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1. Les interprètes de terrain au CICR : présentation générale

1.1. Présentation du CICR

1.1.2. Les activités de l’organisation

De la mission du CICR, que nous nous permettons de citer intégralement ci-dessous, découle un ensemble d’activités que nous exposerons brièvement. Le but n’est pas ici d’être exhaustif mais d’offrir une vue d’ensemble des principaux domaines d’intervention de l’organisation.

« Organisation impartiale, neutre et indépendante, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de la guerre et de la violence interne, et de leur porter assistance. Il dirige et coordonne les activités internationales de secours du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans les situations de conflit. Il s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et des principes

21 Ibid.

22 L’impartialité étant l’un des sept principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Croix-Rouge auquel appartient le CICR. Le Mouvement, et, de ce fait le CICR : « ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes », in Manuel du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, treizième édition 1994, Genève, CICR et Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, 2ème de couverture.

humanitaires universels. Créé en 1863, le CICR est à l’origine du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. »23

Dès lors, les activités du CICR à travers le monde comportent trois volets : protection, assistance, et promotion du DIH. La promotion du DIH consiste à mieux faire connaître le DIH afin d’en assurer le respect, ainsi qu’à attirer l’attention sur les violations du DIH, et, contribuer à son développement24. Autrement dit, le CICR étant le gardien du DIH, il est chargé de le faire connaître aux forces armées, aux parties à un conflit, aux Etats, tout en incitant ces derniers à intégrer le DIH et les droits de l’homme dans leur législation nationale. L’intégration du DIH et des droits de l’homme dans la législation nationale est le meilleur garant, à long terme, d’un outil efficace pour lutter contre l’impunité. La diffusion du DIH s’adresse donc aux acteurs directs au sein d’un conflit, que l’on appelle les « porteurs d’armes », ainsi qu’aux décideurs pendant un conflit, mais aussi en temps de paix. Le développement du DIH consiste par exemple à inviter les Etats à ratifier les textes existants, comme c’est le cas pour les mines antipersonnel, ou encore à rédiger et adopter de nouveaux textes juridiques ad hoc comme en témoigne le processus qui a donné naissance aux quatre Conventions de Genève. Ainsi la troisième Convention de Genève du 12 août 1949 relative au traitement des prisonniers de guerre a-t-elle été élaborée suite et à la première guerre mondiale et développée après la seconde, après avoir constaté le cruel manque de protection juridique offert à cette catégorie de personnes.

23 In Découvrez le CICR, op.cit., p. 53.

24 Ibid., p.3.

L’assistance consiste essentiellement à « fournir nourriture, eau et soin de santé aux civils privés d’accès à ces biens et services essentiels »25. Cela peut passer par une assistance alimentaire directe sous forme de denrées alimentaires en cas de pénurie, ou encore, une aide matérielle d’urgence en cas de déplacements de population dus aux hostilités engendrant un grand nombre de réfugiés. Dans le cas précédent, il s’agira d’articles comme des tentes, des couvertures de survie et des articles de cuisine par exemple. L’assistance peut également être d’ordre médical : matériel pour soigner les blessés en cas d’affluence, et aide aux services orthopédiques à plus long terme. Enfin, l’assistance de manière générale suppose une action de réhabilitation ⎯en cas d’incapacité des autorités à intervenir ⎯ des services essentiels nécessaires à la vie de la population à plus long terme. Ainsi, le département eau et habitat du CICR peut proposer son aide soit pour réhabiliter le système d’assainissement des eaux ou encore pour mettre en place un système viable garantissant l’accès à l’eau potable aux civils touchés par un conflit.

Enfin, la protection est au cœur du mandat de l’organisation et de l’action qu’elle mène. La protection englobe plusieurs tâches pour le CICR, notamment les visites des prisonniers de guerre et des détenus civils, ce sont les activités liées à la détention, sur lesquelles nous reviendrons plus longuement par la suite. C’est en effet principalement pour la détention que le CICR recourt à des interprètes de terrain. Mais la protection s’occupe également « de rechercher les personnes dont les proches sont sans nouvelles ou portées disparues », ainsi que « d’organiser l’échange de messages entre les membres des familles séparés par un conflit ». Pour finir, c’est aussi à la

25 Ibid.

protection qu’il revient « de faciliter le regroupement des familles dispersées »26. L’activité de « l’agence de recherche des disparus et rétablissement des liens familiaux », pour laquelle le terme « tracing » en anglais est beaucoup plus économique, est sans doute la plus fastidieuse ; il n’y a qu’à imaginer le travail d’archivage et de classement que supposent les caisses de fiches de prisonniers de guerre de la première guerre mondiale, qui remplissent une salle entière du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Croix-Rouge27. Cette activité est cependant essentielle et parfois très gratifiante, par exemple lorsque l’on doit annoncer à une famille sans nouvelle d’un fils depuis des mois, que la personne en question est bien vivante.