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vers l'Algérie

2.2.1.1 La coexistence transitoire

L'arrêté du 26 novembre 1858, pris par le prince Napoléon ministre de l'Algérie et des colonies, définit clairement la structuration de la « station d'observations astronomiques723 » d'Alger. Cette organisation porte la trace des négociations qui ont conduit à cette création. Si la décision est celle du Prince et de son nouveau ministère, l'observatoire relève de l'autorité du recteur de l'académie d'Alger. L'instruction publique est pourtant, avec la justice, une des rares compétences qui échappent au Prince. Celui-ci crée donc une structure richement dotée en instruments qu'il confie à son collègue de l'Instruction publique pour la gestion quotidienne et l'implantation à Alger. La facture d'équipement et de première installation, 20 000frcs, est réglée avec les fonds du budget du département pour 1859724.

L'équipe d'observateurs est dirigée par Simon, qui apparaît dans l'arrêté sous la dénomination de « professeur du Collège d'Alger, chargé des observations météorologiques et magnétiques, chef de service725 ». Cette désignation est fautive puisque Simon enseigne les mathématiques pures et appliquées au Lycée726. Le « Collège d'Alger » est l'établissement des débuts de la colonisation et ce terme imprécis porte vraisemblablement la marque du Maréchal Vaillant. D'autre part, l'arrêté prend acte d'une situation antérieure mise en place par Le Verrier. Simon est chargé des observations qui lui ont été confiées précédemment par l'observatoire de Paris, même si le départ de Liais le met dans une situation inconfortable. La fonction de chef de service a été arrachée après une longue négociation comme l’attestent l'abbé Moigno et Bulard727. Simon ne conserve pas bien longtemps ce titre car un arrêté semble l'en déposséder en avril 1859 selon une lettre du Maréchal Pélissier728 :

723 Ministère de l'Algérie et des Colonies, 1859, Bulletin…,op. cit., p.180.

724 LAS de Charles Bulard au directeur des affaires civiles en Algérie du 11 mars 1861. Archives Nationales, F17/20303/A dossier biographique Bulard.

725 Ministère de l'Algérie et des Colonies, 1859, Bulletin…,op. cit., p.180.

726Almanach…, op. cit., 1858, p.583. Depuis le 21 septembre 1848, le Collège d’Alger a été érigé en Lycée. (Mélia J., 1950, L’épopée…, op. cit., p.26.)

727 Voir supra.

728 Cet arrêté ne figure pas au Bulletin officiel. Ministère de l'Algérie et des Colonies, 1860, Bulletin officiel de l'Algérie et des colonies contenant les actes officiels relatifs à l'Algérie et aux colonies publiés pendant l'année 1859, Paris, Imprimerie impériale, 740p.

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Un arrêté de M. le Ministre de l'Algérie et des Colonies, en date du 18 avril 1859, modifia les dispositions présentes, en ce sens, que le professeur chargé des observations météorologiques ne fut plus chef de service, et que la station fut placée sous la direction immédiate du Recteur de l'Académie d'Alger729.

Le second employé est désigné dans l'arrêté de création de la station comme « observateur astronome », terme qui est celui utilisé aussi dans l'arrêté de nomination de Bulard du 28 décembre 1858730. Alors que la station relève du recteur de l'académie d'Alger depuis le 26 novembre, la nomination de Bulard est faite par le secrétaire général du ministère de l'Algérie et des colonies. Un troisième poste est prévu aux termes de l'arrêté, celui d'homme de service. Il ne semble pas avoir été pourvu dans un premier temps.

La création de la station d'Alger, salué dans la presse métropolitaine731, n'est cependant pas évoquée dans les Comptes rendus hebdomadaires de l'Académie des sciences.

Dès sa nomination, Bulard travaille à son intégration comme nouveau point dans le réseau mondial des observatoires. Il se signale auprès de ses anciens confrères anglais à travers les

Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.

M. C. Bulard a été récemment nommé par le prince Napoléon pour organiser et dûment équiper un petit observatoire astronomique à Alger. Il est proposé que son attention soit principalement accordée aux détails physiques des corps célestes, pour la représentation desquels M. Bulard possède des aptitudes remarquables. Il est actuellement doté d'un instrument de transit et de deux télescopes à miroirs argentés. M. Bulard se fera un plaisir de recevoir des publications sur des sujets astronomiques et des communications adressées à lui comme Astronome de l'Observatoire d'Alger732.

729 LAS du 26 mars 1861 du Gouverneur général, Aimable Pélissier, duc de Malakoff, à Son Excellence le ministre de l'Intruction publique et des cultes. Archives Nationales F17/20303/A dossier biographique Bulard.

730 Nomination janvier 1859, le Conseiller d’État Secrétaire général du Ministère de l'Algérie et des colonies. Archives Nationales F/17/20303/A dossier biographique Bulard.

731 Cosmos du 31 décembre 1858, Journal des Débats du 09 février 1859, L'Ami des sciences du 4 novembre 1859.

732 « M. C. Bulard has been recently appointed by the Prince Napoléon to arrange and duly furnish a small Astronomical Observatory at Algiers. It is proposed that his attention be principally given to physical details of the heavenly bodies, for the delineation of which M. Bulard possesses remarkable aptitude. He is at present provided with a transit instrument and two silvered speculum reflecting telescopes. M. Bulard will gladly recieve publications on astronomical subjects and communications adressed to him as Astronome de l'Observatoire d'Alger. » Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, 11 novembre 1859, Vol. XX, n°1, p.24.

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Bulard est bien décidé à ne pas laisser son « chef de service » empiéter sur ses prérogatives astronomiques et ce n'est pas Simon qui est désigné à la communauté astronomique.

En réalité, les deux hommes ne travaillent pas ensemble lorsque Bulard rejoint Simon à Alger.

Par suite de la difficulté de trouver un immeuble commode au double point de vue des observations et des convenances personnelles des observateurs, MM Simon et Bulard chargés, l'un de la partie météorologique et magnétique, l'autre de la partie astronomique, ont été autorisés, comme vous le savez, à s'installer provisoirement chacun de son côté.

M Simon a établi le siège de ses observations au 3e étage d'une maison de la rue Babazoun, où par bail du 28 novembre dernier, revêtu de votre approbation, le Recteur a loué pour un an au prix de 360 francs, une pièce, un cabinet et une terrasse733.

Charles Bulard, arrivé en septembre1859, s'installe, dès le mois d'octobre 1859, au sommet de la Bouzaréah avec l'assentiment des autorités.

Il a sous-loué verbalement pour un an, du 1er octobre 1859 au 1er octobre 1860 et moyennant un prix de 300 francs, une maison de campagne occupée par un chevrier Maltais sur un des pics de la Boudzareah [sic], désigné sous le nom de Vigie734.

Dès cette époque, les services du ministère de l'Algérie chargent le préfet d'Alger de travailler à une solution pérenne sur ce site afin d'y rassembler les observateurs.

Ce dernier projet, s'il était reconnu préférable, devrait être conçu, en vue non seulement des observations météorologiques, mais aussi de l'éventualité du logement de deux observateurs735.

Ce projet semble exclure de facto Simon, dont la charge d'enseignement au Lycée ne lui permet pas de s'éloigner du centre-ville.

Cette répartition des rôles entre Simon et Bulard est scrupuleusement respectée par Simon. Avant l'arrivée de Bulard, il avait publié en 1858 plusieurs contributions dans le domaine de l'astronomie. Dès que la station est créée par le ministère de l'Algérie et des colonies, il s'en tient à son domaine réservé. Il travaille particulièrement sur le magnétisme terrestre et observe

733 Copie de lettre du ministre Secrétaire d'État de l'Algérie et des Colonies, Comte Prosper de Chasseloup-Laubat, à Préfet du département d'Alger, du 20 août 1860. Archives Nationales F17/20303/A : dossier biographique Bulard.

734 LAS copie de lettre du ministre Secrétaire d’État de l'Algérie et des Colonies, le Comte Prosper de Chasseloup-Laubat, à M. le Préfet du département d'Alger, du 20 août 1860. Archives nationales F17/20303/A : dossier biographique Bulard.

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deux des paramètres du champ magnétique à Alger, la déclinaison et l'inclinaison. Il utilise un instrument de l'observatoire de Paris que lui a fait parvenir Le Verrier, « un barreau aimanté collimateur, suspendu horizontalement dans une chape de verre à un faisceau de fils de soie sans torsion736 ». Il compare ses mesures à celles d'Aimé et de Bérard, réalisées à Alger dans la première décennie de l'occupation française et quantifie la variation du champ magnétique en fonction du temps à Alger. Ces travaux sont les seuls publiés par Simon pendant la période où il est chef de service de la station astronomique d'Alger. Ses autres articles, tous publiés dans la Revue Africaine d'Alger, sont des commentaires, déjà évoqués ci-dessus, sur la météorologie en Algérie737.

Bulard ne semble guère s'embarrasser de la répartition des rôles fixée par l'arrêté de 1858. À la Vigie du Mont Bouzaréah où il s'est donc établi, il cumule observations astronomiques et météorologiques comme il l'avoue au directeur des affaires civiles en Algérie en mars 1861 :

J’ai été obligé, étant à la Bouzarea de faire aussi les observations météorologiques en dehors des observations astronomiques afin de pouvoir utiliser ces dernières. C'était l'ouvrage de deux, ce qui m'a considérablement fatigué car j'ai passé beaucoup de nuits. Aujourd'hui, j'ai environ 30 000 observations astronomiques et météorologiques pendant seulement 8 mois que j'y suis resté738.

Il écrit quelques années plus tard que le choix du site de la Bouzaréah était le seul possible dans la perspective aussi d'observations magnétiques :

Le sommet de la Bouzaréa a été reconnu comme le seul et unique point, aux environs d'Alger, qui se prêtât à l'installation d'un observatoire astronomique, météorologique et magnétique739.

Bulard adopte une stratégie de publication en réaction à celle de son ancien « chef de service », concurrent et prédécesseur. Simon a publié une notice relative à l'éclipse de soleil de 1858 dans la Revue Africaine740. À son tour, Bulard publie une notice sur l'éclipse de soleil de 1860 dans

736 Simon C., 1860, « Note… », art. cit., p.304.

737 Simon C., 1859, « Sur les observations… », art. cit., p.60-64 ; Simon C., 1859, « Sur les observations… », art. cit., p.119-126.

738 LAS du 11 mars 1861 de Charles Bulard au Directeur des Affaires civiles en Algérie. Archives Nationales F17/20303/A : dossier biographique Bulard.

739 Bulard Charles, 1866, Exposé sur la situation de l'observatoire d'Alger. À messieurs les membres du Conseil du Conseil Supérieur de l'Algérie, Alger, Imprimerie de L'Akhbar, p.5. Voir ce texte en annexe 4.

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la même revue741. Cet article fait l'objet d'un tiré-à-part publié par la Librairie Bastide et est diffusé en France et en Algérie. Il fait même l'objet d'une campagne publicitaire742. [Illustration 7 : Encart publicitaire Notice sur l'éclipse totale de soleil du 18 juillet 1860 dans L’Akhbar] Cette éclipse est visible en Espagne et en Algérie le 18 juillet 1860. Bulard obtient une mission, ordonnée non par le recteur mais par le ministre de l'Algérie et des colonies. Il bénéficie, pour sa mise en œuvre, du soutien du commandant en chef de l'armée en Algérie, le général de division Edmond de Martimprey.

A l'automne 1860, Charles Bulard a définitivement pris le pas sur son « chef de service ». Bénéficiant de l'appui du ministère de l'Algérie et des colonies, il s'est dégagé de l'autorité du recteur et développe ses activités d'observations en astronomie et météorologie. S'il a investi puissamment le site de la Bouzaréah, son bail arrive cependant à terme au début du mois d'octobre 1860. L'administration préfectorale n'arrive pas à faire l'acquisition du terrain auprès du propriétaire et Charles Bulard doit se replier dans une maison d'Alger, 35 rue des consuls, dans la basse médina, près du port.

2.2.1.2 De l'Instruction publique au Gouverneur général

La station astronomique est créée par le ministère de l'Algérie et de colonies. Ce ministère, marquant une politique d'assimilation, s'est heurté en Algérie à l'opposition de l'armée. Selon Charles-André Julien, « la volonté d'unification aboutissait, du fait de la force des traditions, à un régime d'administration bicéphale qui entretenait des rivalités des officiers et des fonctionnaires civils743 ». Le 7 mars 1859, le prince Napoléon-Jérôme cède sa place au Comte de Chasseloup-Laubat, un économiste proche de l'empereur. Du 17 au 19 septembre 1860, l'empereur Napoléon III visite l'Algérie et il constate la profonde division du pouvoir.

Le spectacle d'une administration civile à la fois coûteuse et inefficace, enfin le souci de préserver la noble nation arabe de l'exploitation, tout incitait Napoléon III à rétablir le régime militaire744.

741 Bulard Charles, 1860, « Notice sur l'éclipse totale de soleil du 18 juillet 1860 », Revue africaine, n°23 A4, p.375-390.

742 Akhbar du Mardi 17 juillet 1860, n°3059 A22, p.4.

743 Julien C.-A., 1979, Histoire…, op. cit., p.412.

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Par les décrets du 24 novembre et du 10 décembre 1860, le ministère de l'Algérie est supprimé et le Gouvernement général rétabli. Il est confié au Maréchal Pélissier, duc de Malakoff, vieux militaire qui avait participé à l'expédition d'Alger et caricature de ce que l'on nomme « le régime du sabre ». Seuls la Justice, l'Instruction publique et les Cultes échappent alors à son pouvoir direct745. Un conseil supérieur lui est adjoint, composé du directeur général de l'administration civile, du commandant supérieur du génie, de l'inspecteur général des services financiers, de deux conseillers rapporteurs, du sous-gouverneur, des trois généraux commandant les divisions, du premier président de la cour impériale d'Alger, des trois préfets, du recteur, de l'évêque et de six conseillers généraux. Ce Conseil examine le budget annuel et la répartition des impôts. Aux termes de ces décrets de 1860, la station astronomique et son personnel passent formellement du ministère de l'Algérie et des colonies au ministère de l'Instruction publique, représenté à Alger par son recteur, Charles Delacroix, en poste depuis 1848 et qui jusqu'alors, malgré l'arrêté de 1858, n'avait guère pu faire valoir son autorité sur l'observatoire.

Cependant, le Maréchal Amable Pélissier se pique d'astronomie. Pélissier n'était pas homme de compromis. Charles-André Julien écrit :

Sans doute était-ce quelque fée ayant le printemps en tête qui lui avait fait donner le prénom d'Amable car il pratiquait l'amabilité comme les Euménides la bienveillance746.

Un autre historien de « l'école d'Alger », Marcel Emerit, porte un jugement sévère sur ce personnage lorsqu'il accède aux fonctions de gouverneur général.

Le vainqueur de Sébastopol était dans un état de décrépitude avancé. Il battait ses serviteurs, troussait les jupes de ses servantes, bousculait ses généraux, lâchait dans les salons des grossièretés de corps de garde et, au Conseil du gouvernement, prononçait des paroles incohérentes747.

Pour sa part, Bulard bénéficie du soutien de l'armée pour l'observation de l'éclipse de soleil de l'été 1860, mais il est contraint de se replier sur une maison de la basse Casbah pour travailler à partir de l'automne 1860. Bulard se lasse d'attendre l'installation d'un observatoire sur le terrain de la Bouzaréah et juge que la conséquence des décrets de la fin d'année 1860, c'est -à-dire son rattachement à l'Instruction publique, gênent son action. Au printemps 1861, il s'en

745 Gouvernement général de l'Algérie, 1862, Bulletin officiel du gouvernement général de l'Algérie. Première année 1861, Alger, Imprimerie typographique Bouyer, p.6.

746 Julien C.-A., 1979, Histoire…, op. cit., p.420.

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ouvre au directeur des affaires civiles d'Alger, un haut fonctionnaire de l'administration du gouvernement général :

L'Observatoire d'Alger relève en ce moment, je crois provisoirement, du Ministère de l'Instruction Publique mais ce n'est pas encore une affaire décidée, et du reste l'Observatoire d'Alger est ou serait applicable à l'article 8 du décret du 24 novembre dernier. Sont distraits du Ministère de l'Instruction Publique pour être placés dans les attributions du ministère d’État, les services qui ne touchent pas directement à l'enseignement public ni aux établissements spéciaux de l'Université, et quelque soit le ministère de qui il doive dépendre, je suis sûr d'avance que sur une simple demande de votre part, vous auriez l'Observatoire sous votre dépendance et nous aurions le bonheur d'être administré ici et par vous. Et d'ailleurs, vous trouverez aussi son Excellence le Gouverneur Général qui veut bien s'intéresser à nous, également disposé en notre faveur748.

Bulard argumente que seule une administration locale, réactive, peut lui permettre de faire face à l'urgence de « mission scientifique pour aller dans l'intérieur ou sur les limites de l'Algérie, pour aller observer des phénomènes astronomiques comme l'éclipse totale du 31 Décembre prochain qui sera totale et visible dans le Sud749 ». « L’astronome observateur » prend ainsi contact avec l'administration pour évoquer l'avenir de l'observatoire car le « chef de service » Simon a jeté l'éponge. L'Akhbar du 10 mars 1861 annonce son départ d'Alger :

M. Simon, professeur de mathématiques spéciales au Lycée d'Alger, est nommé directeur de l'observatoire de Marseille750.

Le Verrier conserve ainsi Simon sous sa protection, et organise la mise sous tutelle parisienne de l'observatoire de Marseille, à défaut d'avoir pu étendre son influence et son réseau de l'autre côté de la Méditerranée. Bulard est désormais seul, face au recteur et au gouverneur général, pour les affaires astronomiques.

Dans une lettre du 26 mars 1861, dix jours après le courrier de Bulard au directeur des affaires civiles, Pélissier évoque avec le ministre de l'Instruction publique le sujet de la construction de l'observatoire sur le sommet de la Bouzaréah :

748 LAS du 11 mars 1861 de Charles Bulard au Directeur des Affaires civiles en Algérie. Archives Nationales F17/20303/A : dossier biographique Bulard.

749Ibidem.

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Dans cette situation, entrerait-il dans vos intentions, Monsieur le Ministre et cher Collègue, de subvenir sur le budget de votre Département, aux dépenses prochaines, et ensuite annuelles, de l'Observatoire d'Alger : les premières peuvent être évaluées à 30 000 francs ; les secondes à 6 000 francs ; Ou bien, ne verriez-vous aucun inconvénient à ce que, par similitude, et par application des dispositions de l'article 8 du décret du 24 novembre 1860, cet observatoire eût un caractère purement Algérien et releva directement du Gouvernement Général ? Telle est la question sur laquelle je crois devoir appeler l'attention de Votre Excellence, en la priant de me donner son avis751.

Charles Bulard soutient explicitement la position du Gouvernement général afin d'échapper au recteur qu'il juge incompétent en la matière. Il écrit au directeur général des affaires civiles de l'Algérie que « la décision que vous allez prendre sera pour nous une source de prospérité dans nos travaux ou une suite continuelle de tribulations et de vexations de toutes sortes »752. Le Maréchal obtient, non sans mal753, le rattachement de ce qu'il désigne alors comme « l'observatoire d'Alger » à son gouvernorat, contre l'avis du ministre de l'Instruction publique qui évoque lui « la station astronomique d'Alger »754. Le Verrier ne prend pas part à cette polémique car, au printemps 1861, il focalise son attention et son énergie dans une violente controverse devant l'Académie contre Delaunay. Par décret impérial du 6 juillet 1861, « l'observatoire est placé dans les attributions du gouvernement général755 ». Il y est administré par la direction générale des services civils.

751 LAS du Maréchal Pélissier au ministre de l’Instruction publique du 26 mars 1861. Archives nationales F17/20303/A dossier biographique Bulard.

752 LAS du 30 avril 1861, Alger 35 rue des Consuls, Bulard astronome de l'observatoire d'Alger à Monsieur le Conseiller d'État, Directeur Général des affaires civiles de l'Algérie. Archives nationales F17/20303/A dossier biographique Bulard.

753 Le ministre Fortoul est dans un premier temps très opposé à cette modification. « C'est vous dire, Monsieur le Gouverneur Général, qu'il ne me paraît pas possible de voir dans l'article 8 du décret du 24 novembre 1860 le germe du principe qui ferait de l'observatoire d'Alger un établissement purement Algérien, ainsi que votre Excellence semblerait le supposer. Les observatoires de France relèvent en effet de mon département ; celui d'Alger en dépendait jadis et il s'y trouve rattaché depuis que le service de l'Instruction publique a cessé d'appartenir à un Ministère spécial d'Algérie ». Minute de lettre du 22 avril 1861 du ministre de l’Instruction publique, Gustave Rouland, au Gouverneur Général de l'Algérie. Archives Nationales F17/20303/A. Dossier biographique Bulard.

754 Archives Nationales F17/20303/A. Dossier biographique Bulard. Correspondances de 1861.

755 Arrêté manuscrit : « Ministère de l'Instruction publique et des Cultes. Secrétariat ». LAS Vichy 6 juillet 1861 du chef du 1er bureau du secrétariat général du ministre Rouland pour l'Empereur. Article 2 : « Toutefois, le