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1. P RÉSENTATION DES RÉSULTATS SELON LES TYPES D ’ ANIMAUX

1.2. Les animaux d’élevage

1.2.1. Les animaux d’élevage au premier cycle

Les animaux d’élevage sont peu présents au premier cycle du primaire. On les retrouve dans 3 unités sur 37.

Dans chacune de ces trois unités, le fait qu’ils ont des intérêts est présent, et consiste en leur intérêt à manger (3 unités) et à boire (une unité), ainsi qu’à être abrité (une unité). Ces intérêts sont présentés comme une responsabilité des humains, et plus précisément, un besoin qui est comblé en retour des produits que nous offrent les animaux, comme le lait et la viande.

Les animaux d’élevage ne sont présentés comme des individus dans aucune unité, c’est-à-dire qu’aucune caractéristique individuelle n’est mentionnée et qu’aucun animal n’est nommé par un nom. On parle « des vaches dans le pré » (1-6A1), ou alors que « la vache donne du lait et de la viande au fermier » (1-2D2). Malgré l’article défini (la), on comprend qu’on parle de la vache au sens générique.

Si les animaux de compagnie semblaient parfois être placés dans la même catégorie que les humains dans les manuels au premier cycle du primaire, les animaux d’élevage ne le sont pour leur part dans aucun cas. On les place plutôt du côté des plantes, au même titre que les ressources naturelles qui sont vivantes, par exemple dans l’unité 1-6A1, où l’on compare le lait (produit de la vache) et le bois (produit des arbres). Ceci est en lien avec une autre dimension de la grille d’analyse, soit l’analyse de la perception moyen/fin de l’animal. Voyons plus en détail la notion d’utilité de l’animal d’élevage présentée aux élèves du premier cycle.

Lors du codage de leur utilité, il est déterminé que les animaux d’élevage dans les trois unités sont présentés comme un moyen, et non comme une fin en soi. Par exemple, du fait que l’unité 1-6A1 (où on explique le processus de fabrication du lait) porte le titre « La nature à notre service », on peut aisément attribuer une présentation de l’animal comme moyen. Dans tous les cas, leur utilité est d’ailleurs l’objet principal du propos. À noter cependant que cette utilité est sous-entendue dans l’unité 1-9A1, car le fait de traire les vaches et de nourrir les poules et les lapins est présenté comme travail à faire à la ferme (au même titre que s’occuper du jardin) mais la consommation de lait, d’œufs, et de chair (ou de fourrure) de lapin n’est pas explicitement mentionnée.

Leur captivité est justifiée, ou du moins normalisée, dans les 3 cas. Ce codage est possible car la domestication et la captivité ne sont pas remises en question lorsque l’histoire de leur domestication est relatée (1-2D2) et car on ne mentionne pas comment cette captivité peut affecter le bien-être animal (les deux autre unités).

Le caractère traditionnel est mentionné dans deux unités sur trois. La culture autochtone est mentionnée en ouverture de l’unité 1-6A156 pour amener l'idée qu’utiliser les animaux est une coutume de longue date, pratiquée par des peuples près de la nature. L’unité 1-9A1 pour sa part porte sur la vie sur la ferme il y a quelques générations. En contraste, le caractère idéal57 de la relation avec les animaux d’élevage est implicite dans l’unité 1-2D2, où on relate qu’autrefois, tous les animaux étaient sauvages et qu’au fil du temps, certains ont été apprivoisés pour en faire des animaux d’élevage, ce qui mène aujourd’hui à une situation où les besoins sont « satisfaits de manière complémentaire ».

En résumé, les animaux d’élevage au premier cycle sont peu présents, sont représentés comme étant au service de l’humain et comme recevant toujours les seuls soins dont ils ont besoin, soit de manger, boire et être abrités. On utilise la culture

56 Rappelons que toute unité étant présente dans la portion Culture religieuse des manuels n’a pas été

analysée (voir chapitre méthodologie). Cette unité se trouve dans une section d’Éthique du manuel, bien qu’elle fasse mention de la culture autochtone.

57 Il a été codé idéal lorsque les unités présentait une situation avec une intention « C’est actuellement ainsi

et c’est très bien » Les deux autres possibilités sont : « C’est ainsi car c’était ainsi auparavant » (tradition ou coutume) ou alors, « c’est ainsi mais cela devrait changer » (aucun codage ).

autochtone, les pratiques de nos grands-parents, ainsi que l’innovation humaine pour expliquer leur relation actuelle avec les humains, décrite comme étant une où les besoins sont satisfaits de manière complémentaire.

1.2.2. Les animaux d’élevage au deuxième cycle

Une seule unité (2-1C1) présente brièvement les animaux d’élevage dans les manuels au deuxième cycle du primaire. Nommée « Vivre en groupe », elle porte sur le besoin des humains à se regrouper. On mentionne brièvement les débuts de l’élevage animal par les humains. On y lit :

[…] les premiers humains s’assemblaient déjà en petits groupes. […] ils parvenaient à nourrir chaque membre du groupe en chassant et en cueillant des plantes et des fruits. Petit à petit, les êtres humains se sont mis à cultiver la terre et à élever des animaux.

Pour débuter l’analyse, nous relevons qu’aucun intérêt ou besoin des animaux n’est mentionné. L’animal est présenté comme un groupe, différents des humains, et dont l’utilité est la survie des humains. On semble faire appel ici à la tradition en relatant que nos ancêtres ont amélioré leur qualité de vie en développant l’élevage animal afin de remplacer la chasse. L’unité ne porte pas sur cette relation étroite entre humains et animaux d’élevage, c’est-à-dire la longue histoire de la domestication, mais plutôt sur les relations entre les humains entre eux, car l’unité porte essentiellement sur le besoin des humains de se regrouper et subvenir à leurs besoins.

Pour résumer, cette unité rappelle l’unité 1-2D2 au premier cycle, mais diffère légèrement car il ne s’agit plus d’une relation décrite comme étant mutuellement bénéfique, mais comme un développement humain au même titre que l’invention de l’agriculture. Il s’agit ici d’une description historique plutôt que d’un portrait actuel, comme c’est le cas au premier cycle.

1.2.3. Les animaux d’élevage au troisième cycle

Les animaux d’élevage au troisième cycle sont pratiquement absents : une seule unité de sens a été repérée. Elle fait partie d’une unité d’enseignement portant sur le temps de la scolarisation. Les animaux d’élevage y sont mentionnés au passage dans une description du travail imposé aux enfants des années 1950 au sein de leurs familles, où on relate qu’au lieu de continuer à aller à l’école, les enfants devaient aider à la ferme familiale afin de s’occuper de la terre et des animaux. On demande ensuite à l’élève de réfléchir sur l’âge idéal pour devenir responsable de ses propres besoins. Cette unité de sens ne porte aucunement sur les animaux eux-mêmes, mais elle a dû être incluse, car elle répond tout de même aux critères d’inclusion, élaborés dans la méthodologie.

Dans cette unité, les intérêts des animaux ne sont pas discutés. Les animaux de la ferme sont vus comme un groupe homogène dans lequel on ne distingue pas d’individus. L’humain en est responsable au sens où il doit s’occuper d’eux afin de maintenir le fonctionnement de la ferme. On sous-entend que l’utilité des animaux est d’être consommés ou de produire des sous-produits (que ce soit du lait, des œufs ou autres). Il a été codé qu’il s’agit ici de coutumes, car on relate des faits caractérisant une époque il y a plus d’un demi-siècle, afin de contraster les moeurs. Autrement dit, on présente qu’autrefois, les animaux de ferme se retrouvaient dans les fermes familiales et que les enfants étaient souvent appelés à s’en occuper. Le fait que ceci ne soit plus la réalité des familles d’aujourd’hui n’est par contre pas caractérisé comme étant une bonne chose ou non, contrairement à la scolarité plus longue d’aujourd’hui, sous-entendue comme étant une bonne chose dans l’unité.

En somme, les animaux d’élevage sont mentionnés au passage lors d’une description de la réalité des familles d’autrefois. Le fait que les conditions d’élevage étaient très différentes à l’époque n’est pas souligné.