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La situation économique, sociale et scolaire

PREMIERE PARTIE

Chapitre 1 – La théorie des représentations sociales

2- La situation économique, sociale et scolaire

Au niveau structurel, La Réunion a dû au lendemain de la départementalisation « rattraper » le retard accumulé dans tous les domaines : la santé, le logement, le social, les voies de communication et bien entendu l’éducation. Depuis, l’île a vu se développer toutes les structures administratives et socio-économiques indispensables à son essor : logements, réseau routier, zones portuaires, aéroport international, hôpitaux, université, rectorat, lycées, collèges et écoles primaires.

Les lois de décentralisation de 1982 ont notamment attribué, dans le domaine éducatif et scolaire, la gestion du bâti et son entretien aux collectivités locales : à savoir les écoles primaires aux communes, les collèges aux départements et les lycées aux régions. Le personnel enseignant du premier et second degré dépend du ministère de l’Education Nationale.

2-1 Repères démographiques, sociaux et économiques. - Une population jeune, un taux d’accroissement élevé

À La Réunion, 45.6% de la population a moins de 25 ans, contre 32.7% en métropole. Au dernier recensement de 1999, la population totale s’élevait à 706180 habitants. Au 1e janvier 2006 elle est estimée à environ 785200 habitants. Le taux d’accroissement de 1999 à 2006 est de 1.57 contre 0.64 en métropole. (Tableau économique de La Réunion, 2006).

- Une natalité dynamique

En 2004, l’indice conjoncturel de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme) est 2.5 enfants (1.9 en métropole).

- Une population diplômée en augmentation

La population des 25-64 ans non diplômée ou ayant le certificat d’études primaires a diminué de 30 points de 1982 à 1999 ( de 87% à 58% ). Il y a quatre fois plus de diplômés de l’enseignement supérieur et de niveau V, deux fois plus de bacheliers. En 1999 (dernier recensement exhaustif) l’île compte 1.7 fois plus de personnes non ou faiblement diplômés qu’en métropole. (Idem)

- Une forte croissance économique et une forte demande d’emploi

De 1993 à 2002, La Réunion est la région française qui a eu la plus forte croissance économique. Ce dynamisme économique continue de créer des richesses (augmentation du PIB) et de fournir des emplois (notamment dans le secteur tertiaire). Mais la forte proportion annuelle des jeunes qui arrivent sur le marché du travail induit des taux de chômage important. (Idem)

- Un fort taux de chômage

En 2005, le taux de chômage est de 31.9% contre 9.9% en métropole. Il a chuté de 6.7 points de 1998 à 2002, mais demeure trois fois supérieur à la moyenne nationale. La tranche d’âge la plus touchée est celle des jeunes de 15 à 24 ans (54.3%), plus d’un jeune sur deux contre 1 sur 5 en métropole (19.7%). La Réunion est la région française qui enregistre le taux de chômage le plus élevé. (Idem)

2-2 L’état des lieux de l’Ecole en 2005

2-2-1 Les effectifs et les établissements

À la rentrée 2005, l’Académie totalise 245 400 élèves, étudiants et apprentis, soit 31.68% de la population de l’île (774600 habitants en janvier 2005). Cette population scolaire se répartit de la façon suivante (Repères statistiques du rectorat, 2006) :

- Primaire : 49.7% - Secondaire : 41.8% - Supérieur : 6.8% - Apprentis : 1.7%

Les élèves du primaire et du secondaire sont accueillis dans 532 écoles, 77 collèges et 44 lycées. L’enseignement supérieur compte 16745 étudiants dont 10891 pour l’Université. Par ailleurs, 5785 adultes suivent une formation dans un GRETA (Groupements d’établissements pour la formation continue des adultes), (Idem). Au total, 1 réunionnais sur 3 est en formation dans les structures relevant de l’Education Nationale.

L’évolution des effectifs en 10 ans montre que la population scolaire a augmenté de 8.3% de 1995 à 2005 (effets conjugués du dynamisme démographique, de l’accroissement des taux de scolarisation et de l’allongement de la durée des études). (Ibid.).

2-2-2 L’éducation prioritaire

L’Académie compte deux fois plus de collèges (48.6%) en ZEP ou en REP (Zone ou Réseau d’Education prioritaire) et près de trois fois plus d’écoles primaires (42.5%) qu’en métropole. La structure sociale de la population de l’île justifie l‘ampleur du déploiement. Ce dispositif d’aide prévoit l’attribution de plus de moyens aux populations scolaires les plus défavorisées. Globalement, presqu’un élève sur deux relève de l’éducation prioritaire, à la rentrée 2005.

L’année 2005/2006 a été marquée par la relance de l’éducation prioritaire qui « s’est traduite par une réorganisation de la carte qui est rentrée en vigueur à la rentrée 2006. Le collège devient l’unité de référence du réseau qu’il crée avec les écoles maternelles et élémentaires d’où proviennent ses élèves », (L’état de l’école, MEN, 2006, p.21). Ce dispositif d’aide prévoit des postes d’enseignants et d’assistants d’éducation supplémentaires, déployés sur les réseaux baptisés « RAR » (Réseau Ambition Réussite). Les collèges sont sélectionnés selon des critères appliqués aux élèves de 6e (proportion de parents au RMI, d’enfants ayant un retard scolaire (2 ans et plus), des scores faibles à l’évaluation 6e, et de non francophones ). En moyenne ces collèges « Ambition Réussite » ont des résultats plus faibles aux épreuves écrites du Diplôme National du Brevet que les autres collèges.

À La Réunion, ce dispositif « Ambition Réussite » concerne 19 collèges (dont 16 étaient déjà en ZEP ou REP), soit 6 fois plus qu’en métropole. En proportion l’Académie de La Réunion est la deuxième en France « quant à l’importance accordée aux populations de collégiens socialement et scolairement les plus en difficulté. » (Repères statistiques du rectorat, 2006, p.44).

- Redoublement 6e et sortie sans qualification

- Évaluation nationale CE2

- Évaluation nationale 6e

- Réussite au DNB (Diplôme National du Brevet)

- Niveau IV et réussite au baccalauréat

Réunion (R) Métropole(M) Écart R/M

Taux de redoublement en 6e

9.8% 6.1% +3.7

Taux de sortie sans qualification

(2004)

13.2% 6.2% +7

Taux de réussite Réunion Métropole Écart

Français 63.47% 72.36% -8.89

Mathématiques 59.08% 70.85% -11.77

Taux de réussite Réunion Métropole Écart

Français 45.8% 58.5% -12.7

Mathématiques 50.8% 63.9% -13.1

Taux de réussite Réunion Métropole Ecart

Session 2005 72.1% 79.4% -7.3

Taux moyen de 1995 à 2005

69.8% 76.4% - 6.6

Réunion (R) Métropole(M) Ecart R/M

Taux global d’accès

au niveau IV 57.7% 70.4% -12.7

Proportion de bacheliers

dans une génération 51.3% 61.3% -10

L’écart entre la proportion de bacheliers par classe d’âge entre La Réunion et la métropole a été divisé par 2 en 10 ans (10 points en 2005 contre 20 en 1995). Le taux académique de réussite au baccalauréat se rapproche du taux national. Ces résultats parmi d’autres montrent que des progrès ont été réalisés mais « les taux académiques de réussite aux évaluations et examens sont encore en deçà des taux nationaux. Une grande partie de ce décalage est liée aux effets de la structure sociale réunionnaise, marquée par l’importance des catégories sociales défavorisées et très défavorisées », (Ibid., p.73).

2-2-4 Les formations à l’insertion

En 1980, 1 réunionnais sur 2 quitte le système scolaire sans qualification (50%). En 2004, ce taux a beaucoup diminué pour atteindre 13%, mais reste deux fois plus élevé qu’en métropole. Les actions inscrites dans le cadre de la Mission Générale d’Insertion concernent prioritairement les « 1800 jeunes environ qui abandonnent leurs études chaque année principalement en 1e année de formation professionnelle (63%) et en fin de classe de 3e (34%). », (Ibid. p.22). 1/3 des élèves qui quittent l’école en fin de cycle de formation professionnelle le font sans avoir obtenu de diplôme.

2-2-5 Le personnel et les taux d’encadrement

L’Education Nationale emploie 19340 agents dont 80% d’enseignants (premier employeur du département avec 9.5% de la population active ayant un emploi). Sur 100 enseignants, 54 exercent dans le secondaire, 40 dans les écoles et 6 dans l’enseignement supérieur ou à l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres).

L’Académie a recruté 1417 assistants d’éducation de septembre 2003 à mai 2005 dont 12.8% en tant qu’auxiliaires de vie scolaire (AVS) en école ou en collège (pour l’accompagnement des élèves handicapés). Les taux d’encadrement pour le primaire et le premier cycle du secondaire (année 2004) sont les suivants :

Dans les écoles primaires le retard en matière d’encadrement par rapport à la moyenne nationale a été progressivement rattrapé. En revanche, au niveau des collèges, « L’augmentation du nombre de postes d’enseignants ne fait que compenser la hausse de la démographie scolaire, mais n’améliore pas les conditions actuelles d’encadrement. » (Ibid. p.61).

2-3 Les défis à relever

« Jeune département par son histoire et par sa population, La Réunion s’adapte depuis des décennies à des mutations rapides. La croissance économique forte entraîne une demande de logements et d’emplois encore plus forte » (Actif, 2006, p.4). Cette forte demande concerne également la formation et la qualification. Les défis que doit relever La Réunion sont nombreux, et concernant le système éducatif il s’agit notamment de « qualifier l’ensemble des jeunes réunionnais, prévenir l’illettrisme, premier facteur d’exclusion sociale et professionnelle, contribuer à une ouverture croissante sur la zone Océan Indien, l’Europe et sur le monde, former les chercheurs, les cadres et les décideurs, qui, demain, poursuivront l’œuvre en cours. » (Repères statistiques 2005-2006, 2006, p.5).

Aujourd’hui, un peu plus d’un jeune sur deux atteint le niveau du baccalauréat (57%

Réunion Métropole Écoles Primaires (nombre d’enseignants pour 100 élèves) 5.38 5.32 Colléges

(nombre moyen d’élèves pris en charge par un enseignant pendant 1

heure en 2004)

(13% contre 6% en métropole). Le déploiement massif des réseaux « Ambition Réussite » à La Réunion souligne à quel point, ici plus qu’ailleurs, l’importance des besoins en termes de progrès scolaire et social.

À ce contexte social, économique et éducatif qui détermine autant de défis, s’ajoute le contexte sociolinguistique caractérisé par la coexistence de deux langues au statut différent ; le créole, la langue maternelle et le français, la langue officielle, administrative et scolaire. La partie suivante aborde la situation sociolinguistique avec notamment des données historiques sur la formation du créole et la question de l’école et du créole dans un contexte de diglossie.