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Les Différences entre le Voyage et le Tourisme

PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE DES NOTIONS D’IDENTITE, DE VOYAGE ET DE LIEU

CHAPITRE 3 : PERSPECTIVES POUR L’AN PROCHAIN

II. Les Différences entre le Voyage et le Tourisme

Nous avons vu que les notions de voyage et tourisme sont étroitement liées que ce soit au niveau historique ou en ce qui concerne les lieux. Comme nous l’avons vu, le voyage désigne un déplacement qui peut être de plusieurs ordres.

Selon l’OMT19 « le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de

leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs » telle est la définition. On voit que le voyage fait partie

intégrante du tourisme puisque le tourisme pour qu’il ait lieu nécessite un déplacement et le voyage est un déplacement. Il est donc naturel de se demander en quoi le voyageur ne serait-il pas un touriste ? Tandis qu’un grand nombre d’experts se disputent la différence entre voyageur et touriste, d’autres vont même jusqu’à questionner l’existence même d’une différence entre ces deux notions.

1. Touriste et Voyageur

Généralement, le touriste malgré le fait qu’il voyage, est rarement considéré comme un voyageur. Il y a cette idée qu’il répond à une norme et que le voyageur non. REGIS AIRAULT (2000, p.123) expose l’idée qu’il y aurait deux manières de voyager et donc deux types de voyageurs :

o Voyager au spectacle du monde, AIRAULT entend par là, les voyageurs qui se placent dans une bulle et observent en laissant les tour-opérateurs ou les guides décider des limites de là où il peut aller (cette manière de voyageur décrit d’avantage un touriste qu’un voyageur).

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o Voyager à l’épreuve du monde, désigne une façon de voyager plus proche du voyage intérieur qui accompagne le voyage physique. Le voyageur agit et bouge au gré des rencontres et des évènements qui se produisent en ressentant et expérimentant pleinement les moments de son voyage (il se rapproche davantage du mythe du grand voyageur).

Le touriste rentre pleinement dans le cadre imposé par la définition précédemment citée de l’OMT. Il pratique les lieux et circuits dits touristiques voir même il a recours à des prestations touristiques. Le voyageur, dispose de toute la liberté que sa définition implique, il se déplace avec objectif ou non comme bon lui semble. Toutefois des auteurs critiquent cette différence qui est faite entre les notions du livre de JEAN DIDIER URBAIN L’idiot du voyage (2002) car selon lui la distinction n’est plus possible dans notre société. Le postulat n’est qu’un voyageur fini toujours par pratiquer les lieux touristiques au même titre que le touriste, alors ils ne sont pas si différents que cela puisqu’ils finissent aux mêmes endroits. Ce qui les diffère en réalité, c’est que le voyageur à une image positive, alors que le touriste, personne ne veut en être. Selon l’auteur on est tous un peu voyageurs et un peu touristes.

CELINE BAGAULT (2012, article en ligne non paginé) elle critique la démocratisation de la conquête des sommets et oppose vrais alpinistes à touristes. Selon l’autrice, le vrai alpiniste est une personne pratiquant l’alpinisme pour son sport ayant déjà un certain savoir-faire et le touriste serait une personne cherchant à se donner une image de vrai alpiniste en s’adonnant aux mêmes pratiques mais de manière sécurisée, normée et bien-entendu encadrée. Cette démocratisation rendrait la pratique moins agréable pour ce qu’elle appelle les vrais alpinistes.

Pour JEAN DIDIER URBAIN, c’est précisément ce phénomène qui rend selon lui la distinction voyageur et touriste impossible. Dans un monde où tout est encadré, normé et là où les touristes et voyageurs finissent par se rencontrer dans les mêmes lieux, comment les distinguer ?

2. Les motivations

JEAN DIDIER URBAIN nous dit « Le touriste est un symptôme de société » (2012, article en ligne non paginé). Selon l’auteur ce touriste par sa manière de voyager en dit long sur

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l’imaginaire collectif de la société à laquelle il appartient. Il se questionne donc sur ce qui pousse à voyager alors que la nécessité n’est plus là et il en vient à regrouper les causes de récidives sous 4 grandes catégories :

L’initiation est selon l’auteur la première cause de récidive, le voyage aurait alors une valeur

pédagogique pour le voyageur. Il dit « Le voyage étant considéré par le voyageur comme un apprentissage perpétuel, récidiver n’est plus tant en ce cas une répétition que la poursuite pédagogique d’un idéal inscrite dans la continuité indéfinie d’une expérience d’initiation. »

La collection pour l’auteur, l’envie de collectionner les voyages serait fondée sur le mythe

du Grand voyageur, celui pour qui le voyage serait un mode de vie et qui aurait à son actif une grande quantité de lieux visités. Jean Didier Urbain les nomme les serials travellers.

L’addiction, l’auteur compare au drogué le voyageur qui se retrouve dans un état

d’addiction. Il le décrit ainsi : « Ici le voyageur veut retrouver le plaisir perdu d’une première expérience heureuse. »

La consolation, le voyage remède comme dit l’auteur, qui sert à faire oublier ces déceptions,

les blessures qui peuvent être de nature traumatique. Il s’agirait d’une alternative à une expérience ratée passée.

Avec ces quatre motivations proposées par JEAN DIDIER URBAIN il semblerait que le voyageur soit victime de son comportement de voyager, à tel point qu’il convient alors de se demander, le voyage pourrait-il être un besoin ?