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La famille de substitution va se former petit à petit et les liens vont s’accentuer par les diverses similitudes qu’ils partagent : leurs habitudes, leur culture et les savoir-faire. Ils vont se sentir proches et, ce sentiment d’proximité va s’appuyer par leur statut d’immigrants, dont des fois ils vont sentir différents au reste de la société.

Comment une personne peut-elle prendre la décision d’émigrer de sa terre, de ses racines, de son air, de laisser sa famille, ses amis et sa vie ?

Chaque immigrant péruvien a sa propre histoire, cependant, parler de la décision de partir a été un sujet très délicat lors de mes entretiens. L’histoire de la vie que chaque individu veut garder secret, est un sujet très personnel. « Pourquoi tu es venu en France ? Cette question, je l’entends assez souvent quand je rencontre des nouvelles personnes. La réponse la plus facile à dire c’est, évidemment, que je fais mes études en France, mais bien sûr, il y a une histoire derrière. Ce n’est pas que pour faire des études, il y a un objectif, un rêve ou simplement, une envie qui m’ont fait prendre cette décision. Pas seulement à moi, mais à tous les immigrants. Pour certains c’était une décision, pour d’autres, la seule solution.

Les réfugiés politiques constituent un groupe d’émigrants qui ont pris la décision de partir de leur pays, forcés par des facteurs extérieurs. Ces immigrants avaient chez eux une vie « normale », avec un travail, avec la famille et des amis. La décision de quitter le pays était la seule solution pour rester vivants :

« On a dû quitter le pays, le terrorisme était incontrôlable. Une situation impossible à vivre de près […] ». « On n’a pas eu le choix, mon frère est arrivé en France, et pour nous il était l’opportunité de recommencer une vie […] »

(Héctor, Immigrant par titre de Réfugié Politique )

D’autres immigrants ont décidé de partir de leur pays d’origine pour des raisons diverses, notamment les Péruviens qui ont quitté le pays par des problèmes économiques et sociaux, les Péruviens qui se sont mariés avec des français et les jeunes étudiants. Ces immigrants, dans un moment précis de la vie ont décidé de laisser leur vie, leur famille et leurs amis pour pouvoir satisfaire les besoins et les manques qu’ils ne pouvaient pas trouver dans leur pays. Dans ce cas, et contrairement aux réfugiés politiques, ces individus ont pris un choix de vie.

2.4 Une décision ou la seule solution ?

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D’autres immigrants ont décidé de partir de leur pays d’origine pour des raisons diverses, notamment les Péruviens qui ont quitté le pays par des problèmes économiques et sociaux, les Péruviens qui se sont mariés avec des français et les jeunes étudiants. Ces immigrants, dans un moment précis de la vie ont décidé de laisser leur vie, leur famille et leurs amis pour pouvoir satisfaire les besoins et les manques qu’ils ne pouvaient pas trouver dans leur pays. Dans ce cas, et contrairement aux réfugiés politiques, ces individus ont pris un choix de vie.

Ce choix et non choix d’émigration vont être liés à la relation du moment avec le pays d’accueil. Dans ce sens et en analysant mes entretiens, les émigrants, qui ont laissé leur pays pour des facteurs de vie et mort sont aujourd’hui, attachés beaucoup plus à la France que ceux qui ont eu le choix d’émigrer.

De cet exemple, Héctor, immigré au titre de réfugié politique face à la question : « Tu retournerais dans ton pays ? » a répondu en disant :

« Je suis Péruvien et aussi Français. J’ai fait ma vie dans les deux pays. Le Pérou est mon pays d’origine, le pays qui m’ai regardé grandir, et la France, c’est mon pays d’adoption. Ce pays m’a offert beaucoup de choses, je suis reconnaissant. […] Maintenant, une grande partie de ma famille est ici, je ne pourrai pas quitter la France et ma famille. »

(Héctor, Immigrant par titre de Réfugié Politique )

Contrairement à Kike, immigré en raison de facteurs économiques et aujourd’hui musicien :

« - Demain ! Si je pouvais, je retournerai demain ! » Il a répondu sans réfléchir, avec la voix sure et un regard fixe à mes yeux. « J’ai déjà tout planifié, j’ai un terrain à Tacna, ma ville d’origine. […] Maintenant, j’ai une famille, j’ai des enfants. Mais quand ils seront adultes, ils pourront décider de rester en France, ou de venir au Pérou. Pour l’instant je ne peux pas partir, mais dans quelques années, je suis sûr que je vais quitter la France. »

(Kike, Immigrant depuis 1992)

Cet attachement, comme il a été précisé, va dépendre des facteurs qui ont obligé les individus à prendre le choix de partir, mais il dépendra aussi, des différentes raisons comme le processus d’adaptation, d’intégration et la liaison familiale et sociale.

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2.4.1 Le phénomène de double départ

Chaque individu, durant sa vie, peut expérimenter deux types de migrations: une « migration interne » ou une « migration externe ». La migration interne, est exposée par Jurguen Golte dans son ouvrage « La migration Andina y la cultura peruana », comme un phénomène de migration de la vie rurale à la vie urbaine. Au Pérou, ce processus est la conséquence d’une notable centralisation de la capitale péruvienne où le développement économique et les activités politiques ont pris une grande importance dans la ville de Lima.

Pour Tammy Quintanilla, la migration interne va être une réponse à divers évènements qui se sont produits dans la capitale, durant ces quarante dernières années. En ce sens, la construction des nouvelles infrastructures a généré des élans vers la capitale pour ceux qui cherchent améliorer leur qualité de vie ; le développement industriel et la demande de travail va minimiser la production agricole et intensifier la pauvreté des villes rurales ; et finalement, le terrorisme, a été un des facteurs déclencheur du déplacement en masse de familles : « 80% de la population limeña est d’origine Andéenne. Les facteurs les plus habituels de ce phénomène de migration, sont le développement professionnel et l’amélioration de la qualité de vie. […] Le terrorisme a accéléré ce processus de migration mais il n’a pas changé la tendance de l’histoire, il n’a pas joué dans le processus qui existait déjà. […] » 106

Dans ce contexte, la plupart des immigrants péruviens, aujourd’hui à Nantes, ont souffert d’un processus de « double départ », c’est-à-dire, ils ont vécu une migration interne avant de définitivement, partir de leur pays. Ce processus, comme le processus d’émigration international va s’accentuer au moment des instabilités du pays dont les Péruviens seront obligés à quitter leur ville d’origine pour migrer vers la capital péruvienne.

106 GOLTE, Jurgen. « Cultura,

racionalidad y migración andina, La migración andina y la cultura peruana ». IEP Instituto de Estudios Peruanos. Lima, 2001

L’immigration à la ville de Lima pour les Péruviens est dû, dans la plupart des cas, à une décision familiale produite pendant l’enfance et l’adolescence. Jurguen Golte, affirme que, plus de la moitié de la population habitant la ville de Lima, est issue de l’immigration dont les nouvelles générations de limeños sont le produit d’une migration familiale sur plusieurs générations :

« Je suis limeña, fille de parents immigrants. Mes parents sont arrivés à Lima avec l’objectif d’avoir des meilleures opportunités. », « Je suis originaire de Tacna, je suis parti durant l’année 1976 juste après d’avoir fini le collège. […] La ville était trop petite pour moi, je voulais connaitre « le monde ». Je suis parti à Lima pour trouver des opportunités professionnelles et commencer mes études supérieures. […] Tu sais, en province il n’y a pas un bon niveau d’éducation. »

(Luz, Immigrant depuis 2002 )