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CHAPITRE 4 LA MÉTHODOLOGIE

5.3 Les éléments favorisant la RT selon le cadre conceptuel

5.3.2.2 Le partenariat et l’appropriation du pouvoir

Mais j’prenais mes décisions puis tout ça là, elle me laissait libre de prendre mes propres décisions. –Anouk

Travailler en équipe et renforcer la capacité de la personne à prendre du pouvoir sur sa vie peut avoir un effet sur la construction de la RT. Effectivement, on remarque que les personnes apprécient que les décisions soient prises en partenariat avec l’intervenant, et aussi avec tous les autres professionnels gravitant autour d’elles :

« On travaille de concert avec une psychoéducatrice, elle a des compétences, c’est certain aussi. Intervenant, […] il est super gentil puis il est respectueux puis avec lui je suis en confiance. J’sais qu’on va s’diriger vers ça puis il s’occupe de cas comme ça. Fait que j’me dis plutôt qu’avoir seulement l’aide de Organisme qui, peut-être, font pas ça depuis longtemps non plus. J’me dis, j’ai deux personnes qui travaillent, on travaille ensemble puis on s’rencontre, comme là on va s’rencontrer au mois de septembre, avec Intervenante, où est-ce qu’on est rendu. Puis là ils trouvent que présentement, j’évolue en plein dans l’cœur de l’action de mon plan d’action. […] Fait que ça, ça m’fait des buts, puis ça me remet en action. Fait que j’trouve que je suis dans mon plan d’action, tout en étant dans ma famille, tout en étant dans mon milieu à Organisme, puis en travaillant sur mes relations à Organisme aussi. Fait que j’travaille beaucoup de choses là. » (Battant)

On voit ici que le partenariat a un effet bénéfique pour la personne, car elle se sent soutenue par une équipe, et que toutes les personnes formant cette équipe (la personne et son réseau social inclusivement) partagent les mêmes buts. Avoir la même vision renforce les liens et facilite la communication entre les différents membres de l’équipe. Évidemment, il faut que la personne soit au centre du processus et que les professionnels soient à l’écoute de ses besoins.

Travailler en partenariat en ayant la même vision de la situation est aussi un élément facilitant l’appropriation du pouvoir. De ce fait, les personnes apprécient que l’intervenant les incite à prendre leurs propres décisions et les laisse libres d’agir (autodétermination),

quitte à faire des erreurs. L’intervenant doit guider les décisions et non les imposer, comme l’affirme cette participante :

« Parce qu’elle m’aidait puis… encore là quand il y avait des situations que j’vivais fallait que j’prenne les décisions par moi-même… puis c’est sûr qu’il y a une affaire, il y a quelque chose qui s’est passé que je n’ai pas pris la bonne décision, mais ce n’est pas grave, je ne reviens pas sur le passé. Mais j’prenais mes décisions puis tout ça là, elle me laissait libre de prendre mes propres décisions. Puis c’est important. […] Elle me guidait mais elle ne me conseillait pas là; elle ne me disait pas « fais ça, fais ça, fais ça, fais ça. » (Anouk)

Les personnes apprécient aussi que l’intervenant encourage leur individualité en respectant leurs décisions et leurs manières d’agir. Ainsi, elles sentent que l’intervenant comprend leurs motivations et est à leur écoute :

« Mais quand je tombais sur une certaine intervenante, puis qui était un petit peu plus jeune que moi, elle disait d’essayer ce que moi j’pensais qui était le mieux, de ne pas juste m’abaisser à faire ce que les autres intervenants disaient de faire. Donc elle écoutait un petit peu plus mon côté rebelle, puis ça j’aimais ça. » (Guy)

Pour prendre et appliquer des décisions, il faut parfois réaliser certains apprentissages. En conséquence, les intervenants peuvent aider la personne à réaliser certaines tâches par elle-même et à prendre confiance en ses capacités, tel que démontré dans cet extrait :

« J’avais un petit problème avec mes changements d’adresse quand j’venais de déménager, puis c’est elle qui a pris la relève au téléphone, qui m’a donné confiance, par après parce qu’à un moment donné elle s’est décidée puis elle m’a dit « bon bien là Grisou il faut que tu fasses tes appels par toi- même ». Là il a fallu que j’me fasse confiance, que j’appelle par moi-même les téléphones importants que j’avais à faire. » (Grisou)

En définitive, la dimension de collaboration nous indique que pour favoriser la RT, la personne et l’intervenant doivent développer une relation basée sur la mutualité, l’égalité et la réciprocité, le partenariat et l’autodétermination. L’individu doit être l’acteur principal

dans son processus de rétablissement et les différents intervenants sont présents pour le soutenir de façon à augmenter son autonomie décisionnelle et son pouvoir d’agir. Le Tableau 12 fait état des différents éléments se rapportant à la dimension de collaboration et ses sous-dimensions.

Tableau 12

Synthèse des dimensions et des sous-dimensions de collaboration

Dimensions Sous-dimensions

Mutualité  Égalité et réciprocité

 Partage de points communs

 Partage des forces

 Relation amicale/proximité Partenariat et appropriation du pouvoir  Travail d’équipe

 Partage de la même vision

 Autodétermination

 Respect de l’individualité

 Apprentissage/prise de conscience des capacités

5.3.3 La dimension thérapeutique

Cette dimension renvoie aux aspects curatifs de la relation, de même qu’aux interventions et à leurs effets. Nous y retrouvons trois sous-dimensions soit : les techniques d’intervention, la compétence et les connaissances et le passage à l’action.

5.3.3.1 Les techniques d’intervention

Fait que j’savais où je m’en allais parce que sinon j’étais désordonnée moi là là! -Anouk

Cette dimension réfère plutôt au savoir-faire des intervenants. Il s’agit des techniques utilisées par les professionnels et qui font en sorte que la relation est aidante et

apporte des résultats dans la vie quotidienne de la personne. Les participants ne semblent pas se formaliser des techniques de communication traditionnellement associées à l’intervention psychosociale telles que la reformulation, la clarification, le reflet, etc. Ils remarquent, par contre, que plusieurs outils peuvent leur être utiles. En effet, utiliser un outil d’intervention peut être vu comme un ajout qui peut être très bénéfique pour les personnes. Ce qui permet, par exemple, d’organiser l’intervention et de faire en sorte que la personne et l’intervenant travaillent dans le même sens, comme on peut le voir dans cet extrait :

« Bien c’était un livre pour travailler ma personnalité puis travailler mes petits défauts puis tout ça puis… Tu mets des objectifs à toutes les semaines tout ça, fait que j’savais où je m’en allais parce que sinon j’étais désordonnée moi là là! Fait qu’avec le livre là ç'a vraiment servi là. » (Anouk)

Les outils peuvent aussi être utilisés afin d’atteindre un but précis visé par la personne tel que trouver des moyens d’éviter les hospitalisations, gérer son stress, apprendre à administrer son budget, avoir une routine de vie, prendre sa médication assidûment, etc. Leur utilisation peut donc être directement liée à la satisfaction concrète de certains besoins, tel qu’évoqué dans cet extrait :

« C’est un intervenant qui fait en sorte que tu ne retournes pas à l’hôpital à toutes les années, qui te donne des outils pour que tu chemines dans ta maladie sans avoir à retourner à l’hôpital tout l’temps puis recommencer, puis recommencer, tomber puis remonter, tomber puis remonter. » (Grisou)