• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1. ÉLEMENTS D’ANALYSE DU CONCEPT DE CULTURE

2. PRINCIPALES ÉTUDES TRAITANT DE LA GESTION CULTURELLE

2.3. Le modèle multidimensionnel de Trompenaars

Trompenaars (1993) a réalisé une étude sur 15 000 professionnels auprès de 50 pays. Sa recherche visait à analyser l’impact des différences culturelles sur les pratiques de gestion.

Selon l’auteur, la mondialisation incite les entreprises à imposer à leurs filiales des systèmes

d’organisation et à uniformiser leurs modes de gestion. Son expérience montre que les organisations qui ne prennaient pas en compte les spécificités locales, étaient vouées à

l’échec. D’après Trompenaars (1993), l’incompréhension des différences culturelles peut être considérée comme cause principale des dysfonctionnements des organisations. Quant à lui, la

culture donne l’occasion à un groupe de communiquer et de traiter des problèmes de façon

spécifique. De plus, les connaissances des spécificités de laculture d’un groupe est essentielle

afin de comprendre sa manière de réagir et de résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée. Il suggère donc que la culture est le résultat de la recherche de solutions des

38

problèmes de l'environnement, du temps, et des relations avec les autres. Dans cette optique,

l’auteur a dégagé sept dimensions binaires de la culture qu’il regroupe en trois catégories. La

première catégorie se nomme universalisme vs particularisme. Cette dimension a été identifiée pour montrer des différences significatives dans le comportement social des individus à travers les cultures (Triandis, 1995).

Selon Trompenaars, dans les cultures universalistes les gens respectent généralement les normes qui sont universellement acceptées et les relations entre eux sont prescrites par les

lois, les règles, les valeurs et les obligations. Ces cultures accordent donc plus d’importance aux règles qu’aux relations personnelles.

Cet auteur classe les États-Unis, le Canada et les pays d’Europe du Nord comme des pays universalistes. En ce concerne la dimension « particularisme», les gens accordent plus

d’importance aux relations qu’aux règles et qu’auxcontrats juridiques. Les pays d’Asie et les

pays d’Europe peuvent être considérés, selon l’auteur, comme particularistes.

La deuxième dimension identifiée par Trompenaars se refère à l’individualisme versok le communautarisme. Il est orienté vers l’individu lui-même. L’utilisation du « je », la performance individuelle et la responsabilité personnelle sont des caractéristiques de cette dimension. Le pays le plus individualiste, selon Trompenaars, est le Canada et les États-Unis. De son côté, le communautarisme se caractérise par l’utilisation du « nous » et par la prise de décision en groupe et les imputations partagées. La France est vue ici comme pays

communautaire à l’opposé de l’étude de Hofstede où la France a été identifiée comme pays individualiste. En effet, les termes « communautarisme » utilisé par Trompenaars et « collectivisme » utilisé par Hofstede sont définis différemment. Alors que Hofstede « fait référence au temps pour soi, à la liberté, au défi, à la formation, aux conditions de travail et à

l’utilisation des capacités, Trompenaars, de son côté, se limite au cas des relations

interpersonnelles, de la prise de décision et de l’accomplissement individuel. Cette distinction

fait en sorte que les deux dimensions sont différentes bien que leurs noms soient identiques »

(Arcand, 2006, p.92).

La troisième dimension concerne l’affectivité et la neutralité. Selon Trompenaars, dans les cultures neutres, les gens croient qu'ils doivent toujours contrôler leurs émotions, laisser leurs actions être influencées par la raison plutôt qu’au sentiment et ne pas laisser les autres savoir ce qu'ils ressentent.

Dans ce contexte, les gens sont censés gérer leurs émotions de façon rigoureuse, ils n’utilisent

39

interférer dans les relations professionnelles et ils regardent et interprètent attentivement les réactions émotionnelles des autres. Au contraire, les individus dans les cultures émotionnelles sont autorisés à exprimer spontanément leurs sentiments au travail, et à participer (au moins partiellement) à la prise de leurs décisions. Ils sont censés s’ouvrir émotionnellement aux autres et utiliser des moyens émotionnels pour communiquer.

Les Européens du nord ainsi que les Canadiens adoptent habituellement des sentiments neutres, alors que les Européens du sud ont, quant à eux, tendance à montrer leurs sentiments affectifs.

Comme quatrième dimension, cet auteur nous parle des culturesspécifiques et diffuses. Selon lui, certaines cultures sont « spécifiques » où les relations sont directes. En effet, il faut conserver la distinction entre les relations professionnelles et personnelles et avoir de la transparence dans les relations professionnelles. Etablir une séparation entre les relations personnelles et professionnelles signifie que les gens croient qu'ils peuvent très bien travailler ensemble sans avoir nécessairement une bonne relation personnelle. Les cultures dites « diffuses » ont des relations plutôt indirectes où l’ambiguïté est acceptée. Dans ces cultures, il

existe un chevauchement entre la vie personnelle et professionnelle où les gens croient

qu’avoir de bonnes relations personnelles avec leurs partenaires est une condition essentielle

pour la réussite professionnelle.

La cinquième dimension se réfère à l’orientation établie sur l’accomplissement

vs l’orientation basée sur l’attribution. Dans une culture fondée sur l’accomplissement, comme les États-Unis, les individus ne signalent leurs titres que lorsque c’est essentiel. De plus, les subordonnées ne respectent leur supérieur que celui-ci possède des compétences pour effectuer le poste. Tandis que pour les cultures basées sur l’attribution, comme la russie et la Chine, les titres sont utilisés de manière excessive. Le respect des supérieurs est considéré

comme une mesure de l’engagement du subordonné. La sixième dimension se rapporte à l’attitude à l’égard du temps. Afin d’organiser leurs activités professionnelles, les hommes d’affaires sont obligés, dans une certaine mesure, d’avoir la même conception du temps. Par conséquent, le respect du temps pour les peuples du nord de l’Europe et de l’Amérique du Nord peut gêner les hommes d’affaires du sud qui eux ont une vision différente.

La dernière dimension se réfère aux cultures dirigées vers le contrôle interne vs le contrôle externe. Dans les cultures favorisant le contrôle interne, comme les États-Unis et le Canada, les individus ont une vision mécaniste de la nature. Ils croient que la nature est complexe et

40

changeant par l'expertise appropriée. D’un autre côté, au demeurant les cultures orientées vers le contrôle externe, les gens ont une vision organique de la nature. Au lieu de faire face à

l’environnement changeant, les membres de ces cultures essaient de s’y adapter. Ils ont donc

une attitude plus flexible et plus confortaple avec le changement.