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Sous hypothèse 2 Le voyageur est en quête de société idéale

PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE DES NOTIONS D’IDENTITE, DE VOYAGE ET DE LIEU

CHAPITRE 3 : PERSPECTIVES POUR L’AN PROCHAIN

II. Sous hypothèse 2 Le voyageur est en quête de société idéale

Cette sous hypothèse a pour but de démontrer qu’un voyage identitaire peut être motivé par une identité sociale insatisfaisante et qu’un mauvais rapport aux autres et plus particulièrement à son groupe d’appartenance peut provoquer un départ. De plus, il faudra également prouver que la quête identitaire passe forcément par une recherche de société idéale.

1. Une identité sociale insatisfaisante.

Une fois encore, il s’agira de faire référence à notre socle théorique de première partie. Nous allons expliciter une des théories mises en avant par TAJFEL et TURNER qu’est la

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théorie de l’identité sociale qui nous a permis de définir l’identité au regard de la sociologie. Grâce à FREDERIC AUTIN Nous avions abordé un premier continuum avec d’un côté le pôle intergroupe (quand les individus se définissent uniquement par le groupe auquel ils appartiennent) et de l’autre côté le pôle interpersonnel (quand ils se définissent uniquement par leur caractéristiques individuelles).

Nous allons maintenant voir le second continuum qui correspond aux croyances, d’un côté il y a un premier pôle dit de mobilité sociale dans lequel la croyance est qu’un individu qui serait insatisfait de son appartenance groupale pourrait à tout moment changer afin de rejoindre un groupe qu’il jugerait plus valorisant. Ce pôle est opposé au pôle dit de

changement social qui correspond à la croyance qu’un individu est dans l’incapacité la plus

totale de changer son groupe d’appartenance. Ce dernier pôle est le plus souvent associé à une période de grande crise économique ou un chômage important qui ne permettrait pas à l’individu de changer de groupe, en l’occurrence de classe (AUTIN, 2010, p.3). Il s’avère que en cas de conflit ou de crise majeure la croyance se rapprochera du pôle de changement social tandis que dans une société n’étant pas confrontée à une difficulté particulière (comme les sociétés occidentales) la croyance sera de mobilité sociale. Dans notre société occidentale telle qu’elle est aujourd’hui avec un tel accès aux transports (aériens, ferroviaires etc.) nous sommes donc dans dispositions favorables au changement de groupe social.

L’identité sociale varie donc en fonction de ces continuums et ils permettent d’établir les 3 principes suivants :

o Les individus sont en quête d’une identité sociale positive

o Cette identité positive varie en fonction de l’évaluation comparative avec un autre groupe jugé pertinent.

o En cas d’identité sociale négative ou jugée insatisfaisante, les individus tentent soit de rejoindre un nouveau groupe soit rendre l’identité sociale de leur groupe plus positive.

Ce 3ème principe met en avant le fait qu’un individu pourrait vouloir quitter son groupe s’il juge que celui-ci à une identité sociale négative, ainsi, un groupe jugé non satisfaisant par une personne qui en fait partie pourrait être déterminant dans la quête identitaire de cette

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personne. Comme nous nous intéressons au voyage, nous n’allons pas expliciter les différentes stratégies qui visent à rendre son identité sociale positive. Nous retiendrons ici, qu’un individu peut vouloir changer de groupe d’appartenance s’il juge que son identité sociale est négative ou ne lui correspond pas, et lorsqu’il voyage peut-être est-il à la recherche d’une société qu’il jugerait convenable.

2. La quête de société

Nous l’avons déjà vu lors de la première partie dans la quête de société et d’appartenance, RAHID AMIROU entend le voyage comme une quête d’une société meilleure, une société qui nous conviendrait davantage et dans laquelle notre rôle peut être différent. Il le décrit de la manière suivante : « Ainsi, l’expérience touristique est vécue, à tort ou à raison, comme

un exercice de liberté, comme un jeu consacré à dénouer les différentes attaches spatiales et sociétales pour en renouer d’autres. » (2012, p.236). On voit ici, que pour l’auteur l’Autre est

objet de recherche du voyageur et plus précisément le rapport à l’autre est ici au centre des préoccupations. Nous serions donc à la recherche de sociabilités nouvelles à travers le voyage.

Si REGIS AIRAULT nous parle de décalage espace-temps recherché par le voyageur, AMIROU fera de même en utilisant une métaphore de la symbolique de l’île en décrivant le voyage comme « Une utopie qui consiste à sortir de l’espace-temps habituel pour créer – fictivement, certes – un monde à part, une « île ». » (2012, p.238). Ce qui est important ici est que cette quête de société se manifeste également par la volonté d’entrer dans un milieu fermé et de se débarrasser de la contrainte du temps. L’île est ici symbole d’isolement et de tranquillité, comme nous l’aura énoncé AIRAULT lorsqu’il fait référence à l’île des enfants

perdus de Peter Pan qui serait comme un lieu où on peut prendre le temps de changer et de

nous construire. Notre voyageuse interrogée nous aura même confiée chercher cette société idéale d’une certaine manière. Dans sa recherche active d’identité elle nous dit :

« […] même toujours maintenant je ne sais pas ce que c’est ce que je voudrais être et ce que je voudrais faire. Et en voyage à chaque fois que je vois un nouveau lieu je me dis « Ah, est ce que je pourrais habiter là ? » […] « si je pouvais habiter là qu’est-ce que je ferais ? » » (Karine, voyageuse, Toulouse, extrait d’entretien)

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Il y a donc bien dans cette recherche de soi, une recherche de lieu où le voyageur pourrait exprimer sa nouvelle identité et par là forcément une volonté de trouver un groupe qui lui correspondrait.

Désormais nous allons introduire la recherche de bien-être car en effet nous verrons que l’Autre que nous venons de définir comme un élément important à la quête du voyageur est également une source de bien-être subjectif primordiale. La notion de bien-être sous- entend beaucoup de choses, dont des éléments très actuels qui n’auront pas forcément de lien avec notre sujet. Pour cette raison il convient de bien définir le bien-être afin de comprendre de quoi nous parlons en réalité et ce qui est au contraire, exclu de la réflexion.