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1. Les interprètes de terrain au CICR : présentation générale

1.2. Les interprètes du CICR

1.2.2. La formation offerte par l’organisation

Certes, les interprètes/traducteurs exerçant sur le terrain n’ont, en général, reçu aucune formation d’interprète, mais l’organisation propose une formation à tout son personnel destinée à l’expatriation. Cette formation selon qu’elle est effectuée à Genève ou dans un centre régional de formation durant la mission dure un mois ou environ deux semaines. Il s’agit d’une formation extrêmement intensive appelée « Cours d’intégration » qui prévoit, pour ce qui de la formation sur le terrain44, dix-sept modules

44 L’auteur de ce travail ayant effectué la formation sur le terrain, peut en proposer une description détaillée. Il s’agit d’une description du cours d’intégration de terrain tel qu’il s’est tenu à Petra, en Jordanie, en mai 2007. Le cours d’intégration dispensé dans les Unités de formation régionales a été revu

ainsi que des exercices de groupe sous forme de jeux de rôles. Ces derniers visent à permettre au personnel d’assimiler l’information et de savoir l’utiliser en situation, ainsi qu’à développer l’esprit d’équipe et la capacité à travailler en groupe ainsi qu’à interagir avec les différents interlocuteurs45. Ces différentes aptitudes sont essentielles pour exercer au sein de l’organisation. En effet, la réussite du travail de l’organisation dépend souvent en grande partie des capacités de communication et de négociation de son personnel. Nous proposons ici de présenter les différents modules brièvement afin de donner un aperçu général des outils offerts par l’organisation :

1) Le Mouvement : présentation du Mouvement international de la Croix-rouge et du Croissant-Rouge, de l’histoire du CICR et de ses méthodes de travail.

2) Travailler en groupe et prendre la parole en public : sensibilisation au travail en groupe. Chaque participant devra, en outre, faire une présentation orale en public.

3) L’environnement humanitaire : quels sont les différents acteurs humanitaires et de quelle manière le CICR travaille avec eux. L’explosion d’organisations émanant de la société civile à vocation humanitaire nécessite en effet une coordination des activités sur le terrain.

en juillet 2008. La description que nous en proposons n’est sans doute plus d’actualité. Le cours s’est calqué sur la nouvelle version de la formation dispensée à Genève tout en s’adaptant à un public ayant déjà une expérience (voir note 47). Mais ces changements n’ont pas de véritable conséquence pour ce qui concerne la formation des interprètes en soi.

45 Voir à ce propos le reportage d’Anne Coudin intitulé Exercices de guerre diffusé sur France Culture pour la première fois le 26 septembre 2005, et rediffusé le 10 novembre 2008 dans l’émission de Sonia Kronlund Les pieds sur terre dans le cadre d’une semaine de commémoration du 11 novembre 1918 sous le thème : « Le bel avenir de la guerre ». Ce reportage porte spécifiquement sur le cours de formation offert par le CICR. Disponible à l’adresse :

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/pieds/fiche.php?diffusion_id=67992, consulté le 26 décembre 2008.

4) Droit international humanitaire : présentation des Conventions de Genève et des fondements et principes du droit international humanitaire.

5) Alpésie : il s’agit d’une étude de cas, reprise tout au long de la formation, et permettant de mettre en pratique sur la base d’une situation fictive.

6) Structure du siège : organigramme du siège du CICR et son fonctionnement.

7) L’assistance : quels domaines d’intervention et sur quels critères ? 8) Logistique : présentation des ressources logistiques.

9) « Cross-cultural awareness » ou la sensibilité transculturelle : sensibilisation à la médiation culturelle en s’appuyant sur des cas concrets et de situations vécues par les différents participants.

10) Protection : présentation des activités de protection.

11) Communication : présentation des principes fondamentaux en matière de communication et des ressources et moyens utilisés. Par exemple comment faire un communiqué de presse ou organiser une campagne de prévention.

12) Formations pour le personnel CICR : les formations offertes en interne.

13) Systèmes d’information : fonctionnement de la messagerie, sécurité de la transmission d’information, bases de données.

14) Gestion des ressources humaines : carrières et possibilités d’évolution.

15) Sécurité : principes de base pour la sécurité. Que faire en cas d’incident

17) Perspectives d’avenir pour le CICR

En raison des limites de ce travail, il n’est pas possible de rentrer dans le détail des différents modules. Néanmoins, il pourrait être intéressant d’examiner de plus près la structure et le contenu du cours d’intégration dans le cadre d’une recherche ultérieure en vue d’insérer éventuellement un module de formation sur le travail de traduction et d’interprétation. Signalons cependant, que le cours d’intégration qui se tient à Genève inclut un exercice de jeu de rôle invitant à réfléchir sur les rôles respectifs du délégué et de l’interprète47.

Deux éléments ressortent de cette brève présentation de la formation générale offerte par l’organisation. Tout d’abord un constat : il n’y a pas de formation dispensée,

46 Voir à ce propos : LLOYD ROBERTS David (2006). Staying alive: safety and security guidelines for humanitarian volunteers in conflict areas. Genève, CICR. 160 p.

47 Le cours d’intégration qui se tient à Genève s’adresse à un public ayant une compréhension passive du français tandis que le cours décentralisé se déroule entièrement en anglais. La formation dispensée au siège s’adresse en outre à des personnes récemment embauchées et n’ayant par conséquent aucune expérience de terrain, du moins avec le CICR. Ce cours a fait l’objet en juillet 2008 d’une profonde restructuration. Le nouveau cours d’intégration qui se tient à Genève est désormais conçu de la façon suivante : il commence par un module d’autoformation (environ 30h), suivi du « module de base » qui se déroule sur 15 jours à Genève. Pendant les premiers mois d’exercice l’employé doit poursuivre un

« apprentissage en situation » basé sur des questionnaires et des échanges avec un pair qui l’invitent à poursuivre sa réflexion et la développer. Pour finir, après cinq à sept mois de mission, il devra suivre un

« module d’approfondissement » dans l’un des centres de formation régionaux. Le module de base comprend un module « travailler avec un interprète » dans la partie destinée aux personnes exerçant dans la protection.

pas même sous la forme d’une initiation, concernant les techniques et le métier de traducteur ou d’interprète. Les modules sur le stress et la sécurité sont en revanche très utiles pour l’exercice de la profession dans des zones de troubles dans la mesure où elles proposent quelques règles fondamentales sur le comportement à adopter et sur les types de stress auquel est soumis le personnel en mission. Soulignons cependant que le cours d’intégration offre une base solide et une connaissance approfondie de l’organisation qui, à bien des égards, facilitent le travail de l’interprète/traducteurs. En effet, cette connaissance de l’organisation permet d’économiser beaucoup de temps en matière de préparation et de recherches, une fois que le fonctionnement de l’organisation est assimilé et que la terminologie générale et le jargon sont en place. Cette base est un luxe que n’a pas un interprète indépendant qui commence dans le métier et exerce pour différentes organisations. Elle est d’autant plus appréciable que la structure et le fonctionnement d’une institution comme le CICR sont relativement complexes.

À ce cadre général offert par le cours d’intégration, s’ajoutent les briefings offerts par la délégation. En effet, toute personne arrivant dans la délégation où elle a été affectée en mission reçoit à son arrivée en moyenne deux journées de briefings, voire plus en fonction de l’ampleur de la délégation et des activités menées dans le contexte. Elle est ainsi amenée à rencontrer les différentes personnes en charge des divers départements. Ces présentations permettent de se familiariser avec le contexte et ses problématiques, tout en ayant un aperçu des dernières évolutions qui ont eu lieu dans le contexte ainsi que des activités de l’organisation.