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1.
 Un
poète
embarqué
dans
l'histoire

1.3.
 La
stratégie
de
la
tension

Les conflits sociaux et la crise des institutions sont ressentis assez nettement par une partie de la classe politique. Par exemple au début de 1970, le secrétaire di Pci Luigi Longo trace un bilan des agitations ouvrières et estudiantines des années précédentes avec une certaine clarté et autocritique. Il se rend compte que le parti n’a pas su répondre aux attentes de la

81 population. Il dit que de ces mouvements émerge :

« …il bisogno che le masse sentono di partecipare. E di partecipare non passivamente, ma come massa combattiva, cratrice di forme di lotta, di obbiettivi, di ricerca […] La partecipazione viene rivendicata non solo nei confronti delle autorità costituite e di governo, ma in tutte le organizzazioni, fino a manifestarsi in forme di critica e opposizione dei vertici costituiti. C'e già implicito un elemento di critica nel fatto che determinate masse sono sfuggite alla nostra organizzazione. »136

En face de ces exigences, les choix de la classe politique (au pouvoir et à l’opposition) restent enfermées dans le court terme, dans la recherche d'un consensus purement politiciens, dans des formes de clientélisme et des changements de pure façade.

Les affrontements sociaux sont à ce moment-là aggravés par ce qui a été appelé la "stratégie de la tension" : une stratégie élaborée dans le but de pousser l'opinion publique vers la droite, vers une recherche d'ordre, qui aurait pu justifier un coup d'état. Cette déstabilisation avait pour arrière plan la guerre froide, et la nécessité pour les USA de maintenir l'Italie (et d'autres pays aussi) dans l'orbite occidentale. Cette stratégie prévoyait un réseau de personnes infiltrées dans les services secrets ; ce réseau était destiné à soutenir des groupes de terroristes, afin de pousser à l'instauration d'un régime policier pour le maintien de l'ordre public.

Les tentatives de coup d'état n'avaient d'ailleurs pas137 manqué : de celle du général De Lorenzo en 1964, commandant des Carabinieri, jusqu’au golpe Borghese, en décembre 1970, tentative de coup d'état par le général Borghese expert en lutte contre la guérilla. Derrière ces tentatives on décelait l'ombre des services secrets italiens, mais aussi les manouvres de la CIA, visant l'instauration en Italie d'un régime proche de celui des Colonels en Grèce et du franquisme en Espagne138.

L'attentat de Piazza Fontana, le 12 décembre 1969 ouvre la saison des violences et des agressions d'escouades de militants, mais aussi une période de faiblesse des institutions de l'état. Une bombe à la Banca dell'Agricoltura à Piazza Fontana explose en faisant 16 morts et 88 blessés; en même temps d'autres bombes éclatent à Rome, faisant encore quelques dizaine de blessés.

Pasolini, de l'ile de Patmos en Grèce, écrit:

« è giunto fino a Patmos sentore

136 riunione della direzione de Pci dell'8 gennaio 1970; cit par Crainz, op.cit., p. 412.

137 Cf. : CRAINZ, op. cit., p. 363-411.

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di ciò che annusano i cappellani

i morti erano tutti dai cinquanta ai settanta la mia età fra pochi anni

[…]

ci sono là marcite; e molti pioppi. Venendo di là, vestivano di grigio e marrone; la roba pesante, che fuma nelle osterie con le latrine all'aperto… »139

Pasolini continue ensuite son chant de mort, en évoquant une à une toutes les victimes âgées et innocentes.

La police s'oriente d'emblée vers les milieux de la gauche extrémiste ou vers les anarchistes, et arrête rapidement les anarchistes Pietro Valpreda et Giuseppe Pinelli. La "version officielle" de la police, de la magistrature et du gouvernement est acceptée dans le pays, mais ce sera la dernière fois que la population et la presse feront confiance aux déclarations officielles.

Pinelli tombe de la fenêtre du quatrième étage de la Questura140 de Milan, victime, selon la version officielle, de sa propre culpabilité, qui l'aurait poussé au suicide.

Dans ce climat les escadrons néofascistes lancent une offensive dans toute l'Italie: des groupes plus ou moins organisés agressent des militants de gauche et les sièges des sections du Pci, comme le signalent les Préfets de diverses villes et il en attribuent la faute aux extrémistes de gauche.

Comme le raconte Adriano Sofri141 dans ses mémoires:

« Tutto ciò che avvenne nelle ore successive ci apparve l'inevitabile completamento della strage e della sua matrice: la pista rossa, le accuse agli anarchici, la deplorazione del disordine sociale. Era il copione. Ma il copione riservava anche un altro colpo di scena, un'altra irrimarginabile ferita […] Pinelli era la vittima plateale e finale di quella macchinazione che aveva deposto – contro le nostre lotte e speranze, contro l'umanità in cui confidavamo – la bomba di piazza Fontana »142

Les mouvements de la gauche extrémiste savaient d’être dans le collimateur du pouvoir, et craignaient une dégradation de la situation.

Le problème n'est pas seulement l'importance des secteurs de institutions impliqués dans cette œuvre de déstabilisation du pays, mais surtout l'ampleur du soutien à cette politique dans tous

139 In Transumanar e organisar, op. cit., p.68.

140 L'ensemble du commandement des services de police, correspondant aux préfet de police parisiens.

141 Leader du mouvement ouvrier extra-parlementaire Lotta Continua. Condamné pour acte de terrorisme, il s'est toujours déclaré innocent.

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les organes de l'Etat et une grande partie de l'establishment. L’anticommunisme était la doctrine indiscutable, et la lutte contre l’extrémisme se devait d’être implacable. Comme le dit Giulio Andreotti :

« io credo che ci fosse nei servizi segreti e in alcuni apparati la convinzione di essere impegnati in una guerra santa, investiti da una missione sacra. E che tutto quel che poteva passare per anticomunismo fosse meritorio ».143

Les résistances internes à la magistrature et aux appareils d'Etat feront obstacle à la recherche des vrais responsables du massacre de piazza Fontana, mais la gauche avait engagé dès 1970 sa bataille pour la vérité.

Les évènements des années suivantes devaient discréditer de plus en plus le pouvoir en place et les "versions officielles". La tentative de golpe Borghese, la tentative des réseaux néofascistes parallèles aux service secrets dit "La rosa dei venti", les attentats aux banques (Milan 1969 et 1973) et aux trains (Italicus en 1974 à Bologne, puis en 1980 à la gare de Bologne) et les violences des franges extrémistes de droite, portèrent au grand jour les manœuvres de l'éversion "noire", fasciste, derrière les organes de l'état.

En réaction à cette violence se forment à partir de 1972, à partir des groupes extra-parlementaires de gauche, les premières factions des Brigades Rouges, engagés dans un combat pour construire un réseau de résistance de gauche : les attaques et les assassinats ciblés de représentants des parties les plus en vue du pouvoir de la droite ou du pouvoir économique, ouvrent la période des « années de plomb ».

Ces années résultent aussi des influences de la situation internationale, avec les tensions dues à la situation du Moyen Orient à la crise pétrolière et la perte de crédibilité du pouvoir américain suite au Watergate144.

C'est dans cette atmosphère de tensions croissantes, nationales et internationales que le Pci de Berlinguer décide de sa stratégie du compromis historique, en engageant le parti dans la voie de la participation au pouvoir, dans l'espoir d'un changement, sans véritablement prendre en compte les limites de cette politique, et le prix à payer.

Mais à ce moment ce choix semble capable de débloquer la situation de plus en plus critique du pays, quand en même temps la crédibilité du pouvoir démocrate-chrétien s'affaiblit a fur et

143 ibidem, p.378

144 Le scandale du Watergate implique le président américain Nixon dans une affaire de mise sous écoutes illégales des membres du parti démocratique, qui était à l’opposition. Le scandale, éclaté en 1972, conduit à la démission du président en août 1974.

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à mesure que les trames de l’extrême droite venaient à la lumière, avec leurs liens à un système en pleine dégénérescence.

Le système en place apparaissait complètement inadéquat face à la crise sociale et économique, tandis que les processus de modernisation de la culture remplaçaient le conservatisme traditionnel et ses méthodes pré-modernes. La gauche semblait de plus en plus une ressource et non plus un danger pour les institutions, ébranlées par les massacre de Brescia (1974), les bombes néofascistes, les assassinats des Brigades Rouges, et surtout les mensonges d'Etat, les scandales qui s'enchaînent et la corruptions.

En novembre 1974, Pasolini publie son célèbre acte d'accusation de la classe politique "Che cos'è questo golpe?"145, qui souligne la méfiance contre un pouvoir épuisé et affaibli. Berlinguer releva aussi qu'il y a, à ce moment-là :

« …un quadro molto torbido di progetti e tentativi eversivi. La situazione del paese tenderà ad aggravarsi […] ci troveremo di fronte a nuovi rischi. In relazione ad essi, si pone il problema di dire cose precise a tutti […] e cioè che la democrazia in Italia sarà difesa con tutti i mezzi e su tutti i terreni. C'è anche il problema di che cosa deve essere chiaro nelle masse per ogni evenienza. La cosa fondamentale è che innanzitutto si deve bloccare il paese: lo sciopero generale. Questa idea deve cominciare a circolare »146

Le secrétaire du parti communiste est pessimiste sur l’évolution de la démocratie italienne, mais il confirme que le parti est prêt à bloquer le pays par la grève générale, si nécessaire. Les partis et les institutions sont de plus en plus éloignés des préoccupations quotidiennes des populations, et impuissantes face au terrorisme. Elles souffrent d’un déficit de crédibilité et, en conséquence, de légitimité : le pays observe des manouvres politiciennes et une gesticulation irresponsable147.

1974 sera l'année du referendum sur le divorce ; ensuite en 1975 il y aura les élections administratives, puis en 1976 les élections politiques: ces trois évènements sanctionnent le changement radical d’axe politique en Italie : le pays semblait donner raison à la politique de Berlinguer, le seul qui pouvait encore incarner une nouvelle confiance dans la politique. Dans

145 Voir plus loin, ch.5.2.1. p. 302-303.

146 Procès verbal de la Direction du Pci du 7/11/74; cf. CRAINZ, op. cit., p.485.

147 Giampaolo Pansa, journaliste influent et futur commente en 1973 :

"i partiti oggi di garanzie ne danno poche […] Sono organismi chiusi: li guidano leader suscettibili che giudicano qualunquista tutto quanto non rientra nei loro schemi […] L'Italia di oggi ha con i partiti un rapporto di tipo nevrotico: pretende sempre di più da loro, ritenendoli onnipotenti, e nello stesso tempo li stima sempre meno. Di qui il fatalismo, la disperazione rassegnata, la sfiducia della gente, e infine quel 'rifiuto di credibilità' che vanifica qualsiasi sforzo di buon governo"

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la réunion du Pci de juin 1974, Alessandro Natta explique:

« …siamo arrivati a un punto limite e non solo per la situazione economica ma per il funzionamento degli istituti, della machina dello stato, dei partiti. Il senso del marasma è generale, e si avverte fra gli stessi dirigenti Dc. Dall'altra parte c'è l'autorita politica e morale del Pci. Ci dicono: avete il vento in poppa, e noi questo vento dobbiamo saperlo usare non solo nel nostro interesse ma per contribuire alla soluzione dei problemi del paese »148

Le referendum sur le divorce révéla la distance existante entre la population et une classe politique en pleine dégénérescence, ouvrant sur une crise politique décisive. Le referendum sur le divorce obtient une large majorité (presque 60% sur une participation de 88% de l'électorat149) à faveur de la loi (disant donc "no" à l'abrogation de la loi). La société civile se montre plus avancée que la classe politique: la DC ne représente que des parties arriérées et étriquées de la société, tandis que le Pci porte la voix d'une Italie plus moderne et civile. Toutefois, comme le voit Pasolini, ce referendum fait aussi apparaître le coté obscur de cette modernisation, dans le conformisme d'une culture qui subit une “mutation anthropologique” sans avoir su, ni avoir pu, élaborer un système de valeurs porteur de son histoire et de son futur:

« La mia opinione è che il 59% dei 'no' non sta a dimostrare, miracolisticamente, una vittoria del laicismo, del progressismo, della democrazia, niente affatto. Esso sta a dimostrare invece due cose: 1) che i ceti medi sono radicalmente, antropologicamente cambiati: i loro valori positivi non sono più quelli sanfedisti e clericali ma sono i valori […] dell'ideologia edonistica del consumo e della conseguente tolleranza modernistica di tipo americano […] L'Italia contadina e paeloindustriale è crollata, si è disfatta, non c'è più, e al suo posto c'è un vuoto che attende di essere compato da una completa borghesizzazione del tipo che ho accennato (modernizzante, falsamente tollerante, americaneggiante,…). Il 'no' è stata una vittoria, indubbiamente. Ma la indicazione che esso dà è quelle di una 'mutazione' della cultura italiana: che si allontana tanto dal fascismo tradizionale che dal progressivismo socialista »150

Alors que Berlinguer et le Pci craignaient le réferendum à cause de la possible influence de l’Eglise – farouchement contraire au divorce - Pasolini avait prévu la victoire des gauches progressistes au referendum, mais son interprétation de ce phénomène culturel est

148 CRAINZ, op. cit., p. 523

149 la plupart de referendum en Italie sont de type "abrogatif": la question posée à l'électorat est l'abrogation d'une loi déjà votée, le "no" indique donc la volonté de conserver la loi, dans ce cas la loi qui permettait le divorce.

86 foncièrement différente :

« In realtà tuttavia c’è stato, e c’è, in Italia un nuovo Fascismo che fonda il suo potere proprio Sulla promessa della “comodità e del benessere”… »151

La victoire à ce referendum signifie que l’analyse de Pasolini était plus proche de la réalité que celle d’un parti censé garder un enracinement dans sa base électorale : c’est un échec de la politique globale des partis de gauche, qui se démontrent trop loin de la réalité.

L'année suivante en 1975, était aussi promulgué le nouveau droit de la famille qui mettait fin à des discriminations anciennes, donnait à la femme un nouveau rôle à l'intérieur de la famille et abolissait la figure moyenâgeuse du "délit d'honneur".152

Entre les élections administratives de 1975 et les politiques de 1976, le rôle prépondérant du Pci fait espérer en un changement réel et radical de l'horizon politique: c'est la saison du "sorpasso", le dépassement de la Dc par le parti communiste, qui maintînt la population collée aux écrans de télévisions pendant le dépouillement des urnes.

Les campagnes électorales du Pci insistent sur la fracture entre le gouvernement corrompu et sclérosé de la Dc, et l'espoir d'un gouvernement communiste aux mains propres, capable d'offrir de nouveaux horizons à la société civile. Pasolini perçoit le changement dans le climat politique et dépeint les relents de la déconfiture annoncée sur les visages des vieux dirigeants:

« Tutti i miei lettori si saranno certamente accorti del cambiamento dei potenti democristiani: in pochi mesi, essi sono diventati delle maschere funebri […] i nostri potenti continuano imperterriti i loro sproloqui incomprensibili: in cui galleggiano i flatus vocis delle solite promesse stereotipe. »153

« Ho visto alla televisione per qualche istante la sala in cui erano riuniti in consiglio i potenti democristiani che da circa trent'anni ci governano. Dalle bocche di quei vecchi uomini, ossessivamente uguali a se stessi, non usciva una sola parola che avesse qualche relazione con ciò che noi viviamo e conosciamo. Sembravano dei ricoverati in un universo concentrazionario: c'era qualcosa di morto anche nella loro stessa autorità »154

De plus, en 1975, la loi avait baissé l'âge de la majorité légale, permettant le vote à partir de 18 ans, et le Pci comptait sur les voix des jeunes qui avaient participé aux mouvements de la

151 Scritti corsari, op. cit., p. 29.

152 Le "delitto d'onore" constituait une forte atténuante dans la motivation d'un crime commis dans le but de préserver l'honneur, ou la réputation, d'un homme, surtout en cas d'adultère de la femme. Voir à cet égard le film Divorzio all'italiana di Pietro Germi (1961)

153 "L'articolo delle luciole" in Scritti Corsari, op. cit.,p. 409.

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fin des années 60 et qui avaient muri une conscience politique orientée à gauche.

Dans les deux élections la distance entre la Dc et le PCi se réduisait à 2 points seulement (à faveur de la Dc) mais ces 2 point étaient compensés par l'augmentation du parti socialiste, qui se ralliait aux forces de gauche pour appeler à l' "alternative de gauche", en coalition avec les quelques points des partis d'extrême gauche. En tout, la gauche atteignait en 1975 le 47% de l'électorat, qui, dans un système de proportionnelle pure, représentait une véritable victoire. Le régime qui a gouverné l'Italie pendant trente ans semble en dégénérescence, et ce sera Aldo Moro qui tentera d'expliquer aux Etats Unis le changement du parti communiste, son virage réformiste : celui-ci ne menace pas les équilibres internationaux, comme le craint Henry Kissinger, qui ne voit pas comment un gouvernement communiste pourrait rester dans l'OTAN:

« Stanno cercando di essere moderati […] e molti cominciano a pensare che i communisti siano dei socialdemocratici, anche gente di affari lo pensa. I comunisti fanno appello a tutte le classi […] Dovete tener conto dell'opinione pubblica in Italia. La gente ascolta i loro discorsi e li percepisce come parte di un processo in atto, in linea con la distensione: le barriere contro i comunisti non vengono più viste così grandi e resistenti come in passato […] quello che devo ricordare, signor Presidente, è che non tutti coloro che votano comunista sono comunisti. Molti di loro sono in favore della libertà, delle libertà. »155

Aldo Moro explique que le processus de “distension” en cours entre les Etats Unis et l’URSS implique un assouplissement des positions des communistes italiens, qui se rapprochent des sociaux-démocrates, et ne mettent plus en question la structure démocratique et pluraliste des institutions.

Berlinguer aussi se rendait parfaitement compte des difficultés que le virage à gauche de l'Italie rencontrait auprès de l'Otan, et s'empressait alors de rassurer les partners atlantistes :

«… mi sento più sicuro stando di qua […] non appartenendo l'Italia al Patto di Varsavia, da questo punto di vista c'è l'assoluta certezza che possiamo procedere lungo la via italiana al socialismo senza alcun condizionamento »156

Berlinguer revendiquait l'autonomie dans ses rapports avec l'URSS, et prônait plutôt une politique d'ouverture vers le centre-gauche, voire vers la DC, pour un partage de la gestion, un "compromis historique" qui aurait permit une insertion progressive du Pci dans le gouvernement. Le danger de cette politique était alors la trahison à l'égard des attentes de

155 Aldo Moro, cit. par CRAINZ, op. cit. p. 531

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changement qui avaient provoqué le virage de l'électorat. La nouvelle politique du Pci semblait se conformer à une forme de continuité du pouvoir, qui affaiblissait la volonté de rupture:

« …invece di un salto di qualità, che doveva avere un rigore giacobino, abiamo avuto la continuità : errore forse pari a quello compiuto nel passaggio dal fascismo al post- fascismo […] Si è determinato uno squilibrio grave tra il progetto rinnovatore della sinistra e la pratica quotidiana. I comunisti sono entrati nel gioco del 'quadro politico' di cui Moro è maestro »157

Dans ce contexte semblait clairement fondée l'exigence exprimée par Pasolini d'un Procès au pouvoir, dans un article du 24 aout 1975, un procès éthique, avant d'être politique ou judiciaire : un lieu symbolique dans lequel il fallait réécrire dans la conscience collective les règles communes du vivre ensemble. Pasolini énumère la longue liste des crimes politiques, éthiques, sociaux, des dirigeants démocrates-chrétiens et explique:

« Non si può non solo governare, ma nemmeno amministrare senza dei principi. E il partito