4.2 Les eets dynamiques
4.2.1 La ollusion ta ite
Ainsiquenousl'avonspré isé,la ollusionentrelesentreprisesn'intervientpasfor é-
ment aussiexpli itement que danslase tionpré édente. Elle peut également appa-
raîtreta itement, lorsque les entreprises interagissent régulièrement . Contraireme nt
à la ollusion expli ite, la ollusion ta ite n'est pas ondamnabl e en soi, mais ses
eets- toutaussinéfastes- doivent être anti ipés et évités.
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Rappelons equ'estl'eetd'é hantillonnage:lorsquelerégulateuroptepourunmar héduo-
polistique,il hoisitde onerlaprodu tionàl'entreprisequis'annon e ommeétantlapluspro-
du tive.Ave unmar héduopolistique,iladon plusde han edefairefa eàuneentreprisedotée
Régulation et répétition : l'apparition de nouveauxéquilibres
À ourtterme, les mé anismes de régulation sont onçusan quel'unique équilibre
dujeu orresponde àl'optimumsouhaitéparlerégulateur. L'équilibreestdéterminé
en onje turant que haque entreprise adopte un omportement qui maximise son
utilitéespérée.Dansunmodèlestatique,au unagentn'aintérêtàdévierde e ouple
stratégie-équilibr e. Étant a priori le seul à dévier, il anti ipe une perte d'utilité, et
don , se onforme à la stratégie souhaitée par le régulateur. Les ontraintes d'in-
itation, introduites dans le programme d'optimisation du régulateur, permettent
d'atteindre e résultat.
Mais lorsque le jeu est répété sur plusieurs périodes, les entreprises her hent
désormaisàmaximiserleurutilitédelongterme.Or,riennegarantitquelasolution
qui maximise l'utilité delongterme soitlarépétition de lasolutiondu jeustatique,
qui maximise l'utilité de ourt terme. La dynamique du jeu fait don apparaître
de nouveaux équilibres sous-optimaux. Dans e ontexte, les entreprises peuvent
maintenirdesprixélevés,ens'a ordantimpli itementsurles onséquen esnéfastes
qu'aurait une déviation de etéquilibre ollusif 8
.
Classiquement,lorsquelejeuestrépétédenombreusesfois,lesagents onvergent
rapidement vers l'équilibre ollusif, qu'ils maintiennent pendant l'essentiel du jeu.
Enrevan he,lorsquelejeudynamiqueappro he desonterme,les agentsretrouvent
intérêtàdévierdel'équilibre ollusif.Eneet,ladéviationversl'équilibre on urren-
tiel (qui nepeut intervenir qu'une fois) assureà elui qui dévieen premier une très
forte utilité. Quelques périodes avant la n du jeu dynamique, l'équilibre redevient
don on urrentiel. Dans les paragraphes qui suivent, nous analysons un exemple,
testéexpérimentale ment ,de ollusionta iteentreagentssoumisàla on urren epar
omparaison.
Le modèlede Potters, Ro kenba h, Sadrieh et al. (2004)
Potters,Ro kenba h,Sadriehet al.(2004)[84℄ testentexpérimentalementl'intuition
suivant laquelle plus le régulateur extrait de surplus en appliquant la on urren e
par omparaison, plusles entreprisessonttentées par la ollusion ta ite. Reprenant
le adre dumodèle de Shleiferdansune onguratio n bi-agent, ils onsidèrent deux
s hémas de on urren epar omparaison :
unmé anismedis riminantqui orrespondàlarègledetari ationsuggérée
par Shleifer, àpartir des oûts annon és :
pi6cj6=i
;unmé anismeuniforme,intermédiaireentrelepré édent etun ontrat ost
plus :
pi
6(ci+ cj6=i)/2
. Ce deuxième s hémaest évidemment moinsin itatif quelepremier.Ces deux mé anismes sont ara térisés par un équilibre de Nash symétrique non-
oopératif, ave unprix,des oûtsetune utilitédel'entreprise faibles.Maisilexiste
unautreéquilibre, ollusif,ave desprixet oûtsplusélevés,assurantauxentreprises
une utilité maximale.
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Potters, Ro kenba h, Sadrieh et al. omparent expérimentalement le omporte-
mentdebinmesd'agentsé onomiques,selonqu'ilssontsoumisàl'unoul'autredes
mé anismes.
Quelquespré isionss'imposent, on ernantl'uniquemiseen÷uvredeste hniques
de l'é onomie expérimentale dont nousfaisons part dans e travail. À défaut de
pouvoir porter un quel onque jugement sur la méthodologie employée, nousdé-
rivonsbrièvement l'expérien eréalisée.Lesagentsqui parti ipent àl'expérien e
sont desétudiants de li en e, majoritairement en é onomie-g estio n. Ils ne parti-
ipentqu'àunesériedejeurépété,etn'ontjamaisprispartàdetellesexpérien es
auparavant. Ils sont d'abord asso iés en binme aléatoireme nt . Puis, ils doivent
répéter 50foisde suite lemêmejeu, orrespondant àun mé anismedis riminant
(16 binmes)ou uniforme(13 binmes).Lesagentspeuvent ee tuerdessimula-
tions numériques, ande onnaîtrerapidement l'impa tde telledé isionsurleur
utilité. À l'issuedes 50 épreuves, ils reçoivent unéquivalent monétaire des gains
qu'ilsont a umulés.
Lesrésultatsde etteexpérien emontrentquelesjoueurssoumisàlapure on ur-
ren epar omparaisonannon entdes oûtssigni ativementplusélevés(pro hesdes
annon es ollusives)que euxsoumisau mé anismeuniforme. L'analysedesauteurs
démontre que le omportement des joueurs du mé anisme dis riminant est signi-
ativement plus ollusif que elui des autres.Du faitde es déviations ollusives, le
bien-être moyen est supérieur ave le mé anisme uniforme, pourtant moins in ita-
tif.Ainsi,larépétitiond'unjeude on urren epar omparaison onduitlesagentsà
adopterun omportement ollusif,et ed'autantplusquelemé anismeestpuissant.
Lesauteursnotent ependantquel'augmentat iondunombred'agentsimpliquésdans
lemodèle,devraitréduire eté art.Celaestdûàladilutiondelapart ost plusdans
lemé anismeuniformequi tend versle mé anismedis riminant.
Maislesentreprisesnesontpaslesseulsagentsé onomiquesàvouloir tirerparti
de la répétition dans letemps du jeu statique. Le régulateur qui apprend la ara -
téristique desentreprises lors de lapremière période de jeu est également tenté par
l'opportunisme . En l'o uren e, il est in ité à exploiter ultérieurem ent ette infor-
mation, à moindre oût. Nousanalysons dansles paragraphes qui suivent l'eet de
liquet : omment les entreprises, et don les mé anismes omparatifs, s'adaptent à
la apa itéd'engageme nt limitée durégulateur?