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1. Système éducatif algérien

1.2. Le secteur privé

Il s’agit ici des écoles qui se sont imposées en parallèle avec les écoles étatiques de l’éducation nationale, et qui possèdent les mêmes paliers que ceux du système éducatif, à savoir, préscolaire, primaire, moyen et secondaire. Elles sont soumises à une réglementation qui les oblige à suivre le même parcours et les mêmes programmes que les établissements du secteur public sous peine d’être fermées. « L'éducation nationale repose sur le secteur public, mais la possibilité de créer des établissements privés d'éducation et d'enseignement peut être accordée aux personnes physiques ou morales de droit privé, en application de la présente loi et des dispositions législatives et réglementaires en vigueur. »11

La loi n°8 - 4, citée plus haut propose les normes en relation avec la création de ces établissements privés. Nous allons les résumer en se basant sur ses articles :

Article 57 : C’est le ministre chargé de l’éducation nationale qui donne l’agrément pour l’ouverture d’un établissement privé, selon un cahier des charges et des conditions fixées par la loi.

Article 58 : les personnes désireuses d’ouvrir un établissement privé doivent répondre aux conditions fixées par la loi. Le directeur doit obligatoirement posséder la nationalité algérienne.

Article 59 : Comme c’est le cas pour les établissements publics, l’enseignement doit être dispensé en arabe dans les écoles privées. Et ceci à tous les niveaux et dans toutes les disciplines.

Article 60 : Les établissements privés sont tenus de respecter les programmes officiels, tout ajout est soumis à l’autorisation préalable du ministre du secteur.

Article 61 : Le personnel administratif et pédagogique de l’établissement privé doit posséder les mêmes prédispositions que celui du secteur public.

Les articles 62, 63, 64, 65 traitent du respect de ces lois, de la scolarité des élèves, de leur transfert, et du control pédagogique et administratif exercé par le ministre de l’éducation.

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1.2.1. Quelques repères historiques sur les écoles privées en Algérie

D’après le décret exécutif n° 04-90 du 3 Safar 1425 correspondant au 24 mars 2004, qui fixe les conditions à respecter lors de l’ouverture d’un établissement privé d’éducation et d’enseignement, est défini ce type d’établissement comme suit : « Est entendu par “établissement privé d’éducation et d’enseignement”, au sens du présent décret, tout établissement d’éducation et d’enseignement pré-scolaire, primaire, moyen et secondaire, créé par une personne physique ou morale de droit privé, dispensant un enseignement à titre onéreux. »12

Pour cette partie nous nous sommes basée sur le site web de Jacques Leclerc13 L’aménagement linguistique dans le monde. D’après cette source, le secteur privé en Algérie a commencé à se développer depuis les années 90 en réponse à l’arabisation qui d’après Chariet (2014), a déstabilisé l’école algérienne, « Des pratiques à la marge des injonctions publiques se développent comme pour combler les omissions ou les dénis de la planification. Parmi elles, l’apparition d’écoles privées ayant le français pour langue d’enseignement exprime une demande sociale qui contredit les choix politiques initiaux et dévoile des intérêts individuels et des stratégies sociales nouvelles. » (Chariet, 2014: 318). D’après le même auteur les premières écoles sont apparues à Alger et à Tizi-Ouzou, pour remédier à l’échec scolaire d’une école algérienne en crise.

Le décret exécutif n°04-90 du 24 mars 2004 était le premier décret à fixer les conditions de création, d’ouverture et de contrôle des établissements privés d’éducation et d’enseignement. Il a été abrogé par l’ordonnance n°05-07 du 23 août 2005 fixant les règles générales régissant l’enseignement dans les établissements privés d’éducation et d’enseignement. À cette ordonnance succède la loi n°8 – 4 citée plus haut. Elle reprend l’essentiel des lois déjà citées, et insiste sur l’utilisation de la langue arabe et le respect du programme du ministère de l’éducation nationale. Toute violation de ces lois entrainera le retrait de permis à ces écoles privées. Selon la même source, il y avait près de 380 écoles privées en Algérie dans les années 2000. En 2010, il y en avait 126, avec 19560 élèves inscrits pour tous les paliers. Cette baisse est due à la fermeture des écoles qui ne respectaient pas les lois imposées dans les décrets, et qui concernent essentiellement l’obligation de l’utilisation de l’arabe comme langue d’enseignement et le respect du programme dressé par le ministère de l’éducation.

12Article2, JORADP N°19, Dimanche 7 Safar 1425. Correspondant au 28 mars 2004

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Dans le chapitre sur la norme et l’insécurité linguistique, nous avons abordé le problème de l’échec scolaire. Il est vrai que les résultats obtenus dans le domaine de l’éducation nationale ne sont pas satisfaisants, et que ces mêmes résultats se répercutent sur ceux de l’enseignement supérieur. Face à ce constat alarmant certains parents optent pour les écoles privées qui, par conséquent se sont multipliées vue la forte demande.

Mais pourquoi les parents optent-ils pour les écoles privées ? D’abord il y a la qualité des enseignements qui fait toute la différence, des enseignants choisis sur le volet, ensuite vient le nombre réduit d’élèves par classe et l’espace classe lui-même qui est mieux aménagé et plus adapté pour les cours, enfin d’autres avantages viennent soutenir le choix de ces parents, comme les activités extrascolaires, le transport, la cantine et les matières optionnelles qui séduisent les parents.

Jugées trop chères ces écoles continuent à attirer toutes les bourses. « Certains parents font un effort considérable pour pouvoir payer l’enseignement de leurs enfants dans des conditions qu’ils jugent nécessaires. En moyenne, la scolarisation d’un enfant au primaire coûte entre 10 000 et 12 000 DA le mois, 14 000 à 16 000 DA pour le collège et environ 20 000 DA pour le lycée »14. Mais nous n’avons pas réussi à avoir le nombre exact de ces écoles parce qu’elles se multiplient constamment et il y a celles qui sont fermées par l’État pour le non-respect des consignes.

Nombreux sont les articles de presse qui ont abordé le sujet, et ceci, sur plusieurs plans. Nous nous sommes donc penchée sur ces articles pour apporter des éléments de réponse à ce sujet. Dans un article du quotidien électronique TSA15 (Tout Sur l’Algérie), il est question des 119 écoles privées agrées par l’État en Algérie, comme il a été question du débat sur ces écoles et des différends qui opposent le gouvernement à ces écoles, particulièrement sur l’obligation de l’utilisation de la langue arabe, et l’obligation du respect des programmes officiels dispensés dans l’école publique, comme le précise l’article 5 du JORADP16 et qui atteste que « L’établissement privé est tenu d’appliquer les programmes officiels d’enseignement et de respecter les volumes horaires en vigueur dans les établissements publics d’enseignement relevant du ministère de l’éducation nationale. » En fait, ces écoles ont plus tendance à utiliser la langue française et à ne pas se conformer aux programmes officiels.

14 http://www.liberte-algerie.com/supplement-economique/les-ecoles-privees-toujours-attrayantes-elles-ont-sept-ans-d-existence-184764, consulté le 03/04/2014.

15

http://archives.tsa-algerie.com/politique/algerie-la-liste-des-119-ecoles-privees-agrees-par-l-etat-rendue-publique_4183.html. 12/07/2008.

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Fait que le président Bouteflika en personne a contesté, « Il est tout à fait clair que toute institution privée qui ne tient pas compte du fait que l’arabe est la langue nationale et officielle, et qui ne lui accorde pas une priorité absolue, est appelée à disparaître.»17

1.2.2. Écoles étatiques / écoles privées en Algérie, la différence

Les écoles étatiques et les écoles privées sont différentes sur plus d'un point. En effet, elles n’ont pas le même statut, ni la même structure, elles ne font pas appel au même type d’enseignants, et ne sont pas fréquentées par le même public.

Nous allons tenter d’étayer ces différences mais avant cela voyons ce que précise le Journal Officiel au sujet des écoles privées :

- Les appellations utilisées par les établissements privés doivent être suivies de la mention « privé » et ne doivent en aucun cas se confondre avec les dénominations des établissements publics appartenant au ministère de l’éducation nationale.

- Il est obligatoire pour les établissements privés d’afficher le coût de leurs services. Bien qu’elles soient toutes les deux installées par une législation, l’école publique et l’école privée, en Algérie, n’ont pas le même statut tant sur le plan politique que sur le plan social. Sur le plan politique, l’école privée est mal vue par les arabophones qui lui reprochent de substituer le français à l’arabe. Sur le plan social, elle est fréquentée en général, par les enfants de couches aisées qui payent pour assurer à leurs enfants la réussite scolaire et surtout pour leur faire éviter l’échec auquel est associée l’école publique. Un autre critère qui sépare les deux types d’école, c’est que l’école privée est constamment menacée de fermeture, au cas où elle ne suivrait pas le règlement, ce qui n’a jamais été le cas pour une école publique.

L’école publique est étatique, soutenue par une législation et est ancrée dans la charte. Elle existe officiellement depuis l’indépendance. Elle a pour tâche d’instruire le peuple et d’assurer cette instruction, qui est gratuite, pour chaque citoyen. Aussi, l’école publique s’est fixée comme tâche de combattre l’illettrisme, surtout après l’indépendance où le nombre d’analphabètes était de six millions. Chiffre impressionnant, en comparaison avec le nombre global de la population algérienne à cette époque et qui était de 11,2 millions, d’après les Nations Unies.

17Discours du président Abdelaziz Bouteflika devant les ministres de l’éducation de l’Union Africaine, le 12 avril 2005.http://sinistri.canalblog.com/archives/2007/12/29/7376488.html

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L’école privée, quant à elle, et bien qu’elle soit régie par des lois, n’a pas cet ancrage historique et ne reflète pas les attentes du peuple algérien comme c’est le cas pour l’école publique.