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CHAPITRE 4 LA MÉTHODOLOGIE

4.5 La collecte de données

Afin de recueillir les données nécessaires pour répondre aux objectifs de la recherche, nous avons utilisé trois stratégies de collecte de données : a) une fiche signalétique permettant de recueillir des données de nature sociodémographique (Annexe C), b) une carte écosystémique permettant de circonscrire le réseau social de la personne (Annexe D) et c) une entrevue semi-dirigée (Annexe E). La stratégie de collecte de données s’est effectuée en une rencontre d’une durée d’environ 30 à 180 minutes (moyenne d’environ 50 minutes). Toutes les entrevues ont eu lieu à l’organisme de référence. Le Tableau 6 permet de situer les trois stratégies de collecte de même que les dimensions qui ont été étudiées par ces dernières.

Tableau 6

Thèmes et stratégies de collecte de données utilisées

Thèmes Sous-thèmes Stratégie

Caractéristiques des participants

 Âge et sexe

 État civil

 Principale source de revenu

 Emploi et scolarité

 Profil d’utilisation des services en SM

 Fiche signalétique

Nature de la RT  Description d’une RT significative d’une durée de six mois et plus selon les quatre dimensions  Humaine  De collaboration  Thérapeutique  Contextuelle  Entrevue semi- dirigée Place de la RT dans le réseau de soutien

 Exploration du soutien social objectif :

 Famille

 Amis

 Travail, étude

 Communauté

 Nature de l’aide apportée (émotionnelle, partage d’activités, information/conseil, soutien matériel, réseautage)

 Évaluation de la satisfaction subjective du réseau de soutien

 Carte

écosystémique

Effets de la RT sur le mieux-être

 Comment, le cas échéant, la relation significative a amené des bénéfices sur le plan de :

 L’espoir et l’optimisme

 Le sens de soi

 Les buts, le travail et autres activités professionnelles

 L’insight et la prise de conscience de son potentiel

 L’appropriation du pouvoir et l’autodétermination

 L’émergence de nouvelles circonstances et possibilités

 Entrevue semi- dirigée

La première stratégie (fiche signalétique) consiste en un court questionnaire de 15 questions, complété par la personne, avec l’aide de l’étudiante-chercheure. Cette fiche signalétique comprend des questions portant sur l’âge, le sexe, l’état civil, la principale source de revenu et l’emploi. De plus, nous y avons inclus un profil d’utilisation des services de SM afin de savoir quels services sont utilisés présentement par la personne. Cet outil a été utilisé afin de cerner les caractéristiques propres à notre échantillon et de pouvoir comparer nos résultats à d’autres études effectuées sur une population ayant ou non les mêmes caractéristiques (Lièvre, 1998).

La deuxième stratégie consiste en l’élaboration, avec le participant, d’une carte de son réseau social personnel (Sluzki, 2010). En plus de favoriser la prise de contact et la relation de confiance entre la chercheure et le participant avant l’entrevue, cette stratégie a permis de situer la RT dans son contexte (voir objectif 2 de l’étude). Elle a été utilisée afin de comprendre la place qu’occupe l’intervenant social dans le réseau social de la personne en comparant les diverses interactions que la personne entretient avec son entourage. En effet, selon Strauss (1987, dans Deslauriers, 1991) : « si nous négligeons le contexte, les conditions, la structure, nous court-circuitons l’explication » (p. 78). Donc, afin de donner un sens à la RT, il nous apparaît important de considérer le contexte dans laquelle elle évolue. La carte du réseau social personnel est un outil constitué d’un cercle divisé en quatre cadrans, lesquels sont divisés en trois niveaux (intime, proche, connaissance). Les cadrans comprennent : la famille, les amis, le travail et les études ainsi que la communauté (qui inclut les différents intervenants sociaux). La marche à suivre était simplement de mettre des points représentant les divers membres du réseau au bon endroit dans le cercle. En plus de ce soutien visuel, les personnes interrogées étaient aussi invitées à dévoiler quelles personnes dans leur entourage sont plus enclines à leur fournir de l’aide émotionnelle, sur les plans du partage d’activités sociales et récréatives, des informations/conseils, du soutien matériel et de les aider au développement de leur réseau. Finalement, une échelle de type Likert a été utilisée afin d’évaluer le niveau de satisfaction de la personne face à son réseau social (satisfaction subjective).

La troisième stratégie de recherche est l’entrevue semi-dirigée, enregistrée de manière audio, dans laquelle les thèmes suivants ont été abordés : la nature et les caractéristiques de la RT entre la personne et l’intervenant et les effets de la RT sur le rétablissement de la personne en lien avec ses facteurs d’influence. Les trois stratégies de recherche combinées sont d’une durée de 15 à 125 minutes (moyenne d’environ 40 minutes).

Plusieurs facteurs sont à l’origine du choix de l’entrevue semi-dirigée comme outil privilégié de collecte d’information. Premièrement, nous avons tenu compte de l’objectif ultime de l’étude, soit de déterminer l’apport de la RT dans le rétablissement, qui est un thème complexe pouvant être délicat. Ensuite, nous nous sommes intéressés au sens particulier de l’expérience des personnes, afin d’en faire ressortir une compréhension approfondie. Enfin, et c’est le plus important, nous avons voulu établir une relation humaine avec les participants afin d’ajouter à notre compréhension. En effet, il nous a semblé opportun de baser notre collecte de données sur une relation de collaboration afin d’étudier, en fait, une autre relation. Toutes ces considérations ont motivé le choix de l’entrevue semi-dirigée (Savoie-Zajc, 2003).

Aussi, notons que, toujours dans l’optique d’agir en fonction des principes du rétablissement, nous avons voulu aller chercher l’expertise des personnes face à leur expérience personnelle concernant une RT positive. Ce savoir expérientiel, tel que le propose Savoie-Zajc (2003), est à l’origine d’un savoir construit conjointement par les deux parties lors d’un échange verbal et contribue à dégager une compréhension du phénomène étudié.

Nous avons aussi choisi l’entrevue semi-dirigée afin d’avoir le point de vue des personnes qui sont directement concernées par le phénomène. Nous avons voulu discerner ce qu’elles pensent, connaître leurs sentiments, leurs attitudes, leurs opinions, etc. (Deslauriers, 1991; Poupart, 1997; Savoie-Zajc, 2003). Le but était de mettre en lumière la

perspective des personnes utilisatrices de services en SM et de donner l’occasion aux personnes de prendre la parole et de raconter leur vécu. Dans le même ordre d’idées, Poupart et al. (1998) affirment, en parlant de la forme expressive de la recherche qualitative :

L’expression de cette parole donne en même temps aux sujets leur identité grâce à laquelle ils acquièrent le statut d’acteurs et rend visibles des situations souvent censurées ou ignorées dans le débat public. L’information devient expression, totalité signifiante. (p. 32)

Il serait bien prétentieux de penser que notre recherche peut contribuer à l’élaboration de l’identité des participants, néanmoins, elle a créé un espace où les personnes ont pu avoir l’occasion de s’exprimer librement et de contribuer à un projet centré sur leur vision.