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A. Les références médiévales européennes

3. Les costumes

« Ensemble des caractéristiques d'une époque, d'un groupe social, d'un genre, le plus souvent immédia-tement perceptibles ou relatives à l'aspect (cf. coutume) 122»,

contrairement au motif du rinceau, cible davantage une temporalité pour un siècle donné ou l’une des périodes historiques. Les revues périodiques mettent en couleur une connaissance des vêtements qui authentifient plus vraisemblablement les représentations.

Trois dessins font voir des personnages aux tenues médiévales. Il s’agit d’esquisses au crayon dénuées de couleurs, à l’exception de MOD 320 qui est une application abstraite d’une assiette conservée au MEN.

Armée du Dictionnaire de l’ornement123 et de parutions des revues suivantes : Le costume

his-torique, un extrait du journal de l’Exposition Universelle de 1900, l’analyse repose sur la

data-tion des tenues vestimentaires représentées.

A. Les couvre-chefs.

(Annexe 23)

- MOD 320, dessine à l’aquarelle une scène galante entre un homme, placé à gauche, en tunique rouge et braies claires, coiffé d’un chapeau, et une dame vêtue de vert et d’une sorte de parme, dans une robe et une cape longues, la tête coiffée d’un chapeau à voilette. Les couleurs sont apposées sans précision délimitant les contours, et font perdre les vêtements du personnage féminin avec le fond verdoyant de la scène. Le couple évolue dans un médaillon délimité par des vaguelettes de la même tonalité parme que la robe, alternant avec un fond bleu. Le personnage masculin porte un chapeau de feutre à bords larges, qui commence à se porter entre 1480-1500 et jusqu’au XVIème siècle ; il prend des formes très variées et peut être paré de plumes, de bijoux, d’enseignes. Le chapeau dessiné n’a aucune parure quelconque.

Sa compagne, quant à elle, porte à son tour un chapeau à bord large, d’où est maintenu un voile qui encadre les côtés et l’arrière de son visage, et retombe sur ses épaules. Il est plus difficile d’en identifier l’origine (en l’absence de détails), mais il s’agirait d’une variante de l’escoffion.

- MOD 505 représenterait le costume féminin des XIVème et XVème siècles pour le groupe du haut, reconnaissable par le chapeau dit atour,

122 https://www.cnrtl.fr/definition/costume consulté le 10/05/20. 123 Dictionnaire de l’ornement, op. cit., p.2.

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« parure de femme noble, puis, dans un sens plus particulier, coiffure à bourrelet (en forme de croissant ou plus élaboré) qui se portait aux XIV-XVème siècles. 124»

L’atour est surtout reconnaissable sur la dame de cour de droite, tournée vers celle de gauche. Le « u » que forme le chapeau est principalement formé du bourrelet d’étoffe en forme de crois-sant. On parle alors aussi de truffeau. La personne de droite, noble au regard des dames de cour portant sa traîne, et la hauteur de son propre couvre-chef couronné, porte aussi un atour. Durant cette période, la mode en usage veut maintenir les cheveux sous un filet, qui fixait également les étoffes et les voilages qui pendaient sur la chevelure relevée en tresses. Il s’agit de l’escof-fion,

« Coiffure de femmes, en usage jusqu'au XVIIe s., qui consistait en une résille englobant les cheveux rejetés en arrière. 125»

qui ici maintient les cheveux sous le grand « u » de l’atour, semblable à un cœur. Les femmes pouvaient se raser le front afin de le faire paraître plus bombé avec la coiffure.

Ce modèle est très intéressant parce qu’il a été décalqué, recopié, d’un portrait du XVème siècle d’Isabeau de Bavière.

(Fig. 31 : BOUCHOT Henri, «Isabeau de Bavière, reine de France, "mariée a 14 ans le 17.e Juillet 1385. a Charles VI, Roy de France, morte à l'hostel de S.t Paul à Paris le 30.e Septembre l'an 1435. Copiée sur une figure faite en son temps »,

Inven-taire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières Départements des estampes et des manuscrits, Paris, 1891, Tome 1.

(Fig. 32 : « Le costume de la femme à travers les Âges », Palais du costume, Exposition universelle, Champ-de-Mars, Paris, 1900).

Il s’agirait de la représentation de la reine Isabeau de Bavière et ses dames de cour. Le modèle et l’inspiration ne font ici pas de doute quant à l’inspiration contemporaine de Gallé et de ses ouvriers. Une exposition en 1900 lors de l’Exposition Universelle présenta plusieurs planches pour faire connaître l’évolution des costumes et des parures durant l’histoire.

124 DEROITTE Luc, Dictionnaire de l’ornement, Éditions Gisserot, 2012, p.25. 125 https://www.cnrtl.fr/definition/escoffion consulté le 10/05/20.

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Au bas du dessin, le groupe de trois personnages représente une scène d’union d’un couple autour d’un officier religieux (sans doute un évêque par son long manteau recouvert de la mo-sette126, l’étole épiscopale qui se distingue dans les plis des grands manteaux, et la mitre). Les deux autres personnages ne sont pas coiffés de la même façon ; en effet le personnage masculin ne porte rien, tandis que la figure féminine n’est couverte que d’un voile fin couvrant tous ses cheveux et cascadant dans son dos. La mode des cheveux libres sous un voile date du XIIème siècle, et dure jusqu’au XIIIème siècle. On distingue alors les grands voiles, cascadant dans le dos presque jusqu’aux pieds et le couvre-chef, voile beaucoup plus court retombant sur le front et les épaules – à distinguer du terme générique127.

- MP84 XX figure un costume Renaissance ; le chapeau consiste en un

« escoffion en turban enroulé d’un tortil et cerclé d’or 128»,

dégageant la longueur de la chevelure sur l’épaule du personnage féminin. On se trouve ici dans une période charnière de l’évolution du costume vers la période suivante.

B. Les vêtements.

(Annexe 23)

- Le dessin MOD 320 se compose de vêtements inspirés du début du XIVème siècle. Ils sont reconnaissables par le costume de l’homme. Celui de la femme étant trop abstrait, l’analyse cible le costume masculin. On distingue cependant la grande longueur de la robe et de la cape, avec la taille marquée d’une ceinture et l’esquisse d’un décolleté plus ouvert. La tenue masculine consiste en une tunique raccourcie au-dessus des genoux, resserrée à la taille ; les manches sont très amples, parfois fendues en long pour faire voir un dessous d’une autre couleur. Le personnage masculin est vêtu de braies collant à la morphologie des jambes et portent des chausses fines aux extrémités pointues.

À cette époque, la distinction de la mode entre masculin et féminin voit le jour ; les femmes conservent la longueur de leurs étoffes et les hommes raccourcissent les vêtements. C’est cette caractéristique qui permet, sur ce dessin, de distinguer le genre des personnages.

- MOD 505 : la description de la reproduction dans l’édition d’Henri Bouchot explique que le tissu de la robe de la reine est fait de brocart : il s’agit d’un tissu dont la fabri-cation date du début de l’ère chrétienne environ ; son rayonnement a d’abord été chinois – pour

126 « Camail [Courte pèlerine des ecclésiastiques] porté par certains dignitaires ecclésiastiques dans la religion catholique », https://www.cnrtl.fr/definition/mosette consulté le 10/05/20.

127 « Pan d'étoffe, bonnet, toque dont les hommes couvraient leur tête avant que la mode n'instaurât la coiffe rigide du chapeau. » https://www.cnrtl.fr/definition/couvre-chef/substantif consulté le 10/05/20.

128 RACINET Albert, Le costume historique : cinq cents planches, trois cents en couleurs, or et argent, deux cents en camaïeu, types principaux du vêtement et de la parure, rapprochés de ceux de l'intérieur de l'habitation dans tous les temps et chez tous les peuples, Paris, 1888.

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l’usage le plus ancien- qui s’étend ensuite dans les régions de la Perse et de Byzance, pour atteindre un grand centre de production et de diffusion en Italie, de 1200 à 1600, qui touche la France par ce biais.

- La figure féminine de MP84 XX est vêtue d’une robe plutôt Renaissance, par la disposition de la collerette ouverte sur un décolleté plus large qu’auparavant. La taille est marquée d’une ceinture pour retenir la longueur – en plusieurs épaisseurs – qui atteint le sol. Les manches descendent jusqu’aux poignets et sont constituées de plusieurs emmanchure, ser-vant à orner le tissu. Les colliers habillant le coup et le buste dénudé font appartenir ce person-nage à la noblesse.