française au concours d’aviation de New York et visite des usines de construction ; l’aviation, un secteur phare et innovant de l’indus-trie française. De ses observations aux États-Unis l’indusl’indus-triel rapporte :

« je n’y ai rien appris de nouveau et n’ai été frappé par rien de véritable-ment particulier au point de vue technique »38.

Les perspectives américaines traduisent dès le départ une volonté d’en-gendrer des marchés et d’implanter les firmes sur les marchés européens.

Les États-Unis avaient les capacités industrielles et les moyens com-merciaux de fournir à l’Europe l’équipement nécessaire à la modernisa-tion des usines de guerre et à l’élaboramodernisa-tion des programmes de reconstruc-tion et rénovareconstruc-tion industrielle39. Après la mission de 1916, le président de l’AMEA, William Wallace Nichols (Allis Chalmers), présente ses conclu-sions sur l’industrie française. Il insiste sur la nécessité d’établir un com-merce fondé sur une réciprocité d’intérêt. Mais cela suppose la possibilité de fabriquer des produits échangeables. Il constate une industrie qui n’est pas préparée à la fabrication en grandes série ; enfin, la faiblesse de l’équi-pement industriel. En réponse, il voudrait voir s’établir une coopération technique entre les ingénieurs des deux pays. La France n’apparaît pas comme un concurrent sérieux sur les marchés internationaux. Ce man-que de prestige auprès des États-Unis est ressenti par les ingénieurs et industriels français. La France ne semble pas être perçue comme un pays industriel, tout au moins au sens donné à ce mot lorsque qu’il est appliqué à l’Allemagne et à l’Angleterre. C’est de cette manière qu’en 1922 la vision comparative du Général G.E. Tripp, président du conseil d’administration de la Westinghouse Electric and Manufacturing Company de Pittsburgh, est interprété par les ingénieurs français du Mouvement Polytechnicien, France Étranger40.

37 S. Schweitzer, Des engrenages à la chaîne, les usines Citroën 1915-1935, Lyon, Presses Universitaires de France, 1989, p.18.

38 J. Breguet, Impressions sur l’Amérique, X information, mars 1926, p.180-183.

39 « Machine-tool Trade in Germany, France, Switzerland, Italy and the United Kingdom », Bureau of Foreign and Domestic Commerce of the Department of Commerce, bull. n°26, 1916.

40 Archive de l’École Polytechnique, H. de Verchère, « La situation européenne vue par un businessman améric-ain », X Information, Bulletin du Groupe polytechnicien France-Amérique, mai 1922. Le Général Tripp se trou-vait en Europe en 1922, il visite les Sociétés européennes associées Westinghouse Electric, ce qui le conduit à étudier les situations économiques et industrielles des pays visités.

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À partir du milieu des années 1920, avec la reprise relative du com-merce international, on assiste à une augmentation des activités des fir-mes sur les marchés étrangers. À cette époque est créée la revue franco-américaine, Foreign Trade, par l’American Chamber of Commerce in France.

La revue devient la voix des ambassadeurs américains et a pour mission de développer le commerce entre les deux pays. De nombreuses études sont publiées sur les conditions des marchés français. Cette plate-forme de l’investissement américain est aussi celle de l’ouverture des canaux de diffusion des technologies.

Dans cette revue, écrivent aussi des professeurs d’universités et des économistes, ce qui montre que la présence technico-scientifique américai-ne agit sur tous les leviers de l’économie industrielle. C’est d’ailleurs sous les auspices d’un professeur du département de recherche en science so-ciale de Columbia, Carlton Joseph Huntley Hayes, qu’est publiée en 1929 et en huit volumes une étude économique et sociale sur la France d’après guerre et des années 1920. Le volume portant sur l’évolution industrielle est rédigé par William Ogburn, sociologue de l’Université de Chicago et spécialiste des technologies41, et William Jaffé42 de l’université de Columbia qui présenta, à la Sorbonne, sa thèse sur Thorstein Veblen43. Les auteurs, analysant les grandes performances industrielles de la France d’après-guerre, concluent à l’absence de « révolution industrielle », à l’idée que le développement français s’opère dans la continuité en s’accrochant aux structures héritées du passé. Cela est moins un indicateur de retard que la marque des différents cycles d’évolutions industrielles que connaissent les deux pays. C’est aussi un indicateur des divergences nationales quant à l’interprétation du progrès et des processus de développement.

La vision américaine s’accompagne d’un point de vue sur les techni-ques. Thomas Butts, trade commissioner en France au début des années 1930 explique combien la France reste dépendante des importations amé-ricaines en machines de plus en plus spécialisée, ce en raison d’un non-développement des méthodes modernes de production et de l’étroitesse

41 Sur William. F. Ogburn voir le récent ouvrage de D. E. Nye, Technology Matters, Question to live With, The MIT Press, Cambridge Massachusetts, London, 2006, p. 26.

42 W. F. Ogburn, W. Jaffé, The Economic Development Of Post-War France, a Survey Of Production, New York, Co-lumbia University Press, 1929.

43 W. Jaffé, Les théories économiques et sociales de Thorstein Veblen, contribution à l’histoire des doctrines écono-miques aux États-Unis, Paris, M. Giard, 1924.

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du marché44. Son point de vue reste à mesurer, mais on comprend dès lors son constat : les constructeurs français n’ont pas tiré profit de la présence de dispositifs américains dans l’industrie française et non pas fait évoluer une technologie à partir de ce terrain d’expérience.

L’implantation des firmes répond à des bénéfices technologiques. En 1929, une étude sur les activités des firmes américaines en France est publiée dans Foreign Trade45. 3 000 firmes américaines et établissements rattachés à des maisons-mères américaines sont présentent en France46 dont Kodak47, General Motors, Mac Cormick, Frigidaire, E.W. Bliss Company of Brooklyn.

Si les firmes se trouvaient de plus en plus entre les mains d’un personnel français et étaient conduites par des institutions nationales, les accumula-tions technologiques restaient dépendantes des savoir-faire des maisons-mères ou des firmes qui faisaient autorité dans certaines branches. La Com-pagnie Internationale des Machines agricoles, créée en 1905, importait vers 1930 le matériel de l’International Harverster Company of America.

Les industriels américains qui se rendent en France sont des hommes influents. À l’image d’un Alfred Cotton Bedford, président de la Fédéra-tion InternaFédéra-tionale des Chambres de Commerces et représentant de la Standard Oil, ils participent aux règlements financiers de la guerre et organisent les marchés commerciaux grâce aux avantages techniques dont disposent les firmes. Gerard Swope fut jusqu’en janvier 1919 le président de la Western Electric, puis il passa au service de la GEC. Il créa l’International Gene-ral Electric Company (IGEC) chargée de représenter les intérêts de GEC à l’étranger48. Il se rend en Europe pour le renouvellement des accords avec les maisons associées aux brevets Edison. Il est soutenu par Owen D.

Young, président de la GEC et délégué à la commission des Réparations.

Comme le soulignent les témoignages oraux de Gerard Swope sur les en-jeux technologiques, il fallut sauvegarder la maîtrise des brevets face à la

44 T. Butts, « Guide for American Business in France », U.S. Department of Commerce, Bureau Of Foreign And Do-mestic Commerce, n° 115, United States Government Printing Office, Washington, 1931, pp. 8-10

45 A. W. Wilson, « Americans doing Business in France », Foreign Trade, juin 1929, pp.33-42.

46 H. Bonin, « Equipment goods and mass brands American business spreading modernity into France »? Strate-gies, identity and perception (from the 1940s to the 1980s), Helsinki Congress of the International Economic History Association, 21-25 august 2006: Session 93.

47 « American Enterprise in France : Kodak », Foreign Trade, juin 1927, pp. 418-419 ; M. Rémond, F. Sauteron, Histoire d’une aventure. Kodak-Pathé Vincennes, 1896-1927-1986, Kodak, 1986.

48 M. Wilkins, The maturing of multinational enterprise…op. cit., p.35.

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concurrence émergente49. En 1921, la GEC conduit la Compagnie Fran-çaise pour l’exploitation des procédés Thomson Houston (CFTH)50 et le CGE à regrouper leurs exploitations (fabrications de lampes) afin de créer la Compagnie des Lampes51. La condition première impose l’usage des brevets Edison. Le CGE rejoignait un mouvement international de partage des marchés et des exploitations technologiques. C’est pour la compagnie américaine un moyen de contrôler l’évolution des filières technologiques52. L’IGEC favorisa d’autre part la concentration des entreprises électrotech-niques. C’est ainsi qu’en France fut formée l’Alsthom53.

Les industriels et ingénieurs américains qui participent à la diffusion des technologies sont en liaison avec les universités, à l’image d’un John Joseph Carty. Président de l’International Telephone and Telegraph(ITT)54 et aussi membre actif du NRC, il souligne l’importance de la recherche industrielle et de son financement55.

Les canaux scientifiques : la recherche des répondants

La France entretient des relations avec l’université de Columbia dont les archives conservent la correspondance entre le célèbre Président de l’université, Nicholas Murray Butler et l’Ambassadeur de France à Washington, Jean-Jules Jusserand56. Dès la guerre, le ministère français du Commerce s’intéresse à l’instruction donnée dans les branches industriel-les et commerciaindustriel-les de l’université américaine57.

Les relations entre l’université de Columbia et l’université de Paris se perpétuent dans le cadre d’une démarche multidisciplinaire de profes-seurs américains qui se regroupent au sein de The Society For American

Fel-49 Columbia University, Archival/Manuscript Material, Reminiscences of Gerard Swope, Oral History, 1955, Mis-cellaneous papers relating to the oral history ; D.G. Loth, Swope of G.E., The Story of Gerard Swope and General Electric in American Business, New York, Simon, and Schuster, 1958.

50 Sur la CFTH voir M. Lévy-Leboyer, P. Fridenson, V. Rostas, Thomson’s first century, Jouy-en-Josas, Campus Thomson, 1995.

51 A. Broder, « La multinationalisation de l’industrie électrique française…op. cit. ; Sur la Compagnie Générale d’Électricité voir la thèse récente de Y. Bouvier, La Compagnie Générale d’Électricité : un grand groupe d’élec-tricité et l’État. Technologies, hommes et marchés, 1898-1992, thèse de doctorat d’histoire, Université Paris IV, 2005.

52 P. Lanthier, « L’IGEC et l’organisation mondiale de l’industrie électrotechnique dans l’entre-deux-guerres »,

52 P. Lanthier, « L’IGEC et l’organisation mondiale de l’industrie électrotechnique dans l’entre-deux-guerres »,

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