• Aucun résultat trouvé

Un « centre de tri », c’est la définition que Emmanuel Blanchard donne à tout centre d’administration nationale (ambassades, ministère de l’intérieur, préfectures). Ces endroits où les personnes sont enregistrées sur des fiches, des cartes ou des registres et qui ont le pouvoir de changer ton avenir. « […] Il s’agit en fait de freiner ou réorienter les trajectoires des migrants, en somme, les contrôler au plus près, plutôt que de les rendre absolument impossibles. […] Ce sont des lieux d’organisation du passage entre deux pays, un temps de latence où vont être remodelés les désirs, les attentes, les dispositions des candidats au séjour. Il s’agit aussi d’un moment privilégié de socialisation aux pratiques policières et administratives autour desquelles, devra s’organiser la vie des migrants. » 124

Même avant de venir en France, ces démarches administratives signifient un enfer pour certains migrants péruviens. Une ambassade, un ministère, une préfecture. Qu’est qui fait que ces endroits soient si détesté par les immigrants ? L’innombrable quantité de documents à fournir, les questions sur la vie privée, la supériorité que les employeurs reflètent et le manque d’accueil en sont les raisons.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

Un visa, quelle signification peut avoir ce mot ? Pour moi, beaucoup. C’était la première fois que je vivais cet expérience, et jusqu’à maintenant, je ne comprenais pas la vrai signification. Un processus sélectif, où il faut être qualifié pour avoir le droit de partir. Mais quand est-ce que ce processus est-il devenu un processus d’humiliation pour plusieurs familles ? Quand le processus de migration a-t-il perdu le contrôle et que les pays développés doivent faire face à milliers d’immigrants qui représentent une menace pour eux? Et pourquoi jusqu’à aujourd’hui les migrants du tiers monde doivent vivre cette exclusion propre de la nationalité ?

En attendant la réponse de mon dossier, ma pensée n’arrêtait pas de me demander pourquoi nous, et pas eux ? Il y une parole qui me touche au cœur et qui exprime tous les sentiments qu’un individu doit vivre dans ce processus de triage. « On cherche un visa pour un rêve » : Il était sept heures du matin et un par un comme à l’abattoir, parce que chacun, à son prix. On cherche dans le visa, la nécessité ; on cherche un visa, quelle colère ; on cherche un visa, symbole de pouvoir ; on cherche un visa, quoi d’autre je peux faire ? 125

125 Parole de la chanson “Buscando visa

para un sueño” de Juan Luis Guerra. Traduction en francais, texte original: “[…] Eran las siete de la mañana y uno por uno al matadero pues cada cual tiene su precio, buscando visa para un sueño. Buscando visa, la necesidad; buscando visa, qué rabia me da; buscando visa, golpe de poder; buscando visa, qué más puedo hacer. […]”

126 AGIER, Michel. « Terre natale,

ailleurs comme ici. » Actes sud, 2010

Soit dans les ambassades, soit à la préfecture, la société française cherche à préserver sa culture, et c’est pour cela que, les immigrants sont confrontés à ce même processus. Une fois installés dans le pays d’accueil, les Péruviens doivent suivre diverses démarches administratives. En ce sens, l’immigrant va devoir suivre des processus de validation de visa selon les différents statuts de migration. Ce processus passe par un examen médical qui attestera les conditions de santé de l’individu. Dans ce contexte, M. Agir dans son ouvrage Terre Natale, va définir ce système de rétention et réjection comme un « filtrage » : « Dans tous ces lieux, ils sont passées au crible par des examens médicaux, appelés screening (filtrages) dans le langage humanitaire, et également par un screening biographiques standardisés. Au départ comme à l’arrivée, des sélections et des répartitions assignent par les différentes catégories identitaires […] »126 .

Ce processus sera, donc, le premier pas pour l’intégration des immigrants dans la société d’accueil et, il sera aussi le premier contant direct avec la société française. Cependant, les immigrants Péruviens ont vécu des expériences nombreuses et variés lors de leur passage à la préfecture. Pour certains, l’arrogance et le manque d’accueil vont représenter une attitude xénophobe particuliers de ces bureaux administratives. Ces attitudes vont s’accentuer par le problème de communication d’une faible connaissance de la langue française par ces immigrants :

« Tu vas toujours te sentir exclu à la préfecture, et si tu es immigrant, il faut toujours vivre avec cette pensée. Ils vont toujours te faire sentir que tu es étranger, et si tu ne parles pas français, ils vont te traiter comme un handicapé mental. » (Carlos, Immigrant depuis 2010 )

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

« Tu viens d’arriver et tu te sens déjà très perdue, malheureusement, ce qu’ils te font sentir, c’est ton infériorité. […] Oui, comme tu es étranger, tu es inférieur. L’administration française ne fonctionne pas, Tu te sens exclu à cause des démarches administratives, ils te regardent comme un étranger» .

(Javier, Immigrant depuis 1992 )

Dans ce contexte, les immigrants péruviens ont senti l’exclusion et le manque d’acceptation des «étrangers » lors des démarches administratives et cette attitude va changer par rapport à l’individu, son statut et sa condition de vie en France. Pour les immigrants étant arrivés seuls, l’exclusion va être plus accentuée. Par exemple, pour Yuliana, immigrante arrivé il y a une vingtaine d’années et sans liaison directe avec une personne de nationalité française, le ressentiment d’exclusion a été plus fort et il a été intensifié après son divorce : « Il y a des gens qui arrivent en France juste pour avoir des enfants, laissez les enfants ici et retournez dans son pays. ». « J’étais marié. Quand tu es marié avec un français, le traitement est complètement différent que quand tu es divorcé », affirme Jimena. « […] Heureusement j’ai toujours eu à ma mari a cote de moi. » . Finalement et au contraire, chez les étudiants, cette attitude ne sera pas toujours présente.

L’insertion a la vie professionnelle :