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organiser l'avenir

1.3.3.4 Le réseau s'étend vers l'intérieur

Le gouvernement général de l'Algérie transmet aux commandants des places, dès le 24 décembre 1842, les ordres reçus de Paris le 10 décembre. Le réseau météorologique côtier s'étend à quelques stations de l'intérieur : Mascara, Constantine, Tlemcen, Sétif, Médéa, Milianah. Une demande d'instruments supplémentaires est adressée à Paris. Le ministre en personne répond au Gouverneur général et lui annonce l'envoi des instruments météorologiques préparés à cet effet par les Messageries Royales. Cet envoi comporte : 7 thermomètres, 7 pluviomètres, 7 hygromètres, tous construits par Bunten. Sept baromètres doivent arriver

478 Sur le réseau météorologique de Quetelet, héritier des travaux de Herschel : Locher F., 2008, Le savant…, op. cit., p.14-16.

479 Ils sont 11 français en 1842, dont Valz de l'observatoire de Marseille. Locher F., 2008, Le savant…, op. cit., p.24.

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séparément, portés par le capitaine d’état-major de Neveu « qui se rend à Alger pour y être chargé des opérations géodésiques et qui vous en fera la remise »481. L'officier, de retour en Algérie après avoir rédigé les comptes rendus de la commission d'exploration, escorte donc personnellement les instruments les plus fragiles.

Au milieu de l'été 1843, le Gouvernement général transmet instructions et instruments aux différents responsables des places choisies, soient le général de la Moricière à Mascara, le général Baraguey d'Hilliers à Constantine, le général Bedeau à Tlemcen, le général commandant à Sétif, le lieutenant-colonel Blangini à Médéa, l'officier commandant à Milianah. L'extension du réseau côtier qu'Aimé avait constitué avec quelques volontaires suit, cette fois-ci, la voie hiérarchique et les commandants des places sont sensibilisés à l'importance de ces observations. Nous reproduisons intégralement le document fondateur du réseau météorologique du Ministère de la guerre en Algérie, rédigé par le secrétaire général du gouverneur général Bugeaud :

Sur la demande que je lui avais adressée, M. le Ministre a bien voulu m'accorder plusieurs assortiments d'instruments de physique pour faire suivre dans les villes de l'Intérieur les observations de météorologie et d'hygrométrie, dont je vous ai entretenu [sic] par ma lettre du 24 décembre dernier, observations si intéressantes, et si importantes en même temps, dans tous pays, puisqu'elles amènent à une connaissance parfaite du climat de la localité, et par la suite à celle des moyens hygiéniques à employer pour le maintien de la santé des troupes et des habitants, comme aussi à la connaissance des cultures les plus appropriées à la contrée. Cet assortiment se compose pour chaque ville d'un baromètre, d'un thermomètre, d'un pluviomètre et d'un hygromètre. Les trois derniers sont renfermés dans une boîte portant votre adresse et que je vous transmets par l'intermédiaire de M le Commandant supérieur de Mostaganem, Philippeville, Oran, Blidah. Le Baromètre, en raison de son extrême fragilité, n'a point été renfermé dans cette caisse : il vous parviendra néanmoins en même temps par les soins du même officier supérieur. Les observations simultanées devront être commencées aussitôt après la réception de ces instruments par les officiers d'État-Major, du Génie, ou autres, que vous en aurez chargés, et suivies sans

481 LAS du 30 juin 1843 du Président du Conseil, Ministre Secrétaire d’État à la Guerre, le duc de Dalmatie, à Gouverneur Général d'Algérie. ANOM F80/1602.

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interruptions et avec tous les soins possibles. Les tableaux mensuels des observations faites me seront adressés par vous : j'aurai à les transmettre à S. Éxc. Au cas où quelque accident nécessiterait dans la suite une réparation importante ou le remplacement d'un de ces instruments, veuillez-m’en faire part aussitôt, en me renvoyant l'instrument détérioré. M. le Ministre a joint dans son envoi un septième assortiment dans cette prévision, et je m'empresserais de vous faire tenir l'instrument qui vous manquerait, afin que les observations ne souffrissent aucune interruption. Je vous prie d'ailleurs de prendre et de prescrire toutes les mesures de conservation que vous jugerez nécessaires, et même de me transmettre sans délais le certificat de réception et de prise en charge de cet assortiment par le Chef d’État-major de la place que vous commandez482.

Pour les postes avancés à l'intérieur des terres, les instruments voyagent d'abord par mer depuis Alger jusqu'au port le plus proche. Examinons par exemple le cas de la place de Mascara. La ville a été prise le 30 mai 1841 à Abd-el-Kader. Les instruments quittent Alger par la mer, arrivent à Mostaganem, puis sont acheminés par terre à la place finale, Mascara483. En août 1843, la plupart des observateurs ont accusé réception de leurs instruments.

Peu d'officiers de l’état-major ou du génie ne se sont finalement occupés de ces observations qui impliquaient une présence continue dans la place forte. On note le travail du capitaine du Génie Moréal de Prévans à Milianah en 1844484. Ce sont plus souvent des officiers du service de santé qui s'en chargent : à Tlemcen, depuis le 14 avril 1842 et pendant les années 1842, 1843 et 1844, le Dr Cambay C.A.J., médecin ordinaire de seconde classe, chargé de la direction du service médical de l'hôpital militaire de cette ville485, à Sétif les observations sont faites par le Dr Vital486 puis par le chirurgien major Laeger J.L.B. A Médéa le médecin chef Goret L.F. est

482 LA n°2909 du 20 juillet 1843 à Alger du Secrétaire Général du Gouvernement à M. le Général De la Moricière à Mascara, le Général Baraguayd Villiers à Constantine, Général Bedeau à Tlemcen, Général – à Sétif, le Lieutenant Colonel Blangini à Médéah, le – à Milianah. ANOM F80/1602.

483 Récépissé du Maréchal de Camp, commandant la subdivision de Mostaganem, du 27 juillet 1843, accuse réception du matériel météo destiné au Général La Moricière à Mascara. ANOM F80/1602.

484 Il est appelé « De Brevant » dans le document. Minute de lettre du 14 mars 1845, Alger, de Secrétaire général du Gouverneur général au commandant de subdivision de Milianah. ANOM F80/1602.

485 Peut-être remplacé par le capitaine chef du Génie de Tlemcen en décembre 1842.

486 Le Dr Vital Auguste Edouard (1810 - 1874) est ensuite à Constantine où il fait des observations météorologiques régulières. Docteur en médecine en 1834, il est proche des saint-simonienniens. Il est le grand ami de de Neveu, dont il est le témoin de mariage en 1853, et d'Ismaël Urbain, dont il sera un des principaux informateurs au sujet des sabotages locaux de la politique impériale de royaume arabe dans la décennie 1860. André Nouschi a publié sa seconde thèse sur cet échange épistolaire : Nouschi André, 1958, « Correspondance du docteur A. Vital avec I. Urbain (1845-1874). L'opinion et la vie publique constantinoises sous le Second Empire et les débuts de la Troisième République », Collection de documents inédits et d'études sur l'histoire de l'Algérie, 2e série, Documents divers, Alger, 432 p.

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l'observateur. En 1845, à Dellys, les observations sont faites par le chirurgien major en chef de l'hôpital militaire, tandis qu'à Djidjelli, elles sont recueillies par le Dr Rivaud, médecin en chef de l'hôpital militaire

Les observations débutent et sont acheminées régulièrement vers le Ministère à Paris où elles alimentent les travaux d'Aimé selon la chaîne hiérarchique militaire : commandant de place, Gouverneur général à Alger, ministère de la Guerre à Paris. Cette chaîne est évoquée dans un échange entre le Dr Laeger, chirurgien major de l'hôpital de Sétif, un des observateurs de terrain, et Aimé. Il lui écrit directement pour annoncer que les observations vont lui parvenir par voie hiérarchique :

Je m'empresse de vous annoncer que, comme vous le désiriez, une copie de la série complète de mes observations diurnes a été adressée par moi à M. le Gouverneur Général sur sa demande qui m'a été notifiée par M. le Général commandant à Sétif, elle a dû vous parvenir puisque c'est vous qui centralisez tous les documents de cette nature487.

A Paris, Aimé, installé à l'hôtel Corneille dans la rue du même nom aux frais de l'Armée, traite les observations météorologiques brutes reçues des différentes stations. Ainsi, par exemple, les « observations météorologiques faites à Sétif (1100mètres au-dessus de la mer) » sont transformées en « hauteurs barométriques à zéro », prêtes à être publiées488.

Les opérations militaires battent leur plein en Algérie, « la lutte suprême n'en prit que plus d'âpreté. La technique des razzias, loin d'affaiblir la résistance, l'exaltait. La politique indigène, même vis-à-vis des tribus soumises, rendait l'autorité française insupportable »489. L'Armée fait face aux révoltes « mahdistes », révoltes à caractère religieux où un guide rassemble la communauté pour chasser les incroyants. « La répression de Bugeaud est féroce, marquée par des épisodes terribles comme les « enfumades » des grottes du Dahra490 » où périssent des centaines de personnes. Malgré ces tensions et les exigences d'un combat âpre, le ministre

487 LAS de Laeger à Aimé, Sétif le 20 avril 1845. Fonds Aimé 25J 30.01. Archives de l'Académie des sciences.

488 Cette analyse est renforcée par la mention sur une chemise d'observations, au crayon à papier, « Partie du 1er volume ». Fonds Aimé 25J30.02 Sétif. Archives de l'Académie des sciences.

489 Julien C.-A., 1979, Histoire…, op. cit., p.201.

490 Joly Vincent, 2012, « Les résistances à la conquête, 1830 - 1880 », dans Bouchène A., Peyroulou J.-P., Tengour Ouanassa S., Thénault S. (eds), Histoire…, op. cit., p.99.

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rappelle régulièrement à leurs devoirs météorologiques les différents commandants de place par le biais du Gouverneur général Bugeaud491.

De nouveaux observateurs militaires se joignent spontanément au réseau et sont encouragés comme le capitaine A. Lacombe, commandant de la place d'Arzew. Celui-ci réalisait des observations empiriques. Il fait une demande de matériel au Gouverneur général de l'Algérie. Sa demande est transmise à Paris, et un envoi depuis le ministère de la guerre est organisé par voie militaire.

1. Un thermomètre avec son étui 2. Un hygromètre avec son thermomètre, sa boîte, plus un paquet de cheveux préparés 3. Un pluviomètre avec un tube de rechange492.

La malle est livrée par le bateau à vapeur l'Euphrate depuis Oran. Un baromètre à siphon « de Bunsen [sic] », plus fragile, doit lui être livré plus tard.

Des envois de matériel météorologique supplémentaire sont organisés pour les postes de Ténès, Orléansville – ville fondée en mai 1843 -, Dellys, Gigelly, Bougie, Guelma. Ce sont pluviomètres, hygromètres, thermomètres ordinaires, thermomètres à minima, baromètres à siphon qui sont amenés de Paris à Alger par un chirurgien de l'armée qui prend son poste en Algérie493. Ce moyen de transport assure une meilleure surveillance des fragiles et coûteux instruments pendant le voyage, d'autant que le Ministère doit faire face aux retards du constructeur et que les baromètres manquent.

Suite aux retours d'observations début 1845, commence à s'imposer au Gouvernement général, la nécessité d'uniformiser la présentation des données recueillies. La demande en est faite au Ministère. Le ministre de la Guerre demande à Aimé, son expert, de rédiger une note de service

491 LAS du 6 juin 1844 du Président du Conseil, Ministre Secrétaire d’État à la Guerre, duc de Dalmatie, à M. le Maréchal Bugeaud, Gouverneur général de l'Algérie dans lequel le ministre réclame « le cahier des observations faites à Sétif depuis le 1er août 1843 jusqu'à ce jour par les soins du chirurgien major de l'hôpital ». ANOM F80/1602 ; LAS du 19 octobre 1844 du Président du Conseil, Ministre Secrétaire d’État à la Guerre, duc de Dalmatie, à M. le Maréchal duc d'Isly, Gouverneur général de l'Algérie dans lequel le Ministre réclame les observations de Milianah, Médéah et Constantine. ANOM F80/1602 ; LAS du 3 juin 1846 du Ministre de la Guerre à Gouverneur général de l'Algérie où il est demandé de poursuivre l'effort. ANOM F80/1602.

492 Récépissé du Capitaine A. Lacombe, commandant la place d'Arzew, du 29 avril 1844, accusant réception des instruments pour les observations météorologiques. ANOM F80/1602.

493 LAS du Président du Conseil, Ministre Secrétaire d'État à la Guerre, Duc de Dalmatie du 14 avril 1845 au Maréchal Duc d'Isly, Gouverneur Général de l'Algérie. ANOM F80/1602.

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sur la méthode à suivre pour relever les données météorologiques. Cette note est imprimée. Elle est diffusée auprès des postes fin avril 1845494 et publiée au Moniteur algérien495.

Aimé conçoit des instruments pour les stations algériennes comme par exemple l'anémomètre par réflexion destiné à mesurer la direction de mouvement des nuages. Cet instrument est présenté aux Annales de chimie et de physique en 1846496. Fabriqué à Paris en collaboration avec l'opticien Deleuil, il est acheminé en Algérie en 1845 par les services du Ministère de la Guerre497 qui a cette occasion fait un point sur les stations météorologiques qui fonctionnent et celles qui doivent être rappelées à l'ordre : « les observations météorologiques recueillies en Algérie et transmises à M. Aimé sont faites avec la plus grande exactitude dans les villes d'Alger, Constantine, Sétif, Mascara, Tlemcen, Arzew, Milianah, Médéa et Cherchell » mais rien ne vient en revanche de Ténès, Orléansville, Dellys, Djigelli, Bougie et Guelma498. Un nouvel inventaire des points tenus par les militaires où les observations doivent être faites est réalisé par les services du gouvernement général en 1846 : Constantine, Sétif, Mascara, Tlemcen, Arzew, Milianah, Médéa, Ténès, Orléansville, Dellys, Djigelli, Bougie (pas d'observation), Guelma (pas d'observation), Boufarik (pas d'observation), Témit-el-haad, Cherchell, Bathna, Biskra499.

[Illustration 5 : carte du réseau en 1846]

Le réseau algérien est d'abord une organisation fortement hiérarchisée, centralisée à Alger. La tête du dispositif est néanmoins à Paris, où se trouve alors la compétence scientifique. Sur le terrain les opérateurs disposent d'une instrumentation homogène et calibrée. Leur tâche d'observateur demande de l'assiduité et de la régularité mais une connaissance météorologique

494 LAS du 26 février 1845 Paris du Conseiller d'État Directeur du Bureau des Affaires Politiques et Civiles et du Personnel, Direction des Affaires de l'Algérie, Ministère de la Guerre, à Monsieur le Lieutenant Général de Bar, Président du Conseil d'administration par délégation ANOM F80/1602 ; Les versions manuscrites et imprimées de la note de Georges Aimé sont conservées au ANOM : « Note sur la méthode à suivre pour faire des observations météorologiques » ANOM F80/1602.

495 Minute de lettre du 19 avril 1845, Alger, n°876 du Secrétariat Général du Gouvernement aux commandants d'Oran, Constantine, Médéah, Milianah : bordereau de diffusion auprès des intéressés et informant de la publication dans le Moniteur Algérien du 15 avril 1845. ANOM F80/1602.

496 Aimé G., 1846, « Instruction… », art. cit., p.498-501.

497 Note du 1er juin 1845 du 2e Bureau du Ministère de la Guerre au 1er Bureau Ministère de la Guerre. ANOM F80/1591. L'auteur de la note se demande si l'envoi de cet instrument est réellement pertinent.

498 Note du 29 juin 1845 du 1er Bureau du Ministère de la Guerre au 2e Bureau Ministère de la Guerre. ANOM F80/1591.

499 Manuscrit du 3e Bureau du Gouvernement Général de l'Algérie « Observations météorologiques année 1846. État des localités administrées par l'autorité militaire pour lesquelles les tableaux d'observations météorologiques doivent être fournies ». FR ANOM F/80/1602.

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réduite. Au printemps de l'année 1846, Aimé a livré les deux tomes des mémoires de physique générale publiés dans le cadre de l'exploration scientifique de l'Algérie500. Son ouvrage sur le magnétisme terrestre est annoncé dans l'Akhbar501 du 21 mai 1846 qui dresse un portrait héroïque du jeune savant dont le retour en Algérie est annoncé502.

1.3.4 Retour en Algérie

Fin mai 1846, l'autorisation d'absence de Georges Aimé a atteint son terme depuis un mois. Alors qu'Aimé devrait naturellement retourner prendre possession de sa chaire à Alger, il demande une mission en Algérie. D'un point de vue administratif, cette demande implique qu'Aimé se considérait comme sédentaire à Paris, et que d'autre part, il se sentait toujours engagé dans la Commission de l'exploration scientifique de l'Algérie. Il veut parachever les observations météorologiques afin de pouvoir livrer les deux tomes qu'il prépare sur la météorologie de l'Algérie503. Il est la tête d'un réseau de plus d'une douzaine de points que tiennent l'armée et l'administration des ponts-et-chaussées, sur un territoire sous contrôle français qui s'est singulièrement agrandi pendant les trois années qu'il a passées à Paris par l'action brutale et déterminée de Bugeaud. Il s'adresse à la commission académique, chargée de la publication des résultats de l'exploration scientifique de l'Algérie, et lui demande un séjour de 3 mois en Algérie pour vérifier l'étalonnage des instruments météorologiques des différents postes. Il souhaite s'assurer des techniques de mesure, et de leur conformité aux instructions qu'il a diffusées en 1845. Il s'apprête à comparer les instruments algériens – particulièrement les thermomètres et les baromètres - avec ceux de l'Observatoire Royal de Paris « afin d'apporter les corrections nécessaires aux nombres obtenus »504 . Le cœur de la métropole et du pouvoir est aussi le point de référence d'étalonnage des instruments. Il s'agit pour Aimé d'une opération

500 Aimé Georges, 1845, Recherches de physique générale sur la Méditerranée. Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842 publiée par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une Commission académique. Physique générale I, Paris Imprimerie nationale, 211p. ; Aimé Georges, 1846,

Observations…, op. cit.

501 Fondé en 1839, L'Akhbar est d'abord simple feuille d'annonce. Il devient le premier journal algerien non gouvernemental. Monarchiste puis conservateur, il devient républicain en 1878. De 1839 à 1897, L'Akhbar est un journal au service des colons et de la colonisation. Sadaoui Zoulikha, 1992, Un temoin de l'histoire : l'Akhbar, doyen des journaux algeriens de la colonisation : (1839 - 1897), (1902 – 1934), Thèse de doctorat en Sciences de l'information Paris 2 sous la direction de Pierre Albert.

502 Anonyme, 1846, « Variétés. Exploration scientifique de l'Algérie. Physique générale, par M. G. Aimé, membre de la commission scientifique d'Algérie, 2 vol. in-folio. », Akhbar, Jeudi 21 mai 1846 n°731 A8, p.3.

503 LAS du 29 mai 1846, Paris, de Aimé au Président de la Commission académique. ANOM F80/1593.

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de maintien de la discipline scientifique. Au chef de la commission académique, le colonel Bory de Saint-Vincent, il rappelle le cadre stratégique de son travail : « les documents que j'apporte pourront rendre des services à l'agriculture, à l'hygiène et être en même temps de quelque utilité pour les expéditions militaires505. »

La Commission, aiguillonnée par Arago, approuve la demande d'Aimé et requiert du ministre de la Guerre l'autorisation de cette mission. Après l'expédition sur le terrain entre 1840 et 1842, la commission académique agit donc comme conseiller scientifique du ministre pour la publication des résultats. Le ministère de la Guerre demeure cependant maître des opérations en Algérie :

Tout le monde a senti qu'il serait indispensable de se livrer à une comparaison minutieuse des instruments employés dans les différentes stations. (...)La Commission Académique doit accueillir avec empressement la proposition que Monsieur Aimé lui a faite, de se charger de cette mission. D'après ce rapport, la Commission, sur les propositions de M. Arago, a décidé à l'unanimité : 1° Que la nécessité des comparaisons mentionnées dans le rapport, serait signalée, d'une manière toute particulière, à Monsieur le Ministre de la Guerre ; 2° Que Monsieur Aimé lui paraît éminemment propre à combler une lacune qui rendrait presque sans utilité une multitude de résultats, fruits de travaux pénibles et de beaucoup de dépenses ; 3° Que, vu la facilité extrême et très malheureuse, avec laquelle les instruments météorologiques se dérangent en voyage, Monsieur Aimé devra être invité à comparer ses étalons, non seulement avec ceux des observatoires de Paris et de Marseille, mais encore, autant que faire se pourra, aux instruments sédentaires d'Alger ; 4° Enfin, que les avantages réclamés par Monsieur Aimé, pour accomplir sa laborieuse et délicate mission, paraissent très modérés506.

Le ministre donne son accord et transmet des ordres au Gouverneur général de l'Algérie pour qu'il accorde à Aimé toutes les facilités nécessaires à sa mission507. Avant de quitter la France à la mi-juillet 1846, Georges Aimé récupère de nouveaux instruments, certains conçus par lui,

505Ibidem.

506 LAS du 19 juin 1846, Paris, le Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres à Monsieur le Ministre Secrétaire d’État au Département de la Guerre. ANOM F80/1593.

507 Minute de la lettre du 30 juin 1846 du Ministre de la Guerre au Maréchal d'Isly, Gouverneur Général d'Algérie. ANOM F80/1593.

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chez les fabricants Deleuil, pour ses recherches en mer, et Bunten, pour la météorologie508 et facturés au ministère de la Guerre.

Après trois années passées à Paris, Georges Aimé retrouve Alger qui vient de recevoir la première visite d'un ministre français, celui de l'Instruction publique de Salvandy, début juillet 1846509.

1.3.4.1 « Mort, pour ainsi dire, au champ de bataille »

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La vie en Algérie comportait quelques dangers que, jusque-là, Georges Aimé avait su éviter. Il