3. Les sept incertitudes de lUMTS
3.7. Linstabilité des structures de marché à terme
Au vue des points évoqués jusquici, on comprend mieux les incertitudes qui pèsent sur lUMTS, que ce soit sur le plan financier, technologique ou commercial. Ces trois facteurs sont intimement liés à lUMTS et évoluent en même temps que celle-ci.
Les projets innovants présentent plusieurs évolutions fondamentales pour les différents acteurs par rapport aux modèles en vigueur. LUMTS répond à cette définition large sous plusieurs aspects :
la technologie : les réseaux radioélectriques UMTS utilisent une inter- face CDMA, ce qui constitue un saut technologique avec les réseaux GSM qui fonctionnent en TDMA85. Toutefois, le succès de la technologie anté- rieure et des usages qui en résultent peuvent être un frein au déploiement de celle qui lui succède, comme en témoigne le lent développement dInternet en France après la réussite du Minitel. Il nest donc pas exclu que la réussite du GSM soit un frein au développement de lUMTS ;
le modèle financier : du fait de lincompatibilité technologique et des délais damortissement nécessaires (8-10 ans dans le cas dun réseau GSM), lUMTS se substituerait intégralement au GSM dont les infrastructures, en particulier le sous-système radio (investissement de 1,83 à 2,75 millions ), ne sont pas toujours complètement amorties. Cela peut constituer une forte incitation à opter pour des systèmes intermédiaires, gérant mieux financiè- rement la transition technologique86 ;
le modèle économique et commercial : la rupture est double. Tout dabord, le passage de la 2G à la 2,5G se traduit par des services de mobilité à des débits relativement élevés. Ensuite, lévolution vers la 3G introduit un système ouvert : alors que dans le cadre du GSM les services étaient inté- grés (systèmes propriétaires), réduisant la concurrence à sa dimension tari- faire, les opérateurs UMTS devront se différencier par louverture de leur plate-forme de services à des prestataires extérieurs87.
85. Cf. chapitre précédent.
86. Cet élément est décisif dans labandon provisoire de lUMTS par Bouygues et le déve- loppement envisagé en GPRS/EDGE, sauf à bénéficier dune profonde refonte des condi- tions tarifaires.
3.7.1. Lincertitude temporelle
Une des conséquences opérationnelles du caractère innovant de ces pro- jets est la sous-estimation de leurs dépenses et le report dans le temps de leurs recettes. LUMTS présente probablement jusquà la caricature ce handicap. Les révisions à la baisse de lARPU sopèrent à la fois sur les plans quantitatif, qualitatif et temporel, alors que les investissements savè- rent beaucoup plus importants ; cela est la résultante de coûts non anticipés (bien quon nait pas forcé les opérateurs allemands et britanniques à en- chérir sur les licences, les prix se sont largement élevés sous la pression concurrentielle), de la difficulté de lélaboration technique, mais aussi de la charge financière de la dette accumulée.
Tout cela remet en cause le plan de charge des opérateurs qui doivent impérativement trouver des technologies alternatives pour pallier le manque dactivité actuelle et honorer leurs échéanciers [8]. Nous avons vu dans notre première partie que plusieurs dentre eux pourraient courir un risque de faillite ou de dévalorisation boursière irréversible. Une menace poten- tielle est donc que la 3G devienne techniquement opérationnelle après que des technologies partiellement alternatives auront été déployées pour satis- faire les besoins successivement exprimés mais aussi la nécessaire crois- sance du chiffre daffaires (voir graphique ci-après).
35. Chronologie des services 3G
Sources : Deloitte Consulting Analysis, Market reports, Ovum, Salomon Smith Barney,
interviews, in [5].
Le rôle de lincertitude temporelle est manifeste pour les besoins en fré- quences. Fondamentalement, si le besoin à long terme nest pas remis en cause, en raison de la hausse régulière du trafic et des exigences en termes de débits des nouvelles applications, le problème serait plutôt lié à la crois-
2000 2005 2010
Faible pénétration
des abonnés Pénétration moyennedes abonnés Forte pénétrationdes abonnés
TV mobile
Internet haut débit e-commerce Cartes postales numériques Services denvoi de données e-journaux Message vidéo Vidéo conférence Vidéo surveillance Streaming Video Vidéo de faible résolution Messages unifiés
Email SMS
sance par vagues successives (brusques accélérations suivies de ralentisse- ments). Lors de lattribution des licences en France, FTM et SFR estimaient que de nouvelles ressources leur seraient nécessaires dès, respectivement, 2005 et au plus tard, 2009. À un horizon intermédiaire de 2012, dautres prévisions françaises [15] anticipent au contraire un fort excédent de capa- cités. Enfin, au niveau international, devant lampleur du succès du GSM et sous limpulsion de la Conférence européenne des postes et télécommuni- cations (CEPT), la CM 2000 (Conférence mondiale 2000) négocie la dispo- nibilité de la bande 2500-2690 MHz à lhorizon 2010-2015, voire la réaffectation de la bande 1 800 MHz88 [45], [46] et [47]. Lincertitude tem- porelle se double même dune seconde source dinterrogation consécutive à léventail des technologies qui seront disponibles (en particulier EDGE) (voir graphique suivant).
Source : Daprès [15].
36. Évaluation de léquilibre des capacités en France en 2012
Même si les méthodes de prévisions diffèrent, une telle variabilité sur les besoins en fréquences et la chronologie de leur nécessaire disponibilité sexpli- quent surtout par le volume de communications et le nombre de licences accordées89.
88. Ce qui laisse en suspens la répartition FDD/TDD et surtout le problème des opérateurs GSM1 800.
89. Chaque opérateur devant disposer dune bande de fréquences spécifique.
EDGE UMTS GSM/GPRS Visiophonie HQ Usages professionnels Services distractifs Services utilitaristes Téléphonie Demande Offre 1 000 800 600 400 200 0 Surcapacité ?
-7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Orange SFR BT 4 ème
37. VAN sur le marché français avec euros opérateurs à un prix de licence identique (4,95 milliards )
VAN Marché à quatre opérateurs
b. Avec concurrence tarifaire a. Sans concurrence tarifaire
Source : [5]. -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Orange SFR BT 4 ème Orange SFR Bouygues Telecom 4e Orange SFR Bouygues Telecom 4e
3.7.2. Limportance de la part de marché dans la structure de lindustrie
Face à lincertitude de lARPU et la hausse des coûts, la part de marché de chaque opérateur redevient essentielle.
Deux études conduites sur le marché allemand précisent la relation entre rentabilité, croissance de lARPU et parts de marché [14]. Tout dabord, celle du cabinet NorthStream conclut que, face à un opérateur déjà installé détenant 20 % de part de marché, léquilibre de rentabilité pour un nouvel entrant est atteint avec un ARPU supérieur de 37 % si sa part de marché sélève à 20 % (identique) ou supérieure à 60 % si sa part de marché sélève à 15 % (inférieure). Ensuite, celle de lInstitut Management Consulting MSM estime quun opérateur devra détenir une part de marché en Allemagne dau moins 33 % pour être à léquilibre en 2010.
Convenir quil existe une part de marché minimale pour atteindre léqui- libre financier est équivalent à admettre un nombre maximal dopérateurs. Les nouveaux entrants sont par ailleurs défavorisés en labsence dune base installée, ce qui peut les conduire à une concurrence tarifaire pour atteindre le seuil critique. Dans ce contexte, la viabilité de lensemble des opérateurs (6 licences ont été attribués en Allemagne) pourrait être remise en cause.
Ces conclusions ne sont toutefois pas adaptées au marché français pour lequel il na jamais été envisagé de dépasser quatre opérateurs en suivant ainsi la règle des trois opérateurs GSM plus 1. On peut sinterroger sur le chiffre optimal entre trois et quatre. Les opérateurs pensent à la limitation en utilisant des arguments difficiles à évaluer. Cest ainsi que des simula- tions ont été effectuées en prenant pour base un marché UMTS de 46 millions dabonnés en 2011 pour un chiffre daffaires global de 37 mil- liards [5]. Selon cette estimation, dans le cas où le marché est constitué des trois opérateurs GSM (FTM, SFR et Bouygues), sacquittant chacun dune licence au prix de 4,95 milliards , la valeur actualisée nette (VAN), sans valeur résiduelle, devient positive en 2009 pour FTM/Orange, 2011 pour SFR et, dans le meilleur des cas fin 2011 pour Bouygues. Si le prix de la licence est diminué de moitié (soit 2,47 milliards ), les VAN devien- draient positives en moyenne deux ans plus tôt.
À partir de ce calcul, la viabilité dun quatrième opérateur relève dune expertise complexe. Si les résultats de la projection concluent à des difficul- tés certaines, il nen reste pas moins que son introduction est loin dêtre vouée à léchec, et que la concurrence y gagnerait sûrement. Nous nous garderons donc de trancher définitivement sur le nombre adéquat dopéra- teurs pour la norme UMTS. Une seule certitude : celui-ci ne saurait cepen- dant excéder la limite de quatre opérateurs présents sur ce marché. 3.7.3. Vers une concentration du secteur
Lanalyse théorique propose plusieurs schémas dévolution à long terme. Si, pour des raisons techniques, le coût marginal du trafic est continuelle- ment décroissant pour un opérateur, dans des conditions de concurrence pure et parfaite (coût marginal égalisant la recette marginale), léquilibre est
a priori inaccessible. Trois stratégies se présentent alors à lopérateur :
tenter dobtenir la plus grande part de marché pour amortir ses frais fixes sur la plus grande production possible et faire tendre, in fine, son coût moyen vers le coût marginal (à la limite nul). Lélargissement des bases respectives de clientèle conduit à une concurrence tarifaire pour éliminer les autres opérateurs (équilibre de Bertrand), en particulier les plus faibles, ou à des absorptions [49] ; la collusion, ou du moins un équilibre de Cournot-Nash, dautant plus probable que le marché est oligopolistique et les frais fixes élevés [48]. Son objectif est de parvenir à un prix de vente permettant au minimum de cou- vrir le coût moyen. Cela conduit à un niveau de prix limitant la demande et à un ralentissement de la croissance sur les marchés associés, le prix des licences peut être assimilé à un coût pour les opérateurs [49], ce qui peut renforcer cette tendance ;
limiter le montant des frais fixes, soit unitaires par une dégradation de la qualité (service et couverture), soit totaux en ne couvrant quune niche du marché [13]. Dans les deux cas, il y a restriction par les quantités. Cette stratégie nest a priori envisageable quen labsence de concurrence, mais peut succéder à une phase de concurrence tarifaire très agressive.
Le mouvement de concentration à léchelle européenne, qui sest pour- suivi pendant lattribution des licences 3G, sinscrit parfaitement dans ce schéma. Apparemment, il concrétise la libéralisation de marchés nationaux encore largement spécifiques, dans la perspective de lachèvement dun marché unique. Les grands opérateurs tentent délargir le plus possible leur base de clientèle sans qua priori une concurrence tarifaire exacerbée soit déclenchée. La constitution de groupes paneuropéens se justifierait par la recherche des économies déchelle, même de lordre de 2 à 4 % de lARPU prévu en 2003 [44]. Cependant, outre les gains directs au niveau de la pro- duction, il existe des effets indirects importants [10], [15] : économies déchelle en amont (relations avec les fournisseurs), en aval (circuits de distribution, image de marque, parc dabonnés préexistant avec un moindre coût dac- quisition et de fidélisation plus faible), économies de variétés.
Les avantages de la concentration sont dautant plus marqués que lopé- rateur sest imposé comme un acteur majeur sur le marché du GSM,
a fortiori sil sagit dun opérateur historique. En effet, dans ce dernier cas,
il peut de plus opérer des subventions croisées entre activités matures ou en position monopolistique (le filaire, les communications internationales des particuliers) et celles en développement ou soumises à la concurrence inter- nationale (le mobile, linternational des entreprises). Lexistence dun free
cash flow important issu des activités amorties [15] lui assure une plus
grande stabilité financière, un coût de lendettement, à montant identique, plus faible et une meilleure viabilité dans le temps face à une activité ponc- tuellement déficitaire.
Après le montant atteint par les appels doffre sur les marchés les moins fragmentés, donc a priori les plus susceptibles doccasionner des écono- mies dexploitation ou de faciliter une qualité de service homogène et élevée (roaming international), le report du plan daffaires de lUMTS ne laisse
dorénavant envisager le maintien comme structure autonome que de ces seuls opérateurs. Au contraire de ce qui était annoncé et qui aurait été per- tinent si le marché 3G avait respecté ses échéances [38], les économies déchelle à la production importent peu dans le mouvement de concentra- tion à court terme. Latout déterminant des opérateurs paneuropéens est leur capacité financière.
En fait, les enchères se réinterprètent comme une concurrence tarifaire par la création active de barrières à lentrée. La seule particularité de cette concurrence détournée réside dans le bénéficiaire : lÉtat, à travers le pré- lèvement dun impôt exceptionnel [10], et non lactionnaire ou lusager. Une fois la fragilisation financière des petits opérateurs irréversible, la consolida- tion devrait saccélérer pour aboutir à la constitution de 5 ou 6 groupes, structurés autour des opérateurs GSM dominants sur les marchés majeurs dEurope : Vodafone, BT Cellnet90, FTM/Orange91, KPN/NTT/TIM, Telefonica, T-Mobil (Deutsche Telekom). Ce nest quune fois la technolo- gie mûre que les effets des économies déchelle pourront éventuellement se concrétiser.
3.7.4. Les stratégies des opérateurs dans ce contexte
Pour échapper à une absorption hostile, les petits opérateurs seront con- traints dadopter rapidement une des deux autres solutions (collusion ou niche) ou de saffilier volontairement à un de ces consortia, la situation étant particulièrement critique pour les nouveaux entrants92.
La stratégie suivie par le finlandais Sonera illustre ce dilemme : dans le dessein de constituer un groupe pan-scandinave, il sest dans un premier temps associé en Norvège avec lopérateur local Enitel, afin dobtenir en octobre 2000 une licence UMTS au prix de 200 millions de couronnes nor- végiennes (environ 25 millions ). En proie à de graves difficultés financiè- res, Sonera na cependant pas été en mesure de réaliser un montage simi- laire en Suède et a abandonné de ce fait son projet initial. Finalement, après avoir investi 18 millions dans cette filiale commune, Sonera a décidé en accord avec son partenaire norvégien la mise en liquidation de cette filiale en août 2001 et labandon de leur licence UMTS norvégienne.
Inversement, Group 3G, dans lequel Sonera est associé avec lopérateur espagnol Telefonica Moviles, a conclu mi-septembre 2001 un accord pour le développement de son réseau 3G en Allemagne en coopération avec E-Plus (filiale de KPN). Telefonica souhaiterait étendre cet accord à dautres parte-
90. Depuis juin 2001, les deux groupes issus du Royaume-Uni se livrent une concurrence exacerbée : après sêtre associé avec Microsoft puis contré loffre GPRS de BT Cellnet, Vodafone tente de prendre le contrôle de J-Phone, alors que BT Cellnet concluait des accords de réciprocité avec Deutsche Telekom.
91. FTM/Orange est implanté sur le marché UMTS dans onze pays européens (Royaume- Uni, France, Suède Belgique, Danemark, Pays-Bas, Suisse et, de façon plus minoritaire, Autriche, Allemagne, Italie, Portugal)
92. Dans le contexte du respect des échéances initiales de lUMTS, Forrester Research évoquait la disparition des nouveaux entrants dici 2008 [38].
naires, en particulier Vodafone ; Sonera envisagerait de son côté un accord de partage des réseaux UMTS avec KPN [50]. Après une tentative infructueuse de devenir un acteur indépendant majeur, Sonera semble donc résolu à appro- fondir ses relations de partenariat avec deux des groupes dominants en Europe. Sur un marché naissant et bien encadré sur le plan législatif, le gardien de la concurrence, représenté par la Commission, fait en sorte que la collu- sion directe soit peu probable. Par contre, les accords de mutualisation, qui peuvent sinterpréter comme une forme atténuée dentente, vont probable- ment devenir la règle en Europe. Les États seront alors confrontés à une difficile régulation entre la défense de leurs intérêts patrimoniaux dans les opérateurs et les impératifs de respect de la concurrence et de protection des usagers. Conformément à la théorie et à la réalité constatée sur les marchés des télécommunications [51], la concentration sur le marché de la 3G conduirait probablement à une diminution de la croissance, en réduisant la concurrence à sa dimension technologique (cas du Japon). Lexpérience française du GSM confirme que la compétition par les prix nécessite la présence dau moins 3 opérateurs. À défaut dun nombre suffisant dopéra- teurs 3G, la régulation concurrentielle pourrait sexercer dans une dimension plus transversale [14] en considérant les services de la voix (GSM, UMTS), de lInternet mobile (GPRS, EDGE, WAP, UMTS), de laccès (ADSL) et du transport (BLR). Fait nouveau, lART imposait à France Télécom mi- septembre 2001 une mesure conservatoire dinterconnexion entre son ré- seau et celui dun câblo-opérateur privé (décision 01-851 du 31/08/01).
*
* *
En conclusion de ce chapitre, à lévocation des problèmes rencontrés par lUMTS, nous sommes plus dubitatifs quant à la réalisation de ses pers- pectives initiales.
Limportance des infrastructures nécessitées pour le déploiement de lUMTS, combiné au prix sans doute excessif des licences, a fini par provo- quer un endettement généralisé du secteur des télécoms. Cet endettement, supporté différemment selon les opérateurs, va probablement contribuer à ne laisser en place que les seuls opérateurs bénéficiant dune capacité fi- nancière importante.
Il faut ajouter à cette lourde charge financière lexistence de contraintes technologiques auxquelles est subordonnée la réussite de lUMTS. Alors que des difficultés environnementales et sanitaires liées à la puissance des émissions radio sont difficiles à résoudre en labsence dune législation au niveau international, il semble que des erreurs dappréciation dans la maîtrise des paramètres technologiques aient été commises. Cest notamment le cas en ce qui concerne les terminaux. Dans le même temps, des technologies con- currentes et alternatives à lUMTS se sont développées (connexions sans fil, améliorations logicielles, etc.), aboutissant finalement à lémergence dune nouvelle concurrence intersectorielle informatique/télécoms.
Enfin, le critère commercial constitue le troisième domaine dincertitude dans la réussite de lUMTS. Il nest pas évident que le marché de la télé- phonie mobile soit en mesure dabsorber loffre de services générée par la norme UMTS. Dans ce cas, la baisse de lARPU, déjà entamée avec la baisse des prix consécutive aux nouvelles stratégies commerciales des opé- rateurs, deviendrait très problématique. Ceci fait ressortir limportance pré- pondérante de la puissance financière des opérateurs pour rester dans le marché et laisse présager une probable concentration dans lindustrie de la téléphonie mobile.
On le voit, la réussite économique de lUMTS passe par une bonne ap- préhension de ces différents facteurs à un niveau global évoqué tout au long de ce rapport.
Conclusion du rapport
LEurope a su réussir la deuxième génération du téléphone mobile grâce à des politiques convergentes et bien coordonnées : ouverture du marché des services de télécommunications à la concurrence qui en a stimulé lusage ; normalisation technologique du GSM qui a permis la création dune offre dinfrastructures et de terminaux compétitive et dynamique ; attribution de fréquences radioélectriques pour la deuxième génération dans des condi- tions simples, homogènes et économiques. En moins de cinq ans, le taux de pénétration du téléphone mobile est passé en Europe de quelques pour cent à plus des deux tiers de la population européenne. Léconomie européenne a largement bénéficié de ce développement rapide, en termes de croissance, demploi et de ressources publiques.
Dès 1998, les gouvernements européens et les services de la commis- sion ont dans le cadre plus vaste du développement de la société de linfor- mation souhaité créer des conditions analogues pour réussir la troisième génération du téléphone mobile, nouvelle génération devant intégrer la trans- mission de la voix et des données. Pour linstant, le résultat a été plus mitigé. La coordination technologique a été bonne. Une norme unique a été choisie par lensemble des pays européens, la norme UMTS. Bien quon ne puisse pas encore au stade actuel lassurer, cette norme a toutes les chan- ces de devenir la principale norme mondiale. En revanche, une certaine précipitation encouragée par les constructeurs déquipements a perturbé léquilibre financier des opérateurs en accélérant lobsolescence des équi- pements de deuxième génération. En outre, la coordination européenne sur les modalités dattribution des droits dusage des fréquences radioélectri- ques a été très insuffisante. Dans une année 2000 où les anticipations sur le développement des nouvelles technologies étaient manifestement excessi- ves et avaient perdu tout repère, il en est résulté une très grande dispersion des prix dusage du spectre hertzien entre les pays européens. Si le principe