5.2 Une proposition d'appli ation aux TER français
5.2.3 Appli abilité des modèles théoriques
Nousavonsvuqu'il semble, a priori, pertinent d'appliquer la on urren epar om-
paraison aux mar hés régionaux du transport ferroviaire de voyageurs. Il onvient
d'abord de vérier plus pré isément si, dans e ontexte parti ulier, l'apport infor-
mationneldesmodèlesthéoriquespermet d'améliorerlarégulation.Nousexaminons
ensuitedans quelle mesure les limites théoriques, liées aux autres dimensions de la
régulation,mena ent notreproposition d'appli ation.
Unapport informationnel salvateur
Les modèles théoriques que nous avonsanalysés dans la dimension des ontraintes
informationnel lesmettent,àpeuprèstous,l'a entsurlané essaire orrélationentre
lesagents omparés. Sur e point,notre proposition de omparerles vingta tivités
TER de la SNCF relève du as d'é ole, tant la orrélation y est élevée. Indépen-
damment detoute onsidérationenvironnementale, mêmel'hypothèse d'identité des
agents seraita eptable, si né essaire.
Con rèteme nt , l'enjeu auquel font fa e les régulateurs régionaux relève autant
d'une problématique de séle tion adverse que d'aléa moral. Le prin ipe de pri e
opérateur.L'asymétried'informationnaîtdelamé onnaissan edela ara téristique
a hée,
β
,desentreprises.En2002,unauditdes omptesrégionauxapermisdexer larémunération initiale desopérateurs. Mais depuis,l'a roissement de lademandeet les gains de produ tivitéont permis auxa tivités régionales de se onstituer des
rentes informationnel les.Le problèmevient de e quelesrégionsn'onta tuellement
pas les moyens de réduire es rentes. Par ailleurs, nous montrons à la se tion 6.3
que le niveau d'eort mis en ÷uvre par les opérateurs varie selon les régions. Mais
e paramètre étant inobservable, les régulateurs ne parviennent pas à in iter les
opérateursà fournir uneort plusoptimal.
Théoriquement , ompte tenude laréglementat ioninterne del'entreprise,la or-
rélation entre les a tivités régionales est parfaite; on aurait
α = 1
, en reprenant le paramètre d'Auriol & Laont (1992) [56℄. En pratique, les performan es variablesde l'en adrement onduisent à l'apparition de ara téristiques parti ulière s
ǫ
. Dans le ontexte de séle tion adverse que nous avons développé à la se tion 3.4, où lafon tionde oûts'é rit
C = [αb + (1− α)ǫ]q
,lesparamètres introduits orrespondent auxréalitéssuivantes:La omposante ommune de la produ tivité,
b
reète notamment les modes d'exploitation réglementai res des trains, et la base salariale identiqueentre les régions. Elle prédétermin e largement la produ tivité des opérateurs
régionaux.
La omposante parti ulière de la produ tivité,
ǫ
illustre l'e ien e de lagestionlo ale, notamment l'optimisation desressour es.Si l'on onsidèreles divers aléas sus eptibles d'inuen er les performan es réali-
séespar nosvingta tivitésTER,làen oreles onditionsd'appli ationdela on ur-
ren epar omparaison semblentoptimales.Eneet,enréféren eaumodèled'Holm-
ström(1982)[71℄,l'aléaqui perturbeleniveaudeprodu tion
x
résultantd'un eorta
s'é rit :x = a + η + ǫ
. Le rapport de varian es entrela omposante ommune de l'aléaet la omposanteparti ulière estalors,dansnotre as, parti ulièrement élevé:La omposante ommune de l'aléa,
η
modéliselesmodi ations durègle- ment dutravail de laSNCF,les variationsdes prixou en ore lesmouvementsso iaux nationaux.
La omposante parti ulière de l'aléa,
ǫ
reète les perturbation s régio- nales de la produ tion. Celles- i peuvent être dues à la météo, aux grèves etin identslo aux.Rappelonsque ertaineste hniquesé onométrique s,les fron-
tièressto hastiques (quenousdétaillons dansledernier hapitre), permettent
d'atténuer etimpa t.
Cette réexion nous amène à dis uter l'a eptabilité de l'hypothèse, fréquente,
de neutralité au risque.En soi, ette hypothèse est généraleme nt admiselorsqu'elle
on erne desindustriesde réseau réglementées.Dans lapremière partie,nousavons
pré isé (page 52) que le statut d'EPIC de la SNCF la préservait de tout risque,
du temps où son monopole n'était pas remis en question. Si la libéralisation rend
l'entrepriseunpeuplusaverseaurisque,lagestionhasardeusedenombreuxdossiers
quele on eptdeneutralitéaurisquenepeutêtrequerelatif.Uneentreprisepeutêtre
onsidérée omme neutre au risque, sans pour autant qu'elle a epte de parti iper
à une loterie à la Crémer & M Lean (1988) [66℄. Aussi, dans le ontexte que nous
proposons, l'hypothèse de neutralité au risquede laSNCFne paraît pasexagérée.
Voyonsàprésentdansquellemesurenotrepropositiond'appli ationdela on ur-
ren e par omparaison est sensible aux limites théoriques, présentées au hapitre
pré édent.
Des limites théoriquespeu menaçantes
Nous pré isons brièvement, dans les paragraphes qui suivent, pourquoi les limites
théoriquesrepéréesnesemblentpasmena ernotreappli ationdela on urren epar
omparaison.
Collusion expli ite : elle onstitue évidemment la mena e prin ipale à la
miseen÷uvredela on urren epar omparaison.Danslamesureoùlesagents
omparéssontlesa tivités d'unemême entreprise,rienn'est plusnaturel pour
euxquede oordonnerleurs a tionsande maximiserlarente del'entreprise.
Soulignons toutefoisque :
le nombre important d'agents omparés (vingt) omplexie les possibilités
d'entente;
la omparaison de données omptables réduit les opportunités de modi a-
tionde l'information;
sur des mar hés relativement stables dans le temps, toute dérive ollusive
peut être fa ilement déte tée par lerégulateur;
la déte tion d'une entente aurait un eet très négatif sur la réputation de
l'entreprise, àlaveillede l'ouverture desmar hés;
la ollusion né essite de maîtriser l'ensemble des paramètres on ourant à
l'estimation de la performan e, dont les variables environnementales exo-
gènes.
Compte tenu de eséléments, la ollusion paraît déjà moinsmenaçante. Tou-
tefois, an d'assurer les régulateurs régionaux ontre tout risque de ollusion,
il semble souhaitable d'utiliser des données passées, que l'entreprise ne peut
plus manipuler.
Capture durégulateur : 'estpeut-êtrelaprin ipale faiblesse denotrepro-
position.Celle- iprévoituneagen e ommunedesrégulateursrégionaux, equi
supposedon la oopération de ha und'eux.Oril nefautpasex lurequ'une
majoritépolitiquerégionalepuisseêtre apturée parl'opérateur ferroviaire, e
qui réduirait l'e ien ede notre proposition.
Collusionta ite: omptetenudelafa ilitéave laquelleuneententeexpli ite
peut voir le jour, il est peu vraisemblable que la ollusion ta ite limite notre
proposition.
Eet de liquet:uneetde liquet esttout-à-faitsus eptibled'advenir. Les
diérentes a tivités régionales de la SNCF peuvent onvenir de réduire leurs
Mais, la pro haine ouverture des mar hés et le mé anisme de pri e ap des
régionsin iteront l'entreprise àne pastropretenirses eorts.
Investissements produ tifs: deuxéléments ontribuent àatténuer d'éven-
tuelles raintes liéesà undésinvestissement produ tif. D'abord,la SNCFs'est
dé hargéede laplupart desinvestissements, soit surles régions(qui nan ent
le matériel roulant), soit sur RFF et les olle tivités lo ales (qui nan ent
l'infrastru ture).Parailleurs, lesinvestissementsdansletransportrégionalde
voyageurs neprésentent pasd'externalitéqui ne soit pasinternalisée.
Qualité :laqualité estun paramètremultidimensionnel et don di ilement
appréhendab le.S'iln'estpasdansl'intérêtdesopérateursderéduirelasé urité
des trains, d'autres volets de la qualité - insusamment régulés - pourraient
être pénalisé par une régulation plus ontraignante sur les seuls oûts. Ainsi,
plusen orequ'a tuellement ,lesopérateurspourraientréduirel'oreentermes
de pla es disponiblespar train en deçà duminimum de onfortadmissible.
Ainsi, le mé anisme dont nous proposons la mise en ÷uvre semble peu mena é
par lesdiérenteslimitesthéoriquesdela on urren epar omparaison.Le ontexte
réglementai re et historique dans lequel il s'ins rit le préserve de nombreux eets
négatifs. Par ailleurs, une utilisation judi ieuse de l'information disponible permet
au régulateur de se prémunir ontre la mena e de la ollusion. Aussi, dès lors que
l'ensemble des régulateurs régionaux on ourent à mettre en ÷uvre e mé anisme,
lesin itationsthéoriquesdevraientêtreee tives. Cetteanalyse onfortedon notre
proposition, que nouspoursuivonsplusavant en nousinterrogeant sur lamesurede
laperforman edesopérateurs qu'il onvient de retenir.