4.3 Les in itations à investir
4.3.1 Les investissements de produ tivité
Dans les modèles que nous avons dis utés jusqu'à présent, la te hnologie utilisée
par les entreprises était modélisée par un paramètre d'e ien e exogène,
β
. Cette ara téristique, xe dans les modèles statiques, peut néanmoins être améliorée pardesinvestissementsdeprodu tivité.Danslesparagraphesquisuivent,nousdétaillons
dansquellemesurela on urren epar omparaisonfavorise esinvestissements.Trois
ontribution s ont traité ette problématique entre 1997 et 1999. Nous verrons que
deux on epts, hold-up et spillovers , qui serejoignent en on urren e par om-
paraison,mena ent de désin iterles entreprises àinvestir
Régulationet investissements: la mena e de hold-up
Eninformation omplète, lerégulateurobserve la ara téristique produ tivedesen-
seraient sus eptibles dejouir. Lesentreprisesn'ont don au une in itation àinvestir
pouraméliorerleur produ tivité.Ellesanti ipent en eetqu'ellesserontexpropriées
de leur retour sur investissement par un hold-up du régulateur. Ceproblème de
sous-investissement naîtde e que lerégulateur ne disposepasd'une apa itéd'en-
gagement susante, pour assurerl'entreprise d'investir sansrisque d'expropriation.
Cette question peut être appréhendée omme la transposition sur le long terme de
l'eet de liquet étudié pré édemment. Nous avons vu que l'eet de liquet in ite
l'agent à réduire son eort (de ourtterme) sous la mena e d'une expropriation de
sa rente informationnel le. De même, l'agent peut être in ité à réduire son eort à
long terme (ses investissements), par rainte de ne pasen ré olter les béné es. Le
régulateurfaitainsifa eàundilemme,entrel'extra tiondelarenteinformationnel le
(e a ité à ourtterme) et lesinvestissements(e a ité à longterme).
Inversement, Laont & Tirole (1993) [76℄ soulignent qu'en information in om-
plète, lorsque le régulateur n'observe pas [la ara téristique℄
β
avant d'orir un ontrat, l'entreprise est en partie protégée d'une expropriation de son investisse-ment.
Cette question des in itations à l'investissement se doit d'être parti ulière ment
examinée sous un régime de on urren e par omparaison. Dans la mesure où la
on urren e par omparaison permet de réduire l'asymétrie d'information et les
rentes asso iées, elleest sus eptiblede onduire à unsous-investissementsimilaireà
elui observéen information omplète.Sobel(1999)[88℄ onrme etimpa tnégatif
de la on urren e par omparaison sur l'investissement. Lorsque l'apport informa-
tionnel de la on urren e par omparaison est faible 15
, il montre que le régulateur
préférera in iter l'entreprise à maintenir un niveau d'investissement élevé, quitte à
obtenirmoinsd'information.Enrevan he,sile oûtso ialdesfondspubli slimite le
re ours aux ontrats révélateurs lassiques,la on urren epar omparaison devient
pertinente et domine leseets négatifssurl'investissement.
Nousmontrons dansles paragraphes suivants omment les travauxde Powell &
Szymanski (1997) [86℄ et surtout euxde Dalen (1998)[67℄ é lairent e résultat,en
distinguant les ara téristiques desinvestissements.
Comparaison et investissements : le problème des spillovers
Powell&Szymanski(1997)[86℄ évaluent dansquellemesurel'investissement béné-
ienonseulementàl'entreprisequilemeten÷uvre,maisaussiauxautresentreprises
duse teur.Ils'agitdelaproblématiquedesspillovers (débordement s),selonlaquelle
ertains investissements dégagent une externalité positive auprès des autres entre-
prises 16
.Ilestassezintuitifqu'unmé anismed'évaluationdelaperforman erelative
in itelesentreprisesàinvestir,and'améliorerleurseuleprodu tivité.C'estlaraison
15
Celapeutêtrele ass'ilexistedesmé anismesalternatifsetquele oûtso ialdesfondspubli s
estfaible. 16
Dans le as d'une entreprise intégrée verti alement, il peut s'agir d'investissements sur une
infrastru tureutiliséepard'autresentreprises;ilpeutaussis'agirde ertainesdépensesdere her he
pourlaquellelesrésultatsdela on urren epar omparaisonpeuventêtreperturbés
parla présen edespillovers .
Powell et Szymanskireprennent le adre dumodèle de Shleifer enexpli itant la
façondontle oûtmarginalpeutêtreréduitparuninvestissement.Dansun ontexte
bi-agent, ils dénissent lafon tion de oûtde l'entreprise
i
par :ci= 1− αei− (1 − α)ej
où
ek
résultede l'investissementR(ek) = e
2
k/2
del'entreprisek
.Le paramètre
α
orrespond à la distribution desbéné es de l'investissement entre lesentreprises. Lesauteurs montrent d'abordquesilesinvestissementsdégagentdesexternalités(apparitiondespillovers pour
α < 1
),la on urren epar omparaisonne permet plusd'atteindre l'optimum depremierrangdumodèledeShleifer.Le niveaud'investissementestalorsd'autantmoinsoptimalquelesspillovers sontélevés( 'est-
à-dire que
α
estfaible).PowelletSzymanskianalysentensuitele asoùlerégulateurproposeunmé anis-
me intermédiaire entre la on urren e par omparaison et le ontrat ost plus. Ils
étudient les distorsions qu'il onvient d'appliquer à la tari ation pour retrouver
l'optimum. Toujours dans le adre d'un modèle de Shleifer bi-agent, ils proposent
don demainteniruntransfert
Ti
= Rj
, maisdexerlesprixpi
= βci+ (1− β)cj
17.
Les auteurs établissent alors qu'en xant
β
∗
= 1 + 1/(1− 2α)
, l'optimum peut
être atteint quel que soit
α
6= 0, 5
. Dans le as le plus réaliste où0, 5 < α 6 1
(l'entreprise béné ie de l'essentiel de ses investissements),β
∗
6
0
. La tari ation
qui semblait atténuée par l'introdu ti on de la omposante ost plus, renfor e au
ontraire la omposante yardsti k ompetition,
β
étant négatif. Nous détaillons à présent lemodèlede Dalenqui synthétiseles deuxproblématiquesde hold-upetdespillovers .
Synthèse : le modèle de Dalen (1998)
Dalen(1998)[67℄reprend omme adregénérallemodèled'Auriol&Laont(1992)[56℄.
Il onsidère toutefois que le oût de produ tion peut être réduit par l'eort exer é
par l'entreprise, que le régulateur n'observe pas. Il s'agit don d'un adre de séle -
tion adverse doublé d'aléa moral, semblable à elui d'Auriol (2000) mais dans une
ongurationbi-agent.Dalen modélise lesspillovers en distinguant :
Les investissements spé iques à la rme : en l'absen e d'externalités
( as
α = 1
de Powell et Szymanski), l'investisement ontribue à améliorer la omposante parti ulière de la ara téristique del'entreprise,ǫi
;Les investissementsspé iquesà l'industrie : enprésen ed'externalités
totales ( as
α = 0, 5
de Powell et Szymanski),l'investissement béné ie à la omposante ommune dela ara téristique,b
.17
Cette forme hybride rappelle lemenude ontrats proposé parAuriol (2000) [59℄ (voir page
Intuitivement,ilfauts'attendre à equela on urren epar omparaison favoriseles
investissementsspé iquesàlarme,quiluipermettentd'a roîtresarenteinforma-
tionnelle.Inversement,lesinvestissementsspé iques àl'industriesont improdu tifs
pour l'entreprise, puisquele régulateur extrait larente informationnel le portant sur
la omposante ommune dela ara téristique
b
.Dalen onsidèred'abord le as oùle régulateur s'engageà traiter les entreprises
ave des ontrats individuels 18
. Il retrouve les résultats lassiquesde ette ongu-
ration, ave un niveau d'investissement inférieurà l'optimum 19
.
Lorsquelerégulateurare oursàla on urren epar omparaison(ou lorsqu'ilne
peuts'engager às'en dispenser),Dalen retrouve lesrésultatsstatiques dela on ur-
ren e par omparaison.Il onrme par ailleursnotre intuition:
leniveau d'investissementsspé iques à l'industrie estnul;
le niveau d'investissements spé iques à la rme est supérieur à elui obtenu
ave les ontrats individuels.
Le premier résultats'explique par lehold-up durégulateur qui tirerait parti des
spillovers . Lese ondrésultat s'expliquepar lafortein itation qu'ont lesentreprises,
àdégagerunerenteinformationnel leàpartirdela omposantedeleur ara téristique
qui demeure a hée.
Ainsi, haqueentrepriseesttentéederéorientersesinvestissements,anqu'ilslui
protentdavantageetmoinsauxautres.Cela luipermet desedémarquerdesautres
et don de réduire l'e ien e de la on urren e par omparaison. Aussi, lorsque les
investissementsduse teursontmajoritairementspé iquesàlarme,la on urren e
par omparaisonesttoujourspluse ientequeles ontratsindividuels.Enrevan he,
lorsquelesinvestissementssontspé iquesàl'industrie,lesgainsdumodèlestatique
d'Auriol et Laont peuvent être ompensés par le sous-investissement 20
. Ce sous-
investissement a omme onséquen e d'a roître la probabilité que les entreprises
soient detype
b
.L'étude desin itations à investir enprodu tivité montre don qu'une tropforte
proximité entre les entreprises rée des externalités sur les investissements, qui ré-
duisent l'e ien e de la on urren e par omparaison. Nous analysons à présent
quelles sont les onséquen es de la on urren e par omparaison sur la qualité du
servi eoert.