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L’insertion a la vie professionnelle : norme d’intégration première

Le phénomène de la validation des diplômes acquis par les immigrants dans leur pays d’origine est important. Un immigrant ingénieur dans son pays, une fois arrivé en France, ne peut pas valider ses diplômes, ce qui oblige certains immigrants à reprendre les études et dans d’autres cas, à faire des petites formations.

Mais qu’est-ce qu’il se passe lorsque un immigrant arrive en France à l’âge de 50 ans, et il n’as pas assez de temps pour reprendre les études ? Comment l’immigrant va pouvoir élever ses enfants sans avoir la possibilité de travailler ? Pour les réfugiés politiques, la plupart des difficultés d’intégration répondent à cette question-là.

Enseignants, ingénieurs, techniciens, ils sont tous qualifiés et ont déjà quelques années d’expériences. Les réfugiés politiques sont des familles de classe moyenne, avec des emplois fixes et une qualité de vie moyenne, une fois arrivés en France, sans connaitre la langue et sans avoir un diplôme. Ces Péruviens vont devoir essayer de trouver un travail dont les exigences comme la maitrise de la langue ne doit pas être un obstacle :

« […] Je suis enseignante, mais quand je suis arrivé en France, je ne pouvais pas exercer mon métier. Travailler comme ouvrière et nettoyer des bâtiments n’a pas été facile, surtout après d’avoir eu plus de 15 ans d’expérience dans l’enseignement. Tu ne te sens pas bien, tu n’évolues pas professionnellement, tu commences à ressentir un sentiment de frustration et tu n’évolues pas humainement.» .

(Alita et Héctor, Immigrants par titre de Réfugiés Politiques)

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Ces immigrants sont obligés de chercher à tout prix un travail, et généralement, un travail en tant qu’ouvrier, qui est souvent mal rémunéré. Lors des entretiens, les immigrants m’ont transmis leur malaise et leur frustration, car même si aujourd’hui, ils ont réussi à trouver un travail fixe, ils ont dû se faire à l’idée de devoir travailler pour gagner de l’argent et non pas pour développer une passion, ce qui donne du sens au travail :

« J’ai toujours eu des petits boulots au noir, avec des petits contrats. J’étais mal payé et bien sûr, je ne pouvais pas exiger un salaire juste car le patron savait que je n’avais rien d’autre […]. »

(Gloria, Immigrant par titre de Réfugiés Politiques)

Elle continua en m’expliquant son ancien métier : « J’étais professeure dans une école maternelle. Quand j’étais au Pérou, je coordonnais le «PRONEIS », Programme Non Scolarisé d’Education Maternelle (en espagnol : Programma No Escolarizado de Educación Inicial). » Elle aimait beaucoup et était très fier de son travail, elle continua : « J’ai enseigné dans les bidonvilles, dans les quartiers le plus pauvres. Dans ces moments-là, le gouvernement ne voulait pas investir et créer des écoles primaires. C’était une situation inimaginable. Mais moi, je suis une femme courageuse, je ne pouvais pas laisser mes enfants sans éducation, j’ai lutté pour ces droits. Moi et les mères des enfants, nous avons fait les choses dans le but que l’État puisse prendre en considération l’éducation des familles les plus pauvres. Et c’est pour cela, Andrea, que venir en France et lutter pour mes droits et pour mes enfants a été facile, car je ne me laisserai jamais faire. »

Apres ces paroles, je n’avais aucun doute sur le faites qu’elle avait un regard diffèrent, une sensibilité unique. Elle a vécu au plus près de la pauvreté, elle a lutté, et elle est très fier d’elle. Elle continua en me parlant de ses petits étudiants.

J’ai pu sentir de la sensibilité dans sa voix et son regard, il ne changeait pas. J’ai continué l’entretien en lui demandant : « Si aujourd’hui, est-ce-que tu es encore enseignante ? Est-ce- que tu as trouvé du travail en France ? ».

Et avec un sourire elle m’a dit : « Bien sûr ! Je suis enseignante encore maintenant. Je vais te raconter. Nous, on est arrivé en France en 1989, et à la rentrée de Septembre, j’ai demandé une liste d’écoles pour que mes enfants puissent étudier. Ils m’ont proposé deux écoles, l’école publique et l’école privée. J’ai choisi l’école privée pour un meilleur avenir pour mes enfants.

J’allais aux réunions parents/professeurs. Et j’ai eu l’opportunité d’avoir une proposition pour travailler en tant que professeur dans l’école de mes enfants».

Elle semblait être contente d’avoir eu l’opportunité que ses frères n’ont pas eu, de pouvoir travailler dans son métier. Elle apprenait à ses élèves l’histoire péruvienne et de la langue espagnole.

Je lui ai demandé si elle avait senti l’exclusion du faites d’être une étrangère à Nantes. Elle me répondu : « Bien sûr ! ». Apres un moment de silence, elle m’a dit : « Je vais te donner un exemple clair, je t’ai dit que je suis enseignante dans l’école primaire. Au début, depuis octobre 1989, j’ai travaillé pour payer les études de mes enfants. Je ne recevais pas d’argent, c’était un échange avec l’école. Et pendant dix ans, je travaillais en gagnant le minimum. Cela, Andrea, ça s’appelle «la discrimination sociale». Apres ces dix ans, je me suis rendu compte que les autres enseignants gagnaient beaucoup plus d’argent que moi, j’ai donc contacté les institutions de l’éducation nationale pour essayer de résoudre le problème, mais l’école a pris dix ans pour régulariser mon salaire. Tu imagines ? Pendant ces 10 ans, je ne recevais rien pour mon travail. Comme je t’ai dit, je suis une femme qui lutte, qui lutte pour les droits de l’homme, et c’est ce que j’ai fait, ça a pris du temps mais j’ai réussi. Il valait mieux que ma situation se régularise sinon l’école allait recevoir une énorme amende.

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Tous les Péruviens, sans exception ont dû subir des moments de frustration et de désespoir résultant d’une requalification imposée par la société française. La difficulté de trouver un travail digne qui correspond leurs compétences.

Les immigrants arrivés en France et mariés avec des Français vont vivre la même situation. Certains d’entre eux vont trouver des petits boulots, cependant cette situation peut être justifiée par le fait d’avoir un statut de mariage, et différent à celui d’employé. Les Péruviens qui n’ont pas un diplôme français, et qui ont souffert d’un divorce, doivent absolument trouver un travail pour pouvoir demander un visa de résidence :

« Je suis diplômé en tourisme et hôtellerie à Lima, je me suis marié avec un français et on est partis vivre en France, je gardais des enfants. Ça a été dur de trouver un travail, mon diplôme ne valait rien ici. […] Une fois divorcé, je devais trouver un travail pour avoir mon visa, mais sans diplôme, comment je pouvais en trouver un? Je suis resté comme une « sans-papiers » pendant un an et demi. […] Quand j’avais eu finis mes études au Pérou, je m’imaginais avoir un bon travail, ici, j’ai un vide que je n’ai pas encore complété. Aujourd’hui je ne travaille pas, mais heureusement, j’ai pu régulariser mon statut de résidente en France. »

(Jimena, Immigrant depuis 2007 )

Certains des immigrants, conscients de la situation de validation des diplômes en France, vont essayer de trouver une alternative qui va pouvoir les aider à trouver un travail dans le futur et de réussir leur insertion professionnelle dans le pays d’accueil. Ceux ayant un diplôme de licence, vont pouvoir continuer leurs études dans un niveau master, qui pour eux, est la porte de sortie à ce problème :

«Quand tu arrives en France et que tu as déjà 34 ans, trouver un travail n’est pas facile. J’ai donc, commencé un master en sociologie du développement à l’école de Paris 1. J’ai fait deux ans d’études, mais finalement, je n’ai pas trouvé un travail. J’ai commencé à chercher d’autres possibilités, car à ce moment-là, ma femme prenait en charge toute la maison et finalement, j’ai trouvé un petit travail comme traducteur de documents. […] Je me sens totalement frustré d’avoir laissé la sociologie. […] Malgré tout, aujourd’hui je suis à 100% dans la musique, et elle est aussi une de mes passions. »

(Kike, Immigrant depuis 1992)

Et je vais te dire une autre chose, il y a de la discrimination à Nantes, j’ai ressenti de la discrimination au quotidien. Si proche comme avec mes collègues de travail. J’ai aussi senti de la discrimination dans les bureaux administratifs, il y en a beaucoup, surtout à cause de la langue. Ils ne font pas l’effort de te comprendre, ils te font sentir le fait d’être étranger. Il y a une discrimination mais il y a aussi des gens très aimables, il y a aussi beaucoup de gentillesse en France ».

GLORIA, Refugié Politique. Extrait de l’entretien.

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Ainsi les Péruviens, vont devoir vivre une situation d’exclusion sociale dans l’ambiance professionnelle. « J’ai senti le racisme dans le travail », « On ne veut pas des étrangers dans cette entreprise » Ce sont les paroles que Yuliana a entendu lors de son entretien de travail.

Comment est-t-il possible qu’après avoir refait des formations, et en ayant les « mêmes » compétences qu’une personne de nationalité française, le migrant ne peut pas trouver un travail équivalent ? Est-ce qu’une nationalité peut attribuer ou enlever des compétences ?

« Quand les Français regardent que tu es bon dans ton travail, c’est là où ils te prennent vraiment en compte ».

(Jacqueline, Immigrant depuis 2000)

En effet, être immigrant va t’enlever des « compétences », mais aussi des opportunités.

Les immigrants péruviens qui sont arrivés en France, ont tendance à expérimenter les différentes formes d’occupation de la ville. L’habitat va jouer un rôle assez important au moment de l’adaptation et à la future intégration dans la ville d’accueil.

Le logement, signifie pour eux, une première façon d’appartenance, dont ils peuvent vivre dans un espace propre à eux : « Ton monde, ton espace, ton chez toi ». Mais comment trouver un « chez soi » en tant qu’immigré? Les Péruviens ont vécu de nombreux problèmes au moment de trouver un logement dans la ville et cela dépend en général du statut de chaque individu. Les immigrants mariés avec des Français, ne vont pas avoir les mêmes difficultés que des immigrants qui sont arrivées pour des problèmes économiques ainsi que les réfugiés politiques.

En général, les immigrants, comme n’importe quel autre groupe issu d’un processus de migration, vont avoir tendance à habiter, en premier lieu, chez la famille ou les amis. Ce premier habitat ne sera que provisoire, et il déprendra du temps que chaque individu prendra pour s’adapter à la ville :

« Je suis arrivé à Nantes parce que j’avais des amis et par ailleurs c’est grâce à eux que j’ai décidé de rester. […] Pendant un moment, je suis resté chez eux jusqu’à ce que je puisse trouver un petit boulot et que j’ai commencé l’université. »

(Jacqueline, Immigrant depuis 2000)