- toponymie ;
- etc.
Aussi, et avant toute chose, la langue doit-elle se voir attribuer un titre et un rôle au sein de son
espace de diffusion. Sa reconnaissance institutionnelle contribue à la délimitation de son aire
67#08,&+$5.(&2+*4$*.2$%#($#*85%#9$V7&q$,5$/.#*(+&'$8&,+(+/ue de « langue officielle » et « langue
nationale », partant du principe a priori que la notion de « dialecte » pris dans son sens
dénigrant de variété « basse » ne remplit pas de fonctions « formelles » (vie publique,
enseignement, mass média) mais uniquement « informelles » ou « folkloriques » (sphère privée
ou très limitée, famille, plaisanteries, animaux, etc.) (Gardy et Lafont, 1981, p. 76).
3.4.3. Langue officielle / langue nationale
Les deux notions « officielle » et « nationale » renvoient à deux champs interdépendants :
- le champ des catégories juridiques ;
- le champ de la territoriali(4$&.3$8,.*$824%+*40#'(3$6#*$,+0+(#*$(#22+(&2+5,#*$67588,+%5(+&'$
de la loi.
Juridiquement, les catégories « officielle » et « nationale » relèvent de la reconnaissance
institutionnelle de la langue concernée. Les deux catégories affirment en outre aux yeux de tous
,#*$ ;51+(5'(*$ 6.$ (#22+(&+2#$ ,5$ ,4-+(+0+(4$ 67.*5-#$ 6#$ ,5$ ,5'-.#9$La différence entre les deux
qualifications tient essentiellement à leurs sphères reconnues ou autorisée*$67.(+,+*5(+&'9$On en
revient aux prérogatives listées par L.-J. Rousseau : l5'-.#$ 67#'*#+-'#0#'(3$ ,5'-.#$ 6#$
communication institutionnelle, langue de travail, etc.
En termes strictement définitoire, le dictionnaire Larousse donne les acceptions suivantes de
,7#'(24#$« officiel / officielle »
54:
« Qui émane du -&.A#2'#0#'(3$6#$,7560+'+*(25(+&'3$6#*$5.(&2+(4*$%&084(#'(#*9
Dont le caractère authentique est publiquement reconnu par une autorité. »
Jacques Leclerc, sur le site de recensement des aménagements linguistiques dans le monde de
,7='+A#2*+(4$ 6#$ "5A5,$ 5.$ Québec
55, recentre sa définition autour de considérations
sociolinguistiques :
« Le statut de G langue officielle H étant un concept plus ou moins ambigu, il faut comprendre que,
dans ce site (site internet recensant les aménagements linguistiques dans le monde, ndlr), une
langue officielle est reconnue par la loi (de jure) ou dans les faits (de facto) par un État (souverain
ou non souverain), sur l'ensemble du territoire ou une partie de celui-ci. Dans tous les cas, il faut
que cet État dispose d'une assemblée, d'un Exécutif et d'une fonction publique, ce qui exclut les
langues officielles d'un territoire autochtone (« réserve »), d'une région administrative, d'une
commune ou d'une municipalité. Un État peut reconnaître deux, trois ou quatre langues officielles
sur son territoire. On parle alors d'État bilingue, trilingue ou quadrilingue. »
Il se limite toutefois dans sa définition aux entités territoriales pleinement souveraines,
reconnues pol+(+/.#0#'($ 852$ ,#*$ &2-5'+*5(+&'*$ +'(#2'5(+&'5,#*$ (#,,#*$ /.#$ ,7M2-5'+*5(+&'$ 6#*$
l5(+&'*$='+#*$&.$,7='+&'$#.2&84#''#9$P,$#'$#*($825(+/.#0#'($6#$0T0#$8&.2$w&1#2($K;5.6#'*&'$
et Doroth4#$w5y&(&05,5(5$8&.2$/.+$,7&EE+%+5,+(4$6#$,5$,5'-.#$#*($> le statut qui lui est accordé
852$ ,7R(5($ 65'*$ ,5$ K&'*(+(.(+&'$ Ode jure) ou dans les faits (de facto) » (Chaudenson et
Rakotomalata, 2004, p. 12).
La langue officielle se présente donc en premier lieu comme la langue de communication des
+'*(+(.(+&'*9$L,,#$6+*8&*#$67.'#$,4-+timité garantie par la loi écrite ou la loi coutumière. Elle est
par ailleurs le support de rédaction et de publication des lois, décrets et règlements émanant des
autorités nationales.
La notion de « langue nationale » est plus diffuse car aucune définition légale stricte ne délimite
,#$ %&'%#8($ 67.'$ 8&+'($ 6#$ A.#$ X.2+6+/.#9 La langue nationale peut endosser des fonctions
différentes en fonction des cas de figure spécifiques. Chaudenson et Rakotomalata ne tiennent
compte de la désignation que « à condition /.7.'#$5.(2#$,5'-.#$'#$*&+($85*$64*+-'4#$%&00#$
G officielle H » (ibid.Q9$U&.2$*5+*+2$,5$8&2(4#$6.$%&'%#8(3$+,$#*($5,&2*$'4%#**5+2#$6#$,7&1*#2A#2$65'*$
ses différentes configurations.
a. Langue officielle. Une langue nationale est également officielle quand les deux
'&(+&'*$*#$%&'E&'6#'(9$K7#*($,#$%5*$6.$E25'?5+*$#'$N25'%#$&ù la langue nationale est
,5$,5'-.#$&EE+%+#,,#$852$,7:2(+%,#$_$6#$,5$K&'*(+(.(+&'
569$K7#*($4-5,#0#'( le cas de
,75,,#05'6$ #'$ w48.1,+/.#$ N46425,#$ 67:,,#05-'#9$ V5'*$ %#$ %5* précis, les deux
notions sont confondues de facto puisque ,75,,#05'6$ '#$ E5+($ ,7&1X#($ 675.%.'#$
déclaration institutionnelle ni légale de la part des autorités
579$K#8#'65'(3$,75,,#05'6$
est 5.$%#'(2#$6#*$8&,+(+/.#*$67+'(4-25(+&'*$'5(+&'5,#*9 K7#*($4-5,#0#'($,#$%5*$6#$,5$
Belgique qui possède trois langues nationales (le français, le néerlandais et
,75,,#05'6Q3$ (&.(#*$ ,#*$ (2&+*$ 2#%&''.#*$ %&00#$ &EE+%+#,,#*$ 852$ ,7:2(+%,#$ o$ 6#$ ,5$
Constitution
58.
b. Langue reconnue mais non officielle. La langue nationale est reconnue comme
propre à toute ou partie de la communauté nationale du pays. Dans ce cas, elle fait
,7&1X#($67.'#$0#'(+&'$65'*$,#*$(#)(#*$,4-5.)$B$%g(4$675.(2#*$,5'-.#*$'5(+&'5,#*$#($
officielles. l45'0&+'*3$ ,5$ ,5'-.#$ '7#*($ ,#$ *.88&2($ 675.%.'#$ %&00.'+%5(+&'$
institutionnelle ni juridique. K7#*($ ,#$ %5*$ *84%+E+/.#$ 6.$ ,.)#01&.2-#&+* qui, par
,7:2(+%,#$ a
erde la loi du 24 février 1984, est disposé « langue nationale des
Luxembourgeois » à côté du français « langue de législation ]$ 852$ ,7:2(+%,#$ _
59.
Cette configuration se retrouve dans de nombreux pays nés de la décolonisation où
les langues coloniales ont été maintenues comme langues officielles interethniques
mais où les langues des différentes communau(4*$#(;'&,+'-.+*(+/.#*$X&.+**#'($67.'#$
reconnaissance officielle. Le rapport de R. Chaudenson et D. Rakotomalata fournit
une liste très détaillée de ces situations. On y retrouve, par exemple, le Cameroun
/.+$ %&08(#$ 6#.)$ ,5'-.#*$ &EE+%+#,,#*$ O,#$ E25'?5+*$ #($ ,75'-,5+*Q$mais aussi près de
300 langues nationales (ibid., p. 52) ; le Sénégal qui possède une langue officielle,
le français, et six langues nationales reconnues, ainsi que « toute autre langue qui
sera codifiée » (ibid., p. 196), donc potentielle. De nombreux autres exemples, repris
dans le rapport, étayent cette configuration.
c. La langue nationale est co-officielle ou semi-officielle. À (+(2#$67#)#08,#$6#$%&
-officialité, on peut cit#2$,#$%5*$6#$,5$w48.1,+/.#$67P2,5'6#$&ù ,7+2,5'65+* (gaélique)
56https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006527453&cidTexte=LEGITEXT000006071194&dateTe xte=vig
57http://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/allemagne_pol-lng.htm
58https://docplayer.fr/68468752-La-constitution-belge.html