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1. P RÉSENTATION DES RÉSULTATS SELON LES TYPES D ’ ANIMAUX

1.3. Les animaux sauvages en liberté

1.3.2. Les animaux sauvages en liberté au deuxième cycle

Les animaux sauvages en liberté forment un tiers des unités d’analyse au deuxième cycle, soit 7 sur 21. On en fait le sujet d’unité de sens pour des raisons semblables, mais aussi différentes qu’au premier cycle. Contrairement au premier cycle, on les présente comme animal à attraper pour manger, et ce, dans 3 unités sur 7. Une unité est singulière, car elle parle d’un animal sauvage disparu, le dinosaure, pour évoquer l’origine du monde. Enfin, comme au premier cycle, plusieurs unités utilisent des communautés animales pour imager les relations entre humains (4 unités sur 7).

Les intérêts des animaux sauvages, au deuxième cycle, sont mentionnés dans 2 unités sur 7. Dans les deux cas, ce sont les comportements des animaux eux-mêmes qui comblent leurs propres besoins. Il s’agit d’une unité qui décrit le comportement de différentes espèces d’oiseaux (2-1A1) et d’une autre qui décrit les comportements au sein d’une meute de loups (2-2A2), où les différents individus assurent le bien-être des membres de la communauté.

Une seule unité présente les groupes d’animaux comme étant formés d’individus ayant une singularité par rapport aux autres (2-1C2). Il s’agit de l’unité décrivant les rôles hiérarchiques chez les loups. Ainsi, le couple Alpha, composé de deux individus, est au sommet de la hiérarchie et agit conséquemment. On pourrait penser que ceci les définit comme ayant une individualité, mais rien ne laisse croire que le couple Alpha diffère d’une meute à l’autre. En d’autres mots, ces individus ne représentent pas toute leur espèce, mais tous les individus occupant ce rôle dans les différentes communautés. De manière semblable, une autre unité de cette collection (2-2C1) décrit les différents rôles joués par les abeilles58. Autrement dit, un individu abeille, loup ou autre est toujours vu

58 Codé comme étant des animaux sauvages car la description du comportement des abeilles (comme celui

comme étant un représentant de son rôle (et non de l’espèce entière, comme c’est le cas pour plusieurs autres unités). Rappelons que ceci est relevé pour déterminer si l’animal est perçu comme un être sensible, c’est-à-dire qu’il a une capacité, en tant qu’individu, à ressentir entre autres du plaisir et de la douleur. Bien que ceci s’applique difficilement aux abeilles avec les connaissances actuelles, rappelons que plusieurs auteurs reconnaissent que les mammifères, comme les loups, sont des êtres sensibles (Sneddon, Adamo, et Leach, 2014).

Aucune unité ne présente les humains comme étant un animal au même titre que les animaux sauvages. Cependant, certaines unités, soient les deux unités où des intérêts sont mentionnés, comparent les comportements humains aux comportements animaux. Penchons-nous d’ailleurs sur ceci.

L’unité 2-1A1 présente un scénario où deux enfants observent les oiseaux sauvages et décrivent leurs comportements. Espèce par espèce, ils décrivent les comportements en les comparant aux comportements des humains en groupe. Ainsi, les étourneaux imitent le chant des autres, et devraient se trouver un chant à eux. Parallèlement, quand on ne donne pas sa propre opinion, on agit comme un étourneau, peut-on y lire. Les vachers, quant à eux, volent les nids et prennent une place qui n’est pas à eux. Il y a aussi des gens qui ne laissent pas assez de place aux autres, poursuit-on. Enfin, les chardonnerets sont sociables et aiment la compagnie. Ils ont un chant unique et prennent leur place tout en acceptant la présence des autres. Nous verrons au prochain chapitre en quoi il peut être utile, mais aussi problématique, de représenter les animaux de cette façon aux élèves.

L’utilité des animaux sauvages en liberté est difficile à discerner dans les manuels au deuxième cycle. Les unités qui décrivent leurs comportements dans leur environnement laissent tantôt entendre qu’ils sont une fin en soi afin de vivre en harmonie dans la nature, tantôt qu’ils remplissent un rôle au sein de leur communauté. Par ailleurs, les trois unités présentant les animaux comme objet de la pêche et de la chasse laissent entendre que leur rôle, autre que de faire partie de la nature, est d’être consommé. Dans aucun cas les humains sont responsables de leurs intérêts ou de leur

bien-être. Le fait qu’ils sont en liberté est normalisé dans toutes les unités, c’est-à-dire que le fait qu’ils jouissent d’espace, de ressources naturelles et de liberté n’est pas commenté dans celles-ci.

Enfin, aucune de ces unités ne semble traiter directement des relations humains- animaux. Elles traitent plutôt des relations entre humains. L’unité 2-2A2 raconte l’histoire fictive célèbre de Mowgli, un enfant élevé par des loups. L’objet final de cette unité est de réfléchir à l’influence de notre famille sur nos goûts et nos talents, et non, par exemple, sur les similitudes et les différences sociales entre les humains et les animaux (le loup étant un animal hautement social). Ainsi, les unités qui décrivent le comportement des animaux le font pour faire un parallèle avec les comportements humains.

Contrairement au premier cycle, où les effets de l’activité humaine sur les populations animales étaient mis de l’avant, les unités qui traitent de chasse et de pêche le font pour leur part sans parler de la relation qui existe entre les animaux sauvages et les humains, comme c’est le cas dans l’unité 2-3A2 où on décrit les intérêts au sein de différentes familles : chez la famille pour qui l’environnement est important, la chasse en forêt fait partie du mode de vie. Le fait de pêcher ou de chasser (de manière individuelle, et non commerciale) est mentionné comme activité régulière chez les gens aimant la nature, faisant un voyage en bateau ou pour un jeune Algonquin59, sans que ces activités n’aient visiblement un effet sur les animaux. Enfin, cette dernière unité est par ailleurs la seule qui parle de coutumes ou traditions. Elle se trouve dans la même collection que les autres unités traitant de chasse et pêche.

En résumé, les animaux sauvages en liberté sont représentés de manière semblable qu’au premier cycle, mais, au lieu de condamner l’activité humaine comme la chasse et la pêche excessives et ses effets néfastes sur les espèces animales, on associe plutôt la chasse et la pêche individuelle à un comportement pratiqué chez les gens aimant la nature.