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PARTIE II : MÉTHODOLOGIE, POPULATION, PROTOCOLE

CHAPITRE 4 : Contextualisation de la recherche, participants, éthique

5.1 Les données

5.1.1 La production des données

5.1.1.1 Les données verbales

Chaque thème étudié a donné lieu à un débat animé par plusieurs équipes. La tâche prescrite prévoit l’utilisation d’un lexique et d’une phraséologie appropriés. La maîtrise d’un champ lexical est, selon Plantin et Muñoz (2011), essentielle pour comprendre ou produire un exposé argumenté, « se debe conocer no sólo las palabras y las construcciones en las cuales éstas intervienen sino también los estereotipos de uso (condiciones de uso)43 » (p.19). Les neuf thèmes traités lors des débats ont étés : Cualquier tiempo pasado fue mejor, La obsolescencia programada, Vivir en el campo es mejor que vivir en la ciudad, La ecología es compatible con un mundo capitalista, El uniforme en la escuela, La experimentación animal y el avance de la ciencia, La legalización del canabis, La cirugía estética et La vida futura en el espacio44. Par ailleurs, l’art du débat ou de la joute oratoire exige de recourir également au lexique et à la phraséologie spécifique. À partir des transcrits, nous avons donc procédé à une extraction des mots et phrases relevant de la langue de spécialité ou du sujet du débat en faisant appel à AntConc. Ensuite, nous avons catalogué dans des fichiers Excel.

Nous détaillons par suite les attendus de la tâche prescrite de l’art du débat en termes de formules de courtoisie, marqueurs du discours, figures rhétoriques et arguments à employer. Toutefois, il convient d’apporter une précision concernant les marqueurs du discours. Nous avons eu quelques difficultés concernant la définition des notions et la terminologie à employer lorsque nous traitions la grande famille des marqueurs du discours. Selon Rodríguez Somolinos (2011), « il s’agit d’un domaine qui est encore largement ouvert et qui manque de cohérence […] La réflexion sur les connecteurs, les marqueurs du discours et les marqueurs pragmatiques n’a jamais été homogène » (p. 3). Pour combler ce manque d’homogénéité, nous avons retenu la classification proposée par Grupo Gorgias et

43 [Il ne faut pas que connaître les mots et les constructions dans lesquelles ces mots interviennent, mais également les stéréotypes d’usage (les conditions d’utilisation)] (traduit par nous)

44 [La vie était meilleur avant, L’obsolescence programmée, Vivre en campagne est mieux que vivre en ville, L’écologie est compatible avec un monde capitaliste, L’uniforme scolaire, L’expérimentation animale et l’avancée de la science, La légalisation du cannabis, La chirurgie esthétique, La vie future dans l’espace] (traduit par nous)

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al., (2015) tout en l’adaptant à notre étude. Nous parlerons ainsi de marqueurs du discours, mais également de connecteurs.

La courtoisie verbale se caractérise par des formes de traitement et des formules de

salutation, appels au débatteur, formules de remerciements et de fin de débat. Compte tenu du temps limité, le choix s’est porté sur des formules brèves dont les formules de salutation : buenos días a todos [bonjour à tous], buenas tardes [bonjour, l’après-midi], hola a todos [proche du « salut », bonjour à tous]. On trouve aussi les appels au débatteur, comme : por favor [s’il-vous-plaît], tengo un punto de información [j’ai un point d’information] et enfin les formules de remerciements et de fin de débat : esta es nuestra opinión [celle-ci est notre opinion], muchas gracias por la atención [merci beaucoup pour votre attention].

Les marqueurs du discours ou connecteurs designent un domaine morcelé, qui est

dû, en partie, aux différentes définitions et classifications des marqueurs du discours qui « varient beaucoup en fonction des différentes traditions linguistiques » (Rodríguez Somolinos, 2011). Dans l’ouvrage du Groupe Gorgias et al., (2015 : 145-147), nous avons trouvé une classification qui correspond à l’objet de notre étude, c’est elle qui guidera notre découpage des marqueurs du discours. Cette classification prend appuie sur la fonction des connecteurs et le type de relation sémantique qu’ils peuvent apporter. À cette classification nous y ajoutons une dernière catégorie de connecteurs, celle nommée par Dorange (2012), « les petits mots de l’échange ». Pour notre étude nous retiendrons « les mots de l’échange ».

Pour des retombées pratiques lors du traitement des résultats et analyses des données verbales, nous utiliserons, essentiellement, le terme « connecteur » qui nous semble bien couvrir le champ de notre application dans la définition proposée par Plantin et Muñoz (2011) : « las palabras de enlace y de orientación, que articulan las informaciones y la argumentación de un texto45 » (Ibid., 2011 : 52).

Selon le Grupo Gorgias et al., (2015), quatre grandes familles constituent les connecteurs : ceux qui structurent l’information, les opérateurs linguistiques, les connecteurs et les marqueurs de la conversation.

Les connecteurs qui structurent l’information, c’est-à-dire ceux qui marquent les

différentes parties dans l’organisation de l’information. Nous en distinguons cinq :

45 [Les mots de liaison et d’orientation qui articulent les informations et l’argumentation d’un texte] (traduit par nous).

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1. les connecteurs d’ouverture ou de présentation indiquent le début d’un texte : para empezar [pour commencer], había una vez [il était une fois], en primer lugar [en premier lieu, dans un premier temps] ;

2. ceux de continuité ajoutent de nouveaux énoncés au discours, sans établir de lien entre les idées : luego [ensuite, après], después [après, ensuite], entonces [alors] ;

3. ceux de fermeture ou concluants indiquent la fin d’un texte ou d’une partie : para acabar [pour terminer], por último [pour finir, enfin], finalmente [finalement], en último lugar [en dernier lieu], en definitiva [en définitive] ; 4. ceux de transition précisent un changement d’idée principale ou introduisent

une nuance à la thématique : por otro lado [d’autre part, par ailleurs], dicho esto [ceci dit, cela dit, ceci étant dit], en cuanto a [quant à], respecto a [concernant, en ce qui concerne] ;

5. ceux de digression introduisent un commentaire au discours présenté préalablement : por cierto [au fait], a propósito [à propos, à ce sujet].

Les opérateurs linguistiques expriment l’attitude de l’émetteur au regard de

l’énoncé et orientent vers un type de traitement de l’information. On distingue :

1. celui qui sert à exprimer un point de vue : en mi opinión [à mon avis, d’après moi, selon moi], desde mi punto de vista [de mon point de vue] ;

2. celui qui manifeste une certitude ou renforce l’argumentaire : de hecho [de fait], en realidad [en fait], por cierto [au fait], evidentemente [évidemment], en efecto [en effet, effectivement], por supuesto [bien sûr] ;

3. celui qui permet de reformuler en utilisant une expression plus adaptée. Pour ce dernier, on en dénombre cinq types :

1. les explicatifs qui présentent les nouvelles idées comme étant une explication des idées antérieures : es decir / o sea [c’est-à-dire], a saber [à savoir] ; 2. les rectificatifs, corrigent tout ou partie de l’énoncé formulé : mejor dicho

[mieux, plus exactement], quiero decir [je veux dire], bueno [bon, bien] ; 3. ceux qui indiquent une distance. Ils annulent la pertinence d’un énoncé : en

cualquier caso [dans tous les cas, quoiqu’il en soit], en todo caso [en tout cas], de todas formas [de toute manière] ;

4. les récapitulatifs : en conclusión [en conclusion, pour conclure], en suma [en somme, bref], resumiendo / en resumidas cuentas [pour résumer], en una

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palabra [en un mot], en definitiva [en définitive], así que [alors, ainsi], total que [au final] ;

5. Ceux qui apportent un exemple : por ejemplo [par exemple], en concreto [concrètement], en particular [en particulier], especialmente [particulièrement, notamment, surtout].

Les connecteurs établissent les relations internes ou sémantiques dans le discours.

Nous en distinguerons plusieurs types.

1. Ceux qui apportent un ajout, une précision : además [en plus, en outre], también [aussi], incluso [même, y compris], y [et], tampoco [non plus], según [selon], por ejemplo [par exemple], en particular [en particulier], especialmente [particulièrement] ;

2. Les contrastifs qui introduisent des relations de contraste ou de contradiction entre les énoncés : pero [mais], sin embargo [toutefois, néanmoins, cependant], por el contrario [au contraire], no obstante [néanmoins, cependant, toutefois], en cambio [en revanche, par contre], ahora bien [cependant] ;

3. Les consécutifs : por tanto [c’est pourquoi, par conséquent], luego [ensuite, après], así [comme cela, comme ceci], pues [eh bien], por consiguiente [par conséquent] ;

4. Le temporel : entonces [à cette époque, à ce moment], mientras tanto [pendant ce temps, entre-temps], ahora [maintenant, en ce moment], de repente [soudainement, tout d’un coup], anteriormente [avant, précédemment] ; 5. Le spatial : aquí [ici], más adelante [devant, plus loin], enfrente [en face,

devant], arriba [en haut, là-haut, plus haut], abajo [vers le bas], al fondo [au fond, du fond].

Et enfin, les les mots de l’échange. Ils sont appelés « marqueurs de la conversation » par le Grupo Gorgias et al. (2015). Ils initient, maintiennent ou achèvent la conversation ou lient les questions et les réponses. Ils sont au nombre de quatre.

1. Le premier est celui qui exprime un énoncé déclaratif : en efecto [en effet, effectivement], claro / por supuesto [bien sûr], por lo visto / al parecer [apparemment] ;

2. Le deuxième est lié à l’expression de volonté : bueno [bon], bien [bien], vale [très bien], de acuerdo [d’accord], depende [ça depend] ;

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3. La troisième relève des expressions permettant d’engager des relations entre partenaires : por favor [s’il-vous-plaît], oiga [écoutez, s’il-vous-plaît], verás [laisse-moi t’expliquer], hombre [dis donc], bueno [bon], perdonen pero [excusez-moi, mais] ;

4. Et enfin, les métadiscursifs ou de contact. Il s’agit d’expressions qui servent à attirer l’attention et maintenir la conversation : ¿Me entiendes ? [tu comprends], ¿en serio ? [sérieusement], ¿verdad ? [vraiment], ¿vale ? [OK].

Les figures rhétoriques concernent le ornatus (du latin, l’élégance) ou beauté de

l’expression linguistique. Elles sont de deux types : les figures rhétoriques de mots ou pragmatiques, et celles de pensée ou sémantiques. Parmi les pragmatiques, citons l’appellation, l’exhortation, la personnification, l’exclamation, l’interrogation rhétorique, l’affirmation et la négation. Quant aux figures de pensée qui établissent des relations entre les signes et la signification, elles sont également variées : l’hyperbole (exagération), l’antithèse (contraste entre deux idées), la sentence (pensée profonde, très efficace pour conclure un discours), la comparaison, la métaphore, l’ironie, le paradoxe.

Toutes ces figurent rhétoriques concourent à l’expression de l’argumentation : pour ou contre, selon la position adoptée. Ces arguments correspondent au discours de la confrontation (accord et désaccord) : estar de acuerdo con [être d’accord avec], coincidir con [être du même avis], no estar de acuerdo [ne pas être d’accord], savoir nuancer, réfuter, supposer, conclure, s’exprimer devant un public : opinar que + indicatif [être d’avis que], pensar que + indicatif [penser que], no pensar que + subjonctif [ne pas penser que], desde el punto de vista de [du point de vue], en mi opinión [à mon avis].

Ce sont des arguments qu’il convient également de pouvoir illustrer par des citations d’autorité qui peuvent renforcer l’approbation du jury du débat, des exemples concrets, des statistiques.