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objectifs de la thèse

3.4. Les actions menées

Une fois les outils créés, les pairs intervenants bénéficiaient d’un mois environ pour mener leurs actions au sein de leur établissement. Le projet reposant sur le pair à pair pour élaborer et mener les interventions, ces dernières ont pris des formes diverses en fonction des compétences techniques acquises selon les formations dispensées dans chaque établissement, en fonction des idées de chaque groupe, des possibilités autorisées par les chefs d’établissement, mais également, et c’était là un des intérêts centraux du projet, en fonction des problématiques et de l’ambiance générale que les pairs intervenants percevaient au sein de leur lycée.

Nous avons donc pu observer :

- Deux lycées ont décidé de créer des affiches à exposer :

o Un lycée a mis en place 10 affiches abordant les conséquences du tabac sur l’argent, la mauvaise haleine, la perte du goût, l’exemplarité pour les frères et sœurs, l’altération de la vision, la santé en général, la diminution des performances sportives, le vieillissement prématuré de la peau, l’érectilité sexuelle et enfin le doute quant à la composition des cigarettes. Dans la majorité des cas, les affiches essayaient de conjuguer un message court poussant à la réflexion accompagnée d’une photo visant une réaction plus émotionnelle de rejet.

o Un autre lycée en a réalisé 9 : une opposant l’idée de fumer et d’avoir des « potes » (ce lycée oblige les élèves à sortir pour fumer), cinq rappelant les effets sur la santé, deux incitant à refuser clairement toute tentation et une dernière présentant un équivalent-prix d’un an de tabagisme modéré.

- Quatre lycées ont décidé de mener des débats en s’aidant du support d’une vidéo qu’ils avaient tournée préalablement

148 o Dans un premier lycée, le groupe de pairs intervenait directement en classe et leur vidéo interrogeait plusieurs lycéens fumeurs quant aux raisons pour lesquelles ils avaient commencé à fumer (passer le temps, faire comme les autres, petit à petit sans y faire attention, curiosité), puis ce qu’ils en tirent actuellement (difficulté unanime à trouver un apport positif), leur envie ou non d’arrêter (tous déclarent vouloir arrêter, mais plus tard…) et enfin ce qu’ils pensent des non-fumeurs (leur conseillent de ne pas commencer). Le débat découlant de cette vidéo consistait à aborder les questions des raisons pour lesquelles on commence à fumer, du poids de la pression sociale et du manque de conscience à ce moment de l’engrenage dans lequel on se lance, puis du faible intérêt réel de fumer et enfin de la difficulté à s’arrêter.

o Cette idée de débat en classe accompagné d’une vidéo a également été réalisée dans un autre lycée, présentant des témoignages d’adultes anciens fumeurs, découpés en plusieurs thèmes : l’expérience de la première cigarette (l’âge, les raisons, le (dé)plaisir ressenti), la cigarette la « plus importante de la journée », l’entourage (la « normalité » du tabagisme, le cancer voire la mort de membres de la famille), les effets (sur la santé, le prix, la mauvaise haleine, la perte de goût, la perte de souffle, la réponse automatisée face au stress), le tabagisme passif (les effets sur la santé, surtout pour les enfants, l’odeur sur les vêtements, l’haleine des fumeurs, la gêne au niveau des yeux), la dépendance (difficulté à arrêter, dépendance à la nicotine et au geste), le contenu de la cigarette, l’arrêt (l’envie personnelle indispensable et l’aide de l’entourage ou extérieure), la cigarette électronique (la méconnaissance des effets, l’apprentissage du geste chez les non-fumeurs, les doutes sur le contenu) et enfin le tabagisme constaté au lycée.

149 o Un troisième lycée passait également en classe après avoir réalisé un micro-

trottoir d’hommes et femmes de tous âges, en abordant la question « pourquoi avoir essayé, pourquoi avoir commencé ? » auprès de fumeurs et d’anciens fumeurs (faire comme les autres, paraître plus adulte, accompagner ses amis, être influencé, pour pallier une détresse émotionnelle), ainsi que « pourquoi ne pas fumer » auprès de non-fumeurs (l’odeur, la santé, le manque d’intérêt, les expériences des fumeurs dans l’entourage, l’argent), le passage du plaisir au besoin (l’engrenage petit à petit, la pensée de pouvoir arrêter à tout moment, la nécessité de fumer même dans des moments désagréables, la nécessité pour se sentir bien, les restrictions sur les autres dépenses), la démarche de l’arrêt (en avoir envie avant tout, être soutenu, l’envie de parentalité, l’engagement vis-à- vis des autres, le coût, les tentatives infructueuses), des conseils pour compenser le manque (sport, se défouler, chewing-gum, bonbons, maintenir son esprit occupé) et enfin des témoignages de fumeurs regrettant d’avoir commencé et exprimant leur vision valorisante des non-fumeurs.

o La dernière intervention de type « vidéo-débat » ne se déroulait pas en classe mais sur un stand monté dans le lycée. La vidéo alimentant le débat interrogeait des lycéens quant à leur statut tabagique, puis pour les fumeurs quant à leur envie ou non d’arrêter, leurs motivations potentielles pour arrêter, l’influence de leur entourage, et pour les non-fumeurs, les raisons de leur abstinence, leur ressenti/gêne en présence de fumeurs et l’influence de leur entourage également. - Un lycée a mis en place des ateliers de style « street-art » dans la cour de récréation. Il s’agissait d’un jeu de roue à tourner avec des cases présentant des équivalences prix- nombres de paquets de cigarettes-objet attractif (par exemple : une case avec « 600€ », « 100 paquets de cigarettes = 1 paquet par semaine pendant 6 mois » et la photo d’un

150 smartphone à la mode), une reconstitution d’une scène de crime, protégée par des barrières et comportant une silhouette dessinée au sol et remplie de mégots ramassés dans le lycée, deux affiches de création artistique dénonçant le manque de réflexion et d’esprit « cool » des fumeurs, trois affiches de détournement de paquets de cigarettes (une incitant à se faire aider pour arrêter, une intimant de ne pas commencer et la dernière exprimant le mal-être du fumeur) et une exposition d’une boite transparente contenant les mégots ramassés en une semaine dans l’établissement à côté de laquelle se trouvaient d’autres boîtes identiques contenant l’équivalent de différents composants de la cigarette (du goudron, du plomb, des solvants, etc.).

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4. Opérationnalisation des variables

Dans le cadre global du projet P2P, toute une série de comportements de santé à propos du tabac, de l’alcool et du cannabis étaient mesurée. Pour ce travail de thèse, nos variables d’intérêt étaient :

- les comportements tabagiques, comprenant le statut tabagique actuel et le niveau de tabagisme récent,

- les variables psychosociales de la TPB, à savoir l’intention de fumer, les attitudes, les normes subjectives, le contrôle perçu et les croyances comportementales, normatives et de contrôle,

- le niveau d’implémentation théorique des actions,

- l’âge, le sexe, le niveau d’études le plus élevé de chaque parent et la situation financière familiale.

Toutes ces variables ont donc été opérationnalisées pour être intégrées à un auto-questionnaire, présenté dans l’Annexe 3.

4.1. Opérationnalisation des variables de comportements tabagiques