• Aucun résultat trouvé

Les fonctions de la Représentation en Architecture

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

En effet, à la différence du peintre, la représentation pour l’architecte n’est pas une fin, mais un support d’aide à la réflexion : un outil. Dans cet échange constant avec son esprit, l’architecte doit dégager une idée claire de ce qu’il projette. La représentation doit se focaliser sur l’essentiel, laisser de côté ce qui pourrait parasiter la réflexion. « [...]

comme on le sait, dans tout travail, la part de l’outil est essentielle, il rend les choses possibles, mais laisse des traces ; il faut donc lui accorder toute sa place, mais rien que sa place. »3

Communication

Utilisée comme outil de conception, la représentation peut également être mise au service de la communication. Dans une démarche conceptrice, l’architecte dispose de l’image mentale d’un espace qu’il met à plat pour concrétiser une idée, un concept ou pour servir de support de réflexion. Alors que dans une démarche communicative, l’interlocuteur ne dispose pas, au préalable, de cette image mentale. C’est donc là que réside tout l’enjeu de la représentation pour communiquer. Il ne s’agit plus de rendre compréhensible pour soi-même, mais d’apporter les éléments nécessaires pour que la représentation soit assimilée par un tiers : « Esquisser pour soi implique

une représentation rapide, ouverte, prolongement inconscient de sa pensée, c’est le langage qui se forge avec le temps. Présenter un projet [...] c’est en faire comprendre tous les aspects en se mettant à la portée des interlocuteurs. »4

Deux champs s’entremêlent alors dans cette discipline. Il faut être en mesure de communiquer ce qui est de l’ordre de l’objectif (matériaux,

3 Durand, and Luigi Snozzi. La représentation du projet comme instrument de conception : Ap- proche pratique et critique ; suivi d’un entretien avec Luigi Snozzi. Paris : Ed. de la Villette, 2003, p.12 4 Ibid, p.71

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

dimensions, etc.), mais également, et là est la difficulté, ce qui est de l’ordre du suggestif (concept, idée). Alors que la première s’appuie sur une démarche pragmatique, la deuxième quant à elle peut être laissée à la libre interprétation de l’interlocuteur. La pertinence des choix effectués pour l’expression picturale a donc toute son importance puisqu’elle fait appel à l’expérience sensible des deux parties. Il est important que l’architecte communiquant garde ces deux dimensions en tête s’il veut en maîtriser le message.

La représentation doit également être adaptée au regard critique de l’observateur. Si celui-ci ne dispose pas des éléments pour décoder une image, il pourra encore moins l’interpréter. L’architecte doit alors tenir compte du profil de l’interlocuteur pour s’assurer de la fiabilité de la représentation. Le message ou l’idée à transmettre n’en sera que plus percutant. Pour finir, Jean-Pierre Durand met en garde sur l’éventuelle « part de séduction de toute représentation ». Est-ce que celle-ci va « aider à révéler ou occulter la vraie nature du projet ? »1

Chaque représentation est mystificatrice, ici c’est à l’architecte de bien en discerner les codes pour équilibrer la part entre maîtrise et interprétation.

Construction/Description

À la différente des deux fonctions précédentes, il s’agit ici d’aller au-delà de la compréhension formelle du projet en fournissant les éléments nécessaires pour mener à terme sa construction. Chaque document relatant les dispositions spatiales, les dimensions, les matériaux et comment ceux-ci sont assemblés ont leur importance.

Dans ce cas, l’objectivité de la représentation est souveraine, il

1 Durand, and Luigi Snozzi. La représentation du projet comme instrument de conception : Approche pratique et critique ; suivi d’un entretien avec Luigi Snozzi. Paris : Ed. de la Villette, 2003, p.12

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

n’y a pas de place pour la libre interprétation de l’interlocuteur. Tout doit être expliqué, renseigné, justifié afin de traduire correctement les choix de l’architecte pour les mettre en œuvre sur chantier. Le but étant d’éviter toute interprétation non souhaitée, il faut que le message soit clair pour tous les intervenants qui travaillent sur le projet. De plus, la répartition des tâches sur le site de construction impose à l’architecte de fournir des représentations s’adaptant à différents corps de métier, chacun ayant des attentes particulières pour assurer une bonne mise en œuvre.

Mais cette démultiplication des représentations, qu’elles soient graphiques ou écrites, ne doit pas porter atteinte à la lecture globale de l’édifice. Il est primordial de garder une certaine cohérence entre tous les documents afin de renforcer leur logique d’ensemble et faciliter leur lisibilité en passant de l’un à l’autre.

« Rendre présente une réalité par l’intermédiaire d’une représentation,

ce n’est pas faire croire qu’elle est devant nous, mais c’est dire autrement ce qu’elle recèle. »2

La représentation est un outil que l’architecte tient à sa disposition. Comme nous venons de le voir, celle-ci peut se décliner en différentes fonctions selon l’avancement d’un projet. Il peut être alors intéressant de s’interroger sur la nature profonde de la représentation.

Le terme « représentation » désigne l’image mentale que l’on se fait d’une chose ou d’une idée, mais peut être également employé pour

2 Durand, and Luigi Snozzi. La représentation du projet comme instrument de conception : Approche pratique et critique ; suivi d’un entretien avec Luigi Snozzi. Paris : Ed. de la Villette, 2003, p.14

Le sens d’une représentation : Pourquoi représenter