3. Les sept incertitudes de lUMTS
3.4. Les difficultés environnementales et sanitaires
Des contraintes technologiques se retrouvent également dans les domai- nes environnementaux et sanitaires.
3.4.1. Lenvironnement
En ce qui concerne les effets environnementaux des relais, pour des raisons techniques (utilisation sous efficace de la bande passante, augmen- tation du nombre de stations de base), il existe un nombre limité de toits dimmeubles (points hauts) propices à limplantation des antennes relais. Leur installation à mi-hauteur des bâtiments augmenterait tout dabord la nuisance visuelle : le camouflage des mâts restant dune efficacité limitée. Une première solution résiderait dans lévolution technique des anten- nes, pour en diminuer la taille à capacité égale. Un second type de réponse, conforme aux préconisations du Parlement européen [3], serait la mutualisation des points hauts58, ce qui nécessite cependant une bonne coor- dination des différents acteurs de la chaîne de valeur (plus importante que pour le GSM). La gestion opérationnelle (facturation respective entre opé- rateurs, prioritarisation, entretien et remplacement, risque de micro-coupure lors de changements de relais gérés par des opérateurs différents) pourrait savérer délicate, bien que les intégrateurs puissent potentiellement assu- mer cette fonction. En France, TDF pourrait préfigurer les compagnies de sites, proposant des points hauts en partage généralisé (TV, FM, télécoms). Cette dernière solution aurait lavantage de réduire les investissements liés au réseau, daccélérer le déploiement par lutilisation de sites existants, de contribuer à la protection de lenvironnement par la non-multiplication des sites et, enfin, de permettre aux opérateurs de se focaliser sur le cur de leur métier.
3.4.2. Les effets sur la santé
Dans le domaine de la santé, le problème essentiel est celui de la nui- sance médicale des émissions radioélectriques. Théoriquement, la valeur du champ électro-magnétique à 1 mètre dune station de base serait de lordre de celle reçue par la tête lors de lutilisation dun mobile59. En intégrant une exposition prolongée, la présence dune antenne à plus de 2 mètres ne pré- senterait pas de risque, la puissance reçue étant alors bien inférieure à celle résultant dun relais TV ou de la proximité dun micro-onde opérant dans une bande de fréquences proche.
58. Points de diffusion (antennes).
59. La densité de puissance électromagnétique est inversement proportionnelle au carré de la distance.
En matière dencadrement législatif pour lexposition aux radiofréquen- ces, la plupart des pays se réfèrent au standard IEEE60 C95.1-1991. Issu dune norme de 1966, révisé successivement en 1974, 1982, 1991 et 1999, il subit actuellement une refonte complète. Son interprétation en Europe est cependant moins restrictive quaux États-Unis (plafond dexposition de 2W/kg de tissu corporel, contre 1,6W/kg). Par ailleurs, il nest pas démontré que ses recommandations soient réellement adaptées aux téléphones mobiles.
En ce qui concerne spécifiquement ces derniers, la seule étude interna- tionale actuellement disponible61 estime peu probable une relation entre can- cers et exposition aux champs produits par les téléphones mobiles ou les stations de base. Lunique risque identifié se limiterait à un éventuel échauf- fement excessif des tissus, mais pour des niveaux dexposition très supé- rieurs à ceux produits par les téléphones mobiles ou par les stations (respec- tivement à plus de 50 ou 10 fois supérieurs). Plusieurs études officielles devraient compléter ces évaluations62.
3.4.3. Labsence dune réglementation internationale
Dans lattente des résultats des études précitées, les réglementations nationales sont très hétérogènes. En France, lAdministration prépare un décret qui devrait transposer la réglementation européenne de juillet 1999 que les trois opérateurs appliquent déjà spontanément. Au Royaume-Uni, la pose dantenne nécessite lautorisation des riverains situés à moins de 15 mètres et peut parfois justifier le paiement dune rente aux riverains, alors quen France, linstallation dune station de radiofréquence en haut dun immeuble dhabitation nécessite une majorité minimale de 2/3 de ses résidents. Le périmètre de sécurité est de 20 mètres en Italie (face à lan- tenne), 30 mètres en Belgique et en Suisse, mais seulement de 2 mètres en France. En revanche, limplantation des antennes est fréquemment exclue dans les sites sensibles (hôpitaux, crèches, écoles). Afin de respecter les seuils démissions, relatifs à la protection du public, définis par lUnion euro-
60. Institute of Electrical and Electronic Engineers, organisation qui développe des standards en informatique et pour lindustrie électronique.
61. Aide mémoire 193 de lOMS, publié en mai 1998 et réactualisé en juin 2000.
62. Pour une synthèse exhaustive des risques potentiels sur la santé, voir [22] et [23]. Les principales études qui devraient compléter ces évaluations sont :
au niveau international, les conclusions dune étude sur les conséquences de lexposition aux champs (radio)électriques et magnétiques (CEM), initiée par lOrganisation mondiale de la santé (OMS) en mai 1996 et coordonnée par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), sont attendues pour 2003 ;
en France, les résultats du projet COmmunications MObiles et BIOlogie (COMOBIO) sur les effets sanitaires des champs électromagnétiques, financé par le Mental Research Institute (MRI) (12 millions FRF sur 2 ans), seraient disponibles début 2002 ;
toujours en France, le rapport Zmirou de janvier 2001 [22], commandité par la Direction générale de la santé, a jugé la qualité des données scientifiques relatives aux risques sanitaires consécutifs à lutilisation des téléphones mobiles et émis des recommandations en ce do- maine.
péenne [25], la mesure même des émissions radioélectriques des stations émettrices fixes fait lobjet dune normalisation publique progressive en France depuis juin 2001 [24]. Enfin, des mesures incitatives sont diffusées à latten- tion des équipementiers (réduction du niveau démission des mobiles, dis- tance minimale de 100 mètres entre les macro-stations de base et les sites sensibles, orientation des antennes à lécart des bâtiments sensibles à courte distance, élargissement des périmètres de sécurité, affichage explicite sur les emballages des produits commercialisés) et des usagers (usage modéré chez les enfants, informations des conducteurs et renforcement du code de la route). Lexpérience montre cependant que seul le législateur est en me- sure dimposer de tels comportements. Les dépenses relatives au contrôle des effets des champs électro-magnétiques (CEM) sur la santé sont esti- mées à près de 1 milliard USD/an aux États-Unis, ce qui en fait un enjeu important pour les autorités.
La réussite de lUMTS passe donc indubitablement par la maîtrise de ces différents paramètres technologiques. Une bonne qualité de couverture impliquant plus de stations en UMTS, on ne peut se contenter des sites existants. Cela explique en partie le retard déjà constaté dans sa mise en place et donne une idée des efforts à consentir pour se mettre au niveau des attentes suscitées. Cela devrait dailleurs se prolonger tant que lÉtat naura pas défini des objectifs clairs en matière daménagement de lespace électro- magnétique à la fois pour que les niveaux de charge soient suffisants pour garantir la qualité de service et pour rassurer les citoyens sur linnocuité de la charge électro-magnétique ambiante.