• Aucun résultat trouvé

L´utilisation combinée de données qualitatives et quantitatives que Milles et Huberman (2003) qualifient de « multi-méthode », vise à confirmer les résultats obtenus par la triangulation des sources, ainsi qu´à approfondir l´analyse par l´interprétation d´un plus grand nombre d´informations. Les données quantitatives ont appuyé la partie qualitative de l´étude, pendant la phase de conception de la problématique et aussi lors de l´échantillonnage des cas représentatifs à étudier. L´utilisation combinée de ces deux types de données, s´insère dans une perspective de complémentarité à différentes étapes de la recherche mais aussi dans une même phase, en tant qu´outil de validation. L´utilisation concomitante de données qualitatives et quantitatives qui est récurrente dans la recherche en gestion, présente différents avantages (Miles et Huberman, 2003):

 la confirmation ou le recoupement des résultats via la triangulation;

 le développement séquentiel du travail de recherche en permettant de faire le lien entre les différentes phases de la recherche pour les valider. Par exemple, les résultats quantitatifs permettent de sélectionner l´échantillon qui sera à sont tour analysé à travers la méthode qualitative;

 les études quantitatives permettent de conduire à des résultats précis et généralisables à partir de l´utilisation de procédures établies; les résultats qualitatifs de leur côté permettent de dépasser le stade de l’abstraction inhérent aux études quantitatives, par le biais de descriptions et comparaisons stratégiques inter-cas.

4.1.1 – L´étude de cas multiples

Selon Claro (2004), une étude de cas fournit une vision approfondie et holistique de la problématique concernée en s’appuyant sur un cadre théorique. Selon Yin (1994), une étude de cas doit satisfaire les trois principes de la méthode qualitative : description, compréhension et explication. Dans cette méthode, la généralisation des résultats est issue de l´étude détaillée d´une ou plusieurs unités d´analyse, élément-clé de l’étude de cas. Ces unités concernent des systèmes d’action plutôt que des individus ou des groupes d’individus. Pour cela, les études de cas doivent être sélectives, privilégiant une ou deux questions fondamentales pour la compréhension du système concerné. Ainsi, Tellis (1997) considère les études de cas comme des analyses « multi-perspective ». Mais, le chercheur doit prendre en compte non seulement la perspective des acteurs, mais aussi les interactions entre ceux-ci. Yin (1994 :13) donne à la stratégie d’étude de cas une définition concise :

« The case study inquiry copes with the technically distinctive situation in which there will be

many more variables of interest than data points; …one result relies on multiple sources of evidence, with data needing to converge in a triangulation fashion;46

- s´appuyant sur des questions du type « comment » et « pourquoi », nécessitant la mise en place d´une démarche descriptive et exploratoire sur le sujet analysé;

….

Le choix de la méthode d´étude de cas se justifie du fait d’un sujet de recherche:

- basé sur le croisement de différentes sources de données (entretiens, observations, rapports, documents, etc.) et sur des méthodes d’analyse quantitative et qualitative qui, comme on l´a vu, offrent une compréhension du sujet plus large que ne l´offrirait une seule source;

- déficitaire en données quantitatives, ce qui est le cas de notre étude avec un secteur économique dont le mode de gouvernance repose traditionnellement sur la vente aux cadrans avec transactions à court terme. Cependant, au cours de ces dernières années, l'industrie de la fleur coupée a adopté une stratégie plus orientée vers les consommateurs, avec une collaboration étroite entre producteurs et détaillants. L'étude de cas fournit alors des informations sur la pertinence des relations entre les acteurs de la CGV insufflées par

46 La méthode d'étude de cas répond aux situations dans lesquelles il y a beaucoup plus de variables d'intérêt que

de données quantitatives ;... le résultat s'appuie sur de multiples sources de données, avec des données qui doivent converger à travers une triangulation ;...

cette industrie, notamment au niveau des modes de gouvernance et des défis qui en découlent pour les acteurs de l’amont situés dans les PVD.

La méthode d’étude de cas multiples47

 présentation générale du projet de recherche (objectifs et problématique de l’étude); doit être préférée lorsque les cas d´étude envisageables permettent la création de quelques unités d’analyse ayant des caractéristiques comparables (Yin, 1994). Ainsi, cette logique de réplication est analogue à celle des expériences multiples utilisées dans les sciences dures telles que la médecine, où le but est d’analyser quelques individus souffrant d’une même maladie. Dans ce contexte, l’étude de cas multiples s’appuie sur la réplication des unités d’analyse et non sur la logique d’échantillonnage.

Le succès de l’étude de cas dépend de la mise en place d’un protocole bien élaboré qui, pour cette étude, s´inspire directement du modèle de Yin (1994, p.64) et qui prévoit les étapes suivantes :

 description de la démarche d’accès aux données de terrain (interview, observations, etc.);  élaboration de questions concernant les cas d’étude (en particulier sur l’importance des

informations à demander et les sources ou agents détenteurs de ces informations);

 définition du mode de présentation des résultats des études de cas (analyse thématique, analyse textuelle, etc.).

Une description plus détaillée du protocole utilisé est présentée dans la figure 16 qui montre que le développement d´un cadre théorique constitue l´étape initiale de la démarche de recherche. L´importance du cadre théorique se situe plus particulièrement au niveau de son application dans la phase de réplication des cas. Ainsi, ce cadre doit présenter les conditions dans lesquelles un phénomène particulier peut se produire (réplication littérale) ou non (réplication théorique), dans chaque cas analysé.

47

Quelques auteurs tels que Eckstein (1975) et George (1979) considèrent que le méthode d’étude de cas multiples est bien différenciée de celle concernant l’étude de cas singulier. De ce fait, ces auteurs utilisent la dénomination « études comparatives » pour designer les études de cas multiples. Toutefois, dans notre travail, nous adoptons la perspective de Yin (1994) qui regroupe les études de cas singulier et multiples dans un même cadre méthodologique.

Figure 16 - Protocole de l’étude de cas multiples utilisée.

Source: D’après Yin (1994).

Une des principales critiques de la méthode d´étude de cas porte sur le faible nombre de cas analysés et la subjectivité des données qualitatives. De ce fait, le choix des cas à analyser s´avère une étape majeure dans la mise en place de ce type de recherche, car les limites de cette méthode peuvent être minimisées en choisissant des études de cas les plus représentatives du secteur étudié. Selon Yin (op.cit.), le choix préalable des unités d´analyse doit en particulier permettre de confirmer des résultats similaires (réplication littérale) ou au contraire d’obtenir des résultats contrastants pour des raisons prévisibles (réplication théorique).

Pour faciliter le repérage des variables-clé dans la phase d´analyse, nous utiliserons le codage des données tel que proposé par Stake (1995) et dont les procédures de codage seront décrites postérieurement. En vue de bien structurer la phase finale de l’analyse, il s´avère important d´établir une stratégie d´analyse. Celle présentée par Yin (1994) s´appuie sur le concept de réplication littérale et théorique et se décompose en deux parties. La première consiste à analyser les résultats en les reliant aux propositions issues du cadre théorique. L´autre vise à une description détaillée d´un cas qui constituerait une base de comparaison pour les autres cas.

4.1.2 – Analyse des données statistiques

Les données statistiques relatives au commerce international ont été analysées à partir des bases COMTRADE (Nations Unies), COMEXT (Eurostat) et ALICEWEB (Brésil) qui ont été utilisées dès l´étape de construction de la problématique, notamment en ce qui concerne la structure du marché de fleurs en Europe (importations, exportations, production et consommation). En ce qui concerne la phase de constitution de l´échantillon, nous avons eu recours aux bases de données afférentes aux entreprises européennes (AMADEUS, DIANE) et qui portent notamment sur la taille des entreprises en chiffre d´affaires. Des informations issues de bases de données privées (XERFI 700, CBI48) et du secteur plantes ornementales de Viniflhor, ont également été utilisées lors de l´échantillonnage.

Dans le but d´approfondir nos analyses et de mettre en place la triangulation des résultats, nous utilisons des bases de données interprofessionnelles portant sur la production et le commerce de fleurs coupées, tant au niveau de l’Europe (Viniflhor, Flower Council of Holland), que du Brésil (Ibraflor).

Figure 17 - Synthèse de la démarche d’analyse quantitative

48