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L’instabilité des structures de marché à terme

Dans le document Enjeux économiques de l'UMTS (Page 114-129)

3. Les sept incertitudes de l’UMTS

3.7. L’instabilité des structures de marché à terme

Au vue des points évoqués jusqu’ici, on comprend mieux les incertitudes qui pèsent sur l’UMTS, que ce soit sur le plan financier, technologique ou commercial. Ces trois facteurs sont intimement liés à l’UMTS et évoluent en même temps que celle-ci.

Les projets innovants présentent plusieurs évolutions fondamentales pour les différents acteurs par rapport aux modèles en vigueur. L’UMTS répond à cette définition large sous plusieurs aspects :

• la technologie : les réseaux radioélectriques UMTS utilisent une inter- face CDMA, ce qui constitue un saut technologique avec les réseaux GSM qui fonctionnent en TDMA85. Toutefois, le succès de la technologie anté- rieure et des usages qui en résultent peuvent être un frein au déploiement de celle qui lui succède, comme en témoigne le lent développement d’Internet en France après la réussite du Minitel. Il n’est donc pas exclu que la réussite du GSM soit un frein au développement de l’UMTS ;

• le modèle financier : du fait de l’incompatibilité technologique et des délais d’amortissement nécessaires (8-10 ans dans le cas d’un réseau GSM), l’UMTS se substituerait intégralement au GSM dont les infrastructures, en particulier le sous-système radio (investissement de 1,83 à 2,75 millions €), ne sont pas toujours complètement amorties. Cela peut constituer une forte incitation à opter pour des systèmes intermédiaires, gérant mieux financiè- rement la transition technologique86 ;

• le modèle économique et commercial : la rupture est double. Tout d’abord, le passage de la 2G à la 2,5G se traduit par des services de mobilité à des débits relativement élevés. Ensuite, l’évolution vers la 3G introduit un système ouvert : alors que dans le cadre du GSM les services étaient inté- grés (systèmes propriétaires), réduisant la concurrence à sa dimension tari- faire, les opérateurs UMTS devront se différencier par l’ouverture de leur plate-forme de services à des prestataires extérieurs87.

85. Cf. chapitre précédent.

86. Cet élément est décisif dans l’abandon provisoire de l’UMTS par Bouygues et le déve- loppement envisagé en GPRS/EDGE, sauf à bénéficier d’une profonde refonte des condi- tions tarifaires.

3.7.1. L’incertitude temporelle

Une des conséquences opérationnelles du caractère innovant de ces pro- jets est la sous-estimation de leurs dépenses et le report dans le temps de leurs recettes. L’UMTS présente probablement jusqu’à la caricature ce handicap. Les révisions à la baisse de l’ARPU s’opèrent à la fois sur les plans quantitatif, qualitatif et temporel, alors que les investissements s’avè- rent beaucoup plus importants ; cela est la résultante de coûts non anticipés (bien qu’on n’ait pas forcé les opérateurs allemands et britanniques à en- chérir sur les licences, les prix se sont largement élevés sous la pression concurrentielle), de la difficulté de l’élaboration technique, mais aussi de la charge financière de la dette accumulée.

Tout cela remet en cause le plan de charge des opérateurs qui doivent impérativement trouver des technologies alternatives pour pallier le manque d’activité actuelle et honorer leurs échéanciers [8]. Nous avons vu dans notre première partie que plusieurs d’entre eux pourraient courir un risque de faillite ou de dévalorisation boursière irréversible. Une menace poten- tielle est donc que la 3G devienne techniquement opérationnelle après que des technologies partiellement alternatives auront été déployées pour satis- faire les besoins successivement exprimés mais aussi la nécessaire crois- sance du chiffre d’affaires (voir graphique ci-après).

35. Chronologie des services 3G

Sources : Deloitte Consulting Analysis, Market reports, Ovum, Salomon Smith Barney,

interviews, in [5].

Le rôle de l’incertitude temporelle est manifeste pour les besoins en fré- quences. Fondamentalement, si le besoin à long terme n’est pas remis en cause, en raison de la hausse régulière du trafic et des exigences en termes de débits des nouvelles applications, le problème serait plutôt lié à la crois-

2000 2005 2010

Faible pénétration

des abonnés Pénétration moyennedes abonnés Forte pénétrationdes abonnés

TV mobile

Internet haut débit e-commerce Cartes postales numériques Services d’envoi de données e-journaux Message vidéo Vidéo conférence Vidéo surveillance Streaming Video Vidéo de faible résolution Messages unifiés

Email SMS

sance par vagues successives (brusques accélérations suivies de ralentisse- ments). Lors de l’attribution des licences en France, FTM et SFR estimaient que de nouvelles ressources leur seraient nécessaires dès, respectivement, 2005 et au plus tard, 2009. À un horizon intermédiaire de 2012, d’autres prévisions françaises [15] anticipent au contraire un fort excédent de capa- cités. Enfin, au niveau international, devant l’ampleur du succès du GSM et sous l’impulsion de la Conférence européenne des postes et télécommuni- cations (CEPT), la CM 2000 (Conférence mondiale 2000) négocie la dispo- nibilité de la bande 2500-2690 MHz à l’horizon 2010-2015, voire la réaffectation de la bande 1 800 MHz88 [45], [46] et [47]. L’incertitude tem- porelle se double même d’une seconde source d’interrogation consécutive à l’éventail des technologies qui seront disponibles (en particulier EDGE) (voir graphique suivant).

Source : D’après [15].

36. Évaluation de l’équilibre des capacités en France en 2012

Même si les méthodes de prévisions diffèrent, une telle variabilité sur les besoins en fréquences et la chronologie de leur nécessaire disponibilité s’expli- quent surtout par le volume de communications et le nombre de licences accordées89.

88. Ce qui laisse en suspens la répartition FDD/TDD et surtout le problème des opérateurs GSM1 800.

89. Chaque opérateur devant disposer d’une bande de fréquences spécifique.

EDGE UMTS GSM/GPRS Visiophonie HQ Usages professionnels Services distractifs Services utilitaristes Téléphonie Demande Offre 1 000 800 600 400 200 0 Surcapacité ?

-7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Orange SFR BT 4 ème

37. VAN sur le marché français avec euros opérateurs à un prix de licence identique (4,95 milliards )

VAN – Marché à quatre opérateurs

b. Avec concurrence tarifaire a. Sans concurrence tarifaire

Source : [5]. -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Orange SFR BT 4 ème Orange SFR Bouygues Telecom 4e Orange SFR Bouygues Telecom 4e

3.7.2. L’importance de la part de marché dans la structure de l’industrie

Face à l’incertitude de l’ARPU et la hausse des coûts, la part de marché de chaque opérateur redevient essentielle.

Deux études conduites sur le marché allemand précisent la relation entre rentabilité, croissance de l’ARPU et parts de marché [14]. Tout d’abord, celle du cabinet NorthStream conclut que, face à un opérateur déjà installé détenant 20 % de part de marché, l’équilibre de rentabilité pour un nouvel entrant est atteint avec un ARPU supérieur de 37 % si sa part de marché s’élève à 20 % (identique) ou supérieure à 60 % si sa part de marché s’élève à 15 % (inférieure). Ensuite, celle de l’Institut Management Consulting MSM estime qu’un opérateur devra détenir une part de marché en Allemagne d’au moins 33 % pour être à l’équilibre en 2010.

Convenir qu’il existe une part de marché minimale pour atteindre l’équi- libre financier est équivalent à admettre un nombre maximal d’opérateurs. Les nouveaux entrants sont par ailleurs défavorisés en l’absence d’une base installée, ce qui peut les conduire à une concurrence tarifaire pour atteindre le seuil critique. Dans ce contexte, la viabilité de l’ensemble des opérateurs (6 licences ont été attribués en Allemagne) pourrait être remise en cause.

Ces conclusions ne sont toutefois pas adaptées au marché français pour lequel il n’a jamais été envisagé de dépasser quatre opérateurs en suivant ainsi la règle des trois opérateurs GSM plus 1. On peut s’interroger sur le chiffre optimal entre trois et quatre. Les opérateurs pensent à la limitation en utilisant des arguments difficiles à évaluer. C’est ainsi que des simula- tions ont été effectuées en prenant pour base un marché UMTS de 46 millions d’abonnés en 2011 pour un chiffre d’affaires global de 37 mil- liards € [5]. Selon cette estimation, dans le cas où le marché est constitué des trois opérateurs GSM (FTM, SFR et Bouygues), s’acquittant chacun d’une licence au prix de 4,95 milliards €, la valeur actualisée nette (VAN), sans valeur résiduelle, devient positive en 2009 pour FTM/Orange, 2011 pour SFR et, dans le meilleur des cas fin 2011 pour Bouygues. Si le prix de la licence est diminué de moitié (soit 2,47 milliards €), les VAN devien- draient positives en moyenne deux ans plus tôt.

À partir de ce calcul, la viabilité d’un quatrième opérateur relève d’une expertise complexe. Si les résultats de la projection concluent à des difficul- tés certaines, il n’en reste pas moins que son introduction est loin d’être vouée à l’échec, et que la concurrence y gagnerait sûrement. Nous nous garderons donc de trancher définitivement sur le nombre adéquat d’opéra- teurs pour la norme UMTS. Une seule certitude : celui-ci ne saurait cepen- dant excéder la limite de quatre opérateurs présents sur ce marché. 3.7.3. Vers une concentration du secteur

L’analyse théorique propose plusieurs schémas d’évolution à long terme. Si, pour des raisons techniques, le coût marginal du trafic est continuelle- ment décroissant pour un opérateur, dans des conditions de concurrence pure et parfaite (coût marginal égalisant la recette marginale), l’équilibre est

a priori inaccessible. Trois stratégies se présentent alors à l’opérateur :

• tenter d’obtenir la plus grande part de marché pour amortir ses frais fixes sur la plus grande production possible et faire tendre, in fine, son coût moyen vers le coût marginal (à la limite nul). L’élargissement des bases respectives de clientèle conduit à une concurrence tarifaire pour éliminer les autres opérateurs (équilibre de Bertrand), en particulier les plus faibles, ou à des absorptions [49] ; • la collusion, ou du moins un équilibre de Cournot-Nash, d’autant plus probable que le marché est oligopolistique et les frais fixes élevés [48]. Son objectif est de parvenir à un prix de vente permettant au minimum de cou- vrir le coût moyen. Cela conduit à un niveau de prix limitant la demande et à un ralentissement de la croissance sur les marchés associés, le prix des licences peut être assimilé à un coût pour les opérateurs [49], ce qui peut renforcer cette tendance ;

• limiter le montant des frais fixes, soit unitaires par une dégradation de la qualité (service et couverture), soit totaux en ne couvrant qu’une niche du marché [13]. Dans les deux cas, il y a restriction par les quantités. Cette stratégie n’est a priori envisageable qu’en l’absence de concurrence, mais peut succéder à une phase de concurrence tarifaire très agressive.

Le mouvement de concentration à l’échelle européenne, qui s’est pour- suivi pendant l’attribution des licences 3G, s’inscrit parfaitement dans ce schéma. Apparemment, il concrétise la libéralisation de marchés nationaux encore largement spécifiques, dans la perspective de l’achèvement d’un marché unique. Les grands opérateurs tentent d’élargir le plus possible leur base de clientèle sans qu’a priori une concurrence tarifaire exacerbée soit déclenchée. La constitution de groupes paneuropéens se justifierait par la recherche des économies d’échelle, même de l’ordre de 2 à 4 % de l’ARPU prévu en 2003 [44]. Cependant, outre les gains directs au niveau de la pro- duction, il existe des effets indirects importants [10], [15] : économies d’échelle en amont (relations avec les fournisseurs), en aval (circuits de distribution, image de marque, parc d’abonnés préexistant avec un moindre coût d’ac- quisition et de fidélisation plus faible), économies de variétés.

Les avantages de la concentration sont d’autant plus marqués que l’opé- rateur s’est imposé comme un acteur majeur sur le marché du GSM,

a fortiori s’il s’agit d’un opérateur historique. En effet, dans ce dernier cas,

il peut de plus opérer des subventions croisées entre activités matures ou en position monopolistique (le filaire, les communications internationales des particuliers) et celles en développement ou soumises à la concurrence inter- nationale (le mobile, l’international des entreprises). L’existence d’un free

cash flow important issu des activités amorties [15] lui assure une plus

grande stabilité financière, un coût de l’endettement, à montant identique, plus faible et une meilleure viabilité dans le temps face à une activité ponc- tuellement déficitaire.

Après le montant atteint par les appels d’offre sur les marchés les moins fragmentés, donc a priori les plus susceptibles d’occasionner des écono- mies d’exploitation ou de faciliter une qualité de service homogène et élevée (roaming international), le report du plan d’affaires de l’UMTS ne laisse

dorénavant envisager le maintien comme structure autonome que de ces seuls opérateurs. Au contraire de ce qui était annoncé et qui aurait été per- tinent si le marché 3G avait respecté ses échéances [38], les économies d’échelle à la production importent peu dans le mouvement de concentra- tion à court terme. L’atout déterminant des opérateurs paneuropéens est leur capacité financière.

En fait, les enchères se réinterprètent comme une concurrence tarifaire par la création active de barrières à l’entrée. La seule particularité de cette concurrence détournée réside dans le bénéficiaire : l’État, à travers le pré- lèvement d’un impôt exceptionnel [10], et non l’actionnaire ou l’usager. Une fois la fragilisation financière des petits opérateurs irréversible, la consolida- tion devrait s’accélérer pour aboutir à la constitution de 5 ou 6 groupes, structurés autour des opérateurs GSM dominants sur les marchés majeurs d’Europe : Vodafone, BT Cellnet90, FTM/Orange91, KPN/NTT/TIM, Telefonica, T-Mobil (Deutsche Telekom). Ce n’est qu’une fois la technolo- gie mûre que les effets des économies d’échelle pourront éventuellement se concrétiser.

3.7.4. Les stratégies des opérateurs dans ce contexte

Pour échapper à une absorption hostile, les petits opérateurs seront con- traints d’adopter rapidement une des deux autres solutions (collusion ou niche) ou de s’affilier volontairement à un de ces consortia, la situation étant particulièrement critique pour les nouveaux entrants92.

La stratégie suivie par le finlandais Sonera illustre ce dilemme : dans le dessein de constituer un groupe pan-scandinave, il s’est dans un premier temps associé en Norvège avec l’opérateur local Enitel, afin d’obtenir en octobre 2000 une licence UMTS au prix de 200 millions de couronnes nor- végiennes (environ 25 millions €). En proie à de graves difficultés financiè- res, Sonera n’a cependant pas été en mesure de réaliser un montage simi- laire en Suède et a abandonné de ce fait son projet initial. Finalement, après avoir investi 18 millions € dans cette filiale commune, Sonera a décidé en accord avec son partenaire norvégien la mise en liquidation de cette filiale en août 2001 et l’abandon de leur licence UMTS norvégienne.

Inversement, Group 3G, dans lequel Sonera est associé avec l’opérateur espagnol Telefonica Moviles, a conclu mi-septembre 2001 un accord pour le développement de son réseau 3G en Allemagne en coopération avec E-Plus (filiale de KPN). Telefonica souhaiterait étendre cet accord à d’autres parte-

90. Depuis juin 2001, les deux groupes issus du Royaume-Uni se livrent une concurrence exacerbée : après s’être associé avec Microsoft puis contré l’offre GPRS de BT Cellnet, Vodafone tente de prendre le contrôle de J-Phone, alors que BT Cellnet concluait des accords de réciprocité avec Deutsche Telekom.

91. FTM/Orange est implanté sur le marché UMTS dans onze pays européens (Royaume- Uni, France, Suède Belgique, Danemark, Pays-Bas, Suisse et, de façon plus minoritaire, Autriche, Allemagne, Italie, Portugal)

92. Dans le contexte du respect des échéances initiales de l’UMTS, Forrester Research évoquait la disparition des nouveaux entrants d’ici 2008 [38].

naires, en particulier Vodafone ; Sonera envisagerait de son côté un accord de partage des réseaux UMTS avec KPN [50]. Après une tentative infructueuse de devenir un acteur indépendant majeur, Sonera semble donc résolu à appro- fondir ses relations de partenariat avec deux des groupes dominants en Europe. Sur un marché naissant et bien encadré sur le plan législatif, le gardien de la concurrence, représenté par la Commission, fait en sorte que la collu- sion directe soit peu probable. Par contre, les accords de mutualisation, qui peuvent s’interpréter comme une forme atténuée d’entente, vont probable- ment devenir la règle en Europe. Les États seront alors confrontés à une difficile régulation entre la défense de leurs intérêts patrimoniaux dans les opérateurs et les impératifs de respect de la concurrence et de protection des usagers. Conformément à la théorie et à la réalité constatée sur les marchés des télécommunications [51], la concentration sur le marché de la 3G conduirait probablement à une diminution de la croissance, en réduisant la concurrence à sa dimension technologique (cas du Japon). L’expérience française du GSM confirme que la compétition par les prix nécessite la présence d’au moins 3 opérateurs. À défaut d’un nombre suffisant d’opéra- teurs 3G, la régulation concurrentielle pourrait s’exercer dans une dimension plus transversale [14] en considérant les services de la voix (GSM, UMTS), de l’Internet mobile (GPRS, EDGE, WAP, UMTS), de l’accès (ADSL) et du transport (BLR). Fait nouveau, l’ART imposait à France Télécom mi- septembre 2001 une mesure conservatoire d’interconnexion entre son ré- seau et celui d’un câblo-opérateur privé (décision 01-851 du 31/08/01).

*

* *

En conclusion de ce chapitre, à l’évocation des problèmes rencontrés par l’UMTS, nous sommes plus dubitatifs quant à la réalisation de ses pers- pectives initiales.

L’importance des infrastructures nécessitées pour le déploiement de l’UMTS, combiné au prix sans doute excessif des licences, a fini par provo- quer un endettement généralisé du secteur des télécoms. Cet endettement, supporté différemment selon les opérateurs, va probablement contribuer à ne laisser en place que les seuls opérateurs bénéficiant d’une capacité fi- nancière importante.

Il faut ajouter à cette lourde charge financière l’existence de contraintes technologiques auxquelles est subordonnée la réussite de l’UMTS. Alors que des difficultés environnementales et sanitaires liées à la puissance des émissions radio sont difficiles à résoudre en l’absence d’une législation au niveau international, il semble que des erreurs d’appréciation dans la maîtrise des paramètres technologiques aient été commises. C’est notamment le cas en ce qui concerne les terminaux. Dans le même temps, des technologies con- currentes et alternatives à l’UMTS se sont développées (connexions sans fil, améliorations logicielles, etc.), aboutissant finalement à l’émergence d’une nouvelle concurrence intersectorielle informatique/télécoms.

Enfin, le critère commercial constitue le troisième domaine d’incertitude dans la réussite de l’UMTS. Il n’est pas évident que le marché de la télé- phonie mobile soit en mesure d’absorber l’offre de services générée par la norme UMTS. Dans ce cas, la baisse de l’ARPU, déjà entamée avec la baisse des prix consécutive aux nouvelles stratégies commerciales des opé- rateurs, deviendrait très problématique. Ceci fait ressortir l’importance pré- pondérante de la puissance financière des opérateurs pour rester dans le marché et laisse présager une probable concentration dans l’industrie de la téléphonie mobile.

On le voit, la réussite économique de l’UMTS passe par une bonne ap- préhension de ces différents facteurs à un niveau global évoqué tout au long de ce rapport.

Conclusion du rapport

L’Europe a su réussir la deuxième génération du téléphone mobile grâce à des politiques convergentes et bien coordonnées : ouverture du marché des services de télécommunications à la concurrence qui en a stimulé l’usage ; normalisation technologique du GSM qui a permis la création d’une offre d’infrastructures et de terminaux compétitive et dynamique ; attribution de fréquences radioélectriques pour la deuxième génération dans des condi- tions simples, homogènes et économiques. En moins de cinq ans, le taux de pénétration du téléphone mobile est passé en Europe de quelques pour cent à plus des deux tiers de la population européenne. L’économie européenne a largement bénéficié de ce développement rapide, en termes de croissance, d’emploi et de ressources publiques.

Dès 1998, les gouvernements européens et les services de la commis- sion ont dans le cadre plus vaste du développement de la société de l’infor- mation souhaité créer des conditions analogues pour réussir la troisième génération du téléphone mobile, nouvelle génération devant intégrer la trans- mission de la voix et des données. Pour l’instant, le résultat a été plus mitigé. La coordination technologique a été bonne. Une norme unique a été choisie par l’ensemble des pays européens, la norme UMTS. Bien qu’on ne puisse pas encore au stade actuel l’assurer, cette norme a toutes les chan- ces de devenir la principale norme mondiale. En revanche, une certaine précipitation encouragée par les constructeurs d’équipements a perturbé l’équilibre financier des opérateurs en accélérant l’obsolescence des équi- pements de deuxième génération. En outre, la coordination européenne sur les modalités d’attribution des droits d’usage des fréquences radioélectri- ques a été très insuffisante. Dans une année 2000 où les anticipations sur le développement des nouvelles technologies étaient manifestement excessi- ves et avaient perdu tout repère, il en est résulté une très grande dispersion des prix d’usage du spectre hertzien entre les pays européens. Si le principe

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