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objectifs de la thèse

1.1. Le tabac c’est quoi ?

Tabac, tabacum et tabagisme

Travailler sur le tabagisme exige d’en définir les contours. Le mot « tabac » est issu de l’espagnol tabaco, emprunté aux Amérindiens qui nommaient ainsi la pipe dans laquelle ils consommaient déjà le petun, lors de la découverte des Amériques par Christophe Colomb (Ferland, 2007).

Le tabac est une plante de la famille des Solanacées, comme la pomme de terre, la tomate ou l’aubergine, entre autres. Parmi la centaine de genres de Solanacées, se trouve la Nicotiana, originaire d’Amérique du Sud et elle-même subdivisée en une centaine d’espèces différentes. Les plus connues sont la Nicotiana Tabacum et la Nicotiana Rustica, dont les feuilles sont séchées et manufacturées pour obtenir le tabac. Les variétés les plus consommées sont les tabacs blonds (environ la moitié de la consommation mondiale), les tabacs bruns, les tabacs clairs (ou Burley) et les tabacs d’Orient (Lemaire, 1997).

Le tabagisme est une « intoxication chronique par le tabac » (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, 2016; Encyclopédie Larousse, 2016). Il désigne plus communément la consommation de produits du tabac, sous toutes ses formes et de façon tant volontaire qu’involontaire. Selon la Convention-cadre de l’OMS (FCTC) « on entend par “produits du

tabac” des produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de tabac en feuilles comme matière première et destinés à être fumés, sucés, chiqués ou prisés » (FCTC, 2003, p. 4).

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Les différentes formes du tabagisme

Les produits du tabac sont nombreux et leurs modalités de consommations varient selon les époques et les cultures (OMS, 2006). En France, le tabac est quasi-exclusivement consommé sous sa forme « fumée », c’est-à-dire par inhalation de la fumée résultant de sa combustion. En 2010, 88,5% des fumeurs consommaient des cigarettes manufacturées, 24,3% du tabac à rouler, 9% la chicha, 7,5% des cigarillos, 6,1% des cigares et 1,6% la pipe (Guignard, Beck, Richard, & Peretti-Watel, 2013). La cigarette (manufacturée ou roulée) constitue donc le produit du tabac le plus consommé actuellement dans notre pays, mais il existe bien d’autres formes de tabagisme dans le monde.

Ainsi, parmi les usages volontaires, ce que l’on appelle le tabagisme actif, on retrouve les consommations par combustion :

- Les rouleaux de tabac à fumer, comprenant les cigarettes manufacturées, le tabac à rouler en vrac, les bidis et kreteks (tabac mélangé à des épices, majoritairement consommés en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient), les cigares et autres cigarillos. On peut également ajouter les « joints », composés de cannabis et de tabac.

- Les pipes et les pipes à eau. Originaires d’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient, on y trouve un grand nombre de variantes et de dénominations telles que : houkas, bangs, narguilés et chichas.

Et sans combustion :

- Le tabac à priser (ou snuff) qui est inhalé sous forme de poudre.

- Le snus qui est une poudre que l’on se place entre la joue et la gencive, en Suède. - Le tabac à chiquer qui est mâché durant plusieurs heures.

36 Enfin, le tabagisme passif correspond au fait d’inhaler de façon involontaire la fumée secondaire (dégagée par la combustion du tabac mais non inspirée par le fumeur) ou tertiaire (rejetée par le fumeur après inhalation), d’un tiers fumeur (Dautzenberg, 2001). Il peut donc s’agir de l’entourage d’un fumeur ou du fœtus dans le ventre de sa mère. Les recherches récentes tendent également à prouver l’existence et la potentielle nocivité d’un tabagisme tertiaire, c’est- à-dire l’absorption de résidus de tabac consumé, en suspension dans l’air ou imprégnés dans l’environnement, même après la fin de la combustion (Ramírez et al., 2014).

Note concernant la cigarette électronique :

Récemment démocratisée en France, la cigarette électronique a connu un essor rapide et une forte médiatisation. Elle n’est cependant pas considérée comme un produit du tabac, puisque n’en contenant pas (bien qu’elle contienne souvent de la nicotine). De plus en plus de recherches sont menées à son sujet afin d’en étudier la prévalence de consommation (INPES, 2015), les différents contenus, ainsi que les effets (Putzhammer et al., 2016; L. Smith, Brar, Srinivasan, Enja, & Lippmann, 2016). Actuellement, le recul manque encore pour déterminer sa nocivité ainsi que son potentiel en tant que substitut tabagique ou, au contraire, comme « porte d’entrée » au tabagisme (Brose, Hitchman, Brown, West, & McNeill, 2015; Haut conseil de la santé publique, 2014; Rahman, Hann, Wilson, Mnatzaganian, & Worrall-Carter, 2015). Tout ceci incite donc à l’intégrer aux recherches sur l’initiation tabagique. Cependant, sa commercialisation et sa consommation étaient encore marginales à l’initiation de cette étude. En conséquence, la cigarette électronique n’a pas été prise en compte dans ce travail.

Composition du tabac fumé

La composition chimique du tabac est très complexe, selon qu’on l’analyse sur une partie ou une autre de la plante et selon son état frais ou séché. Une fois le tabac transformé en cigarette prête à être consommée, et quel que soit le type ou la marque, il s’y trouve toujours du tabac

37 (et/ou de l’extrait de tabac), de la nicotine, des goudrons, ainsi que des agents de texture et de saveur (INPES, 2002; OMS, 2006).

Plus important encore que le contenu des cigarettes, les effets du tabac consommé dépendent de la composition de la fumée qu’inhale le fumeur. Or, la combustion de tous les éléments, provoque une cascade de réactions chimiques et le mélange qui se forme alors se compose de plus de 4000 substances différentes, dont des gaz toxiques (monoxyde de carbone, oxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac) et des métaux lourds (cadmium, mercure, plomb, chrome) (INPES, 2002; OMS, 2006; USDHHS, 2001). Au moins 64 de ces substances sont reconnues comme cancérigènes (Hoffmann, Djordjevic, & Hoffmann, 1997; INSERM, 2004; USDHHS, 2001), et certaines également à d’autres troubles (Tableau 1).

Tableau 1 : Agents potentiellement responsables des principaux troubles associés au tabagisme (reproduit de : INSERM, 2004)

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